Sources :
Rapport om omikronvarianten
https://files.ssi.dk/covid19/omikro…
Sauvegarde du PDF : http://mai68.org/spip2/IMG/pdf/rapp…
Est-il vrai, comme l’affirme Martin Blachier, qu’omicron touche davantage les vaccinés que les non-vaccinés ?
https://www.liberation.fr/checknews…
16 décembre 2021 à 15h53
CheckNews - Luc Peillon
Dans un tweet citant des chiffres émanant du Danemark, l’épidémiologiste explique que le variant « sélectionne les vaccinés ». Sur CNews, Praud en conclut qu’omicron « toucherait davantage les triples vaccinés ».
Question posée par Vincent, le 15 décembre 2021
Vous faites allusion à un tweet de Martin Blachier relayant les chiffres des autorités sanitaires danoises à propos du variant omicron. L’épidémiologiste cite trois pourcentages (sans bien expliciter leur signification) : 8 % chez les triples vaccinés, 5,5 % chez les doubles vaccinés, et 1,2 % chez les non-vaccinés. Il ajoute le commentaire suivant : « Omicron sélectionne les vaccinés car l’échappement vaccinal lui confère un avantage chez ces personnes. »
Ces chiffres ont été repris dans l’émission l’Heure des pros de mardi, sur CNEWS, par l’animateur Pascal Praud, qui les a relayés ainsi : « Ce qu’il a écrit [Martin Blachier, ndlr], c’est une bombe. Si c’est vrai, c’est une bombe. Il parle des données danoises d’omicron, des gens qui seraient contaminés. Et omicron toucherait davantage les triples vaccinés que les non-vaccinés. Aujourd’hui, omicron, c’est 8 % chez les triples vaccinés, 5 % chez les doubles vaccinés, et 1,2 % chez les non-vaccinés. »
Ces données sont issues d’un document daté du 13 décembre du Statens Serum Institut, au Danemark, qui établit, sur la période du 22 novembre au 12 décembre, le nombre de contaminations par omicron d’un côté, et celui des infections par les autres variants de l’autre, selon le profil des contaminés (vaccinés avec rappel, que Blachier dénomme « triplement vaccinés » ; complètement vaccinés sans rappel, ou « doublement vaccinés » selon Blachier ; et non-vaccinés).
Des données qui permettent effectivement de calculer qu’omicron représente 8 % des cas chez les vaccinés avec rappel, 5,6 % des cas chez les complètement vaccinés (sans rappel) et 1,2 % des cas chez les non-vaccinés.
Sachant, comme cela semble se confirmer, qu’omicron a tendance à échapper à l’immunité vaccinale, il n’est pas forcément étonnant qu’il soit davantage présent que les autres variants (en proportion) chez les personnes vaccinées. Si, par exemple, les vaccins étaient efficaces à 100 % (ce qui n’est pas le cas) contre toutes les souches hors omicron, les vaccinés ne seraient infectés que par omicron. Les non-vaccinés continuant, eux, d’être infectés par les différents variants, d’où une part plus faible pour omicron.
Mais cela ne veut pas dire, en revanche, comme l’affirme Pascal Praud en reprenant les chiffres de Martin Blachier, qu’omicron touche « davantage les triples vaccinés que les non-vaccinés ». Quand on rapporte, à partir des mêmes chiffres danois, le risque d’être infecté par omicron pour 1 million de personnes de chaque catégorie, les vaccinés avec rappel (233 cas) ont quasiment deux fois moins de risques que les non-vaccinés (408 cas).
Ce n’est pas le cas, toutefois, des vaccinés sans rappel (816 cas pour 1 million), qui semblent avoir deux fois plus de risques d’être contaminés que les non-vaccinés et quatre fois plus que les vaccinés avec rappel.
A noter que cet institut publie ces données quotidiennement, et que deux autres bilans ont été réalisés depuis. Depuis le 14 décembre, les autorités danoises ont par ailleurs choisi de ne retenir que la population des 12 ans et plus (les moins de 12 ans étant beaucoup moins vaccinés).
Si on regarde la dernière édition publiée, celle du 15 décembre, omicron représente 11,3 % des cas chez les vaccinés avec rappel, 8,2 % des cas chez les complètement vaccinés (sans rappel) et 3 % des cas chez les non-vaccinés.
Concernant le risque de contracter omicron pour un million de chaque catégorie (vaccinés avec rappel, vaccinés sans rappel et non vaccinés), les rapports évoluent un peu. Les vaccinés avec rappel (371 cas) ont 2,6 fois moins de risques que les non-vaccinés (989 cas) de contracter omicron, contre 2 fois seulement sur la base de l’édition du 13 décembre. Les vaccinés sans rappel, de leur côté, ont toujours plus de risques que les non vaccinés, même si le rapport n’est plus que de 1,3, contre 2 dans l’édition du 13 décembre.
Se pourrait-il que les vaccinés aient plus de risques d’être contaminés par omicron que les non-vaccinés ? « C’est très peu probable, estime l’épidémiologiste Mahmoud Zureik, très réservé sur les conclusions qu’on peut tirer de ces premières données. Si c’était [les infections par omicron, ndlr] lié aux vaccins, les personnes avec trois doses connaîtraient plus de contaminations encore que les autres, ce qui n’est pas le cas. »
Pour Mahmoud Zureik, « les données, en l’état, sont trop parcellaires et insuffisantes. Il n’y a aucune information sur des caractères importants comme l’âge, le sexe, et la localisation géographique. Par ailleurs, quand vous avez un nombre relativement faible de cas, le poids d’éventuels clusters est important ». Bref, « ces informations ne permettent de conclure ni dans un sens ni dans un autre, et elles ne sont pas publiées dans cet objectif. De vraies études sont nécessaires ».
De fait, le nombre d’infections par omicron, bien qu’en forte augmentation au Danemark, reste encore extrêmement faible en valeur absolue, mais aussi par rapport à l’ensemble des cas (7%). Ajoutons que les parts de vaccinés avec rappel (23,4% le 14 décembre) et sans rappel (53,2%) ont également évolué sur la période étudiée, compliquant la lecture des données.
CheckNews reviendra sur le sujet à mesure que des données supplémentaires seront connues.