Mélenchon, dernier virage à droite ?
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Le déferlement d’une propagande grossière contre l’« agression russe » — une riposte, plutôt — n’a pas empêché nos Insoumis hexagonaux de prendre pour argent comptant ses mensonges éhontés. Étrange, à première vue, pour des gens dont la bible, « L’avenir en commun », préconise et promet, en matière de politique internationale, la « neutralité » dans les relations, rivalités et affrontements entre Ouest et Est. Ce qui n’empêche pas maintenant Mélenchon de juger « intolérable » le franchissement de la frontière avec l’Ukraine par l’armée russe pour voler au secours de « républiques-bidons » [sic]. Oublierait-il— ou feindrait-il d’oublier — les bombardements, les massacres et les représailles en tout gente infligés depuis le coup d’État de Maïdan, soit plus de sept ans d’oppression, par l’armée ukrainienne et ses supplétifs néo-nazis contre la population russophone du Donbass ?
En tout cas, ses discours sur la « question ukrainienne » se rapprochent de plus en plus de ceux des figures de proue (ou de poupe) de la deuxième droite (A. Hidago, Y. Jadot, C. Taubira, F. Roussel…) qui, à l’unisson avec celles de la droite officielle, appellent les Français à soutenir le gouvernement de Kiev contre le « tueur » et « paranoïaque » du Kremlin. La date des élections approchant, il est fort à parier que le Führer des Insoumis ne pourra s’empêcher de joindre sa voix et celles de ses séides aux vociférations des bobos de gôche qui constituent le gros de son électorat, contre l’« autocrate russe » (Mélenchon dixit), ennemi juré de la démocratie, nouvel Hitler comme le furent tour à tour à une époque pas si lointaine feu Milosevic et Khadafi.
Avec plus d’un demi-siècle de carriérisme politicien au compteur, Mélenchon n’aurait donc rien trouvé de mieux, face à Macron ou plutôt derrière lui, que de jouer la carte de l’union nationale anti-Poutine pour confirmer sa vocation à prendre la relève à la tête de l’État. Ce vieux cheval de retour qui joue ainsi son va-tout avec la énième présentielle n’est décidément plus à une cabriole idéologique près pour parvenir enfin à ses fins.