VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Big Mac, Big Pharma, Big Bank, Big Bang russo-ukrainien : les états d’âme (...)

Big Mac, Big Pharma, Big Bank, Big Bang russo-ukrainien : les états d’âme d’un trader repenti

dimanche 20 mars 2022, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 20 mars 2022).

https://qg.media/emission/pourquoi-la-finance-porte-en-elle-la-guerre-quartier-libre-avec-anice-lajnef/

http://mai68.org/spip2/IMG/mp4/Anice-Lajnef_16mars2022_QG.mp4

Big Mac, Big Pharma, Big Bank, Big Bang : les états d’âme d’un trader repenti ?

Quelque réflexions suite à l’interview de Anice Lajnef par Aude Lancelin sur Quartier Libre (QG Média). (http://mai68.org/spip2/spip.php?article11138)

**********

Un trader est un gars qui gagne des sous comme d’autres gagnent des vies supplémentaires dans les jeux vidéos : c’est du bidon…Il ne fait également que « jouer du clavier ». Mais la différence reste qu’il peut vraiment dépenser l’argent ainsi gagné, un peu comme un joueur de poker professionnel, alors que le jeu vidéo reste une illusion.

Un trader qui a des états d’âme et vient nous parler d’ « économie réelle », c’est très « tendance » dans le « monde d’Après » de la bobocratie. En fait, il a plutôt la nostalgie du « monde d’Avant », mais il n’y avait déjà pas compris grand-chose non plus, au-delà de son univers de mercenaire de la spéculation…

Le capitalisme, c’était quoi, dans le « monde d’avant » ?

En réalité, comme il le comprend lui-même, le monde de la finance illusoire est déjà apparu dès les années 70 et n’a fait que prendre inexorablement de l’expansion depuis, c’est à dire depuis un demi-siècle, donc !

Le capitalisme d’ « avant », c’était quoi, donc ?

Le fait d’investir dans une entreprise pour élargir le capital investi… Ce qu’on appelle la plus-value. C’est-à-dire la valeur ajoutée par le travail de l’entreprise, une valeur qui n’existait pas auparavant est qui est donc une valeur réellement et littéralement créée par le travail.

Ce qui n’empêchait évidemment pas la spéculation d’exister déjà, comme mode de vie parasitaire, y compris sur les matières premières, au-delà de la simple valeur créée par le travail de leur extraction du sol, que ce soit minier ou agricole, du reste.

Le surcoût éventuel, dû aux effets du marché, y incluant ses manipulations, ne devient un problème majeur, une cause de crise systémique, que dans le rapport où il empêche carrément l’élargissement du capital dans le secteur productif.

Autrement dit, l’inflation n’est pas un problème en soi, pour le capital, tant qu’elle ne ralentit pas ou ne contredit pas son expansion. Et même bien au contraire, les périodes d’expansion du capital sont généralement des périodes inflationnistes, dans une certaine mesure. Dans ce domaine tout est, précisément, une question de mesure, donc.

Les économistes modernes en sont arrivés à la conclusion qu’une inflation autour de 2%, voire 2,5 % par an, c’est en quelque sorte le « minimum syndical », le SMIC du Capital, sa garantie de « croissance ».

Et donc, affirmer que la mission des Banques Centrales était d’empêcher absolument l’inflation, c’est déjà, et par définition, une très, très grosse connerie…

Si les politiques d’ « injection »-création monétaires type « Quantitative Easing » ont été développées à la suite de la crise de 2008, c’est précisément pour lutter contre la déflation, contre la tendance fondamentalement déflationniste de l’économie moderne.

S’il y a une « crise de liquidité » en 2008, ce n’est jamais que la conséquence de la situation potentiellement déflationniste de l’économie, et depuis le milieu des années 70, déjà. La « financiarisation » bien réelle de l’économie, suite à la fin du système monétaire d’après-guerre, initié par les accords de Bretton Woods, c’est déjà une compensation pour la cause profonde de la tendance déflationniste : la chute de productivité. A partir du milieu des années 70 s’amorce le reflux du prolétariat industriel comme composante essentielle des sociétés modernes dites « avancées ». Cela correspond simplement à l’évolution des progrès techniques et de l’automatisation de la production industrielle, poursuivie par les début de sa robotisation, au tournant du siècle.

La crise de 2008 n’est donc pas d’abord une « crise de liquidité » mais bien une crise de productivité :

Cliquer sur l’image ou ci-dessous pour l’agrandir

http://ekladata.com/J5M0iLBdDX-yZXPxH6D8VoObxak/PRODUCTIVITE-1890-2015.png

Et comme le développement des forces productives modernes implique toujours plus d’automatisation et de robotisation, il n’y a pas de retour en arrière possible, dans ce domaine.

Suite aux deux crises de 2007-2008 et 2020-2021, l’économie mondiale des pays dits « avancés », c’es à dire ceux dont les forces productives sont les plus modernes, USA, Chine, UE, GB, Japon, et ceux qui sont dans leur dépendance financière, sont entrés dans l’ère du banco-centralisme, qui est donc un nouveau mode de production, reposant sur la création monétaire, et non plus sur le capitalisme « classique », qui perdurera encore un temps, néanmoins, comme forme économique obsolète résiduelle, jusqu’à la prise de contrôle directe et totale de toute la vie économique par les Banques Centrales.

La politique de création monétaire des Banques Centrales, de 2008 à 2019, c’est ce qui a permis de maintenir artificiellement l’inflation autour de 2% et de maintenir en vie l’économie productive, malgré ses fondamentaux déflationnistes.

La casse économique délibérée induite par les confinements prétendument « anti-covid », c’est ce qui a permis, du fait de la pénurie de l’offre (production), par rapport à la demande, de relancer l’inflation « naturellement » en quelque sorte. Ce qui n’empêche pas que les fondamentaux du système productif restent structurellement déflationnistes, sur le long terme, et le deviendront de plus en plus. La masse monétaire exponentielle créée à nouveau avec la prétendue « crise du covid » n’est donc pas la cause réelle de l’inflation, au-delà des 2% déjà induits artificiellement depuis 2008.

L’inflation n’est donc en rien une « calamité » pour le système, mais bien au contraire une bouée de sauvetage provisoire, un emplâtre sur une jambe de bois, mais qui lui permet quand même de continuer à marcher. Le but étant d’utiliser ce répit relatif pour restructurer durablement l’économie pour permettre à l’élite de survivre en tant que caste dominante, au dessus même de la classe des capitalistes monopolistes, tout en assumant les fondamentaux déflationnistes du système productif moderne, induits par son évolution technologique intrinsèque.

La « réforme » monétaire amorcée avec la mise en place prévue des Monnaies Numériques de Banque Centrales (MNBC), que ce soit en Occident ou en Chine, vise précisément à régler ce problème de façon durable, et non plus de façon conjoncturelle, en fonction des aléas du marché des matières premières ou autre.

Le contrôle total de l’économie et de la population par la monnaie numérique, à l’échelle mondiale, c’est l’entrée potentiellement durable, sinon « définitive », sauf opposition et/ou résistance populaire, dans une dystopie où l’élite contrôle à la fois la production et la consommation de masse, imposant le style de vie répondant à ses critères de domination sociale, où les privilèges ne sont plus que ceux réservés aux banquiers centraux et aux monopoles qu’ils contrôleront directement, sans le truchement aléatoire des marchés, pourtant déjà essentiellement soumis, aujourd’hui, aux décisions des banquiers centraux.

Un monde de conditionnement et de recul social sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Lorsque les banquiers centraux nous disent que l’inflation est « transitoire », il faut donc comprendre le sens réel de cette « transition ». C’est de la transition vers le monde définitivement « dystopique » du banco-centralisme, et non d’un retour au capitalisme « rentable » qu’il soit « financiarisé » ou non, qu’il s’agit.

Que cette transition dure trois mois, six mois ou six ans, peu leur importe, pourvu que les restructurations économiques et sociales qu’ils souhaitent avancent.

Et donc, que l’inflation dure trois mois, six mois ou six ans, peu leur importe, également, tant que les restructurations avancent. C’est pourquoi ils ajustent la pression qu’ils exercent sur les populations, comme on l’a vu avec les différentes phases de la « crise du covid », sur les deux dernières années.

A priori la « crise ukrainienne » paraît s’inscrire presque « idéalement » dans ce contexte inflationniste artificiellement créé.

En pratique, et même si les monopoles industriels et financiers encore en lice en profitent pour se gaver encore un peu plus au passage, il y a néanmoins un très gros os dans le potage : si l’économie russe survit à cette épreuve, dans son état de « déconnexion » accéléré à l’extrême par les « sanctions économiques », c’est un trou gigantesque, à l’échelle du continent eurasiatique, qui est en train de s’ouvrir sur la planète dans la trame mondiale du banco-centralisme, entre les pôles US-UE et chinois.

Un appel d’air pour tous les peuples réellement insoumis au Nouvel Ordre Mondial. Reste à définir ce que chacun veut y mettre et à se donner les moyens de transformer cette ébauche en alternative démocratique durable.

Luniterre

3 Messages de forum

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0