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COMAGUER 477 - 25 mai 2022 - Horreurs neonazies en Ukraine

jeudi 26 mai 2022, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 26 mai 2022).

Bulletin COMAGUER n° 477

25 Mai 2022

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Les horreurs néonazies en Ukraine et la guerre sans fin de l'OTAN

Nous avons choisi de traduire et de diffuser ce texte publié par le quotidien italien « Il fatto quotidianno » car il apporte nombre de données factuelles sur les pratiques fascistes des groupes néonazis ukrainiens pratiques qui se sont intensifiées après le coup d’état de Maïdan en février 2014 et qui étaient évidemment connues de Zelinsky avant qu’il n’accède au pouvoir. Si son discours électoral de réconciliation nationale avait eu le quart d’un dixième de sincérité il aurait dû, dés son accession à la présidence, dissoudre tous ces groupements qui poursuivaient leurs exactions criminelles illégales depuis 5 ans. Il a fait l’inverse. Il doit donc être considéré sans aucune contestation comme un criminel de guerre.

Le fait qu’il ait nommé Alexei Arestovitch * comme « conseiller spécial et porte-parole du groupe de contact trilatéral de Minsk, créé en 2014 pour négocier avec Moscou sur le Donbass » montre qu’à aucun moment il n’a été question pour lui de respecter les accords de Minsk.

On déplorera que l’autrice ait respecté en parlant de « la brutale agression russe du 24 Février » le code langagier occidental qui ignore la violation résolue par le gouvernement de Kiev sous Poroshenko comme sous Zelenski des dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies relatives à la protection de la partie de la population d’un Etat qui est agressée par son propre gouvernement.

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Les horreurs néonazies en Ukraine et la guerre sans fin de l'OTAN

Barbara Spinelli | ilfattoquotidiano.it – 09/05/2022

Traduction Comaguer

Généalogie cachée – Azov, les services et les groupes paramilitaires depuis 2014.

Au fil des jours, les néonazis qui combattent aux côtés des troupes ukrainiennes régulières, et en particulier ceux qui sont barricadés dans l'aciérie d'Azovstal, sont désignés par des noms plus bienveillants : ils sont présentés comme des partisans héroïques, les ultimes défenseurs de l'indépendance ukrainienne. Zelensky, qui voulait initialement se débarrasser des néo-nazis, dépend désormais de leur résistance et les loue. Leur généalogie est systématiquement occultée et même les journalistes envoyés ont tendance à l'escamoter, rappelant rarement qu'au Donbass, cette guerre sanglante n'a pas commencé en 2022 mais en 2014, semant 14 000 morts en huit ans. Ou bien ils disent que le bataillon Azov est un groupe dissident, certes dangereux, mais qui n'est pas différent de Forza Nuova en Italie.(ndt : petit parti d’extrême droite en Italie)

Au lieu de cela, le bataillon Azov est tout autre chose : c'est un régiment structurellement intégré à la Garde nationale reconstituée en 2014 après les émeutes de l'Euromaïdan et qui a des liens organiques avec les services (SBU, successeur ukrainien du KGB soviétique). Il en va de même pour les formations ou partis néonazis proches du bataillon sont tout sauf des éclats : Secteur droit, Bratstvo, National Druzhina, la formation C14, le parti Svoboda, aujourd'hui en déclin, et divers groupes militarisés. Ce sont les partis sur lesquels Washington et l'OTAN ont compté lors de la révolution colorée de l'Euromaidan pour que Kiev rompe avec Moscou. Ils sont stratégiquement cruciaux pour que la guerre par procuration entre les États-Unis, l'OTAN et Moscou se poursuive sans relâche. S'il s'agissait réellement d'une guerre locale entre Kiev et Moscou, le secrétaire de l'OTAN, M. Stoltenberg, n'aurait pas rejeté aussi brutalement la renonciation à la Crimée, que M. Zelensky avait proposée quelques heures plus tôt comme première étape vers une trêve.

Alexei Arestovitch était un cadre important de Bratsvo et est l'un des conseillers politiques de Zelensky : acteur lui-même, expert en propagande, il est major dans l'armée et a rejoint les services secrets en 1990. En 2014, il a rejoint la guerre contre les séparatistes pro-russes dans les républiques de Donetsk et de Lugansk, participant à 33 missions militaires. Son plus grand succès, en tant que blogueur, est survenu lorsque, Poroshenko étant président, il a fait le maximum pour légitimer les droites russophobes et néonazies en les insérant dans le système militaire et administratif. Lorsque Zelensky a remporté les élections, Arestovitch a été nommé son conseiller spécial et porte-parole du groupe de contact trilatéral de Minsk, créé en 2014 pour négocier avec Moscou sur le Donbass. Le groupe comprenait la Russie, l'Ukraine et l'OSCE (l'Organisation des Nations unies pour la sécurité et la coopération en Europe).

En 2015, c'est à l'OSCE que la Fondation pour l'étude de la démocratie (une association civile russe) a envoyé un rapport sur les violences perpétrées par les services du Sbu et les paramilitaires néo-nazis non seulement contre les militants séparatistes mais aussi contre les non-combattants russophones du Donbass capturés avec les combattants. Le rapport cite et développe un premier compte rendu, publié le 24 novembre 2014. Le second mentionne les électrocutions, la torture avec des barres de fer et des couteaux, le waterboarding (simulation de noyade utilisée par les États-Unis en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo), la suffocation avec des sacs en plastique, la torture avec des clous, la strangulation au moyen du garrot (également appelé “garrot banderiste” en hommage à Stepan Bandera, collaborateur des nazis lors des guerres d'Hitler, héros national de l'extrême droite et parfois aussi des gouvernements ukrainiens).

Dans d'autres cas, les prisonniers ont été forcés de se rendre sur des champs de mines ou écrasés par des chars. Ajoutez à cela le broyage des os, les températures glaciales des prisons, la privation de nourriture et l'administration de médicaments psychotropes mortels. L'État a laissé impunis ces actes de torture et ces traitements inhumains, interdits par la Convention européenne des droits de l'homme. Il s'agissait d'actions délibérément nazies, s'il est vrai que de nombreux prisonniers avaient la croix gammée ou le mot “SEPR” (séparatiste) gravés sur leur peau avec des lames chaudes sur la poitrine ou les fesses. La Constitution ukrainienne, dans son article 37, interdit l'existence de groupes paramilitaires dans les partis et institutions publics.

La torture et les violences similaires sont également évoquées dans des documents ultérieurs, notamment celui de l'association ukrainienne “ Successful Guards ” (14 septembre 2018). Le rapport énumère les atrocités impliquant des partis d'extrême droite tels que National Druzhina, Bratstvo, Right Sector, et en particulier le groupe C14, connu pour avoir conclu un protocole de partenariat et de coopération avec de nombreuses administrations de district – dont celle de Kiev

Le C14 est responsable non seulement d'actions violentes dans le Donbass mais aussi de pogroms contre les Roms et de violences contre les commémorations annuelles de héros russes antinazis tels qu'Anastasia Baburova et Stanislav Markelov. Dans le Donbass, la C14 mène souvent des actions que le SBU ne peut légalement se permettre, écrit le rapport. La méthode est toujours la même : l'armée ou le SBU ou les ministères de l'intérieur et des anciens combattants confient les prisonniers soupçonnés de collaboration avec Moscou à leurs bras tortionnaires : bataillon Azov ou C14.

Cette violence devrait être commémorée le jour qui commémore la victoire soviétique de 45 et ce que Moscou appelle la “grande guerre patriotique”. C'est ainsi que les commentateurs occidentaux l'appellent aussi, pour masquer le fait qu'il s'agit d'une victoire qui a libéré toute l'Europe du nazisme, avec ses alliés occidentaux, et qui a coûté à la Russie au moins 30 millions de morts.

Depuis quelque temps, la contribution décisive de l'Armée rouge à la libération de l'Europe est relativisée, au point de disparaître. La contribution est oblitérée, comme si elle n'avait jamais existé, même par le Parlement européen (ainsi la résolution de septembre 2019 qui ne fait que blâmer le pacte Ribbentrop-Staline pour la guerre et ne fait aucune mention de la Résistance russe).

Le réarmement et l'élargissement de l'OTAN vers l'est, combinés à l'impudence des oublis historiques et des phrases de Stoltenberg, ont créé un fossé presque infranchissable entre la Russie et l'Europe, sur le plan politique mais aussi culturel. C'est à cela que servent les “aboiements occidentaux aux portes de la Russie” dénoncés par le pape, l'oubli de "l'esprit d'Helsinki" et la montée de la russophobie. Ce sont des méfaits qui ne justifient pas la brutale agression russe du 24 février, mais qui l'ont certainement facilitée. C’est ce qui poussera la Russie, pour longtemps, à prendre congé d'une Europe qui croit de plus en plus progresser en confondant ses propres intérêts avec ceux des Etats-Unis.


* Un portait d’Alexei Arestovitch qui est invité sur BFMTV pour des chroniques militaires a été publié par INVESTIG’ACTION

https://www.investigaction.net/fr/les-visages-du-pouvoir-kievien-un-metteur-en-scene-et-un-acteur/


 

Les visages du pouvoir kiévien : un metteur en scène et un acteur

https://www.investigaction.net/fr/l…

28 Avr 2022

Mateusz Piskorski

Source : Le blog de la pensée libre 23 avril 2022

Mateusz Piskorski est universitaire, politologue, ancien député d’un parti de gauche patriotique, partisan d’un rapprochement de la Pologne avec les pays d’Eurasie, opposé à l’OTAN. Il a été interné pendant trois ans sous l’accusation d’espionnage au profit de la Russie et de la Chine, sans qu’aucun élément sérieux ne soit produit pour soutenir cette accusation. Il a été finalement libéré sous caution à la suite des pressions du Bureau des Nations Unies sur les internements abusifs. Mais l’enquête le visant se poursuit de façon à ce qu’elle soit interminable et, en attendant, il est interdit de sortie du territoire polonais et ne peut pas non plus retrouver un emploi stable dans son pays.

Photo : Office of the President of Ukraine (CC)

Depuis le début de la guerre en Ukraine le public occidental est abreuvé d’images spectaculaires rarement recoupées et vérifiées, mais il ne sait rien ni de la situation économique de l’Ukraine ni du fonctionnement de ses institutions politiques. Le pouvoir kiévien est très largement supervisé par des experts anglo-saxons (USA et Royaume-Uni), ce qu’on observe aussi au niveau de sa propagande de guerre. Il nous a donc semblé intéressant de nous pencher sur un homme clef à cet égard, qui a certes pénétré de longue date les milieux nationalistes ukrainiens mais qui semble dépourvu de toute attirance nationaliste, ses choix allant plutôt vers le mondialisme capitaliste. Son émergence dans l’entourage du président Zelensky est opaque mais c’est lui qui semble jouer le rôle d’acteur principal de la propagande kiévienne reprise en Occident. Ce qui permet de poser la question des liens entre celle-ci, les milieux oligarchiques ukrainiens et leurs appuis occidentaux. Et de découvrir un personnage clef dans le montage de la propagande anglo-américano-ukrainienne qui a conquis le public occidental. Où l’on voit qu’il n’y a aucune question de principe qui vaille mais simplement un opportunisme « pragmatique » permettant d’alimenter la propagande de guerre en faisant la promotion d’un monde virtuel sans liens obligatoires avec le monde réel. L’article que nous livrons ici est traduit du polonais avec l’accord de l’auteur. (La rédaction du blog de la Pensée Libre)

La Russie est à bout. La Biélorussie va entrer en guerre. Les Russes violent les enfants. Les cadavres humains sont minés par les soldats russes. Les abeilles s’attaquent aux agresseurs russes. La Russie fera bientôt la paix en se soumettant aux conditions de Kiev. La paix est juste au coin de la rue, ou peut-être un peu plus tard. Des milliers de messages souvent contradictoires sont diffusés en Ukraine et dans le monde par Alexei Arestovitch, le conseiller de Volodymyr Zelensky, qui s’impose désormais comme le principal directeur de la propagande des autorités de Kiev. Les médias polonais et occidentaux présentent chaque information fournis par cet homme avec un dévouement inébranlable, comme s’il s’agissait d’une vérité révélée. Alors qui est ce réalisateur et pourquoi rencontre-t-il un tel succès manipulateur aujourd’hui ?

L’Acteur

Il est né le 3 août 1975 dans un petit village géorgien, Dedoplis Tskaro. Sa biographie officielle précise qu’il n’est pas d’origine ukrainienne. Il s’agit plutôt d’un enfant des vastes espaces et des nationalités mélangées de l’Union soviétique – moitié biélorussien, moitié polonais. On sait que son père était un militaire, un officier de l’armée soviétique. Des années plus tard, sa famille a quitté la Géorgie pour s’installer en Ukraine. C’est là qu’Alexei Arestovitch a obtenu son bac au lycée n° 178 de Kiev, puis qu’il a passé les examens d’entrée en biologie à l’Université nationale Taras Chevchenko de la capitale.

Cependant, il a préféré s’adonner à un autre type d’activité, plus proche de l’âme d’un artiste – l’improvisation. Il a interrompu ses études et en 1992, il a commencé à jouer en tant qu’acteur au théâtre de Kiev « le Quadrilatère noir » (la dernière fois qu’il est apparu sur sa scène, c’était en 2020).

L’Espion

Cependant, Arestovitch n’était pas seulement intéressé par le métier d’acteur. Il était aussi attiré par une carrière militaire, ou plus précisément par une carrière dans le renseignement. C’est pourquoi il s’est inscrit à l’Institut des forces terrestres d’Odessa, dont il est sorti diplômé en tant que traducteur militaire de langue anglaise. Les traducteurs de l’armée sont, bien sûr, généralement des officiers du renseignement ou du contre-espionnage militaire.

En 1999 (pendant la présidence de Leonid Koutchma), il a commencé son service en tant qu’officier à la Direction principale du renseignement des forces armées ukrainiennes. Le chef des renseignements militaires était alors le général Igor Smichko, Chef du service de sécurité de l’Ukraine (SBU) de 2003 à 2005, puis conseiller du président Petro Porochenko et candidat à l’élection présidentielle et à l’élection du maire de Kiev. Smiechko est d’ailleurs un exemple assez intéressant de l’interpénétration du monde de la politique, des affaires et des services secrets sur les bords du Dniepr.

Arestovitch a quitté le service de renseignement militaire en 2005. Il a présenté les motifs de cette décision dans des interviews ultérieures. « J’ai servi dans le département de la recherche stratégique du ministère de la défense. Les rapports que nous préparions allaient directement sur les bureaux du président, du premier ministre, du ministre de la défense, du président du Conseil suprême, etc. La situation dans le pays a changé après la ‘révolution orange’. Il était devenu absurde que d’anciens directeurs d’usines sucrières commencent à donner des ordres et à instruire les officiers d’active sur la manière de faire leur devoir, ce que j’ai dit une fois directement au commandement. En réponse, j’ai entendu : – Où pensez-vous aller ? Vous continuerez à servir. Le lendemain, je ne suis pas revenu travailler et, après de nombreuses hésitations, j’ai finalement décidé de partir », s’est-il souvenu dans une interview.

Le Politicien et heureux élu

Après avoir quitté les services de renseignement, Arestovitch s’est jeté dans le tourbillon chaotique de la politique ukrainienne. Pour une raison quelconque (peut-être un malentendu avec ses supérieurs dans l’armée), il a pris une position clairement critique à l’égard du premier Maïdan, celui de 2004 à Kiev, appelée la « révolution orange ». Il a rejoint le Parti de la Fraternité dirigé par Dmytro Kortchynsky. Idéologiquement, ce groupe est qualifié de nationaliste-anarchiste, bien que ses couleurs et son symbolisme fassent directement référence au camp noir et rouge, celui du nationalisme d’extrême droite ukrainien. Son chef et fondateur était auparavant connu principalement pour son implication dans la guerre civile tchétchène où il a combattu contre Moscou, ainsi que dans la guerre en Abkhazie – où il s’est battu contre les militants indépendantistes abkhazes du côté géorgien. Il était également un militant de l’Assemblée nationale ukrainienne – Autodéfense du peuple ukrainien (UNA-UNSO), un parti sans équivoque de type néo-banderiste fasciste, au sein duquel on trouve dans sa direction le fils de l’idéologue du fascisme ukrainien Roman Choukhevitch, Youry Choukhevitch. Kortchinsky n’a pas rencontré beaucoup de succès en politique, contrairement à de nombreux autres nationalistes extrêmes. Cependant, il a continué à être présent dans les médias ukrainiens. En 2016, il a dit ceci à propos de la Pologne : « Actuellement, le nationalisme polonais se développe en Pologne et cela se fait au détriment des Ukrainiens. Les revendications historiques et territoriales à notre encontre s’y multiplient… Nous serons donc en état de guerre ou de préparatifs de guerre pour les cent prochaines années, c’est certain. »

Kortchynsky, malgré son insignifiance politique, a fait de bonnes affaires dans la politique ukrainienne qui est extrêmement commercialisée. Son « personnel militant » pouvait être engagé par pratiquement n’importe qui, pour n’importe quel but, pour organiser n’importe quelle manifestation. Bien sûr, cela n’était pas gratuit. En 2005, Arestovich, qui est rapidement devenu le vice-président de sa confrérie, se tenait toujours à ses côtés. En 2009, c’est lui qui a mené l’action de protestation anarchiste de son parti sous le slogan « A bas tout le monde ! ». Dans le même temps, avec Kortchinsky, Arestovitch a commencé à annoncer des travaux sur des plans visant à défendre la Crimée contre une éventuelle agression russe.

Mais, au départ, les relations de ces deux hommes avec Moscou sont assez complexes. En 2005, Arestovitch, critique de la révolution orange, s’est rendue aux réunions du Mouvement eurasien d’Alexandre Douguine à Moscou. Là, avec Kortchinsky, ils ont appelé au développement de tactiques communes et efficaces contre les révolutions de couleur dans l’espace post-soviétique. Aujourd’hui encore, certains opposants le soupçonnent d’avoir gardé des liens « d’agent » avec le Kremlin, bien que – étant donné la position réelle de Douguine – cela soit peu probable.

La dernier épisode du lien politique d’Arestovitch avec Kortchinsky et sa confrérie a été la protection que ce dernier lui a accordée pour trouver un emploi. En 2009, il est devenu chef adjoint de l’administration de la région d’Odessa. À l’époque, le maire de cette ville était un ami de Kortchynsky, Eduard Gourvitch, un politicien et homme d’affaires anticommuniste d’origine juive, qui est devenu célèbre en 1999 pour avoir renommé une des rues d’Odessa en l’honneur de l’écrivain Alexandre Griboyedov, au profit de l’ultranationaliste Choukhevitch. Arestovitch a ensuite quitté son emploi à Odessa, après quelques mois. Et il a alors disparu de l’espace public pendant un certain temps.

Le Psychologue

Pendant ce temps, l’actuel conseiller de Zelensky a suivi un cours de psychologie assez particulier dispensé par le gourou russe Alexander Kamensky (alias Avessalom le Sous-marin). Kamensky pratique une synthèse exotique de la psychologie, des pratiques ésotériques inspirées du courant New Age et des méthodes thérapeutiques de la psychanalyse. Arestovitch a concentré ses études principalement sur les techniques d’influence et de manipulation. Cela lui a permis d’ouvrir sa propre entreprise en tant que « coach » et conseiller psychologique. Il a commencé à développer une entreprise privée dans ce domaine, mais il semble toujours avoir voulu utiliser ses compétences non pas dans les affaires, mais plutôt dans l’armée, les services secrets et la politique.

L’Expert et l’« anti-terroriste »

En 2014, après le début de la guerre civile dans le Donbass, Arestovitch a commencé à développer des activité de commentateurs sur les médias sociaux. Il a commencé à être invité en tant qu’expert par les médias traditionnels ukrainiens. Il a tenté de prévoir des scénarios pour la suite du conflit. Il convient toutefois de noter que toutes ses prédictions sont formulées de manière à ce que leur véracité puisse être vérifiée positivement au premier coup d’œil. En fait, ces prédictions sont généralement très vagues ou multivariables. Toutefois, cela fait partie de la promotion de sa propre image, à laquelle Arestovitch a commencé à se livrer avec succès.

Un élément similaire de ce type a probablement été sa décision de participer en tant que soldat contractuel à l’opération antiterroriste (ATO) contre les habitants du Donbass. Il a utilisé cette présence sur le front de deux manières. Tout d’abord, il a commencé à se présenter de plus en plus largement comme un expert et un analyste militaire hors pair (sa présence dans la zone de conflit armé était censée crédibiliser son statut). Deuxièmement, il a créé une légende sur sa propre présence dans la zone de conflit, racontant, par exemple, qu’il a traversé la ligne de front 33 fois. Le problème, c’est qu’il n’était pas stationné sur cette ligne, mais à Kramatorsk, c’est-à-dire loin du front.

En conséquence de ses activités sur les « médias sociaux », des centaines de milliers d’abonnés ont commencé à regarder le profil Facebook d’Arestovitch et ses vidéos sur sa chaîne YouTube. À un moment donné, surfant sur le vague qui le caractérise, il a même pu prédire le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne. Il continuait simultanément à dispenser des formations en psychologie, aidé en cela par sa reconnaissance médiatique croissante.

Le visage de Zelensky

En 2019 et dans la première moitié de 2020, il dénonçait le président Zelensky récemment élu en des termes peu flatteurs. À l’automne 2020, il a soudainement commencé à faire l’éloge du président, après quoi il est devenu rapidement le porte-parole de la délégation ukrainienne au sein du groupe de contact tripartite sur les accords de Minsk. Cela lui a permis d’être reconnu au niveau international ; c’est lui qui présente la position de Kiev dans les négociations sur le Donbass discutées par tous les médias.

Il a insisté de plus en plus sur le fait qu’il ne pouvait être question pour Kiev de mettre en œuvre un quelconque accord. Dans une interview accordée en 2021, il déclarait sans ambages qu’au Donbass, la « guerre ukraino-russe » se poursuivra pendant très longtemps. Lorsqu’il devint conseiller supplémentaire du chef du bureau d’Andrei Yermak, en septembre 2021, il a carrément déclaré que la réintégration du Donbass au sein de l’Ukraine est un plan qui sera mis en œuvre au cours des 25 prochaines années, et que toute discussion entre Kiev, Donietsk et Lugansk est inutile.

Le Propagandiste professionnel

Pendant son service armé dans le Donbass, Arestovitch s’est entraîné à utiliser les instruments de la propagande de guerre. En 2015, lors de l’encerclement des unités ukrainiennes par les séparatistes près de Debaltsevo, il a soutenu – contrairement aux faits et aux chiffres – que les pertes de Kiev étaient insignifiantes. Mais en 2017, il a déclaré carrément dans une interview : « Chers amis ! Je vous ai beaucoup trompé depuis le printemps 2014. Les fausses informations que j’ai fournies concernaient deux domaines principaux : – la création d’une illusion patriotique selon laquelle ‘nous sommes tous unis, nous nous respectons les uns les autres et nous sommes des héros’, et qu’un avenir brillant attend l’Ukraine ; – une propagande noire contre la Fédération de Russie. Il s’agissait d’activités purement de propagandiste, qui se sont développées face à l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine. Après trois ans, je suis arrivé à la conclusion que la propagande fait partie de la guerre, qu’elle est possible et même nécessaire (malheureusement) sur une base anonyme, c’est-à-dire à condition de ne pas y apposer son propre nom ».

Alexei Arestovitch est un magicien de l’image qui réalise ses tours sur commande et pour sa propre satisfaction. Malgré son passé partisan et ses déclarations agressives et théâtrales, il n’est en fait pas le moins du monde un nationaliste ukrainien. « Je ne suis pas un patriote. Pas seulement de l’Ukraine, mais de tout État-nation. Je suis un patriote du « projet n° 5 », le projet d’une Terre unie dans l’esprit de Pierre Teilhard de Chardin et de Vladimir Vernadsky. Parmi les figures de nos contemporains, je suis le plus proche d’Elon Musk, l’homme qui incarne avec le plus de constance et d’activité le projet de reconstruction du système social ‘Humanité’ dans une dimension polyglobale… Sur les questions de reconstruction de la mémoire historique, de justice, de luttes, de victoires et de défaites, d’émergence des nations, de langues, de blessures historiques, je ressemble à un soldat sur le pou. Je crache sur tout cela depuis la haute tour du noosphérisme. Je peux même reconnaître leur importance, mais pour moi, tout cela est simplement inintéressant. C’est pourquoi je parle la langue dans laquelle je suis le plus à l’aise. Si vous êtes patriote, je respecte cela. Mais je n’aime pas du tout la variété de patriotisme qui nous a tous séduits ici. Si, en mon nom, nous devons garder le silence sur certaines choses et faire pression sur quelqu’un, alors je ne participe pas à un tel patriotisme », a-t-il déclaré dans un interview. Sur sa chaîne YouTube, il souligne qu’il utilisera le russe pour deux raisons : parce que c’est la langue qu’il utilise pour communiquer avec sa famille à la maison et parce qu’il veut pratiquer une propagande efficace visant un plus grand nombre de personnes.

Il est intéressant de noter qu’Arestovitch a aussi honnêtement admis – et il l’a dit dans le contexte du retrait américain d’Afghanistan – que l’introduction de normes démocratiques uniformes et universelles dans différents pays ne fonctionnait pas. Et cela inclut l’Ukraine. Toutefois, avant même le déclenchement de la guerre, il a proposé de rebaptiser l’Ukraine en Ukraine-Ruthénie. Bien qu’il ait déclaré par la suite qu’il s’agissait d’une plaisanterie, il s’agissait certainement d’une tentative ambitieuse d’introduire la question de la rivalité autour de l’héritage de la Ruthénie de Kiev dans le débat public au profit de l’Ukraine.

Un chef-d’œuvre d’images

Aresovitch, qui a toujours rêvé d’influencer les gens, exerce aujourd’hui de fait son influence à l’échelle mondiale. Les récits et la désinformation qu’il formule sont diffusés non seulement en Ukraine, mais aussi dans tout ce qu’on appelle l’Occident et même partiellement aussi dans l’espace post-soviétique. Il s’agit sans aucun doute d’un homme d’une grande créativité et d’un talent de manipulateur.

En face de lui, le général en uniforme Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, avec ses messages secs et raides n’éveillent pas l’imagination des gens. Konachenkov vient d’une époque antérieure, celle d’avant les médias sociaux. Ce problème est de plus en plus reconnu en Russie, mais il est trop tard pour reprendre l’initiative sur la ligne de front de la lutte pour imposer sa narration.

Arestovich n’est certainement pas un génie solitaire. Il est assisté par les meilleurs cabinets de relations publiques des États-Unis et du Royaume-Uni. Cependant, c’est lui qui joue le rôle d’un des des plus importants visages du pouvoir de Kiev. Il est acteur et metteur en scène, apparemment beaucoup plus indépendant que son directeur officiel Zelensky. Pour l’instant, y compris en Pologne, son influence sur l’opinion publique est bien plus grande que celle des politiciens locaux. Va-t-il un jour, comme il l’a fait en 2017, dire à quels mensonges il a recouru et révéler les techniques de la très efficace propagande de guerre ukrainienne ?

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