VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > De nouvelles révélations sur Sabra et Chatila dans un rapport (...)

De nouvelles révélations sur Sabra et Chatila dans un rapport israélien

jeudi 23 juin 2022, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 23 juin 2022).

https://assawra.blogspot.com/2022/0…

23 juin 2022

Assawra

Le YediotAharonot, quotidien à grand tirage en Israël, a publié vendredi 17 juin 2022 un rapport établi par un journaliste d’investigation israélien, Ronen Bergman, dans lequel le rôle de l’Etat hébreu est une fois de plus mis en exergue dans le massacre perpétré dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila au sud de Beyrouth, les 16,17 et 18 septembre 1982, deux jours après l’assassinat du président élu Bachir Gemayel (14 septembre) dans un attentat à Achrafieh Jusqu’à aujourd’hui, il n’existe pas de bilan exact du nombre de victimes de ce massacre. Le rapport officiel du procureur près le tribunal militaire, Assaad Germanos, fait état de 460 morts, un chiffre très en deçà des 5 000 victimes avancées par les sources palestiniennes, qui inclurait les disparus. Quant au rapport de la commission d’enquête israélienne, dit rapport Kahane, il avance qu’« en oe qui concerne le nombre exact des victimes, il semble qu’on ne puisse se baser ni sur le document d’origine libanaise ni sur les chiffres avancés par certaines sources palestiniennes », estimant que « le nombre total est inférieur à 1000 ». Enfin, selon les services de renseignements de l’armée israélienne, ce bilan macabre se situerait entre 700 et 800. Une estimation éloignée de celles du journaliste israélien Amnon Kapeliouk, auteur de Sabra et Chatila, enquête sur un massacre (Le Seuil) qui avance le chiffre de 3 000 à 3 500 victimes, après avoir recoupé plusieurs sources. Selon les sources israéliennes, le carnage avait été perpétré sur ordre du futur chef des Forces libanaises, Elie Hobeika, à l’époque en charge des renseignements de la milice, dans la foulée de l’entrée des troupes israéliennes à Beyrouth-Ouest La commission Kahane, chargée le 28 septembre 1982 par le gouvernement israélien d’enquêter sur les événements, avait conclu en 1983 à la responsabilité directe des milices chrétiennes, mais aussi à la responsabilité indirecte d’Israël. Pour les enquêteurs, Ariel Sharon, alors ministre israélien de la Défense, n’avait pas pris « des mesures appropriées » susceptibles d’éviter le massacre. Tout comme le chef d’état-major de l’armée, Raphaël Eytan, ou le ministre des Affaires étrangères, Yitzhak Shamir. Réunion secrète Des médias locaux ont publié ces derniers jours de larges extraits du rapport Bergman, qui serait basé sur des archives du gouvernement israélien. Ces documents révèlent notamment qu’une réunion secrète avait eu lieu le 19 septembre 1982 entre, d’une part, des dirigeants libanais chrétiens et, de l’autre, Raphaël Eytan, Amir Drori, ex-commandant de la région Nord de Tsahal, et Menahem Navot, ex-chef adjoint du Mossad.

Le rapport Bergman indique que « la réunion avait pour but une coordination entre les deux parties, visant à établir une version unifiée des faits pour la présenter à l’international ». Il fallait en effet contenir les réactions au massacre, en tentant notamment d’atténuer l’impact de la publication d’images insoutenables de corps d’enfants et de femmes. « Raphaël Eytan ne se souciait pas du volet moral », affirme le journaliste Ronen Bergman, indiquant qu’il craignait surtout que les forces israéliennes ne soient forcées de se retirer de Beyrouth.

« Dites que vos combattants ont participé dans les camps à une mission de combat contre des éléments de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et que les événements ont ensuite rapidement échappé à votre contrôle. Imputez les actes à la colère de vos combattants qui a éclaté après l’assassinat de Bachir Gemayel », avait proposé le chef d’état-major israélien à ses interlocuteurs libanais. Le journaliste d’investigation indique en outre qu’un des responsables libanais avait exhorté les Israéliens à demander aux médias de leur pays de ne pas accuser nommément les milices chrétiennes dans leurs publications. « Il nous est impossible de reconnaître que (nous avons) perpétré ces actes », avait-il lancé « Comment comptez-vous donc agir ? »lui avait demandé Eytan. Réponse du responsable libanais : « En continuant à nier ». Eytan :« Comment cela est-il possible ? Les camps étaient truffés de journalistes (…). La vérité est connue. » Toujours selon le rapport de Ronen Bergman, Amir Drori avait suggéré de son côté « une version mensongère », à savoir que « lorsque (les milices) étaient entrées dans les camps, des combats intérieurs s’y déroulaient déjà entre différentes factions et ont fait des victimes ». Anéantir le sud de Beyrouth L’article du Yediot Aharonot fait par ailleurs état de plans concoctés plus tôt par Ariel Sharon, Raphaël Eytan et les milices chrétiennes pour occuper la capitale libanaise au moyen d’une opération militaire conjointe. Il évoque dans ce cadre des propos qu’aurait exprimés Ariel Sharon le 11 juillet 1982, selon lesquels il fallait anéantir « la partie sud de Beyrouth (où se trouvaient des camps palestiniens et des combattants de l’OLP). Des propos aux antipodes de la position officielle qu’affichait Sharon devant son gouvernement : « Je ne suggère aucune attaque contre Beyrouth », disait-il à maintes reprises. Toujours selon l’article du quotidien israélien, aussitôt après l’assassinat de Bachir Gemayel, Ariel Sharon a obtenu l’approbation de Menahem Begin pour occuper Beyrouth-Ouest, mais le gouvernement israélien n’en a été informé qu’après l’occupation.

Les revers de l’armée israélienne face aux opérations de résistance ont par la suite transformé Menahem Begin en « un personnage souffrant de grave dépression (…) se repliant sur lui-même après avoir compris que Sharon l’avait trompé et avait plongé Israël dans un bourbier », rapporte le quotidien israélien. Il a démissionné un an après. « La guerre pour laquelle l’armée et les services de renseignements israéliens s’étaient longtemps préparés (…) est finalement devenue une des plus grandes catastrophes pour Israël, puisqu’elle a placé le Moyen-Orient dans un autre sens que celui planifié », poursuit le texte.

Les conséquences d’un tel échec ont été « l’établissement au Liban du bras long de l’Iran et la propagation de la révolution islamique, par le biais du Hezbollah », conclut Ronen Bergman.

L’Orient-Le jour du 22 juin 2022

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0