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Charles Gave Vs Banques Centrales : un match au cœur du système de domination de classe ! Quelles conséquences pour les luttes sociales ?

jeudi 30 juin 2022, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 30 juin 2022).

Charles Gave Vs Banques Centrales : un match au cœur du système de domination de classe ! Quelles conséquences pour les luttes sociales ?

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Dans son interview pour « Le Monde moderne » [http://mai68.org/spip2/spip.php?article12011] Charles Gave établit une relation , et même un lien de causalité, dans ce sens, entre les taux d’intérêts très bas et la baisse de productivité du travail.

Ce qui l’amènait, déjà en 2017, à caractériser assez bien, et en tout cas, mieux que la plupart des autres économistes, les dérives financières du banco-centralisme :

« Le taux d’intérêt, dans un monde parfait, est le prix auquel la demande d’épargne égale l’offre d’épargne.

Imaginons que ce taux soit à 5 %. Imaginons de plus que le gouvernement dans sa grande sagesse estime que cela est trop haut et le mette artificiellement à 2 %.

Immédiatement, tous ceux qui peuvent emprunter, c’est-à-dire ceux qui ont des actifs (les riches) vont pouvoir emprunter pour acheter des affaires ou des actifs existants qui rapportent plus que 2 %. Si j’emprunte à 2 % pour acheter quelque chose qui rapporte 4 %, je gagne à tous les coups et sans prendre de risque.

Et donc le « levier » dans le système, c’est-à-dire l’endettement va monter très fortement. Ce qui rend le système plus vulnérable en cas de ralentissement.

Le prix des actifs existants va se mettre à monter et donc les riches deviennent plus riches tandis que les « pauvres », souvent les jeunes, ont du mal à se loger et deviennent plus pauvres.

Comme il est très facile de s’enrichir sans prendre de risque, plus personne n’investit dans une augmentation du stock de capital qui impliquerait une prise de risque et donc la productivité se met à baisser

Et quand la productivité baisse, le niveau de vie des pauvres suit. Et la croissance structurelle s’écroule puisque la productivité s’écroule. Et la productivité s’écroule par manque d’investissement. Les rentiers font plein d’argent, les entrepreneurs ne peuvent se financer. Voilà ce qu’amènent des taux trop bas.

Et à l’arrivée, tout le monde, sauf les rentiers, vote pour des « démagogues », nom donné par les rentiers à ceux qui cherchent à aider les pauvres.

La conclusion à tirer c’est bien sûr que les taux bas sont l’outil central dont se servent les coquins et les copains pour se livrer à leur sport préféré, le capitalisme de connivence. Encore une fois, les gagnants sont ceux qui sont près du pouvoir, et les perdants les « petites gens » qui n’ont pas d’amis à la banque centrale.

En fait, je ne peux pas croire qu’un économiste honnête intellectuellement ne soit pas capable de comprendre ce qui est une évidence à la fois logique et scientifique.

J’en arrive donc à la conclusion que la plupart des économistes, travaillant dans des banques, des universités, des grandes sociétés ou des organisations internationales roulent pour ceux qui les payent, un peu comme les journalistes des grands media.

Et que donc ils disent ce que leurs maitres leur disent de dire. »

https://institutdeslibertes.org/pas-de-probleme-de-comprehension-en-ce-qui-concerne-leconomie-gros-problemes-a-comprendre-les-economistes

A l’appui de sa thèse Charles Gave nous exhibe un graphe qui semble effectivement établir une corrélation entre les périodes de taux bas et les périodes de faible croissance du PIB, aux USA, nous affirmant que le même phénomène se retrouve dans les principales économies occidentales.

https://institutdeslibertes.org/wp-content/uploads/2017/04/image002-2.png

Il se sert de cette corrélation pour affirmer un lien de cause à effet entre taux bas et baisse de la productivité du travail.

Or la réalité est que la baisse de productivité du travail est absolument constante depuis le pic de la fin des années 60 et n’a connu aucun « rebond » dans les périodes de taux plus élevés.

http://ekladata.com/20pS3WnxSGAnZJrFWu3xahtTCWM.png

Il y a donc une confusion entre croissance du PIB et productivité du travail. Le PIB se mesure en volume de production globale, par pays, tandis que la productivité du travail mesure la rentabilité par industrie et/ou par secteur d’activité.

C’est donc en tenant compte de cette baisse chronique de la productivité du travail, dite « stagnation séculaire », ou « paradoxe de productivité », puisqu’inversement proportionnelle à la modernisation technologique actuelle de l’outil de travail, que les banquiers centraux ont été amenés à établir des politiques financières de taux bas, afin de tenter de maintenir la « barre » de l’inflation au seuil vital de +2%, en dessous duquel les risques de récession et de déflation commencent.

C’est donc aussi dans ce but que la dite « crise du covid », avec ses périodes de « confinement », s’est produite comme soupape nécessaire à dégonfler la bulle financière et relancer la productivité, par effet de « compensation » suite à la « casse économique » des confinements.

« Casse » en réalité évidemment salutaire pour justifier un nouveau flot de création monétaire banco-centralisée « ex-nihilo », et donc pour le petit monde banco-centraliste que dénonce Charles Gave, et dont les profits dépendent précisément de cette spéculation monétaire.

« Jusque là tout va bien », serait-on tentés de dire, pour cette classe banco-centraliste, mais évidemment pas pour les classes populaires victimes de l’inflation et du chômage, ni même, à un degré moindre, pour les « classes moyennes » dont Charles Gave se fait le héraut…

En effet, à l’effet « seuil de sauvegarde » déjà créé par les politiques monétaires antérieures et donc la surabondance de monnaie non encore résorbée dans la sphère financière vient s’ajouter la nouvelle manne créée ex-nihilo dans la prétendue « lutte contre le covid », plus l’effet de « reprise » après le confinement et la hausse des prix supplémentaire due aux difficultés d’approvisionnement… Un souci transitoire permettant de justifier une hausse supplémentaire des prix due à la « rareté » ainsi créée…

Ainsi a été créée artificiellement une conjoncture d’inflation déjà largement supérieure au seuil des 2%, mais tout à fait favorable à la reprise des « affaires » et même, de la croissance économique.

La Guerre en Ukraine, par contre, introduit évidemment encore un facteur d’inflation supplémentaire, et même très élevé, en raison des blocages structurels durable qu’elle implique dans la mondialisation, et principalement, en conséquence des « sanctions économiques » supposées mettre la Russie à genoux, mais ce facteur d’inflation là, s’il vient s’ajouter aux autres, représente par contre un facteur de récession brutale, et non un facteur de croissance, contrairement aux deux précédents.

Il annule donc pratiquement tout le « bénéfice » du plan laborieusement mis en œuvre et exécuté par les banco-centralistes autour de la dite « crise du covid » !

Aujourd’hui un seul point met tous les économistes d’accord : c’est la récession qui se profile à l’horizon des prochains mois !

Jusque là les thèses de Charles Gave et de quelques autres économistes iconoclastes dans son genre ne représentaient que la nostalgie d’une époque technologiquement révolue où la productivité du travail se trouvait boostée par l’innovation technologique, à un stade qui développait encore parallèlement la productivité des machines et le travail productif humain.

Avec le développement de l’automatisation, de l’informatique et de la robotisation, le développement du capital fixe, la machinerie automatisée, robotisée, et l’infrastructure informatique, a pris définitivement le dessus, dans les économies les plus avancées, sur le capital variable, le travail productif humain. C’est dans ce contexte que la classe banco-centraliste s’est constituée, non pas en tant que classe spécialement plus « criminelle » qu’une autre classe dominante, mais bien comme substitut particulièrement adaptée, dans cette fonction, à suppléer à la faillite de la bourgeoisie capitaliste « classique » désormais incapable de se passer de la perfusion monétaire que lui prodiguent les Banques Centrales.

Dans le contexte de la Guerre en Ukraine, toutefois, la fraction de classe capitaliste « déchue » par les Banques Centrales, et représentée par des gens comme Charles Gave, retrouve donc un relatif rôle politique, comme relais et écho, en France, des bourgeoisies nationales du tiers monde et d’autres, qui se reconnaissent dans la lutte de la Russie contre l’hégémonie banco-centraliste.

Dans cette lutte entre fractions diverses de classe dominantes, il n’y a donc, au regard de l’histoire, ni tort ni raison, d’un côté ou de l’autre, à cette nuance près que si les bourgeoisies nationales représentent à priori des économies moins « avancées » que celles qui sont déjà banco-centralisées, elles représentent donc un obstacle sur le chemin de la mondialisation banco-centraliste.

Or cette mondialisation banco-centraliste représente pour les peuples, pour les classes prolétariennes et populaires, une nouvelle forme d’oppression particulièrement redoutable, encore bien plus répressive, par nécessité, faute de « rentabilité du travail », que le capitalisme « classique » et bientôt révolu par l’évolution technologique même de l’outil de production en voie de robotisation de plus en plus complète et totalitaire.

Face à la faillite de la gauche mondiale, entièrement phagocytée et manipulée par le banco-centralisme (Cf. Mélenchon, entre autres !), les rares éléments résistants et révolutionnaires conscients doivent non seulement comprendre cette évolution globale mais se poser la question du front uni avec tous les ennemis du banco-centralisme, tout comme nos grands-parents se la sont posée face à la déferlante nazie sur notre pays et sur le monde.

Luniterre

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POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE BANCO-CENTRALISME :

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Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq formes du capital et trois stades du capitalisme

http://mai68.org/spip2/spip.php?article11589

La fin du capitalisme signifie-t-elle nécessairement la fin du système de domination de classe ?

http://mai68.org/spip2/spip.php?article11679

Prolétariat, classes moyennes, petite bourgeoisie : quelles définitions possibles aujourd’hui ?

http://mai68.org/spip2/spip.php?article11689

Surpopulation ou dépopulation, quels enjeux entre capitalistes et banco-centralistes ?

http://mai68.org/spip2/spip.php?article11699

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UNE RÉFLEXION COMPLÉMENTAIRE SUR L’INFLATION, SUITE A LA VIDÉO DE JÉZABEL COUPPEY-SOUBEYRAND ET AUX NOTES DU CAMARADE DO, S’APPUYANT ÉGALEMENT SUR LA VIDÉO "HISTOIRE DU SMIC" >>>

http://mai68.org/spip2/spip.php?article12018

Bonjour, camarade !

Une des grosses qualité de l’analyse de Charles Gave, c’est qu’il essaye de tenir compte de l’évolution de la productivité du travail, même s’il en donne une mauvaise explication, eut égard à la baisse des taux.

Jezabel Couppey-Soubeyran, quant à elle, escamote complètement cette question fondamentale, pour se concentrer, comme tu le soulignes, sur les questions écologiques, qui ne sont pas à négliger, mais n’ont en réalité qu’une incidence mineure et indirecte sur le développement économique, qui se moque bien d’être "vert" ou non !

De ton côté, tu fais bien de rappeler que la course prix/salaires bénéficiait encore au prolétariat, dans les années 70, mais comme cela est bien expliqué dans la vidéo sur l’histoire du Smic, cette période des années 70 est encore celle de la pleine expansion économique, avec une forte productivité du travail, même si l’apogée était en fait déjà dépassée, surtout après le premier choc pétrolier.

En période d’expansion économique du capital productif, avec l’accroissement de la plus-value relative et l’expansion du prolétariat industriel, il y a donc un type d’inflation particulier qui permet précisément cette répartition en quelque sorte "spontanée" des revenus, qui profite à tous, même si inégalement.

Mais la vidéo sur l’histoire du Smic montre bien, également, le changement de paradigme, à partir des années 80, qui amène Mitterrand et sa bourgeoisie "de gauche" à vouloir briser la spirale inflationniste.

La cause n’en est pas seulement sa politique de vendu social-démocrate, mais bien plus fondamentalement la baisse de productivité du travail déjà générée par les progrès de l’automatisation et le reflux du prolétariat industriel, fortement accentué par la première vague de délocalisations, notamment vers la Chine.

Dans mon bref article sur l’analyse de 2017 de Charles Gave, je ne suis pas revenu sur ce type d’inflation, tel que celui des années 70, pour ne pas alourdir l’article, et parce qu’il est évident qu’il ne se reproduira probablement plus jamais dans l’histoire économique de l’humanité, car il correspond à un stade déjà radicalement dépassé du développement des forces productives.

Quand on parle d’inflation, il faut bien comprendre que ce n’est pas un phénomène linéaire et univoque dans l’histoire de l’humanité, mais qu’il y a bien différents types d’inflation, et même plusieurs à chaque époque, avec des causes et des conséquences différentes, et parfois même contradictoires.

Ce que l’on voit avec les conséquences structurelles de la guerre en Ukraine, qui aboutira à la formation de nouveaux blocs, assez séparés économiquement les uns des autres. Cause structurelle d’inflation et de récession, à court et moyen terme.

Alors que la vrai-fausse "reprise" d’après-covid était à la fois un facteur d’inflation et de nouvelle croissance, même si provisoire.

Bien à toi,

Amicalement,

Luniterre

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D’AUTRES ARTICLES, DE VULGARISATION ET DE FOND, AU SUJET DU BANCO-CENTRALISME >>>

L’ONU DÉCLARE OFFICIELLEMENT LA « GUERRE ÉCONOMIQUE » …CONTRE LES PEUPLES, EN RÉALITÉ, ET POUR LE COMPTE DES BANCO-CENTRALISTES !

http://mai68.org/spip2/spip.php?article8833

Mort cérébrale du capitalisme, mort cérébrale de la gauche !

http://mai68.org/spip2/spip.php?article8724

“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !

http://mai68.org/spip2/spip.php?article8195

« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?

http://interfrsituation.eklablog.com/great-reset-le-banco-centralisme-est-il-un-complot-pervers-ou-simpleme-a209547684

NOUVEAU !!! >>>

« Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…

http://mai68.org/spip2/spip.php?article9503

« Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?

http://mai68.org/spip2/spip.php?article6329

Paradoxe et suspense économique en 2021 : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?

http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288

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***_____ DÉCAPANT !!! _____***

LA TOTALE !!! >>>

Décapant !!! Le capitalisme et-il déjà derrière nous ? Et si oui, qu’est-ce qui a pris sa place ???

http://mai68.org/spip2/spip.php?article9688

Décapant !!! (Suite !) D’après les Grundrisse de Marx, le passage du capitalisme au banco-centralisme est en marche…

http://mai68.org/spip2/spip.php?article9716

Décapant !!! (Suite !) Les "complotistes" sont des lemmings à l’instinct rebelle, qui refusent de participer au suicide du troupeau !

http://mai68.org/spip2/spip.php?article9731

Décapant !!! (Suite !) Banco-centralistes et capitalistes : que reste-t-il de leurs amours ???

http://mai68.org/spip2/spip.php?article9737

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