Ce que la bourgeoisie doit au "petit peuple"
L’Alsace, la Provence, l’Auvergne ont fourni également des nourrices, mais celles du Morvan étaient particulièrement réputées et demandées. "L’élevage humain", écrit Ardouin-Dumazet, "est la grande industrie du Morvan, plus encore que l’exploitation et le flottage du bois. De tout temps, les Morvandelles ont eu la réputation d’excellentes nourrices ; c’est dans la race".
Un autre facteur joue en faveur des Morvandelles, c’est la proximité de Paris (250km) ; dans l’aristocratie et la bourgeoisie, on préfère de loin les femmes du Morvan car on les trouve belles.
Si elles ne sont pas passées par un des nombreux bureaux de placement de Paris, le bouche à oreille fonctionne et de nombreuses nourrices recrutent à leur tour des femmes du Morvan (soeur, belle-soeur, cousine, voisines…)
Arrivée au château ou dans l’hôtel particulier, nounou est habillée de pied en cap (costume d’été et d’hiver, couronne de rubans) bien nourrie et surveillée ; le courrier est censuré ; il ne faut pas annoncer de mauvaises nouvelles à la nourrice car son lait pourrait se tarir.
Puis nounou et bébé sont photographiés et les photos consignées dans l’album du château et d’autres, envoyées dans les familles du morvan
Après deux ans d’absence, le temps d’une "nourriture", la Morvandelle revient au pays après avoir connu la bonne chère, les beaux costumes, le confort, le luxe, les voyages… Certaines iront en Angleterre, au Danemark, au Pérou… Elles sont placées dans de prestigieuses familles : Saxe-Cobourg-Gotha, De La Rochefoucauld, De Wendel, De Gramont, De Segur, De Broglie, D’Arenberg, De Brissac, De Suzannet, D’Aligny, D’Orléans, De Dreux-Breze, De Rotschild, De Castel-Bajac, De Liniers, Cartier-Bresson, De Trevise, Roosevelt, De Senonges, Ayulo, Loredo, Dreyfus, Driay, Fould, Pollet, Pinay, Wassermann, Rostand, Vernes, De Miramon Fritz-James, Levy, Roland-Gosselin, Moreau-Nelaton, De Lesseps, De Castellane, De Las Cases, De Bernis, Darblay, Dormeuil, Descamp, Gouraud, De Chimay… et tant d’autres. N’oublions pas que pour le petit Roi de Rome et pour "Loulou", le fils de Napolean III et de l’Impératrice Eugénie, furent recrutées des nourrices du Morvan. Le Prince Ferdinand de Saxe-Cobourg, né en 1861, devenu en 1887, Prince de Bulgarie puis Tsar en 1908, fut allaité par une nourrice des environs de Quarré-les-Tombes.
Plus près de nous, Marie Apremont du village d’Anost, devient nourrice en 1902 de Françoise d’’Orléans, soeur d’Henri, Comte de Paris, décédé en 1999.
In les annales des pays nivernais N°128 - Les Nourrices du Morvan par Noëlle Renault. Disponible à l’office de tourisme du lac des Settons. NB : vidange du lac de septembre 2022 au printemps 2023
Voir aussi https://fr.wikipedia.org/wiki/Nourr…
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