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D’après Gilles Questiaux il n’y a pas d’État profond

samedi 3 septembre 2022, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 3 septembre 2022).

Il n’y a pas "d’État profond" !

http://www.reveilcommuniste.fr/2022…

2 Septembre 2022

Réveil Communiste

Peut-on définir, identifier, localiser le cerveau du capitalisme ? Son État-major ? Deviner ses plans, pour déjouer sa stratégie ? Peut-être dans l’espoir fou d’y loger avec précision un missile hypersonique ?

On sait déjà qu’il n’a pas de cœur ! Les Brigades Rouges italiennes qui voulaient le « frapper au cœur » dans les années 1970 on dû s’en rendre compte à leur dépens ! En s’attaquant à un pilier de la démocratie chrétienne et donc de l’État capitaliste italien, Aldo Moro, ils ont d’ailleurs fait l’affaire du Mossad, qui cherchaient à affaiblir la faction pro-arabe et pro-Khadafi dans les cercles de pouvoir italiens, c’est à dire l’affaire d’un autre pilier de l’Occident impérialiste. Car le capitalisme a des contradictions internes, faut-il le rappeler ?

Il est sûr qu’aujourd’hui encore beaucoup d’efforts sont faits et souvent des efforts utiles, pour démasquer ad hominem les responsables internationaux des politiques antipopulaires et impérialistes qui sont menées en Occident. Et certes il est tentant de chercher à repérer d’où provient le texte si cohérent de la propagande occidentale qui s’exprime par les canaux les plus variés, comme celle qui s’exerce en ce moment sur nous à l’occasion de la guerre ukrainienne.

Alors peut-on contrecarrer les complots méchants ourdis pour opprimer l’humanité ?

Peut-on tuer le dragon ?

Voilà des questionnements bien dangereux, car les méchants et le dragon s’ils existent, ce doit bien être pour une raison, et c’est cette considération du réel qui fera que ce ne sont pas les questions que se posent Marx, ou Lénine (dont pourtant l’efficacité de l’action a été si grande que les héritiers idéologiques du tsarisme en Russie continuent aujourd’hui à le prendre pour le dragon incarné !).

Alors le dragon, ce serait nous ? Après la phase Marx Lénine John Lennon, on serait passé un demi siècle plus tard au moment Marx Lénine et death métal ?

La théorie révolutionnaire du prolétariat est une théorie de l’inconscient de la bourgeoisie. Comme l’est d’ailleurs son antagoniste, le libéralisme. Mais là où le libéralisme tend à s’appuyer sur l’existence de structures immuables, d’une seconde nature dans le réel auquel il se réfère comme à l’action du marché, le révolutionnaire prolétarien veut que les masses accèdent à la conscience de ce qu’elles peuvent faire et de ce qu’elles veulent faire.

En attendant, non seulement le capitaliste ne complote pas consciemment contre l’ouvrier mais il est presque sincèrement convaincu d’agir (par dessus le marché une fois les profits encaissés) pour son bien.

La dictature bourgeoise est la dictature d’une classe, et en principe elle n’est pas celle d’individus. Il est donc illusoire de trouver chez un individu ou un groupe d’individus restreint le principe intelligent et maléfique de son action, même si certains mythomanes médiatiques se présentent régulièrement pour endosser ce rôle. Sauf dans le cas particulier du fascisme, consciemment et rationnellement déterminé à détruire l’URSS et les partis communistes de la Troisième Internationale (1919-1943), qui est une réponse historiquement datée et consciemment perverse à la menace prolétarienne – d’où l’anachronisme de la tendance actuelle dite « antifa ». Que la répression soit toujours dirigée dans la même direction et que ce soit toujours les mêmes qui en pâtissent n’est pas du fascisme, c’est du libéralisme bourgeois bien appliqué dans une société de classe : le libéralisme économique, politique ou moral ne peut pas fonctionner au bénéfice de tous les joueurs, sans tricher quelque part, et les droits de l’homme n’ont jamais été que les droits de la bourgeoisie.

Donc il n’y a pas à proprement parler un État profond, dissimulé à l’opinion, qui tire les ficelles du capitalisme, ou s’il y en a un, c’est à la manière de la lettre volée, qui est si bien cachée parce qu’elle est justement visible pour tous, et d’une trivialité telle que tout le monde hausse les épaules quand on le dénonce. Quand, par exemple, on dénonce l’aliénation des journalistes aux propriétaires de médias.

La notion même d’État profond, c’est à dire d’État dissimulé au profane est d’ailleurs oxymorique : l’État c’est justement la puissance publique visible par tous qui n’est puissante justement que parce qu’elle est visible par tous, c’est la publicisation de l’intérêt général tel qu’il est orienté par les classes dirigeantes, qui certes est aveugle à ses propres déterminations de classes, mais qui n’en a pas moins une effectivité considérable que justement parce qu’il publicise la conscience collective et les intentions de la société. Si l’État est secret, il perd du même coup l’essentiel de sa puissance qui paraît presque magique, qui permet de faire l’économie de l’usage de la force pour obtenir consentement et obéissance des masses et qui rend économique pour les individus exploités de lui céder. C’est grâce à la magie de l’État qui se montre à tous tel qu’il est dans sa majesté que les minorités peuvent dominer la majorité et que les parasites peuvent dominer les producteurs.

Pourtant il existe des réseaux secrets, des complots, et des conflits d’intérêts, il existe des réseaux d’influence puissants. On ne pourra pas le nier. L’un des plus célèbre est le complexe militaro-industriel américain qui veut la peau de Julian Assange (mais il n’est plus très secret du coup).

Mais ces réseaux qui influencent les États et notamment le plus puissant d’entre-eux ne sont pas les États eux-mêmes et encore moins un État global. D’une part ces réseaux n’ont pas une compréhension exacte du monde qu’ils essayent de diriger, ils sont persuadés par exemple que la classe ouvrière et la lutte des classes n’existent pas, et l’Empire occidental qu’ils s’acharnent pourtant à défendre non plus. Et d’autre part leurs fins restent souvent obsédées de fixations fétichistes, ce sont le plus souvent des cliques religieuses ou ethniques, ou parfois des réseaux sexuels et qui vont de la messe en latin, à la défense d’Israël ou à la diffusion mondiale de la « gay pride ». Ils sont composés d’une double couche, de naïfs et d’affranchis, de naïfs qui propagent l’idéologie et qui battent le tam tam symbolique et d’affranchis qui font des affaires privées en profitant du territoire secret qu’ils ont aménagé laborieusement.

Mais tout le monde se retrouve à la surface avec une belle unanimité de tous les cultes, de toutes les croyances et de tous les modes de vie dans la lutte contre le socialisme, qui est en effet consciemment organisées dans les réseaux de think tank promus par les multinationales, les médias et les grandes universités occidentales. Dans l’anticommunisme idéologique. Et comme il s’agit de réseaux pratiques, qui comprennent mal la théorie mais très bien la pratique dans ce qu’elle peut avoir de personnellement avantageux ils savent bien que leur seul ennemi est le socialisme réel, lorsqu’il acquiert de l’influence dans les masses.

En définitive, le seul plan du capitalisme, c’est de tout faire pour déjouer les forces objectives qui le conduisent historiquement à se transformer – et à se conserver - en son contraire, le socialisme, et la haine du socialisme appelé de manière courante et significativement erronée « anticommunisme » est le seul esprit collectif du capitalisme. Et ça tombe bien, parce que cela permet par dessus le marché de tout privatiser et de tout dérèglementer partout au bénéfice direct de ceux qui pratiquent ces privatisations et ces dérèglementations.

C’est pourquoi on verra converger et se fondre dans la même foule haineuse au moment de l’action nazis, takfiristes, sionistes, libéraux, conservateurs, communautaristes de tous poils, sociaux démocrates, libertariens, suprématistes blancs, anarchistes et gauchistes. Soit dit en passant cette haine qui a besoin de personnaliser l’ennemi se cristallise bien davantage contre la figure de Staline que contre Marx ou même Lénine, qui font inlassablement l’objet de tentatives de récupération pour en faire des jalons inoffensifs de l’histoire culturelle universitaire (les trois-quart au bas mots des « marxistes » intellectuels qui font carrière ne travaillant qu’à cela).

Comprendre que cette ménagerie idéologique n’acquiert de cohérence et d’action concertée que contre la perceptive concrète et pratique d’un proche passage au socialisme ne dispense pas, au contraire, de travailler à la dissocier, en suivant la stratégie qui consiste à favoriser à chaque crise antagonique la partie la plus faible lorsqu’ils commencent à s’entre-déchirer. En l’occurrence maintenant, il faut évidemment soutenir la Russie et ses popes orthodoxes contre l’OTAN et ses nazis post-modernes (car seuls des naïfs peuvent y voir une guerre de la Russie contre l’Ukraine et non la réalité d’une guerre de l’OTAN contre la Russie, en Ukraine. Comme la guerre de Corée était une guerre des États-Unis contre la Corée, puis la Chine, en Corée.

GQ, 2 septembre 2022

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