Le petit soldat de la Somme. Un topo sur une nouvelle recrue « degôche » pour la campagne anti-russe.
Note 1 : Il existe deux versions de ce texte. La seconde version (version définitive) est améliorée en ceci que dans la première version, j’ai utilisé deux fois le mot « effondrement » dans les paragraphes terminaux. Outre cette répétition maladroite, le terme « effondrement » était inadéquat pour (dis)qualifier l’évolution de « lagôche » en France. Car il désigne une fin brutale, alors que l’évolution de ladite gauche vers la droite a été progressive — mais non progressiste (ha ! ha ! ha). Je l’ai donc troqué pour « déliquescence » en y ajoutant deux épithètes pour préciser sur quels plans.
Note 2 : Les deux versions sont consultables en DOC et PDF. Dans la version html, directement visible, j’ai mis seulement la version définitive.
Le petit soldat de la Somme
Jean-Pierre
Garnier
À peine lancée l’«opération
spéciale» russe, le soi-disant insoumis François Ruffin, qui adore faire le
malin pour se hausser du col sur les antennes les plus conformistes, envoyait
le 24 février ce tweet: «Tout notre
soutien au peuple ukrainien. Cette invasion guerrière par l’armée russe doit
cesser. À la France d’ouvrir un chemin pour la paix.» Comme si la France de Macron, comme celle de
Mélenchon depuis quelque temps, n’était pas inféodée à l’ordre impérialiste !
Cet appel faisait déjà écho à la
propagande euro-atlantiste qui avait commencé à se déverser avec une vigueur
accrue pour dénoncer le nouveau forfait du maléfique Poutine.
Ceux qui ont fréquenté le
futur Président des Quiches («quiche» : «crétin», «demeuré» en patois
picard) connaissent son ignorance crasse de la géopolitique et donc des tenants
et aboutissants (temporaires) de la «révolution de Maïdan» à Kiev en 2014,
notamment le génocide de basse intensité entrepris contre de la population russophone
par l’armée ukrainienne secondée par les nervis ukro-nazis, auquel ce coup
d’État a donné le coup d’envoi. Apparemment, le petit futé de Picardie qui rêve
de compter parmi les grands de l’hexagone n’en a jamais eu vent.
Le 28 septembre dernier, Ruffinaud
était interrogé sur France Info (France-Intox pour les mauvaises langues) dont
il est un bon client, à l’occasion de la sortie en librairie de son dernier
opus : Je vous écris depuis le front
de la Somme. Rien que cela [1] !
Mais ce va-t’en-guerre de papier qui ne fait peur à personne et surtout pas aux
«riches» qu’il se fait fort de combattre, sait en revanche se monter réellement
belliciste lorsqu’il s’agit de hurler avec les loups de l’OTAN, condition sine qua non pour accéder au pouvoir suprême
dans nos «démocraties». Au larbin de service de cette chaîne
para-gouvernementale qui lui demandait s’il était «sur la même ligne» que le Quai d’Orsay qui venait d’annoncer que
la France ne reconnaîtrait pas les résultats des «referendums locaux organisés par la Russie sur l’annexion de quatre
régions qu’elle occupe», Ruffinaud répondait avec assurance : «Sans aucun doute». Et
d’expliquer : « Mais j’entendais
dans votre journal parler de mascarade. C’est le cas. Il me semble que ces
référendums ne vont être reconnus par personne et en particulier pas par l’ONU,
par l’Organisation des Nations Unies. Donc, voilà, il va de soi qu’il n’y a pas
de reconnaissance de cette annexion par la Russie ». «Cela doit-il aller de pair avec de nouvelles sanctions ou pas ?»,
enchaînait alors son interlocuteur. «Je
suis mesuré là-dessus [sic], rétorquait Ruffinaud. Je veux dire, je pense que les sanctions militaires, l’appui militaire
qui est apporté au peuple ukrainien a vraiment fonctionné, a permis d’endiguer
l’armée russe de façon presque inespérée [re-sic] parce que ça s’est accompagné d’une volonté du peuple
ukrainien » Un propos que BHL aurait applaudi de ses deux mains
couvertes du sang des centaines de milliers de victimes des guerres
impérialistes ! Ce qui ne saurait étonner venant d’un représentant en vue d’une
troisième droite en gestation se faisant passer tant bien que mal pour
«degôche» voire «marxiste», comme la deuxième droite «socialiste» qui l’a précédée la fin du siècle précédent.
Pour ce qui est des sanctions économiques,
Rufffinaud est moins enthousiaste car l'effondrement économique russe annoncé par
le ministre Bruno Lemaire "n'a pas
eu lieu" "On doit se demander si ça fait plus de mal aux Russes
ou à l'Europe», argue le combattant de la Somme. "Si
ce sont des mesures efficaces, je suis d’accord pour qu’on les maintienne, mais
il faudrait avoir un bilan" concluait-il.
Bref, OK donc pour affamer et réduire la population russe à la misère, mais pas
question de faire subir le même sort à celle de l’hexagone. ,
Totalement aligné sur les
positions euro-atlantistes, le petit soldat Ruffin s’affirme comme un pur
produit de la déliquescence politique et intellectuelle de ce que l’on appelait naguère «la gauche» en France.
[1] Rappelons que la « bataille de la Somme » a été le plus long et le plus sanglant carnage — et aussi la plus inutile — de la «Grande Guerre».