Analysons brièvement les propos de Mélenchon, au-delà de l’hypocrisie manifeste et assez évidente qui consiste à passer la pommade de la flatterie pour la lutte des travailleurs et le risque qu’ils prennent pour leurs revenus, alors que lui-même reconnaît, vite fait, et sans insister sur ce « lapsus », que ce n’est pas son problème : « … parce que à la sortie, hein, c’est pas ma paye qui va prendre, c’est la vôtre… » !
Accessoirement, il « oublie » aussi de mentionner que ce n’est pas de la même paye qu’il s’agit…
Mais l’essentiel n’est pas là…
Arrivant sur la place, Mélenchon se présente d’abord comme un grand défenseur du service public, puis aussitôt, quasiment comme une sorte de « gauchiste anticapitaliste », critiquant ardemment le « caractère parasitaire du capital », enchaînant sur la répartition « capital/travail » dans l’entreprise SNCF.
Il fait même très bien de souligner le caractère productif du travail des cheminots, en termes de valeur produite, mais aussitôt pour s’enferrer dans une contradiction qui détruit en pratique son « argumentation », au-delà de son aspect populiste et démagogique. Involontairement, il souligne néanmoins que les profits actuels, à la SNCF comme chez Total, sont complètement déconnectés de l’investissement. En clair, et bien malgré lui, étant donné ce qu’il veut introduire dans son propos, il fait le constat que l’augmentation des profits va avec la réduction de l’investissement productif !!! Autrement dit, encore, la valeur effectivement issue du travail productif n’est plus la source essentielle du profit…
Néanmoins, la « solution » qu’il prétend proposer consiste, selon lui, à modifier cette répartition capital/travail, et à solliciter davantage d’investissements productifs de la part du capital.
Alors que selon la logique de son constat précédent, cet investissement constitue une perte et non un gain, pour le capital. La vraie question est donc bien que si l’essentiel du profit ne vient plus du travail productif, il vient donc d’ailleurs…
Mais dans sa logique keynésienne, Mélenchon doit continuer à prétendre le contraire, car c’est sur ce principe, de la relance économique capitaliste par l’investissement productif et dans le service public, que repose tout son programme électoral…
Il doit donc continuer à le prétendre pour continuer de justifier et de faire tourner sa boutique politique « de gauche »…
Mais, comme si cela ne suffisait pas, il enfonce une deuxième fois le clou qu’il s’est lui-même mis dans le pied, bien qu’à l’insu de son public, plus ou moins fasciné ou anesthésié par son bagout populiste habituel, après celui des syndicats, manifestement sur la même longueur d’onde…
En effet, on retrouve sensiblement la même contradiction dans son propos sur les taux de crédit des Banques Centrales… Il est bien évident que le bien-être des travailleurs est le cadet de leurs soucis, néanmoins, si la « relance Mélenchon » présentait réellement un avantage en termes de profits pour les entreprises, on ne voit pas pourquoi elles n’adopteraient pas son « plan ».
Selon lui, l’objectif serait essentiellement de freiner les salaires pour préserver les profits. Ce qui est évidemment exact, à ceci près que c’est la perspective de l’inflation, au-delà des 2% nécessaires, qui entame réellement les possibilités de profit, et non la perspective d’amélioration de l’emploi.
Si une synergie plein emploi + inflation, telle que pendant la période des « trente glorieuses », pouvait être créée dans les conditions économiques actuelles, avec les mêmes profits que ceux qui en découlaient à l’époque, nul doute que les Banques Centrales mettraient tout en œuvre pour y parvenir !
Depuis 2008 les Banques Centrales manipulent les taux de crédit, à la baisse ou à la hausse, pour faire tenir debout le système de domination de classe, et, vu les profits exponentiels en bourse, le constat est qu’elles y arrivent fort bien, et sans avoir besoin du « Plan Mélenchon », qui, pourtant, repose également sur la dépendance au crédit banco-centralisé…
Bien entendu, la manipulation des taux, ce n’est pas le seul moyen par lequel les Banques Centrales ont pris le contrôle de l’essentiel de la vie économique, mais le sujet, ici, se limite à « recadrer » les propos de Mélenchon aux travailleurs grévistes, ce 18 Octobre dernier.
Les propos de Mélenchon ne contribuent donc en rien à éclairer la conscience des travailleurs en lutte concernant les perspectives politiques à ouvrir, mais bien au contraire à les embrouiller encore davantage, en plus du travail de sape réformiste que font déjà les syndicats.
Ouvrir une perspective politique réellement alternative au système de domination de classe, cela commence par une analyse lucide de l’évolution actuelle de ce système, ce qui remet nécessairement en cause l’existence même des actuelles boutiques politiques « de gauche », dont la principale, celle de Mélenchon.
Luniterre
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POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE BANCO-CENTRALISME >>>
Dette banco-centralisée : quand c’est fini, ça recommence…!
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12347
http://cieldefrance.eklablog.com/dette-banco-centralisee-quand-c-est-fini-ca-recommence-a212959483
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Face au banco-centralisme : pleurnicher, rêver, ou agir ? Que faire ???
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12242
Pour info : un courtier US en métaux précieux nous explique de l’intérieur même du système le principe banco-centraliste du nouvel ordre mondial, depuis 2008 déjà !
Charles Gave Vs Banques Centrales : un match au cœur du système de domination de classe ! Quelles conséquences pour les luttes sociales ?
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12016
Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq formes du capital et trois stades du capitalisme
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-village-primitif-au-monopole-241522
La fin du capitalisme signifie-t-elle nécessairement la fin du système de domination de classe ?
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11679
“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-crime-du-garagiste-le-casse-231389
« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?
« Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…
« Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?
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Paradoxe et suspense économique en 2021 : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?
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Un point complémentaire par rapport à un autre mensonge repris dans le texte de présentation de la vidéo >>>
Entre autres mensonges et manipulations : « …dans toute l’Europe, il n’y a pas un seul endroit où l’appel d’un rassemblement d’associations, de syndicats et de partis politiques a mené à une manifestation d’une telle puissance. » … que celle du 16/10 à Paris !
Mélenchon profite de la désinformation systémique pour se poser en « avant-garde », alors que la France est l’un des derniers pays à bouger sur ce thème, et qu’en plus, il joue le jeu de l’OTAN, alors que dans la plupart des autres pays une revendication essentielle est précisément la fin des sanctions économiques contre la Russie, et même, la reprise des livraisons de gaz russe !!!
Encore un aspect sectaire et reposant sur le déni de réalité, nécessaire à la survie politique de ce pantin. De la part des politiciens de la « gauche » le déni est conscient et délibéré, basé sur le mensonge, mais il est bel et bien induit comme « réalité travestie » dans la conscience des militants, afin de continuer la manipulation idéologique et politique, en fonction des intérêts du système, et non de intérêts des travailleurs, même au sens de leurs revendications économiques immédiates.
Luniterre
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Le déni de réalité, à la base du biais cognitif >>>