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D’une transition à l’autre, anticapitaliste et/ou anti-banco-centraliste, une alternative sociale reste nécessaire. Quelle voie de transition au XXIe siècle ?

dimanche 18 décembre 2022, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 18 décembre 2022).

Depuis un siècle et demi, et l’époque de la Commune de Paris, le mouvement ouvrier a cherché une voie de transition pour rompre avec le capitalisme. La problématique de cette transition a alors été synthétisée au mieux, à partir de 1875, par la célèbre Critique du Programme de Gotha, de Karl Marx, qui en définissait les fondamentaux économiques, reposant sur la détermination démocratique des besoins sociaux urgents par le prolétariat et leur équivalent en valeur-travail à mettre en œuvre par la collectivité, en tenant compte des ressources disponibles.

Loin d’être utopique, il s’agissait au contraire, autour de la réalisation des besoins sociaux immédiats, d’organiser les échanges en valeur réellement comparable des différents travaux nécessaires, et donc en valeur-travail investie, c’est-à-dire essentiellement en temps de travail.

Le temps de travail devenant directement l’unité de compte, quelle qu’en soit la forme.

Mais mettre en œuvre démocratiquement des relations économiques et sociales réellement équitables nécessite à la fois un rapport de forces sociales et une période de paix suffisamment durables, ce qui ne s’est donc pas trouvé, tout au long de ce siècle et demi.

A partir de l’écrasement de la Commune de Paris, la leçon a été retenue par le capital de ne pas laisser sa chance au mouvement ouvrier et d’étouffer systématiquement les braises de la révolte avant que ne puisse se mettre en place une telle transition.

La brèche ouverte par l’URSS n’a en réalité pas connu un autre sort, étant dès sa naissance confrontée à la guerre impérialiste et à l’isolement économique.

Moins d’une décennie après son acte de résistance et de contre offensive héroïque face à la barbarie nazie, le XIXe et dernier Congrès du Parti Bolchévique, en 1952, proposait donc néanmoins, dans une URSS en voie de paix, d’en revenir aux fondamentaux de la transition socialiste en valeur-travail.

Une ouverture et une chance qui lui a aussitôt été retirée par le coup d’Etat khrouchtchévien et sa dérive économique préfigurant déjà la liquidation gorbatchévienne.

Lorsqu’il n’utilise pas directement la violence, dans ses périodes de développement « pacifique », le capital utilise la manipulation et la corruption des dirigeants et des cadres du mouvement ouvrier, notamment et principalement en finançant, légalement et autrement, les bureaucraties syndicales.

Encore plus que la force, endormir et manipuler l’opinion est la plus grande réussite du capital, tout au long de ce siècle et demi.

Mais l’histoire économique de l’humanité n’est pas seulement l’histoire des révoltes sociales, elle est aussi, et même avant tout, l’histoire des modes de production, et ce sont, depuis des millénaires, des modes de production fondés sur l’une ou l’autre méthode d’exploitation du travail humain. Un mode d’exploitation remplace l’autre d’abord et avant tout parce qu’il est plus « rentable » que son prédécesseur, et non parce qu’il est plus ou moins « social », même si cela peut parfois aller avec.

Le mode moins « rentable » ne disparaît pas nécessairement, et même, généralement pas, sous les coups d’une révolte sociale, mais simplement parce que l’ensemble des forces sociales s’adaptent quasi-naturellement, et de façon « darwinienne », en quelque sorte, au mode de production le plus efficient, même s’il n’abolit pas les rapports de domination sociale.

La lutte des classes qui font l’histoire est souvent davantage celle entre classes dominantes montantes tenantes d’un mode de production plus évolué et classes déclinantes archaïques, qu’entre classes exploitées et exploiteurs.

Là encore l’URSS a tenté de faire exception, mais s’est finalement trouvée entraînée dans une impasse du fait du rapport de forces international constamment imposé par l’impérialisme.

Néanmoins, le passage d’un mode de production à l’autre, s’il n’est donc pas entièrement déterminé par les luttes sociales, il l’est par contre absolument, en fonction de l’évolution des forces productives. L’apparition du capitalisme industriel n’est pas spécialement la fantaisie imaginative d’un aristocrate « éclairé » mais bien le résultat en profondeur de l’évolution des forces productives, sous la poussée des nouvelles technologies de l’époque, dont essentiellement, au départ, le moteur à vapeur, qui mettait directement en mouvement toutes les machines industrielles, en synergie avec le mode de transport ferroviaire induit, durant tout le premier demi-siècle de la « révolution industrielle ».

Mais c’était déjà un processus évolutif contenant ses propres limites, avec l’apparition de nouvelles formes d’énergies utilisables, principalement électricité et moteurs à combustion interne (hydrocarbures).

Néanmoins, dès 1857, dans ses fort mal connues Grundrisse, Marx, en observant l’enchaînement les unes aux autres des machines industrielles mues par la vapeur, pouvait déjà déduire, à partir de ces prémisses de l’automatisation, aujourd’hui dite « robotisation », le cursus économique complet du capitalisme industriel, de sa naissance qui s’opérait sous ses yeux, à sa mort en quelque sorte déjà « génétiquement programmée » par les processus naissants de l’automatisation.

Et même s’il espérait que le mouvement ouvrier, lui-même naissant en tant que force sociale, à cette époque, puisse hâter la fin du capitalisme vers une transition socialiste, son analyse lucide de cette nouvelle réalité n’en décrit pas moins la fin intrinsèque inéluctable de ce processus capitaliste industriel, avec la généralisation de l’automatisation industrielle, elle-même inéluctable en tant que processus productif le plus efficient.

Aujourd’hui, une analyse lucide de la situation amène à simplement constater que l’échec des luttes sociales n’a pour autant mis aucun frein à la progression de l’automatisation, dite aujourd’hui « robotisation », et n’a donc en rien non plus entravé le processus évolutif menant naturellement à la fin du capitalisme industriel proprement dit, basé sur la valorisation du capital à travers le processus productif industriel reposant sur le travail productif humain.

Avec la crise de 2008 on peut voir que les différentes formes de « financiarisation » du capital développées comme modes de survie du capitalisme ont elles-mêmes échoué à relancer la rentabilité du système et se trouvent désormais dans la dépendance complète du banco-centralisme, de sa création monétaire forcenée et de ses taux de crédit manipulés.

Sous nos yeux le capitalisme est donc en train d’agoniser, déjà remplacé par le banco-centralisme.

Mais c’est, pour la plupart, sous nos yeux aveuglés par les mêmes manipulations médiatiques qui tenaient déjà à bouts de bras le système capitaliste agonisant, et se sont insensiblement et instinctivement, de façon également quasi-« darwinienne » adaptées au discours ambiant de la nouvelle classe dominante banco-centraliste.

La transition du capitalisme au banco-centralisme est déjà largement effectuée, même si pas encore parachevée, dans la plupart des économies industriellement avancées, en Occident et en Chine, ainsi qu’au Japon, pionnier en la matière, et les luttes entre sphères d’influences impérialistes se sont déjà muées en luttes entre zones d’influences monétaires banco-centralisées, pour le contrôle des ressources et des industries de pointe. Avec cette différence majeure que la tendance profonde du banco-centralisme, par nécessité intrinsèque à son principe de survie, est à la mondialisation du système monétaire fondé sur les Monnaies Numériques de Banques Centrales, ce qui limite donc les zones de conflit ouvert aux affrontements entre blocs banco-centralisés et nations encore indépendantes, comme le montre le conflit en Ukraine.

Parler aujourd’hui de transition anticapitaliste ne fait donc plus sens que si l’on replace cette perspective dans le contexte de l’agonie en cours du capitalisme, et si l’on se projette donc d’abord et avant tout dans une perspective de transition anti-banco-centraliste. A défaut de quoi on ne fera, éventuellement, qu’accélérer le processus de mutation banco-centraliste, au détriment évident des classes sociales opprimées dont ont prétend prendre la défense !

C’est ce que l’on a vu, déjà avec les réactions de la classe politique « de gauche » lors du mouvement des Gilets Jaunes, et de façon encore plus caractéristique lors du premier confinement et de toutes les mesures de dictature pseudo-« sanitaire » qui ont suivi. C’est un transfert massif de la très grande majorité de ces forces sociales, et y compris de la supposée « extrême-gauche », vers le camp du banco-centralisme, de façon objective, et souvent même, de façon consciente, notamment dans le cas de Mélenchon et de sa clique LFI-NUPES.

Dans le contexte de l’agonie du capitalisme et de l’extension hégémonique et totalitaire du banco-centralisme il est clair que cette extension est l’ennemi mortel numéro 1 de la liberté et du progrès social des peuples.

Concrètement, dans cette période de transition banco-centraliste, il est clair que le banco-centralisme utilise une partie des débris du capitalisme, qui se plient à sa domination, pour avancer sa mutation, et donc des conflits sociaux de type formellement « classique » se produiront encore, inévitablement.

Mais de façon de plus en plus massive, nombre de moyennes, petites et très petites entreprises se trouvent acculées, confrontées à des difficultés insurmontables, et sans avenir prévisible, sont potentiellement une force de résistance sociale supplémentaire face au banco-centralisme, et complémentaire dans la perspective de formation d’un front de Résistance populaire.

Les conditions de la transition anti-banco-centraliste sont donc appelées naturellement à évoluer, en fonction, notamment, du degré de destruction plus ou moins complète déjà effective du capitalisme, lorsqu’elle se produira. Il est donc nécessairement prématuré d’ébaucher un projet précis de cette transition, en dehors d’un mouvement populaire réellement suffisamment massif et actif pour en ouvrir la perspective.

Il reste important d’en rappeler les fondamentaux, qui visent donc le banco-centralisme au cœur même de son principe vital, et que nous avions déjà évoqué à propos de la comparaison « brexit-frexit » :

« Reprendre le contrôle de l’économie nationale, cela passe en tout premier lieu par reprendre le contrôle de la création monétaire, c’est à dire prendre le contrôle du crédit bancaire central et commercial "privé" sur notre territoire national, et concrètement, cela implique également et impérativement de prendre le contrôle des "tuyaux" informatiques par lesquels transitent les fonds, c’est à dire les "chambres de compensation" traitant toutes les transactions économiques et financières qui concernent la vie sociale, la production et le commerce sur notre territoire national.

Le reste n’est que blabla de politicien démagogue, manipulateur, et en fin de compte, au service "de secours" du banco-centralisme.

Ce n’est qu’avec cette reprise de contrôle que le débat démocratique peut avoir un sens pour savoir ce que nous voulons faire de la vie sociale, économique et politique de notre pays ! »

http://cieldefrance.eklablog.com/pseudo-resistance-bien-entendu-on-peut-sauter-sur-sa-chaise-comme-un-c-a213434707

En somme, commencer par prendre le contrôle de la source et des tuyaux du banco-centralisme, comme préalable nécessairement incontournable à une réallocation démocratique et sociale des forces productives. Se donner les moyens de débattre utilement, afin de pouvoir mettre en œuvre les conclusions d’un débat qui ne soit donc pas que de pure théorie !

Luniterre

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POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE BANCO-CENTRALISME >>>

Banco-centralisme : Le sens retrouvé du combat social en France

https://mai68.org/spip2/spip.php?article13007

Dette banco-centralisée : quand c’est fini, ça recommence…!

https://mai68.org/spip2/spip.php?article12347

http://cieldefrance.eklablog.com/dette-banco-centralisee-quand-c-est-fini-ca-recommence-a212959483

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Face au banco-centralisme : pleurnicher, rêver, ou agir ? Que faire ???

https://mai68.org/spip2/spip.php?article12242

Pour info : un courtier US en métaux précieux nous explique de l’intérieur même du système le principe banco-centraliste du nouvel ordre mondial, depuis 2008 déjà !

http://cieldefrance.eklablog.com/pour-info-un-courtier-us-en-metaux-precieux-nous-explique-de-l-interie-a212882787

Charles Gave Vs Banques Centrales : un match au cœur du système de domination de classe ! Quelles conséquences pour les luttes sociales ?

https://mai68.org/spip2/spip.php?article12016

Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq formes du capital et trois stades du capitalisme

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-village-primitif-au-monopole-241522

La fin du capitalisme signifie-t-elle nécessairement la fin du système de domination de classe ?

http://mai68.org/spip2/spip.php?article11679

“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-crime-du-garagiste-le-casse-231389

« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?

http://interfrsituation.eklablog.com/great-reset-le-banco-centralisme-est-il-un-complot-pervers-ou-simpleme-a209547684

« Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…

http://interfrsituation.eklablog.com/aux-ames-damnees-du-banco-centralisme-la-valeur-n-attend-point-le-nomb-a210192128

« Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/merveilleux-monde-d-apres-un-225066

Paradoxe et suspense économique : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?

http://interfrsituation.eklablog.com/paradoxe-et-suspense-economique-en-2021-le-capital-atteindra-t-il-ou-n-a209197288

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RÉCENT SUR LE SUJET >>>

MISE AU POINT : EN BREF, CE QU’EST OU N’EST PAS LE BANCO-CENTRALISME…

https://mai68.org/spip2/spip.php?article13617

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BREXIT ??? 8 ans après, c’est la CITY qui contrôle plus que jamais les flux financiers en €uros !!!

https://mai68.org/spip2/spip.php?article13329

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"Monnaie Numérique de Banque Centrale" : le projet banco-centraliste vu de l’intérieur du système !!!

https://mai68.org/spip2/spip.php?article13314

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"Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant FREXIT ! FREXIT ! FREXIT !… mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien". La pseudo-"résistance" d’opposition contrôlée Asselineau, Philippot, Gastaud And Co montre la lune pour que les idiots regardent la lune au lieu de pointer les vraies cibles de la lutte.

https://mai68.org/spip2/spip.php?article13362

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5 Messages de forum

  • Salut Luniterre,

    Ta proposition : « Reprendre le contrôle de l’économie nationale… Le reste n’est que blabla de politicien démagogue »

    Me fait penser au titre d’un viel article que j’avais publié sur l’ancien site en "spip", et qui me semble plus réaliste :

    Léon Blum - « Nous armerons le prolétariat… tout le reste n’est que littérature ! » (vidéo 36’’)

    http://mai68.org/spip/spip.php?article5381

    « Nous procèderons à l’armement du prolétariat ! »

    Telle fut la La promesse électorale de Léon Blum !

    Bien sûr, Léon Blum n’a pas armé le prolétariat, et il n’a même pas aidé les révolutionnaires espagnols de 1936 contre Franco. Mais constatez-le, voilà ce qu’il fallait dire à cette époque pour gagner une élection. Et constatez autre chose : la prétendue "extrême gauche" d’aujourd’hui en France est bien moins à gauche, dans le discours tout au moins, que la vieille SFIO de Léon Blum. Il faut en revenir à un tel rapport de force, à une telle conscience de classe, qu’un candidat de gauche, pour se faire élire, soit obligé comme Léon Blum de promettre l’armement du prolétariat !

    Amicalement,
    do
    http://mai68.org

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    • Il l’a promis pour plaire à la base et engranger ses voix, mais comme la suite l’a prouvé, plutôt pour « désarmer » le prolétariat, ce qu’il a fait, en proposant le « Pacte de non-intervention » face au fascisme, avec la Révolution espagnole :

      https://www.lexpress.fr/culture/livre/guerre-d-espagne-blum-ne-s-en-va-pas-t-en-guerre_1757807.html

      Lorsqu’un mot d’ordre désignant un objectif politique concret devient majoritairement et activement soutenu par le mouvement populaire, il doit directement être mis en œuvre par le mouvement lui-même, à la base, et même si cela nécessite une organisation, cela doit donc essentiellement partir de la base. C’est le principe même de la Résistance.

      Malheureusement, l’idée d’un soutien réellement actif à la Révolution espagnole n’était donc pas un mot d’ordre prioritaire du Front Populaire, même s’il y a eu un soutien clandestin actif de la part du PCF, semble-t-il. Néanmoins cela n’allait donc pas jusqu’à imposer cette ligne au gouvernement de Front Populaire, pas plus que l’armement du prolétariat français, du reste…

      Blum avait donc toujours beau jeu de faire de la démagogie et de récupérer ainsi l’aile éventuellement la plus à gauche du front. Il savait évidemment déjà que c’était sans conséquence et sans risque pour le système.

      Luniterre

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  • Mis part les désaccords que je peux avoir avec Luniterre, je voudrais porter à votre information un texte écrit par l’historien Caroll Quigley, professeur à l’université de Georgetown, en 1966 :

    "Outre ces objectifs pragmatiques, les puissances du capitalisme financier avaient un autre objectif d’une portée considérable, rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier placé dans des mains privées, capables de dominer le système politique de chaque pays et l’économie mondiale dans son ensemble. Ce système devait être contrôlé de manière féodale par les banques centrales du monde agissant de concert, en parvenant à des accords secrets lors de fréquentes réunions et conférences privées. Le sommet de ce système était la Banque des Règlements Internationaux à Bâle, en Suisse, une banque privée, possédée et contrôlée par les banques centrales, qui étaient elles mêmes des sociétés privées. Chaque banque centrale, entre les mains d’hommes comme Montagu Norman de la Banque d’Angleterre, Benjamin Strong de la Banque de Réserve Fédérale de New-York, Charles Rist de la Banque de France et Hjalmar Schacht de la Reischsbank, cherchait à dominer son gouvernement par sa capacité de contrôler les prêts consentis au Trésor, manipuler les taux de change, agir sur le niveau d’activité économique de son pays et influencer les politiciens coopératifs par des récompenses économiques ultérieures dans le monde des affaires.
    La croissance du capitalisme financier a rendu possible une centralisation du contrôle économique mondial et l’utilisation de ce pouvoir au bénéfice direct des financiers et au préjudice indirect de tous les autres groupes économiques."
    Caroll Quigley , Tragedy and Hope, 1966

    Répondre à ce message

    • Salut Tutu,

      Merci pour ce texte.

      Il prouve que cela fait très longtemps que les banquiers centraux veulent le pouvoir absolu. Et, en 1973, il y a eu la loi Rothschild qui est essentielle à cette prise de pouvoir :

      http://mai68.org/spip/spip.php?article1245

      Cependant, il y a ce complément au sujet de la politique de Liz Truss :

      http://mai68.org/spip2/spip.php?article12712

      Qui montre que les banques centrales prennent le pouvoir quand la robotisation a suffisamment supprimé la plus-value, c’est-à-dire quand le capital s’accumule moins vite que la dette.

      L’on voit à quel stade on en est en regardant si les prix sont encore déterminés, pour la plupart des marchandises, par la loi marxiste de la valeur (*), ou bien s’ils sont fixés arbitrairement. Plus ils sont fixés arbitrairement, plus ils sont déconnectés de la réalité, et plus on se rapproche du pouvoir absolu des banques centrales.

      Comme Liz Truss s’est fait virer vite fait bien fait, cela montre que les réactions populaires à la banco-centralisation peuvent la ralentir ou la stopper. Même si le prolétariat ne sait pas vraiment contre quoi il se bat, regardant seulement son porte-monnaie.

      Note (*) : Selon cette loi, quand la robotisation sera totale, le prix des marchandises devrait être nul : les marchandises devraient être gratuites.

      Bien à toi,
      do
      http://mai68.org

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    • Qu’il y ait eu depuis très longtemps une volonté hégémonique du capital financier anglo-saxon, essentiellement US+GB, donc, de dominer le monde, c’est une évidence, et qui ne s’est pas démentie depuis. Que cette volonté ait pu tramer ce qu’il faut bien appeler un complot, au sens le plus basique du terme, pour utiliser les Banques Centrales à cette fin, c’est également fort possible, et en un sens on pourrait être tenté d’y voir l’embryon d’une classe banco-centraliste, mais ce n’est pas forcément une analyse appropriée, car il y a évidemment beaucoup de différences entre la situation à l’époque de Quigley et la nôtre.

      La principale porte sur la productivité du travail et donc du capital, qui était alors quasiment à son apogée. Dans ce contexte le pouvoir qu’ont les Banques Centrales de contrôler l’économie par la dette est limité par le fait que les entreprises s’en libèrent donc au fur et à mesure de leur expansion. Les plus dynamiques arrivent même à se financer sur leurs capitaux propres.

      Ce qui change essentiellement à partir de 2008, c’est précisément que la dette n’est jamais remboursée que par une autre dette et que le "profit" lui-même ne se fait donc qu’à "crédit", en réalité, et donc au bon vouloir des Banques Centrales, sans lesquelles les banques d’affaires sont désormais impuissantes à soutenir de telles situations.

      Le pouvoir réel des Banques Centrales, en tant qu’outil de domination de la classe banco-centraliste, n’apparaît donc que dans la phase d’effondrement du capital, et dans la mesure où la classe ouvrière et le prolétariat en général ont été incapables d’assumer leur rôle historique.

      Les Banques Centrales ont désormais le pouvoir absolu de régner par la dette, la création monétaire ex-nihilo, et bientôt de manière encore plus absolue par les MNBC, alors qu’elles ne l’avaient pas, jusque là, ne générant pas, par elles-mêmes, de capital productif.

      Quoi qu’il en soit, ce curieux passage de Quigley cité par "Tutu" est donc une excellente occasion de repréciser ce qui semble être un désaccord important entre nous, et je l’en remercie donc.

      Luniterre

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