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Vers une « Russie de Weimar » ?

samedi 24 décembre 2022, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 24 décembre 2022).

La reprise de Kherson, l’impressionnante résilience des forces armées et du peuple ukrainiens, la volonté réitérée des alliés occidentaux de l’Ukraine de maintenir un haut niveau de livraisons d’armes précises, sophistiquées semblent avoir donné à certains commentateurs le « vertige du succès ».

Le but de cette guerre non provoquée devient non seulement la reconquête des territoires perdus depuis le 24 février, mais aussi celle de la Crimée, annexée en 2014. Certains vont plus loin et mentionnent d’autres annexions contestables réalisées par Staline au lendemain de la seconde guerre mondiale : Kaliningrad (ex-Koenigsberg), les îles Kouriles par exemple. Face au peu d’enthousiasme à soutenir « l’opération spéciale » manifesté par les républiques d’Asie centrale, on se dit que d’autres « sujets de la Fédération de Russie » pourraient être tentés de sortir de l’étreinte fraternelle de Moscou.

Pour éviter toute résurgence de l’impérialisme soviéto-russe, la seule garantie est une Russie faible, rabougrie renvoyée à son identité « tataro-mongole », le plus loin possible à l’est, l’Ukraine étant finalement l’unique berceau de la composante européenne et civilisée de l’ex-empire.

Ce désastre géo-politique étant dû à la volonté politique d’un seul homme, lointain mais de plus en plus ressemblant à l’original successeur de Staline, le départ, voire l’élimination de Vladimir Poutine doit logiquement faire partie des buts de guerre.

Le peuple russe aura pris conscience de sa responsabilité d’avoir laissé l’ex-Président le conduire à l’abime sans pratiquement réagir et nous sera reconnaissant de l’en avoir débarrassé. « La Russie paiera » à travers la saisie des avoirs des « oligarques », catégorie un peu fourre-tout qui autorise des largesses d’interprétation. Les dirigeants de cette « Russie de Weimar » seront des démocrates soucieux de s’inscrire dans ce narratif de culpabilité.

Il est peu probable que ce « scénario rêvé » se concrétise, mais cela reste chez certains, pas seulement ukrainiens, un idéal vers lequel il faut tendre ; avant d’éventuelles négociations il importe que de nouvelles avancées sur le terrain nous en rapprochent.

A ceux qui seraient tentés de se demander si cette « Russie de Weimar » est dans notre intérêt, surtout quand on se remémore ce qui a suivi l’Allemagne de Weimar, on répondra que la Russie « l’a bien cherché » en violant les frontières d’un Etat souverain et, partant la charte des Nations-Unies. C’est une donnée incontournable, même si on peut aussi se demander si les Occidentaux et les Ukrainiens n’ont pas alimenté la paranaoïa russe et en élargissant l’OTAN par vagues successives perçues comme un mouvement d’encerclement et en soutenant les Ukrainiens dans leur approche dilatoire des accords de Minsk.

Gageons que nombre d’ouvrages d’historiens paraîtront, après la fin la moins tardive possible de cette guerre sur « les origines de.. », à l’instar de ce qui s’est fait après les deux guerres mondiales qui ont marqué le XXe siècle. Pour éviter qu’une troisième ne dévaste l’Europe et au-delà, il faut enclencher de véritables négociations au plus vite ; il y aura un prix à payer pour la Russie, comme pour l’Ukraine, l’affirmer ne signifie pas souscrire à une quelconque « équidistance » légitimement rejetée par celles et ceux qui sont solidaires de ce peuple courageux.

2 Messages de forum

  • Vers une « Russie de Weimar » ? 24 décembre 2022 16:45, par Luniterre

    Dans ce papier « anonyme » dont on ne perçoit pas clairement la finalité, si ce n’est littéralement ou presque de « vendre la peau de l’Ours avant de l’avoir tué », il faudrait d’abord remettre les réalités dans l’ordre des causes et des effets.

    Parler de « reprise de Kherson » sans en situer le contexte et les causes ne fait aucun sens, sauf pour « justifier » ce qui semble être un vœux, en fait non déguisé, derrière une « destitution » de Poutine, de capitulation de la Russie.

    La première réalité c’est bien que l’Opération Spéciale a effectivement cumulé les erreurs de préparation, au départ, avec des conséquences qui en ont empêché le succès rapide et incité les occidentaux à fournir des armes et des mercenaires au régime ukrainien.

    Les erreurs de l’Etat major russe ont perduré jusqu’à la « percée » ukrainienne dans la région de Kharkov, qui, même avec les armes occidentales sophistiquée, n’aurait pas eu lieu autrement.

    C’est ce qui a mené à la nomination de Sourovikine et à la restructuration de l’ensemble de la stratégie russe, en fonction de l’expérience acquise. Le repli de Kherson est un choix qui a été effectué dans une perspective de restructuration durable, et non sous la pression des forces ukrainiennes, contenue dans cette région, jusque là.

    Le resserrement de la ligne de front à permis une meilleure concentration des troupes, en attendant l’aboutissement complet de la nouvelle mobilisation.

    Résultat : depuis, le front est « stabilisé » même si c’est sur la base d’affrontements quotidiens très durs.

    Continuer à parler d’avancée des troupes ukrainiennes sur leur lancée suite à la reprise de Kherson, ou même, de la région de Kharkov, cela ne fait donc pas réellement sens, actuellement, et ce sont même plutôt les troupes russes qui sont à l’initiative, notamment du côté de Bakhmout et Soledar, ces temps-ci.

    Le sort des armes est donc loin d’être décidé, malgré l’aide de plus en plus massive de l’Occident.

    De plus, tant que les forces ukrainiennes continuent d’utiliser ces nouvelles armes pour bombarder les zones civiles du Donbass, la Russie n’a pas d’autre choix que de tenter de repousser la ligne de front loin des zones fortement urbanisée qui sont désormais sous sa responsabilité en tant que nation.

    L’échec des accords de Minsk a montré qu’une zone de sécurité entre zones civiles et zones militaires doit être particulièrement extensible, et d’autant plus avec les armes nouvelles sur le terrain. C’est quasiment une bande « démilitarisée » d’une centaine de kilomètres de large qui est désormais nécessaire, et cela implique un rapport de forces pour l’imposer.

    C’est quasiment une partition en trois que cette situation actuelle impose : une zone russe, une zone « neutre », une zone « occidentale », en fait, car l’Ukraine n’a déjà plus d’existence autonome sans l’Occident depuis longtemps.

    Pour l’instant le paradoxe c’est que la Russie, supposée être l’agresseur dans ce conflit, se trouve en position de Résistance et de défense face à l’Occident. C’est actuellement un choix stratégique et politique avisé de sa part, mais il n’est évidemment pas immuable.

    Luniterre

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    • Vers une « Russie de Weimar » ? 24 décembre 2022 17:25, par do

      Luniterre, salut tout le monde,

      Après le coup d’État nazi de 2014 en Ukraine, Poutine s’est contenté de reprendre la Crimée. Il n’a pas repris le Donbass. Pourtant, les habitants du Donbass ne demandaient que ça. Il a été bien naïf de croire aux accords de Minsk.

      Les Américains n’ont jamais respecté un seul traité de paix. Déjà, les cow-boys tuaient les chefs Indiens venus signer de tels traités. Ils les tuaient dès qu’ils arrivaient dans le camp militaire américain. Avant-même qu’ils soient descendus de cheval :

      http://mai68.org/spip2/spip.php?art…

      Bien à vous
      do
      http://mai68.org

      Le coup d’État nazi de 2014 en Ukraine :

      http://mai68.org/spip/spip.php ?article6895

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