Je ne polémiquerais pas sur le maoïsme dont l’apport essentiel au Népal a été de porter en avant la lutte contre le féodalisme, le système des castes très prégnant sur le sous-continent indien, la place des femmes (elles constituaient 30 à 40 % de l’APL) et la fin de la monarchie de droit divin.
La naissance d’une république dans un pays himalayen en 2008 où les inégalités de classe, de territoire et de destin sont gigantesques est la seule victoire du parti de Prachanda, un brahmine d’extraction modeste, aujourd’hui, Premier ministre pour troisième fois d’un système bourgeois dés plus corrompu.
Le prolétariat ici n’existe que pour être vendu à l’étranger. En cela rien a changé par rapport à la monarchie Shah Dev. Les agences Manpower font toujours la loi à Katmandou et les jeunes népalais vont toujours allégrement - malgré plusieurs milliers de morts sur les chantiers du Qatar - se faire exploiter dans les pays du Golfe persique en laissant leurs familles endettées aux mains des nervis (goondas) de sociétés de prêt.
A l’intérieur, ils servent de porteurs et de guides aux trekkers venus gambader dans le Solu Khumbu. Une des rares initiatives des partis communistes au pouvoir a été d’imposer à tous les randonneurs occidentaux, indiens, japonais, etc. un guide et un porteur local.
A part cela, il y a toujours des disparités phénoménales entre les régions du Népal. L’ouest, Jumla, d’où est venue l’insurrection maobaadi est toujours dix fois plus pauvre que le Solu Khumbu à l’est où le mont Everest est un énorme tiroir-caisse ; certes cela a entraîné un embourgeoisement chez les Sherpas qui vivent de la montagne mais cela n’a pas soulagé la misère dans les piedmonts, les vallées tropicales et les plaines du Teraï. Les famines, la malaria, etc. y sont galopantes…
Près de la moitié des ménages népalais sont confrontés à l’insécurité alimentaire, et un dixième sont confrontés à une « insécurité alimentaire grave ». Plus de la moitié des enfants âgés de moins de cinq ans sont anémiques, et plus d’un tiers d’entre eux souffrent de retards de croissance.
En faisant entrer en vigueur en décembre dernier la Loi de 2018 sur le droit à l’alimentation et la souveraineté alimentaire, le gouvernement du Népal a franchi une étape importante vers l’objectif de « réduire la faim à zéro » en 2025 (constat d’Amnesty international en 2019).
L’autre richesse du pays, l’eau pour faire de l’électricité, commence tout juste d’être exploité avec l’un des plus gros projets du pays, sur la rivière Tamakoshi, qui coule à travers l’Himalaya depuis le Tibet… Mais cette électricité va être exporté vers l’Inde et le Bengladesh…
https://www.lemonde.fr/economie/art…
Quant à l’environnement, le Népal avec pourtant ses formidables montagnes est un des pays d’Asie où l’air est le moins respirable.
Kathmandou, la capitale d’1,5 millions d’habitants, frappée par deux séismes en avril et mai 2015, est classée la ville la plus polluée du monde au début 2021…
https://www.altitude.news/nature/20…
Avec cette misère endémique (j’imagine que l’épisode Covid-19 a aggravé les choses ; https://www.himalmag.com/category/c…), on comprend que les partis communistes n’aient pas aboli le traditionnel recrutement des gurkhas par l’armée britannique et l’armée indienne dont le général en chef est toujours symboliquement nommé chef d’état-major de l’armée népalaise.
https://look-travels.com/le-general…
Cela dit je souhaite une bonne année 2023 à Luniterre dont je partage le point de vue sur les nazis ukrainiens et remercie do pour la continuité du forum mai68.org
Vive le communisme !
J’essaierai l’année qui vient de retourner au Népal.
Répondre à ce message