L’uniterre, je suis assez d’accord, sauf quand tu dis le « sabotage industriel », potentiellement générateur de pollutions incontrôlables !
C’est maintenant que le techno-capitalisme pollue et détruit tout, cela fait partie de son fonctionnement normal. Par contre si on le sabote pour l’arrêter, cette pollution ne sera pas utilisée pour détruire la nature mais pour arrêter ces pollutions et ces destructions à leurs sources.
Aussi sur le niveau technique possible, l’écologie nous apprends qu’une technologie qui ne peut pas être développée et mise en oeuvre de façon locale ne sera jamais ni durable, ni démocratique. À partir de là, je ne sais pas quel niveau technique est possible tout en restant en harmonie avec la nature et son vivant.
Je sais que par exemple les romains savaient faire des ciments qui prenaient sous l’eau et que le techno-capitalisme n’a su faire ça que vers la fin du 20e siècle. Par contre je ne sais pas si cette technique des romains utilisait des matériaux locaux ou non. Les romains étaient très avancés sur de nombreux plans et qu’avec des low-tech. Par exemple, il aura fallu attendre le 20e siècle pour trouver des systèmes d’eau courante et d’égouts aussi avancés que ceux des romains. Aussi les grandes pyramides d’Égypte : on ne sait toujours pas comment elles ont été construites.
Une partie de ce problème est politique : La chute est inévitable et elle fera toujours moins de dégâts et de morts si nous la contrôlons. Ce qui pose la question de comment la contrôler alors que ceux qui contrôlent et maquent toute la société veulent seulement continuer la fuite en avant et garder leurs privilèges le plus longtemps possible. Comme stratégie DGR propose 3 scénarios pour développer un mouvement de résistance global capable d’arrêter le mode de vie actuel et de nous aider à en développer de nouveaux. Ces 3 scénarios diffèrent selon la vitesse à laquelle les gens prennent conscience qu’il faut entrer en résistance.
Dans ce cadre de résistance, je pense que le plus difficile sera le développement de nouveaux modes de vie, ceci car il sera beaucoup plus facile à la répression de s’en prendre à des gens pacifiques et localisés qu’aux mouvements underground qui feront les sabotages. DGR ne propose pas grand chose pour contrer cette difficulté.
Il y a encore une autre grande question avec une telle stratégie, c’est qu’il faut qu’un minimum de gens participent, ce qui est loin d’être gagné. Surtout qu’en plus, comme toute l’ontologie d’une société dépend de son rapport à la nature, un pareil changement de société nécessite un changement ontologique. Or je ne sais pas si le changement ontologique précède le changement sociétal, si c’est l’inverse ou si les 2 vont de pair. On retrouve ce conflit ontologique dans le taoïsme ancien, lequel disait que la voie du Tao, c’est simplement de vivre en harmonie avec la nature et le monde au lieu de fuir dans le matérialisme. On le retrouve dans les 3 religions abrahamiques quand leur dieu donne, au début de la Genèse, son ordre de mission qui peut se résumer en Domine la terre et toutes ses créatures. Gilgamesh ne fait pas mieux quand il tue le gardien de la forêt. Et surement encore dans les mythologies de beaucoup d’autres civilisations.
Donc un anthropologue dira qu’il faut un autre concept de civilisation, un concept non suprématiste. Il a raison. Un marxiste dira… lol, ils sont tellement divisés que je ne vais pas me lancer dans une telle spéculation. Les écolos radicaux disent que le point faible est l’infrastructure du technocapitalisme. Ils ont raison et les luddites l’avaient bien compris. Surtout que l’infrastructure, c’est du capital investi et que donc, détruire l’infrastructure, c’est détruire le capital, on fait d’une pierre, deux coups. Il y en a surement beaucoup que j’oublie. Par contre je pense que ce n’est que tous ensemble que nous pourrons trouver éventuellement des solutions et surtout les mettre en pratique.
Ce qui pose la question de comment s’organiser pour arriver à se mettre tous ensemble et là aussi, je n’ai pas la réponse. Dans tous les mouvements auxquels j’ai participé, que ce soit les petits mouvements locaux comme le terrain de boule autogéré du quartier ou des mouvements nationaux et internationaux comme le mouvement anti-nucléaire des années 70, ceux qui ont toujours, vraiment toujours, fait chier, c’est la gauche et ses gauchistes. Sur le terrain de boule du quartier, ça a été encore possible de leur résister et d’arriver à nos fins, mais ça aura usé dans la joie et la bonne humeur 3 associations. Et maintenant il y en a 2 en simultané… Mais dés que tu es dans une dynamique plus vaste avec beaucoup de gens impliqués, ça devient du pain béni pour les gauchistes et leurs organisations pour tout infilter, phagocyter et pacifier, ceci avec la complicité active des médias.
Une piste pour l’organisation pourrait être de s’inspirer du développement de linux, mais avec un gros bémol. GNU/linux est le système d’exploitation le plus utilisé au monde, ceci car contrairement à windows qui ne fonctionne que sur des appareils genre ordinateurs, linux est tellement modulaire qu’il est capable de fonctionner pratiquement sur n’importe quel appareil comprenant un microprocesseur. Cela va aujourd’hui de l’aspirateur au super-calculateur. Même si GNU/linux est gratuit, il y a donc de grands enjeux industriels et donc financiers derrière. Chaque module de linux résout cela à sa façon.
Certains programmes sont des one man show, l’oeuvre d’une seule personne. D’autre le fruit de la collaboration à travers internet de plusieurs personnes, ou de beaucoup de personnes, voir encore d’une fondation, etc. La majorité des programmes sont réalisés par des équipes comprenant moins de 10 programmeurs actifs. Il y a des monstres comme le kernel, kde, gnome, libreoffice, mais ce sont une minorité de programmes.
Le programme où il y a sans doute le plus de programmeurs qui participent est le noyau linux. Il est divisé en plusieurs modules. Le programmeur qui l’a démarré, Linus Thorwald, en est le dictateur. Toutes ses décisions sont publiques et il a le dernier mot sur toutes les modifications. S’il refuse un patch, son refus est toujours circonstancié et accompagné des propositions de modifs nécessaires à son acceptation future. En tant que tel, il a eu à subir les pressions de la CIA qui voulait beugler le générateur de nombre aléatoire du kernel, un truc utilisé principalement pour des fonctions de sécurité. Il n’a pas plié et il a envoyé pété la CIA. Si je parle de ça, c’est juste pour dire que quand un collectif s’organise pour résoudre un problème, il choisit sa stratégie en essayant de choisir la meilleure pour parvenir à ses buts et les autres collectifs doivent respecter et être solidaires de ces choix et de leur travail.
Le gros bémol est que ceux qui contrôlent internet sont ceux qui paient ses infrastructures, ainsi que les politiques. Donc si les politiques décident de boucler internet dans tel ou tel pays, internet est bouclé. De même si on le sabote. Je pense donc qu’il faudrait s’inspirer de cette organisation qui fonctionne très bien pour développer une structure en dehors d’internet (question de résilience), aller dans le sens d’une agrégation et d’une coopération de petites structures. Dans une petite structure, les gens se connaissent et elles sont plus résistantes aux infiltrations ou aux pressions extérieures. Faire l’inverse de mouvements comme XR mais pas seulement, partir d’une multitude de bases, et au lieu d’aller vers le haut, aller vers le complexe dans la solidarité et la bienveillance.
Répondre à ce message