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Catalogne - Les boches, complices du franquisme espagnol, ont osé arrêter Carles Puigdemont

lundi 26 mars 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 26 mars 2018).

Fin de cavale pour Carles Puigdemont

https://www.letemps.ch/monde/fin-cavale-carles-puigdemont

François Musseau, Madrid
Publié dimanche 25 mars 2018 à 21:12
Modifié dimanche 25 mars 2018 à 21:43

Arrêté en Allemagne, l’ancien président catalan sera présenté lundi à un juge, en vue de son extradition vers l’Espagne, où il risque gros. Un rude coup pour le mouvement indépendantiste catalan

La folle aventure sécessionniste en Catalogne aurait-elle touché à sa fin ? Alors que ce mouvement politique dont l’objectif est la partition radicale avec l’Espagne se trouve aujourd’hui très affaibli, le glas pourrait avoir sonné dans la matinée de dimanche, dans le nord de l’Allemagne, à environ 35 kilomètres de la frontière avec le Danemark. La figure de proue du séparatisme Carles Puigdemont, l’ancien président de la Catalogne qui avait organisé le référendum d’autodétermination, puni par la justice espagnole, et qui depuis cinq mois a trouvé refuge en Belgique pour éviter la prison, a été interpellé par la police allemande.

Carles Puigdemont a été placé dans la prison de Neumünster, dans le land de Schleswig-Holstein. Sur ses épaules pèse un mandat d’arrêt européen. Dans les deux mois à venir, la justice allemande décidera si, oui ou non, elle le livre au magistrat du Tribunal suprême Pablo Llarena, à Madrid, qui l’accuse de « rébellion » et de « malversations de fonds publics » – des charges pouvant entraîner jusqu’à 30 ans de prison.

Collaboration des services secrets

Selon la plupart des médias espagnols, la fin de la cavale du leader séparatiste catalan a été soigneusement préparée par le CNI, les services secrets espagnols, en collaboration avec leurs homologues allemands. Les circonstances ont favorisé ce coup de filet retentissant qui constitue un tournant dans le procés, ce vocable catalan désignant le processus devant aboutir à la rupture définitive avec l’Espagne.

Vendredi, alors que la justice espagnole incarcérait cinq leaders séparatistes et formalisait l’inculpation contre Carles Puigdemont, ce dernier se rendait en Finlande. Son objectif : comme lors de ses récents voyages au Danemark et en Suisse, tenter d’« internationaliser » la cause d’une république de Catalogne contre « l’Etat oppresseur espagnol ». Au terme d’une conférence à Helsinki, et conscient qu’il pouvait être arrêté sans difficulté dans n’importe quel aéroport, Carles Puigdemont a décidé d’entreprendre le voyage du retour vers la Belgique en voiture, en passant par la Suède et le Danemark. Mais l’étau se refermait autour de l’ancien chef de l’exécutif catalan, suivi de près par des agents espagnols. Son arrestation n’était plus qu’une question de temps et de lieu.

La décision de passer les menottes à Carles Puigdemont sur le sol allemand – il a été pris dans une station-service de l’autoroute fédérale A7 au volant d’un Renault Espace immatriculé en Belgique, – a été mûrement réfléchie : tout comme en Espagne, le Code pénal allemand est spécialement sévère à l’encontre d’actes visant à la partition du territoire national de façon unilatérale. Dans l’attente de ce que décidera la justice du land de Schleswig-Holstein, cette arrestation n’est pas une bonne nouvelle pour le chef de file du sécessionnisme catalan. Jusqu’alors, la Belgique constituait pour Puigdemont un vrai refuge : le soutien des nationalistes flamands, l’appui d’avocats spécialisés et une justice plus à même de servir ses intérêts.

Une tempête à Barcelone

L’arrestation, un coup de théâtre de ce feuilleton catalan qui tient l’Espagne en haleine depuis l’été 2017, a immédiatement provoqué une tempête à Barcelone dans les milieux indépendantistes. Une marche de protestation a été organisée depuis la représentation diplomatique de l’UE jusqu’au consulat allemand. « Cette Europe est une honte », « Puigdemont, notre président », « SOS Democracy ! », pouvait-on lire et entendre dans ce rassemblement. Le collectif séparatiste Arran a peint l’insulte « fasciste » devant le domicile du juge Pablo Llarena. Les CDR, ces comités de défense de la république, ont appelé à brûler « l’(in)justice espagnole », c’est-à-dire les édifices judiciaires de l’Etat espagnol. Dans les rangs du PDeCAT, la formation de Puigdemont, on tremble : « Madrid ne garantit pas un procès juste pour Puigdemont. On peut même craindre un verdict vengeur. »

Dans le camp adverse, on se frotte les mains : « L’indépendantisme a été décapité », s’est réjouie la numéro deux du gouvernement Rajoy, Soraya de Santamaria. « C’est la fin de la fugue du putschiste », a proclamé Albert Rivera, leader du parti libéral Ciudadanos.

Nouvelles législatives régionales ?

Cet événement intervient dans un contexte très défavorable pour les défenseurs de l’indépendance de la Catalogne. Malgré leur victoire aux législatives régionales de décembre, ceux-ci ont à trois reprises échoué à investir un chef de l’exécutif acquis à leur cause : tous les candidats font partie des 22 leaders sécessionnistes poursuivis par le magistrat du Tribunal suprême Pablo Llarena. Actuellement, cinq sont en fuite à l’étranger, et les autres se trouvent soit en liberté provisionnelle soit en détention provisoire, dans la crainte d’un « délit de fuite ».

Cette pression judiciaire pourrait paradoxalement débloquer la situation en poussant le camp indépendantiste à proposer un candidat non poursuivi par la justice. Dans le cas contraire, de nouvelles législatives régionales pourraient être convoquées en mai par Mariano Rajoy, le chef du gouvernement. Si les « unionistes » – les partisans du maintien de la Catalogne dans le giron espagnol – l’emportaient, les sécessionnistes essuieraient alors un camouflet dont, très certainement, ils auraient du mal à se relever.

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