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Les Palestiniens sont acculés à devenir des anarchistes individualistes

lundi 27 février 2023, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 27 février 2023).

La ville palestinienne huwara en feu le 26 février 2023

Palestine/Israël : Sur l’augmentation des opérations palestiniennes individuelles

https://www.france-irak-actualite.c…

Publié par Gilles Munier sur son site le 27 Février 2023 à 06:53am

Écrit par Shabo Rateb (revue de presse : Europe Solidaire Sans Frontières – 31 janvier 2023)

Version originale : Publié en arabe sur alaraby.co.uk le 31 janvier 2023, adapté par Pierre Vandevoorde à partir de la traduction automatique Google, revu avec l’auteur.

Rateb Shabo est né en 1963. Il est médecin, traducteur de l’anglais et écrivain. Il est actuellement réfugié politique en France. Il a été détenu 16 ans dans les prisons syriennes (1983-1999). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels « Le monde de l’islam à ses débuts » (en arabe, non traduit) et le récit de ses années de prison (« Achter dezeMuren »-« derrière ces murs-là » disponible en arabe et en néerlandais) et « Une histoire du Parti de l’Action Communiste en Syrie (1976-1992) », non traduit..

Les opérations menées contre des Israéliens en ayant recours à tous types de moyens à la disposition d’individus, depuis les armes à feu jusqu’aux armes blanches, sont en augmentation. Ces opérations visent les Israéliens de l’armée, de la police ou des civils. De toute évidence, dans l’ensemble, leurs auteurs palestiniens n’ont pas de ligne rouge dans le choix de leurs cibles. L’une de ces opérations récentes a été menée par un enfant palestinien de 13 ans avec une arme à feu, blessant deux Israéliens ; un jour après un jeune armé d’un fusil a tué huit Israéliens et en a blessé d’autres. L’auteur finit généralement par être abattu par balles israéliennes, ce qui rend ces opérations semblables à des attentats suicide. Il s’agit là davantage d’une crise israélienne que d’une crise palestinienne.

Ces actes mettent en évidence les difficultés que rencontrent les formations palestiniennes paramilitaires ou qui recourent à la violence pour atteindre en profondeur l’appareil d’État et les institutions d’Israël. Elles se retrouvent avec le temps captives d’une structure militaire classique semblable à celle des armées régulières, de la même façon de mener des opérations, et donc incapables d’affronter une armée israélienne incomparablement plus puissante à tous les niveaux. Autrement dit, ces formations s’enlisent de plus en plus sur un terrain où leur ennemi les surpasse, et quand elles crient victoire, c’est juste leur survie qu’elles saluent, en fait simplement l’échec de l’armée israélienne à les détruire. Ces formations ont également besoin d’un soutien financier et logistique important et, de ce fait, sont soumises aux intérêts et aux politiques de leurs bailleurs, vulnérables aux violations des règles de sécurité, auxquels s’ajoutent les conflits entre formations et la défense d’intérêts propres parfois contradictoires avec les buts affirmés de résistance à l’occupation.

Il importe peu que la décision d’agir soit prise par une instance politique ou militaire ou relève d’une décision individuelle : ce qui est déterminant, c’est que ce type d’opération n’exige qu’un individu qui met « son âme sur sa paume » pour en causer un préjudice à l’agresseur. Les individus qui font ce choix ont grandi à la lumière de la suprématie écrasante d’Israël et de politiques discriminatoires qui tendent de plus en plus au racisme pur et simple et acculent les Palestiniens à la marginalité.

L’ironie de la situation, c’est que les organisations dont il est question ici n’ont fait que diviser le peuple palestinien et accroître les conflits en son sein, alors que les opérations individuelles, qui n’ont fait qu’augmenter en nombre à partir de 2014, l’ont unifié : car à l’origine de ces actions, il y a non pas des décisions prises par des organisations politiques, mais l’état d’esprit d’un peuple opprimé par une injustice continue et sans cesse aggravée.

Qui s’imaginerait que plus d’oppression et de répression peut venir à bout de ce genre de résistance individuelle se trompe. Cette caractérisation trouvera sans doute des opposants, mais nous l’appelons résistance parce qu’elle représente un rejet et une protestation contre la réalité imposée par la communauté internationale, et pas seulement par Israël, aux Palestiniens, au mépris des valeurs de la morale et de l’humanité, et en opposition aux lois internationales. Il est impossible à un peuple de succomber à une injustice pure et flagrante tant qu’il peut encore résister. Lorsque la politique échoue (accords d’Oslo) et que le Conseil de sécurité de l’ONU est impuissant, lorsque la résistance armée échoue et que la résistance palestinienne dégénère en affrontements entre factions pour le contrôle de sa sphère d’influence, les Palestiniens trouveront, en tant que peuple et individus, d’autres moyens. Si ces moyens ne peuvent pas libérer la terre, ils sont capables de pervertir la vie de l’occupant. Cela ne veut pas dire que nous nous félicitons de l’assassinat de civils israéliens. Au contraire, loin de les cautionner, nous continuons à miser sur la construction de liens établis autour d’objectifs communs entre les populations non armées, en Palestine comme ailleurs, et même sur l’établissement de liens de solidarité pratique avec ceux qui portent un uniforme, qui sont eux aussi les victimes des politiques agressives israéliennes et se retrouveront, quel que soit le chemin, face au mur au bout d’une impasse.

Il ne fait aucun doute que le problème originel d’Israël réside dans la simple existence des Palestiniens. Nous ne nous accommodons pas de l’Israël actuel, qui restreint et complique la circulation des Palestiniens et leurs activités, confisque leurs biens, les insulte aux points de passage, et contrôle leur vie, etc. pas plus que de l’Israël tel que le voudrait l’ONU, ou même comme avant 1967 (malgré toutes les transgressions entre 1948 et 1967). Le pont qui est censé relier l’Israël « légitime » tel qu’il est à l’ONU, et l’Israël réellement existant qui avale quotidiennement les droits des Palestiniens est fondé sur deux piliers : « la sécurité nationale israélienne » et « la lutte contre le terrorisme. » Cependant, ce pont n’est qu’une construction artificielle des grandes puissances, dont la réalisation supposerait de convaincre les Palestiniens que l’Israël actuel ne s’est pas emparé de leurs terres et ne les a pas privés de droits que la communauté internationale était censée garantir.

Il n’y a pas de solution à ce problème originel sauf à la façon états-unienne ou australienne, par l’extermination des peuples indigènes. Seule l’extermination peut supprimer le défi et la remise en question. Cependant, ce n’est pas réaliste, et même s’il était envisageable pratiquement d’exterminer les Palestiniens, se poserait le problème du reste du monde arabe. C’est le dilemme profond auquel sont confrontés les extrémistes israéliens qui pensent que « le bon arabe est l’arabe mort. »

Quiconque croit que la supériorité militaire d’Israël peut résoudre ce problème se trompe. Israël ne peut pas s’immuniser contre des personnes comme Adi Al-Tamimi, KhairyAlqam et Mohamed Aliwat, l’enfant de treize ans qui a attaqué les Israéliens avec des balles et sait qu’il sera tué. Ceci manifeste de façon éclatante que peu importe qui est au pouvoir et la capacité politique à diviser, manœuvrer et acheter les consciences, il n’est pas possible d’atteindre à la sécurité en attisant continuellement la haine et en s’en prenant en permanence au droit des gens.

Il ne suffit pas de défendre la vie des civils, et des soldats aussi, en se contentant de condamner les attentats aveugles, aussi longtemps que l’on ne s’en prend pas à ce qui est à l’origine de ces actes, à rebours de ce que répètent les responsables de la communauté internationale, parmi lesquels le président ukrainien qui proteste, à juste titre, jour et nuit, contre l’annexion par la Russie d’une partie de son pays tout en affirmant sa solidarité avec Israël qui a annexé injustement des territoires palestiniens et autres.

La leçon que l’histoire répète et que les tyrans cherchent à étouffer est que si l’on peut contraindre des individus etdes organisations à capituler, personne n’est capable de faire céder un peuple entier.

Réponse de do :

Je regrette la position prise par l’auteur sur la guerre d’Ukraine :

http://mai68.org/spip/spip.php?article6895

http://mai68.org/spip2/spip.php?art…

http://mai68.org/spip2/spip.php?art…

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