Letemps.ch, Florian Fischbacher :
Reçu par courrier électronique le 20 mars 2023
Le sort de Credit Suisse a été scellé ce dimanche 19 mars 2023 au terme de négociations d’une rare intensité. Le numéro deux bancaire suisse sera donc racheté par le numéro un, son rival historique UBS, pour trois milliards de francs. Ce rachat, voulu et encadré par le Conseil fédéral, la BNS et la Finma, est assorti d’une série de garanties financières étatiques. Un mariage forcé décrit par mes collègues Mathilde Farine et Michel Guillaume.
Credit Suisse traversait depuis des années des difficultés qui se sont aggravées au cours des derniers mois, avant de devenir vertigineuses la semaine passée au point de mettre la banque en péril. Absorbé par UBS, l’établissement iconique créé il y a 167 ans par Alfred Escher disparaît, pour donner naissance à un nouveau géant bancaire européen.
Ce rachat est une catastrophe estime Aline Bassin dans son éditorial. Même si cette issue est devenue inéluctable au cours des derniers jours, elle regrette les nombreuses occasions manquées d’assainir la banque, et de sauver son entité suisse, mère nourricière du groupe.
Credit Suisse ne devait pas tomber !
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Publié dimanche 19 mars 2023 à 20:30
Modifié dimanche 19 mars 2023 à 22:32Aline Bassin
Le président de la Confédération, Alain Berset, à droite, la ministre suisse des Finances, Karin Keller-Sutter, au centre, et Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse, à gauche, arrivent pour une conférence de presse, le dimanche 19 mars 2023 — PETER KLAUNZER / keystone-sda.ch
La stricte réglementation née de la grande crise financière prévoyait des plans pour démanteler les établissements trop grands pour faire faillite. Il est surprenant, voire désolant, qu’ils n’aient pas été appliqués
Décerner des bons et des mauvais points, à coups de « on aurait dû », « il aurait fallu » peut paraître terriblement perfide, après l’achat de Credit Suisse par UBS arraché ce week-end au forceps. L’effondrement de la deuxième banque du pays a été si fulgurant que le Conseil fédéral, la BNS et la Finma, l’autorité de surveillance des marchés financiers, n’ont pu que prendre acte vendredi soir de l’état de mort clinique de la banque des « entrepreneurs ». Un établissement qui a accompagné le développement de la Suisse moderne, entretenant le mythe d’une nation privilégiée, vouée à la réussite et à la prospérité.
Il faut tout de même s’arrêter un instant pour prendre la mesure de la catastrophe survenue ces derniers jours. Credit Suisse n’était pas seulement étiquetée « trop grande pour faire faillite » ; la banque fondée en 1856 par Alfred Escher ne pouvait, ne devait pas tomber. Non pas parce que sur des bonnets de ski, des terrains de foot ou des publicités affichant le large sourire de Roger Federer, elle était une compagne de nos vies, mais parce que les fonctions vitales de la banque étaient saines il y a quelques jours encore. L’établissement était solvable, il respectait les critères très stricts établis dans le sillage de la grande crise financière mondiale de 2008.
Alternative il y avait
C’était compter sans la confiance, véritable dictatrice des marchés financiers. Une faillite de l’autre côté de la planète et des propos maladroits d’un nouvel actionnaire ont suffi à semer un doute mortifère dans l’esprit des investisseurs, précipitant la fin du numéro deux bancaire suisse, en tout cas sous sa forme actuelle.
Une fin inéluctable ? Si la reprise de Credit Suisse par sa rivale semblait ce week-end la seule solution à même d’éviter un effondrement du système financier suisse et international, on se dit qu’il y a tout de même eu de sacrées occasions manquées. La principale : celle de l’extraction de l’entité suisse, mère nourricière du groupe en péril, que des actionnaires aussi minoritaires que minorisés demandaient depuis longtemps, intensifiant leurs appels en automne dernier encore.
Ce scénario était pourtant prévu dans les plans de sauvetage des établissements too big to fail. Il est incompréhensible que l’attentisme dont ont fait preuve les autorités l’ait rendu caduc.
Non, décidément, Credit Suisse ne devait pas tomber ! Au soir d’une journée aussi historique que désastreuse pour la place financière helvétique, on ne peut s’empêcher de penser que ces derniers mois, la BNS, la Finma et le Conseil fédéral ont fait preuve d’un triste excès de… confiance.
Le rachat de Credit Suisse par UBS accouche d’un nouveau géant bancaire
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Avec le rachat de Credit Suisse par UBS pour trois milliards de francs, de nombreuses questions se posent pour les collaborateurs de la banque aux deux voiles. L’Association suisse des employés de banque craint d’importants licenciements
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Credit Suisse : chronologie d’une descente aux enfers
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Credit Suisse : les avoirs des clients sont-ils en danger ?
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En cas de faillite d’une banque, les liquidités (comptes courants, comptes d’épargne) sont couvertes par une garantie jusqu’à hauteur de 100 000 francs par client en Suisse. Si une banque est reprise par un concurrent, rien ne change