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Un nouveau social-traître en lice : François Ruffin (DOC, PDF)

lundi 27 mars 2023, par Jean-Pierre Garnier (Date de rédaction antérieure : 26 mars 2023).

Ruffinaud, récidiviste de l’« apaisement ». Je suis plus que jamais les tribulations idéologiques de François Ruffin, entre autres figures de proues de la gogôche « insoumise » ou « radicale ». La dernière en date est la mission de pacificateur social qu’il s’est attribuée.

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Un nouveau social-traître en lice : François Ruffin

Jean-Pierre Garnier

« Il faut passer à autre chose. » Telle fut la conclusion, assénée comme un mot d’ordre, de François Ruffin interrogé à chaud au Palais Bourbon sur BFM-TV, l’une des chaînes d’infox les plus pourries dont il est l’un des chouchous, dans la foulée de l’échec de la motion de censure « transpartisane » déposée par le groupe des députés « indépendants » Liot. Pas question surtout, pour lui, de jouer les prolongations et d’aggraver le tohubohu populaire de plus en plus incontrôlé déclenché dans certaines villes par la tentative de passage en force gouvernemental de la (contre)réforme des retraites. Rappelons-nous à ce propos ce qu’il avait déclaré fin juin 2016 à qui voulait l’entendre : « Nuit Debout c’est fini. À présent ce qui compte c’est de gagner les élections présidentielles de 2017 », autrement dit faire campagne pour l’apparatchik Mélenchon. Aujourd’hui, ce serait pour faire campagne pour… lui-même en se posant en rassembleur d’une « France déchirée ». Mais, n’anticipons pas.

Non pas que le futur président des quiches[1] soit par principe contre les manifestations de rues. Mais il faut qu’elles soient autorisée par les pouvoirs en place et ne donnent lieu à aucun débordement. Pour Ruffin, elles se doivent en outre d’être « festives ». Telle celle, par exemple, initiée par lui, fraîchement élu député, pour faire « la fête à Macron » en mai 2018, un an après l’arrivée de ce dernier à l’Élysée. Avec l’aimable autorisation du ministre de l‘Intérieur et du préfet de police de Paris de l’époque, Gérard Collomb et Michel Delpuech, une foule carnavalesque d’opposants au nouveau président avait joyeusement déambulé entre la place de l’Opéra et celle de la Bastille. Cette initiative ruffinesque était censée « réveiller le peuple ». Il n’en fut rien mais elle servit tout de même à remettre en selle la candidature présidentielle de Mélenchon pour l’élection de 2022. Celui-ci s’était en effet infiltré au milieu des manifestants, juché sur un autobus à impériale avec ses fidèles, au grand dam de Ruffin qui mitonnait déjà en sourdine son projet de « relever le drapeau » de l’insoumission pour accéder à son tour au rang de chef de l’État en… 2027.

Tout au long du premier quinquennat de Macron, le député Ruffin s’activera depuis son banc à l’Assemblée nationale à multiplier les guignolades pour se faire remarquer par les médias et séduire ainsi un public « de gôche » peu regardant sur le sérieux politique du personnage. Parallèlement, il mettra à profit certaines projections publiques de son deuxième documentaire, J’veux du soleil, réalisé avec son comparse le cinéaste Gilles Perret, pour attirer les foules et accroître ainsi sa popularité. Pour ce faire, il avait sillonné les routes de France, du nord au sud, pendant une semaine à la rencontre de Gilets jaunes qu’il s’évertuait à récupérer sur les ronds-points, les péages ou les parkings d’hypermarchés. Lors de sa seconde campagne électorale, rebelote : pour illustrer un rapport d’information parlementaire co-rédigé avec le député « centriste » Bruno Bonnell sur les « métiers du lien » (assistante maternelle, animatrice périscolaire, accompagnante d’enfants en situation de handicap, femme de ménage et auxiliaire de vie sociale…), Ruffin, en compagnie de ce dernier et toujours secondé par Gilles Perret, donnera la parole dans un film démagogique et paternaliste, Debout les femmes, à quelques unes de ces prolétaires de la « société de services » pour « les faire sortir de l’ombre », occasion nouvelle de se mettre lui-même en lumière, rehaussée parfois par un défilé en fanfare dans les rues des bourgades visitées. Mais ces fanfaronnades ne sont plus de mise maintenant, au moment où les affrontements populaires avec le pouvoir macronien prennent un tour quasi insurrectionnel, insupportable pour le petit soldat de la Somme[2].

Dans le bref entretien sur BFM-TV cité plus haut, Ruffin avait brièvement développé ce qui tient lieu chez lui de pensée politique pour justifier qu’il soit temps de « passer à autre chose » : « Moi j’en appelle à l’apaisement[3]. J’ai pas envie qu’il y ait des barricades partout dans le pays, que ça brûle, qu’il y ait des jets de pierres. » Le lendemain, il remettra le couvert sur Sud Radio. « Ce qui devrait compter pour nous, proclamait-il, c’est l’unité de la nation dont Macron devrait être le garant. Et il fait l’inverse : il est l’homme qui fracture le pays ». Comme si la « fracture sociale », apparue sur la scène politique et médiatique lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 1995, en devenant le slogan du candidat Jacques Chirac, était imputable à Macron ! Mais on va voir que Ruffin, à court d’idées neuves, n’hésite pas à reprendre les implications idéologiques, plus consensuelles les une que les autres, du vieux crédo de la droite traditionnelle sur la « paix sociale » à préserver ou à restaurer.

« Que doit faire un président de la République, poursuivait-il, quand il hérite d’un pays divisé entre un bloc d’extrême droite, un libéral et un de gauche ? Il doit tout faire pour réparer les fractures. » Avec le plus grand sérieux, Ruffin nous débite ensuite une accumulation de sottises à visée pacificatrice de collaboration de classes puisées dans le bréviaire du catholicisme social qu’il avait ingurgité lors de ses études secondaires dans un lycée privé jésuite à Amiens, La Providence, fréquenté à peu près au même moment par le futur président de la République, Emmanuel Macron. « Qu’est-ce qu’il vient faire à l’inverse ?, s’insurge Ruffin à propos de ce dernier. Il vient tout faire pour déchirer davantage le pays alors que l’enjeu que l‘on a c’est chercher ce sur quoi on doit se rassembler. » Et de mettre les points les points sur les i à l’intention d’électeurs qu’il compte bien maintenir à des fins électoralistes dans leur état d’analphabétisme politique : « Il faut passer à autre chose [bis] », c’est-à-dire « emprunter le chemin de l‘apaisement. » Vient alors une jérémiade de facture nationaliste typiquement chrétienne : « Chaque fois que je vois dans une rue des Français qui tapent sur des Français, qui se déchirent, ça me blesse. » En découle « la question qui devrait être cela : non pas la fameuse « question sociale » mais « la question écologique du réchauffement climatique. On devrait être un grand ensemble qui tire le pays vers le haut, affronter le choc climatique. » Ce qui n’empêche pas Ruffin, qui n’en est plus à une contradiction près, d’enchaîner sur la profession de foi censée le situer encore « à gauche » : « Le cœur de mon combat, il est sur un sentiment d’injustice. » Mais c’est pour aussitôt enchaîner : « Ce qui m’importe c’est la destinée de la France. L’homme du chaos, il est là haut. On a un extrémiste à l’Élysée. » Avec Ruffin qui rêve de lui succéder, qu’aurait-on ? On n’ose l’imaginer.

[1] Jean-Pierre Garnier, « Ruffin Président (des quiches) ? », Librairie Tropiques, 19 avril 2019

[2] François Ruffin, le petit soldat de la Somme, https://www.afrique-asie.fr

[3] Hyper-égocentrique Ruffinaud le malin ne peut s’empêcher dans ses discours de débuter ses phrases par d’innombrables « Moi je », « Moi, ma » ou « Moi, mon ».

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