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Cheminots, Air France, postiers, fonctionnaires, étudiants… la grève, arme politique des travailleurs

vendredi 6 avril 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 6 avril 2018).

Il n’en est que plus urgent pour les révolutionnaires, les militants du mouvement, de défendre une politique de classe, indépendante des institutions, de la gauche institutionnelle et du dialogue social. Notre priorité est d’organiser des collectifs pour la grève, pour que les travailleurs prennent en main leurs affaires et leurs luttes, s’organisent, se coordonnent.

C’est sur ce terrain que nous devons redoubler d’initiatives, avoir l’audace de militer pour un mouvement d’ensemble, pour la grève, dans les entreprises, les sections syndicales, la jeunesse, même quand nous sommes minoritaires.

Cheminots, Air France, postiers, fonctionnaires, étudiants… la grève, arme politique des travailleurs

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6 avril 2018

Dès sa première journée, la grève à la SNCF a impacté l’ensemble de la vie économique, sociale, politique, avec des taux de grévistes massifs parmi le personnel d’exécution : 77 % (74 % mercredi) des conducteurs, 69 % (77 %) des contrôleurs, 39 % (47 %) des aiguilleurs, et même 40 % (30 %) des agents de maîtrise et 17 % (11 %) des cadres, malgré les pressions et… la prime de 150 euros promise à ceux qui remplaçaient un gréviste ! Partout, les manifestations ont regroupé des salariés d’autres secteurs en lutte, des étudiants, des militants de la convergence aux côtés des cheminots. Malgré le battage du gouvernement et de ses relais médiatiques, la grève est populaire.

Carrefour, Air France (où le calendrier de la grève s’allonge et correspond en partie avec celui des cheminots), postiers, éboueurs, énergie, hôpitaux, universités… les grèves et débrayages se multiplient, avec le sentiment que quelque chose est en train de se construire, qui peut basculer. Il s’agit bien plus que de la solidarité ou du soutien. Parmi les travailleurs, les lycéens, les étudiants, même si beaucoup sont encore spectateurs, la conviction gagne que les luttes en cours ou qui démarrent sont des éléments d’un même mouvement contre le gouvernement, le patronat, pour stopper l’offensive contre le monde du travail.

Cette offensive redouble depuis des semaines pour tenter de faire taire, encadrer, désarmer politiquement et organisationnellement. Elle est plurielle, se fait sur tous les fronts, du licenciement de Gaël Quirante, secrétaire Sud PTT 92, militant révolutionnaire et membre de la direction du NPA, qui constitue un avertissement à tous les militants combatifs et aux travailleurs, jusqu’aux exactions des nervis et notables d’extrême-droite se faisant la main à la fac de Montpellier contre des étudiants. Une offensive nourrie de tricolore et de Marseillaise, cherchant à embringuer les classes populaires dans un grand élan patriotique pour les obsèques du commandant Beltrane qui ont mis en branle tout ce que le pays compte d’institutionnels et « républicains », jusqu’à Mélenchon et Autain droits dans leur écharpe dans la cour des Invalides aux côtés de Sarkozy, Hollande ou Le Pen… Ou encore l’instrumentalisation de l’assassinat sordide d’une vieille dame juive, tandis que Collomb fait passer sa loi « asile-immigration » et que la fin de la trêve hivernale annonce la reprise massive des expulsions, une intensification de la guerre aux plus démunis.

Mais il a suffi d’une journée pour que la seule actualité devienne celle de la grève, de ce que font et pourraient faire les travailleurs. La démonstration que ce sont bien eux qui font tourner la société et non ceux qui les insultent pour servir leurs commanditaires, les grands patrons et les financiers. Ce sont bien les luttes, la grève des salariés du public et du privé, la jeunesse, qui peuvent changer la donne. Des luttes qui, quelles que soient les différences de rythmes, de modalités, de revendications, convergent et sont en train de devenir une lutte politique. Non pas au sens institutionnel où l’entendent Hamon, Mélenchon ou Faure qui tentent de surfer sur la popularité du mouvement, mais une lutte au contenu de classe, pour l’affrontement politique avec le pouvoir.

L’imposture se révèle

« Calme et grande détermination […] cette réforme n’est ni un symbole ni un trophée » a doctement expliqué Griveaux, le porte-parole du gouvernement, au moment où celui-ci tente de revoir sa stratégie. Philippe a été prié d’annuler son déplacement au Mali prévu ce week-end, Borne de revoir sa communication (Les Echos ont refusé de publier son interview réécrite par Matignon). L’heure n’est plus tout à fait aux annonces avec tambours et trompettes. La grève lézarde la façade, le mécontentement sourd de partout et se reconnaît dans la grève des cheminots, l’imposture Macron se révèle. Les mensonges ne sont plus tout à fait les mêmes : on ne privatise pas, on ouvre à la concurrence… Borne promet un « sac à dos social » et le calendrier devient plus flou.

« La bataille de l’opinion est lancée » titre toute la presse. Et la grève est bel et bien une arme politique pour les travailleurs, les jeunes, pour mettre à nu le gouvernement et sa politique, gagner l’opinion et en même temps donner confiance, montrer que c’est possible de gagner, entraîner les autres secteurs dans la grève.

L’affrontement à construire

Cette convergence, cet affrontement, les confédérations syndicales n’en veulent pas, elles se prêtent depuis des mois au jeu de dupes des négociations. Berger (CFDT) l’a répété : « Plus on discutera vite avec l’exécutif, plus on a de chances d’éviter un conflit dur que je ne souhaite pas » et Martinez (CGT), tout en se disant pour la convergence, continuait à demander mardi « un gouvernement qui écoute, et n’essaie pas d’opposer les cheminots aux usagers ». A coup d’une dizaine de réunions par semaine, il y a de quoi faire durer la farce, et laisser toutes les portes de sortie possibles aux bureaucrates qui en chercheraient.

Mais quels que soient les efforts des confédérations syndicales pour garder la main sur le mouvement, les cheminots, les travailleurs sont en train de reprendre confiance, de se défaire du poids des défaites passées. Les colères accumulées s’expriment, se renforcent les unes les autres. Les mobilisations, les manifestations, les AG inter-secteurs, même si elles ne représentent aujourd’hui que des minorités, sont autant d’occasions pour des militants d’échanger sur les perspectives, les possibilités. Et la question essentielle n’est pas tant celle du calendrier, des jours de grève choisis, mais celle de quelle politique, quels objectifs pour le mouvement, la négociation ou l’affrontement.

Unifier, coaguler les luttes, nécessite d’intégrer l’ensemble des revendications, des colères dans une politique globale du monde du travail pour affronter le pouvoir. Cela ne peut se faire qu’en encourageant et en appelant les travailleuses et travailleurs à prendre leurs luttes en main, à s’en faire les militants, les propagateurs comme le font, entre autres, les postiers du 33 en grève contre les réorganisations depuis près de 4 semaines, en lien avec les autres mobilisations locales et les postiers en grève dans le 92 ou le 35.

Prendre en main, construire le mouvement, ne compter que sur nous mêmes

« La gauche de la gauche espère se requinquer grâce au mouvement social » titrait Libération cette semaine suite aux initiatives unitaires à travers lesquelles Hamon, Laurent et quelques autres cherchent à se refaire une santé. « On est très facilitateurs, on dit oui à tout » a expliqué Hamon, l’ancien ministre de Ayrault et Valls, ancien candidat PS à la Présidentielle, d’une souplesse à toute épreuve.

Une « Tribune unitaire » parue mardi dans l’Huma et Mediapart dénonce « la préparation de la privatisation de l’entreprise publique via la mise en concurrence » et affirme : « notre pays a besoin d’une relance des investissements dans le réseau ferré. L’Etat doit prendre en charge la dette » avant de conclure : « Nous soutenons les mobilisations et les grèves décidées par les travailleuses et travailleurs. Nous pensons utile que se développent des collectifs d’usagers […] Nous appelons à engager un débat démocratique, pour le développement du ferroviaire, de tous les services publics, pour les enjeux environnementaux et sociaux d’aujourd’hui. Nous sommes disponibles pour converger tous ensemble, avec toutes celles-ceux qui le souhaitent, dans des initiatives et manifestations publiques citoyennes » (lire).

De son côté, Faure (PS) a demandé « une date précise pour la reprise de la dette […] des éléments clairs sur les investissements sur le réseau », et que l’« ambiguïté » de la privatisation « soit levée », expliquant : « une grève, ça sert à créer un rapport de force avec un gouvernement pour le faire négocier ». Au-delà des rivalités politiciennes, les logiques se rejoignent.

Tant mieux que la gauche qui a mis en route dans le passé les privatisations redécouvre aujourd’hui, sous la pression des travailleurs, qu’elles sont inacceptables et qu’il faut défendre le service public. Tant mieux qu’ils soutiennent les cheminots, mais la réciproque n’est pas à l’ordre du jour !

Il n’y a pas de réponse institutionnelle à l’offensive que subit le monde du travail, ni de « bon » développement industriel ou ferroviaire, de bonne solution à la dette autre que son annulation pure et simple, c’est aux banques de payer.

Ruffin, en meeting mercredi avec Lordon, a proposé avec le soutien des députés FI une « grande manifestation commune » dans un mois, le 5 mai, jour anniversaire de l’élection de Macron, et d’ici là la création partout de « comités du 5 mai », concluant « La plus grosse question, c’est qu’est-ce qu’on fait le 5 mai au soir ». Non, la question, c’est comment on construit aujourd’hui la grève, la convergence. Et collectifs unitaires ou comités du 5 mai, la « plus grosse question », c’est de ne pas laisser détourner le mouvement vers des chimères institutionnelles par tous ceux qui se pressent pour le faire.

Jeudi, ça a été au tour de Mélenchon d’annoncer une « grande manifestation pour dire stop à Macron » à Marseille le 14 avril, assurant « Nous verrons bien qui aura le dernier mot ». Alors tant mieux si les initiatives se multiplient avant la journée nationale appelée le 19 avril par la CGT, elles peuvent être des étapes dans la construction du mouvement, à condition de ne pas être dupe des motivations de cette surenchère… et de prendre la mesure de ce que signifie « avoir le dernier mot ».

Il n’en est que plus urgent pour les révolutionnaires, les militants du mouvement, de défendre une politique de classe, indépendante des institutions, de la gauche institutionnelle et du dialogue social. Notre priorité est d’organiser des collectifs pour la grève, pour que les travailleurs prennent en main leurs affaires et leurs luttes, s’organisent, se coordonnent. C’est sur ce terrain que nous devons redoubler d’initiatives, avoir l’audace de militer pour un mouvement d’ensemble, pour la grève, dans les entreprises, les sections syndicales, la jeunesse, même quand nous sommes minoritaires.

Militer pour la convergence, remettre en cause le pouvoir des patrons et des banquiers

L’ensemble des revendications des secteurs en lutte posent la question du contrôle et de la destination des richesses produites par les travailleurs, de la nécessité de l’affrontement. Stopper les restructurations, empêcher les licenciements, la « casse sociale », imposer des embauches massives dans les hôpitaux, les services publics, la fin de la précarité, l’augmentation des salaires… exigent de s’en prendre à l’oligarchie financière, au profit.

Avoir une politique pour le mouvement, c’est discuter d’un programme qui puisse unifier les luttes, poser les bases de la convergence en remettant en cause le pouvoir des patrons et des banquiers. Et c’est en même temps aider à l’organisation démocratique et indépendante des travailleurs en grève afin de contrôler eux-mêmes leur mouvement, se donner les moyens de l’étendre, de l’amplifier, sans se laisser paralyser ou instrumentaliser par les appareils institutionnels syndicaux ou politiques.

Isabelle Ufferte

QU’EST-CE QU’UNE COORDINATION ?

http://mai68.org/spip/spip.php?article1081

Dans une coordination, tout part de l’individu mais rien ne s’y arrête. Une coordination n’est pas un syndicat. Son but n’est donc pas de les concurrencer mais de donner le pouvoir à la base. Dans un syndicat, c’est le bureau qui décide. La différence entre un syndicat et la coordination est une différence de nature, de qualité. En pratique, avec une coordination, les individus font ce qu’ils désirent. L’étymologie du mot le dit : la coordination n’est là que pour coordonner les actions et les réflexions quand c’est possible.

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