L’Humain croit toujours distinguer, derrière les affrontements inter-bureaucratiques, des motivations « humaines », là ou il devrait voir des stratégies de systèmes.
Quand le Sage montre la lune, regardez à l’opposé, ce qu’il voulait vous cacher.
Tout le monde à en mémoire l’aphorisme de Jaurès : « Le Capitalisme porte en lui, la Guerre, comme la nuée porte l’orage ».
Ce qui est beaucoup moins partagé, c’est l’idée que Jaurès lui-même, en étant le premier artisan de l’expulsion des anti parlementaristes de la 2e Internationale, aura tout fait pour la désarmer politiquement, et préparer son isolement personnel, devant la vague chauvine qui la balayera.
Son assassinat le transformera en martyr, puis en archétype, utilisable même par ses ennemis.
Pour Jaurès hier, comme pour beaucoup de gens encore aujourd’hui, la guerre est un accident inévitable du Capitalisme, qui finit toujours par tenter de régler par la violence, ses comptes internes entre Cartels, en se servant des populations qui sont sous leur tutelle.
Cette vision n’est que très partiellement exacte.
La réussite du passage de l’état ordinaire, de guerre économique entre Cartels, à celui de guerre militaire entre états qu’ils contrôlent, demande la conjonction d’une multitude de besoins, de multiples groupes de pression organisés.
Certaines de ces motivations sont avouables, d’autres non.
Et devant le désastre, d’autres explications non officielles arrivent, complétant le tableau des motivations, et contribuant à renforcer l’idée d’une rationalité de la guerre, même si elle est dégueulasse.
La plupart de ces explications sont vraies, et pointent un intérêt d’un groupe particulier, mais toute seule, aucune n’aurait suffit au déclenchement de la boucherie.
Et à mon avis, la principale des raisons, celle qui est commune à toutes les bureaucraties fédérées dans le bellicisme, est totalement inavouable.
Cette raison, c’est le Besoin.
La Guerre n’est pas seulement un moyen d’obtenir « l’état de guerre », c’est à dire la captation totale des capacités d’endettement des Etats, la destruction des obsolètes, techniques et humains, et la liquidation de tous les modestes contre-pouvoirs « démocratiques », c’est un but.
La Guerre n’est pas un échec du Principe Bureaucratique, c’est un de ses outils pour prospérer.
Le résultat strictement militaire, n’a d’ailleurs que très peu d’importance, seul compte le chaos qu’elle va générer, sur lequel pourront fleurir les bénéfices des Cartels.
L’OTAN, par exemple, perd la quasi totalité de ses guerres militairement.
Sa composition même, permet d’extérioriser la responsabilité de ses défaites, de ne les attribuer à aucun de ses membres en particulier, et de les transformer en victoires morales et finalement politiques.
C’est probablement ce qui lui permet de les supporter, positivement ou par sa passivité.
Nous vivons dans le monde du mensonge concerté, quand un pouvoir vous propose une explication, la seule chose dont pouvez être certain, c’est que ce n’est pas la bonne, mais seulement la seule avouable.