VIVE LA RÉVOLUTION

De la Guerre

dimanche 12 novembre 2023, par roaringriri (Date de rédaction antérieure : 12 novembre 2023).

L’Humain croit toujours distinguer, derrière les affrontements inter-bureaucratiques, des motivations « humaines », là ou il devrait voir des stratégies de systèmes.

Quand le Sage montre la lune, regardez à l’opposé, ce qu’il voulait vous cacher.

Tout le monde à en mémoire l’aphorisme de Jaurès : « Le Capitalisme porte en lui, la Guerre, comme la nuée porte l’orage ».

Ce qui est beaucoup moins partagé, c’est l’idée que Jaurès lui-même, en étant le premier artisan de l’expulsion des anti parlementaristes de la 2e Internationale, aura tout fait pour la désarmer politiquement, et préparer son isolement personnel, devant la vague chauvine qui la balayera.

Son assassinat le transformera en martyr, puis en archétype, utilisable même par ses ennemis.

Pour Jaurès hier, comme pour beaucoup de gens encore aujourd’hui, la guerre est un accident inévitable du Capitalisme, qui finit toujours par tenter de régler par la violence, ses comptes internes entre Cartels, en se servant des populations qui sont sous leur tutelle.

Cette vision n’est que très partiellement exacte.

La réussite du passage de l’état ordinaire, de guerre économique entre Cartels, à celui de guerre militaire entre états qu’ils contrôlent, demande la conjonction d’une multitude de besoins, de multiples groupes de pression organisés.

Certaines de ces motivations sont avouables, d’autres non.

Et devant le désastre, d’autres explications non officielles arrivent, complétant le tableau des motivations, et contribuant à renforcer l’idée d’une rationalité de la guerre, même si elle est dégueulasse.

La plupart de ces explications sont vraies, et pointent un intérêt d’un groupe particulier, mais toute seule, aucune n’aurait suffit au déclenchement de la boucherie.

Et à mon avis, la principale des raisons, celle qui est commune à toutes les bureaucraties fédérées dans le bellicisme, est totalement inavouable.

Cette raison, c’est le Besoin.

La Guerre n’est pas seulement un moyen d’obtenir « l’état de guerre », c’est à dire la captation totale des capacités d’endettement des Etats, la destruction des obsolètes, techniques et humains, et la liquidation de tous les modestes contre-pouvoirs « démocratiques », c’est un but.

La Guerre n’est pas un échec du Principe Bureaucratique, c’est un de ses outils pour prospérer.

Le résultat strictement militaire, n’a d’ailleurs que très peu d’importance, seul compte le chaos qu’elle va générer, sur lequel pourront fleurir les bénéfices des Cartels.

L’OTAN, par exemple, perd la quasi totalité de ses guerres militairement.

Sa composition même, permet d’extérioriser la responsabilité de ses défaites, de ne les attribuer à aucun de ses membres en particulier, et de les transformer en victoires morales et finalement politiques.

C’est probablement ce qui lui permet de les supporter, positivement ou par sa passivité.

Nous vivons dans le monde du mensonge concerté, quand un pouvoir vous propose une explication, la seule chose dont pouvez être certain, c’est que ce n’est pas la bonne, mais seulement la seule avouable.

5 Messages de forum

  • De la Guerre 12 novembre 12:57, par do

    roaringriri, ton explication semble valable ; mais, incomplète. Il manque le pourquoi de ce but qu’est la guerre.

    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org

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    • De la Guerre 13 novembre 09:07, par roaringriri

      En fin de course, une bureaucratie à la ramasse, n’a pas d’autre possibilité que de créer le terrain sur lequel elle souhaite être critiquée.
      Le chaos crée par la guerre, réduit la critique à la seule façon de la mener.
      On a d’autres exemple de la création du besoin d’Ordre, par l’utilisation du Chaos, qu’il soit créé, encouragé ou toléré, la délinquance par exemple.
      Si on prend les derniers conflits, cette stratégie me semble évidente.
      Pour Netaniahu, c’est la guerre contre l’Iran ou la prison, pour les "Démocrates" US, c’est ça ou la défaite électorale.
      Pour l’Ukraine, c’est encore plus évident, il fallait gérer la fin de l’état de guerre sanitaire, et provoquer des pénuries multiples, vraies ou bidons, pour relancer les marges des entreprises à la fin des aides publiques.
      Je pense qu’on peut toujours évoquer des raisons particulières, pour justifier un conflit, mais c’est bien le profond et partagé désir de guerre, de groupes ne pouvant plus s’en passer, qui est le moteur.

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  • De la Guerre 12 novembre 19:00

    D’un point de vue purement capitaliste, la guerre crée de l’emploi et des valeurs pour les entreprises qui travaillent pour elle. C’est d’un cynisme abouti et complètement absurde mais ça marche terriblement bien. L’humanité n’est plus à une aberration près, accrochée à son frêle esquif planétaire. Heureusement que les religions donnent un sens à tout cela…

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  • De la Guerre 12 novembre 20:42, par Brounahans l’Alsaco

    La guerre existe depuis que l’homme existe, pas besoin de cartels pour en créer le besoin, c’est viscéral. Bien évidemment, avec la technologie on écrit les lettres de noblesse de la guerre et aujourd’hui on peut faire couler le sang encore plus facilement et abondamment que par le passé. Et on ne s’en prive pas. "Si tu veux la paix, prépare la guerre" Tout est dit et surtout admis. Le budget militaire des états parle par lui-même.

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    • De la Guerre 13 novembre 09:17, par roaringriri

      Je ne suis pas d’accord avec ça.
      La Guerre n’est pas consubstantielle de l’humanité, elle est consubstantielle du Principe Bureaucratique, et au final de l’Etat dans les sociétés qui s’en sont affublées.
      Clastres, a mis en évidence le statut des "chefs" dans les sociétés indiennes dites "sans Etat", et même s’il est difficile d’en tirer une leçon définitive, on voit bien l’ébauche des mécanismes que nous connaissons aujourd’hui.
      Dans les sociétés indiennes archaïques, la Guerre est la seule justification admise du pouvoir du chef, qui en dehors de cet exercice, est le dernier des larbins, obligé de se vendre pour garder son poste.
      On voit bien que les bureaucraties se rendent indispensables, en créant les problèmes, qu’elles se vantent être les seuls à pouvoir résoudre.
      La Guerre c’est le sommet de cette stratégie.

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