"Classe ouvrière" et/ou "prolétariat" :
"Disparition" et/ou mutation ???
Quelques réflexions à propos de l’émission de France Culture :
Épisode 4/4 : L’ouvrier est-il une figure du passé ?
https://www.radiofrance.fr/francecu…
Émission effectivement passionnante par le nombre de situations concrètes qu’elle examine, et c’est donc déjà une base essentielle de réflexion sur l’évolution du système.
Le défaut principal de cette approche réside néanmoins évidemment dans le déficit de précision analytique des définitions sociales, et notamment celle de « classe ouvrière ». Et pour cause, puisque cela implique de redéfinir la notion de prolétariat, qui, elle ne disparaît pas aussi facilement que les usines que le système détruit.
Ce qui a fait la force potentielle, et parfois, bien réelle, de la classe ouvrière c’est non seulement le rassemblement sur un lieu de production, mais surtout le fait concret de l’intégration directe du travail de l’ouvrier dans le processus de production. Une intégration telle que sans l’action directe de chaque ouvrier « spécialisé » dans un geste indispensable dans ce processus le produit ne peut pas être complété et commercialisé.
C’est cette base qui définissait alors, selon Marx, et selon l’évidence aussi, la valeur du produit et de la production.
C’est cette base qui posait la classe ouvrière en situation de se constituer en classe dominante pour se libérer de son exploitation et libérer l’ensemble des autres classes prolétariennes, dans la foulée, sur une base d’unité populaire et prolétarienne. C’était le sens marxiste du concept de « dictature du prolétariat » que le PCF a rejeté officiellement en 1976, mais déjà bien avant, en réalité, dans sa pratique et dans ses programmes politiques tarabiscotés, et déjà depuis très longtemps révisionnistes, au point de vue du marxisme.
A l’époque de Marx la notion de « classe ouvrière » se confond pratiquement avec la notion de prolétariat industriel productif.
Mais la notion de classe ouvrière, déjà à l’époque, est associée, plus généralement, par une population qui n’avait pas forcément une culture marxiste, à la notion de classe de travailleurs manuels, en général.
Cette notion persiste, aujourd’hui, y compris dans les critères statistiques de l’INSEE, par exemple, qui intègre dans la « classe ouvrière » une grande partie de travailleurs manuels du secteur tertiaire, dans le secteur des services, donc.
De même, la notion de « travailleurs du secteur industriel » recoupe actuellement un ensemble de catégories liées directement à l’activité industrielle, avec toute sa hiérarchie technique et administrative, mais dont seule une petite minorité reste directement liée au processus productif lui-même, au sens marxiste rappelé ci-dessus de travail productif de plus-value.
La notion de prolétariat, elle, renvoie au fait que dans toute société de domination de classe il y a toujours une partie importante de la population qui n’a que sa force de travail à vendre pour survivre et tenter de s’intégrer socialement. Et cela est indifférent au fait que le travail de ces prolétaires soit simplement servile ou productif de plus-value au sens marxiste du terme, c’est-à-dire de la valeur ajoutée à une production par la force de travail.
Ce qui fonde et renouvelle le prolétariat, c’est la dévalorisation de la force de travail, la réduction de sa valeur d’échange, que ce soit sous forme de salaire ou autre, au minimum vital nécessaire à l’intégration dans un contexte social donné. Dans le contexte social actuel il est donc évident, comme cette émission le souligne, que de nouvelles catégories de travailleurs, notoirement « uberisées », et donc pas forcément salariés, répondent tout à fait à cette définition. Le prolétariat, on le voit bien concrètement, se « renouvelle », en quelque sorte, avec les nouvelles formes de l’économie, même si la classe ouvrière, au sens marxiste du prolétariat industriel productif, a donc nettement tendance à disparaître, comme on l’avait déjà vu dans nos colonnes et dans un débat concomitant sur VLR :
Le sens retrouvé du combat social en France (Nouvelle édition)
http://cieldefrance.eklablog.com/le-sens-retrouve-du-combat-social-en-france-nouvelle-edition-a214986145
Autrement dit, s’il ne sert à rien, en termes de construction d’une alternative politique sociale, de cultiver essentiellement une sorte de nostalgie « romantique » de la classe ouvrière, comme le fait Aurélie Filippetti, il faut donc bien précisément comprendre que les notions de « classe ouvrière » et de « prolétariat » on naturellement tendance à se dissocier l’une de l’autre, avec les nouvelles formes de l’économie.
Autrement dit, encore, la question de la reconstruction d’une alternative sociale, c’est-à-dire, en fait, la construction d’une alternative sociale entièrement nouvelle et adaptée aux formes de l’économie moderne, ce n’est pas tant de renouer avec une conscience « ouvrière » devenue en quelque sorte « légendaire », sinon carrément chimérique, mais bien de faire émerger une nouvelle conscience de classe prolétarienne, au sens large du terme, c’est-à-dire qui englobe toutes les formes du nouveau prolétariat, engendré par les formes nouvelles de l’économie moderne.
Il est clair que l’un des buts politiques essentiels de la classe capitaliste « classique » a toujours été de tenter de faire disparaître la conscience de classe ouvrière, et qu’à force de divisions et de manipulations ethniques, elle y a fort bien réussi, et le plus souvent avec la « participation » active de la gauche réformiste et collabo, y compris dans sa dernière forme bobocratique plus ou moins « écolo » dont Aurélie Fiippetti est l’un des plus pur produits, même si ici elle fait de sa mémoire familiale ouvrière une sorte de fond de commerce littéraire :
« Il y a six millions d’ouvriers en France aujourd’hui, six millions d’ouvriers dont plus personne ne parle.[En 2003, sortie du livre-NDLR] Qui racontera leur histoire, sinon leurs enfants, pour peu qu’ils aient eu la chance de faire des études, et de mesurer la distance qui les sépare désormais à tout jamais de leur milieu d’origine - ce mélange inédit de culture italienne, communiste, et ouvrière. Que ce soit la mine ou la sidérurgie, ce monde-là était solidaire, car « à la mine, un homme seul est un homme mort ». Personne, ou si peu, ne leur a rendu hommage, personne, ou si peu, n’a dit leur héroïsme quotidien - pourtant héros ils le furent, du travail, à huit cents mètres sous terre ou dans la fournaise du laminoir, de la guerre, de la résistance à la guerre d’Algérie. Héros enfin dans leur ultime combat contre l’assassinat programmé de leur région d’adoption, la Lorraine, où de plans sociaux en restructurations, plusieurs centaines de milliers d’emplois furent fracassés en vingt ans. Et les mines fermées. Les usines rasées. Ce roman vise à leur rendre une petite part de justice… » A.F Car il s’agit bien d’un roman qui porte un hommage juste et vibrant à la classe ouvrière du XXe siècle. À travers la figure centrale d’Angelo, rebaptisé Angel, fils d’immigrés italiens, ouvrier mineur pendant trente ans et maire communiste, se dessine le portrait de ces générations d’ouvriers frappés par l’exil, la guerre, les désillusions politiques et la récession économique. Et derrière, à leurs côtés, des épouses, des enfants, des collègues, toute une population cachée, sacrifiée, voire oubliée. Souvent honteuse. À qui l’auteur donne la parole. »
Il est également tout aussi clair que la nouvelle classe dominante banco-centraliste, au-delà de ce genre de jérémiades pseudo-« nostalgiques », a le même intérêt à briser toute tentative d’unification de la classe prolétarienne. Évidemment, comme le soulignent les différents exemples concrets évoqués dans l’émission, la tâche lui est naturellement facilitée, précisément, par les nouvelles formes de l’économie, qui isolent les prolétaires les uns des autres, que ce soit en termes de lieux de travail ou de moyens de travail.
Dans ces conditions nouvelles, et plus que jamais, la question de l’unification de ce qui reste de la classe ouvrière et du prolétariat au sens large et nouveau du terme, ce n’est pas la simple addition d’une somme de combats sociaux locaux disparates, genre « tous ensemble en même temps », sans autre contenu, mais bien l’émergence d’une conscience politique qui donnera un sens réel de lutte de classe à une éventuelle simultanéité des luttes.
Dans ces conditions, face au mondialisme banco-centraliste, c’est bien la reconstruction d’une économie endogène et démocratiquement contrôlée pour répondre aux besoins sociaux des « anciens » et des nouveaux prolétaires qui peut être la perspective politique unificatrice des restes de la classe ouvrière et des nouvelles strates sociales populaires et prolétariennes.
C’est un autre débat, mais c’est précisément le débat de fond nécessaire pour notre XXIe siècle.
Luniterre
"Classe ouvrière" et/ou "prolétariat" : "Disparition" et/ou mutation ???
http://cieldefrance.eklablog.com/classe-ouvriere-et-ou-proletariat-disparition-et-ou-mutation-a214989859?
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Manipulation des statistiques ??? Ou simple constat du réel ?
En réalité, le chiffre initial, de 1,21% de population ouvrière industrielle en Île de France, était encore une évaluation « optimiste » de la réalité actuelle. En effet, il rapproche le dernier chiffre connu de la population ouvrière industrielle en ÎdF, en 2018, du dernier chiffre connu de la base de calcul INSEE de la population active en ÎdF, en 2019 [Tranche d’âge 15 à 64 ans]. Or, à l’évidence, la tendance sur la durée pour ces deux chiffres est carrément opposée, et donc le chiffre réel actuel, en pourcentage relatif de ces deux données, est nécessairement encore inférieur à ce résultat de 1,21%. ( Au demeurant déjà « arrondi » à partir de 1,2092784% !!!)
[ Mise à jour de cette étude au 11/11/2023 : suite à une nouvelle recherche à propos de :
Le travail en crise 4/4 : L’ouvrier est-il une figure du passé ? (France Culture)
Il apparaît nécessaire d’apporter une précision et un correctif, sur le fait que la population réellement active ne représente en fait qu’une partie de la tranche d’âge 15-64 ans qui sert de base de calcul. Les chiffres cités ci-dessus ont donc été établis par recoupement logique, faute de source plus précise lors de cette recherche, déjà difficile, dans le maquis des études de l’INSEE, généralement exprimées en pourcentages, plutôt qu’en chiffres de base bruts.
Une nouvelle recherche, également laborieuse mais plus fructueuse, nous amène à plus de précision, notamment grâce à cette source à la fois inespérée et inattendue :
Actualité Île-de-France – L’info de votre région en continu (francebleu.fr)
…qui contient un petit topo avec précisément, on ne sait trop pourquoi, mais ça tombe bien, des chiffres de 2018 !
« En 2018, le taux d’activité d’Île-de-France atteignait 76,36 % : il y avait en effet 8 021 516 habitants de 15 à 64 ans, parmi lesquels 6 125 544 étaient actifs. C’est 4,46 points de plus qu’à l’échelle de la France, où le taux d’activité était de 71,9 %. »
Sur la base de la population 15-64 ans, les 97400 ouvriers représentent donc en fait très exactement 1,21% de 8 021 516 habitants de 15 à 64 ans, mais 1,59% des 6 125 544 actifs selon cette source. Une source INSEE trouvée au cours de cette nouvelle recherche : https://www.insee.fr/fr/statistique… , donne un chiffre de 6 375 000 actifs pour cette même années, en salariés uniquement, et une autre, de l’Institut Paris-Région : https://www.institutparisregion.fr/… , donne 6 390 000 d’emplois salariés et non salariés en 2018. (Page 20)
Sur cette base, qui semble être la plus précise et la plus complète, nos 97400 ouvriers de 2018 en Île de France représentent donc 1,52% de la population active de la région.]
Evidemment, donc, avoir le courage de faire face à la réalité du monde actuel, cela commence par ouvrir les yeux sur ce monde tel qu’il est aujourd’hui, et tel qu’il évolue réellement, dans ses tendances profondes, et notamment, en termes de stratification sociale.
La loi du développement des forces productives humaines étant ce qu’elle est, le cycle suivi par les économies occidentales « avancées » se retrouve nécessairement dans les économies « émergentes », même si avec quelques années ou quelques décennies, tout au plus, de décalage. Et il se retrouve même avec nécessairement une accélération dans la durée, au fur et à mesure que les technologies les plus avancées sont tout aussi nécessairement exportées vers ces pays, comme c’est le cas de la Chine.
Malheureusement, il est suffisamment évident que le niveau de conscience de classe, dans la plupart des pays, est en régression, et surtout, par rapport à l’évolution des forces productives modernes, qui excluent de plus en plus le rôle du travail productif humain, comme le remarque Mélenchon lui-même, bien qu’il soit évidemment dans l’incapacité d’en tirer les conséquences sociales et politiques, et surtout, sans ruiner sa propre boutique politique.
Mélenchon, mensonges et manipulations !
http://cieldefrance.eklablog.com/melenchon-mensonges-et-manipulations-a213295225
Il est donc également parfaitement vain et illusoire de spéculer sur le fait que la classe ouvrière, encore relativement importante, dans les pays « émergents », pourrait accéder suffisamment rapidement à la conscience de classe nécessaire pour construire une alternative au système de domination de classe mondialisé avant que le cycle « naturel » des forces productives n’y amorce aussi sa « réduction », ce qui est déjà le cas en Chine !
Paradoxalement, ce qui fait la force de résistance de la Russie, c’est le niveau relativement arriéré, suite à l’effondrement de l’URSS, de ses forces productives. Suite à l’effondrement, également, du régime comprador eltsinien, elle redémarre donc une croissance industrielle nouvelle, et surtout, par les contraintes même des « sanctions » occidentales, sur la base d’une relative autarcie, ce qui la met à l’abri des pressions mondialistes, même si cela peut freiner certains aspects de son développement.
De plus, et malgré l’effondrement « gorbatchévo-eltsinien » des années 90, l’essentiel des forces productives industrielles qui ont pu être restaurées, et notamment sur le plan militaro-industriel, sont un héritage à la fois économique et culturel de l’URSS. Et sur le plan social aussi, dans la mesure où ces forces productives reposent encore essentiellement sur le travail productif humain, contrairement à ce qui se produit aujourd’hui en Europe occidentale, et surtout en France, par exemple !
De sorte que même si les acquis sociaux de l’époque soviétique ont en grande partie disparus la bourgeoisie nationale et la classe ouvrière, encore très nombreuse, ont des intérêts communs dans la survie de cette économie nationale, comme on a pu le voir, de façon caractéristique, au Bélarus, où la classe ouvrière a massivement refusé de suivre les agitateurs « gauchistes » et « démocrates » pro-occidentaux, qui les menaient, en pratique, à la ruine de ce tissu industriel particulier, et encore imprégné, dans son fond culturel, des valeurs soviétiques.
En Russie, où la conflictualité sociale est plus élevée, du fait d’une plus grande rémanence de la bourgeoisie comprador, le KPRF(*) semble néanmoins avoir trouvé la bonne ligne d’équilibre entre les justes revendications des classes populaires et la défense primordiale de la patrie Russe indépendante et Résistante, face au fascisme et au mondialisme.
Grâce à la résistance des bourgeoisies nationales en Russie, au Bélarus, et d’autres force sociales, au premier rang desquelles la majorité du mouvement communiste russe et bélarusse, à la fois ML et patriote antifasciste et antimondialiste, il y a donc une sorte de brèche historique exceptionnelle qui s’est ouverte, dans un contexte par ailleurs mondialement hyper défavorable aux forces sociales progressistes.
Les force sociales qui formaient traditionnellement la base de soutien des idées progressistes et révolutionnaires, en Occident, ont clairement dégénéré, avec l’évolution de la stratification sociale, au point de devenir en pratique des forces réactionnaires, entièrement dépendantes de la mondialisation banco-centraliste, même si elles continuent à se dissimuler sous les oripeaux écolo-gauchisants de la bobocratie, mélenchonienne et autres.
Regarder en face ce chiffre de 1,52%, sans ciller, sans « détourner la tête », d’une manière comme d’une autre, c’est le premier pas et la condition nécessaire d’un retour au réel des consciences politiques qui se veulent simplement progressistes, résistantes, et en fin de compte, révolutionnaires, par rapport au nouvel ordre mondial banco-centraliste en train d’abattre sa chape de plomb « informatique » sur la planète.
Ce que nous dit ce chiffre de 1,52%, ce n’est pas la disparition du prolétariat, mais la réalité de sa transformation profonde, en termes de stratification sociale, sous la poussée des forces productives modernes.
Il serait donc plus que temps de s’en aviser.
La lutte homérique du peuple russe et de ses alliés, bélarusses et autres, nous offre une « seconde chance », quasi inespérée, dans ce contexte de mondialisation banco-centraliste, de redonner du sens à notre lutte sociale en France.
On peut la saisir, ou non. Telle est la seule question qui vaille, aujourd’hui !
Luniterre
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( * "Mobilisation en Russie : une gauche critique constructive, qui ne mélange pas les priorités !"
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POUR ALLER PLUS LOIN SUR LE BANCO-CENTRALISME >>>
Pour comprendre les causes économiques
de l’apparition du mondialisme banco-centraliste :
Cinq différences essentielles
entre l’époque de Marx et la nôtre
http://cieldefrance.eklablog.com/cinq-differences-essentielles-entre-l-epoque-de-marx-et-la-notre-a214412243
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« Tertiarisation » : de l’évidence d’une nouvelle stratification sociale au XXIe siècle
http://cieldefrance.eklablog.com/tertiarisation-de-l-evidence-d-une-nouvelle-stratification-sociale-au—a214110285
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20 articles récents
sur l’analyse de l’évolution banco-centraliste
du système de domination de classe :
Cycles d’études sur la mutation banco-centraliste du système économique mondialisé (1)
Le but de cette page est de présenter un ensemble d’articles en liens qui forment une suite suffisamment cohérente, au fil du temps, pour permettre une approche des mutations essentielles de l’économie moderne engendrées par la mondialisation, dont la plus évidente et la moins connue à la fois est le rôle prééminent pris par les principales Banques Centrales, essentiellement depuis le "choc" de 2008, mais qui s’est vu encore considérablement renforcé par le "choc" de 2020, dit "crise du Covid", et à nouveau par le choc du conflit ukrainien.
Paradoxalement, le sens choisi est antéchronologique, pour la raison que les derniers articles écrits sur le sujet visaient précisément à résumer les conclusions les plus évidentes, et, dans la mesure du possible, sous une forme simplifiée, sinon réellement "vulgarisée", ce qui n’est guère possible, sur ce type de sujet.
En "remontant le temps" on rentre donc progressivement dans la genèse de l’analyse, jusqu’au moment où en apparaissent les fondamentaux, et au delà encore, les prémisses dans la recherche.
http://cieldefrance.eklablog.com/cycles-d-etudes-sur-la-mutation-banco-centraliste-du-systeme-economiqu-a214160549
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Quelques articles de fond plus anciens :
Dette banco-centralisée : quand c’est fini, ça recommence…!
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12347
http://cieldefrance.eklablog.com/dette-banco-centralisee-quand-c-est-fini-ca-recommence-a212959483
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Face au banco-centralisme : pleurnicher, rêver, ou agir ? Que faire ???
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12242
Pour info : un courtier US en métaux précieux nous explique de l’intérieur même du système le principe banco-centraliste du nouvel ordre mondial, depuis 2008 déjà !
Charles Gave Vs Banques Centrales : un match au cœur du système de domination de classe ! Quelles conséquences pour les luttes sociales ?
https://mai68.org/spip2/spip.php?article12016
Du village primitif au monopole banco-centraliste, cinq formes du capital et trois stades du capitalisme
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/du-village-primitif-au-monopole-241522
La fin du capitalisme signifie-t-elle nécessairement la fin du système de domination de classe ?
http://mai68.org/spip2/spip.php?article11679
“Le Crime du Garagiste” – Le Casse Banco-centraliste !
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-crime-du-garagiste-le-casse-231389
« Great Reset » : le banco-centralisme est-il un « complot pervers » ou simplement la conséquence incontournable d’une évolution systémique ?
« Aux âmes damnées (…du banco-centralisme), la valeur n’attend point le nombre des années (…pour disparaître !)…
« Merveilleux » Monde d’Après : face à l’émergence du banco-centralisme, quelle forme de Résistance ?
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/merveilleux-monde-d-apres-un-225066
Paradoxe et suspense économique en 2021 : le Capital atteindra-t-il, ou non, le Nirvana par la Dette Mondiale ?
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Le débat, tel qu’en l’état en octobre 2022…!
EN RÉPONSE AU CAMARADE DO,
http://mai68.org/spip2/spip.php?article13007#forum10925
ET POUR FAIRE AVANCER LE DÉBAT !!!
Bonjour, camarade Do !
Effectivement, tes remarques ont le mérite de faire avancer le débat en reprécisant la réalité des choses.
Tout d’abord, il faut en revenir à la définition de base de la notion de classe ouvrière, en ce qu’elle est distincte de la notion de prolétariat en général, mais ne se limite pas non plus aux ouvriers d’usine. Il y a quantité de métiers d’ouvriers, en dehors de l’industrie, et pas seulement dans le bâtiment et l’agriculture.
Il y a tous les secteurs de l’entretien, que ce soit nettoyage, pour les moins qualifiés, souvent des femmes, et tous les métiers, parfois encore artisanaux, de la réparation, du transport, etc…, qui sont classés comme services, et donc assimilés au secteur tertiaire. Il y a donc logiquement une partie de la population qui appartient à ces deux catégories, classe ouvrière et secteur tertiaire, sans évidemment pour autant que ces catégories ne soient strictement identiques, tout comme prolétariat en général et classe ouvrière, en particulier.
Ici, l’étude ne porte donc, par définition, que sur la seule catégorie dont elle est l’objet, la classe ouvrière, mais dans toutes ses composantes, néanmoins, et de façon logique.
C’est ce que représente le graphique, selon son intitulé, et non une représentation "stratigraphique", en quelque sorte, de l’ensemble de la population d’Île de France.
Ce qui est évidemment intéressant à préciser, c’est l’évolution du rapport de proportions avec le temps, depuis 1968.
Et particulièrement révélateur de l’évolution générale de la société française.
Le problème, que tu perçois également, reste la notion de "Région Île de France" elle-même, qui n’existait pas, en tant que "collectivité locale", en 1968. Mais le travail de recoupement des données départementales est possible, vu que le redécoupage était déjà effectif en 1968. D’où l’intérêt de cette étude, et si l’on se rapporte au document complet dont ce graphique fait partie, on peut trouver la réponse à cette question aussi :
« Sept fois moins d’ouvriers dans l’industrie en 50 ans
« Au cours des 50 dernières années, le nombre d’ouvriers a diminué de près de moitié dans la région. Cette baisse est essentiellement due aux emplois industriels. En effet, sept fois moins d’ouvriers travaillent dans l’industrie en 2018 qu’en 1968. Seulement 13 % des ouvriers franciliens exercent dans ce secteur en 2018, ils étaient 52 % en 1968. La forte baisse d’effectifs tient notamment au phénomène de désindustrialisation à l’œuvre depuis les années 1970 et particulièrement important dans la région. La proportion des emplois d’ouvriers dans l’industrie est ainsi nettement moindre qu’en province (28 %). Entre 1968 et 2018, le nombre d’emplois d’ouvriers du secteur tertiaire a augmenté de 130 000 dans la région. Avec l’essor des échanges commerciaux et le développement de la sous-traitance, les emplois d’ouvriers se sont développés dans les transports, la logistique, le nettoyage et les services. En 2018, en Île de-France, sur dix ouvriers, sept travaillent dans le tertiaire contre cinq en province. »
http://ekladata.com/xqET9SMaFNU640zn0SYlY9-c1pk/ETUDE-INSEE-IDF-PROLETARIENNE.pdf
Ce doc fourmille donc de données passionnantes pour l’analyste réellement marxiste, c’est-à-dire matérialiste dialectique, qui ne se paye pas de mots, même vaguement « marxiens » et/ou « marxisants », genre mélenchoniens, mais cherche simplement à comprendre l’évolution réelle de la société contemporaine.
Il aborde donc ici également ce que l’on peut qualifier de dichotomie paradoxale, car, tout étant relatif, la « province » est moins désindustrialisée que l’Île de France, même si, globalement, encore en moins bon état de développement économique et social.
Malgré cette évolution drastique, je pense toujours qu’un travail politique révolutionnaire en direction du prolétariat industriel est nécessaire et même vital, mais c’est ce que plus personne ne fait, se contentant de parler encore parfois de la classe ouvrière de façon quasi mythique, et sans avoir la moindre idée de son évolution réelle, on le voit bien aujourd’hui.
Les seules tentatives qui ont été faites restent celles de la GP, après Mai 68, mais sur une base politique pour le moins très confuse et sans perspective durable. En ce sens LO semble faire un peu mieux, dans la durée, mais sur une base essentiellement réformiste, « Programme de Transition » trotskyste oblige.
Alors que la situation actuelle montre précisément à quel point économie et politique sont liées, et à quel point au-delà de la formulation des revendications immédiates il est possible et même nécessaire d’avancer les revendications politiques qui créeront les conditions indispensables de la réelle satisfaction des revendications sociales, même les plus urgentes.
Le prolétariat industriel, désormais ultra-minoritaire, peut néanmoins, s’il parvient à se réunifier comme force sociale et politique, devenir en quelque sorte le levain d’une unité prolétarienne et populaire bien plus large, sur la base d’une plate-forme revendicative unitaire, à la fois économique et politique.
Luniterre
PS : Dans l’article, effectivement, et pour faire court, je ne suis pas rentré dans un historique détaillé de l’évolution des forces sociales qui restent à la base de la « gauche » française actuelle. En pratique, la « déconnexion » de ces forces d’avec le prolétariat industriel a non seulement « suivi » la désindustrialisation, mais l’a même, dans bien des cas, carrément précédée.
Pour être précis, il faut donc dire que la dégénérescence de ces forces sociales est allée de pair avec leur déconnexion d’avec le prolétariat industriel.
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SUITE DU DÉBAT AVEC LE CAMARADE DO, AU 24/10/2022
En réponse à >>>
http://mai68.org/spip2/spip.php?article13007#forum10932
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Bonjour, camarade Do !
Tout d’abord, ce qui est intéressant dans le débat que tu proposes, au-delà de nos désaccords éventuels, c’est que tu vas vraiment au cœur des sujets abordés, ce qui n’est quasiment jamais le cas sur le net, où chacun reste prudemment dans son petit cocon idéologique et « décroche » carrément et/ou botte en touche d’une manière ou d’une autre pour éviter les « sujets qui fâchent ».
A vrai dire, et comme tu le sais, la tentation, pour moi, est constamment de me limiter à mes recherches personnelle et de renoncer à communiquer-« échanger », sur ce mode internautique stérile.
Avec le sujet de cet article, une limite semble donc à nouveau être atteinte.
La quasi disparition de la classe ouvrière industrielle en Île de France, et en voie plus qu’avancée en province, c’est-à-dire la disparition du substrat social humain de la circulation du capital productif (de la marchandise) et de la lutte de classe y afférente, c‘est, pour le moins, un « sujet qui fâche » au point qu’absolument personne n’ébauche même le début d’un débat sur le sujet, à part toi-même, donc !
Dans ton post, il y a de quoi développer des questions de fond, et quasiment pendant des heures, et il faut donc essayer d’aller à l’essentiel sur chaque point en quelques mots, pour y répondre également dans un post.
Je commence donc par ce qui me paraît le plus essentiel, et qui se trouve en fait plutôt en PS, avec l’allusion à la pensée de Debord sur la nécessité, pour les prolétaires, de devenir des autodidactes d’un niveau élevé.
« …pour la révolution bourgeoise, il avait suffit de quelques penseurs, tandis que la révolution prolétarienne exigeait que tous les prolos deviennent des penseurs. »
Note que c’était aussi la pensée et le projet de Lénine et de Staline, indépendamment de leurs origines sociales respectives, et qu’ils l’on mis en œuvre autant que possible, dans les conditions de l’analphabétisme chronique entretenu, peu ou prou, par le régime tsariste.
Malheureusement, et malgré la réussite des années trente, (n’en déplaise à tous les faux-culs « pleurnicheurs après-coup » * ), qui a permis la défaite du nazisme, c’était donc encore insuffisant pour empêcher la chute de l’URSS, à plus long terme.
Néanmoins, comme il est expliqué dans l’article, c’est bien sur ces racines qu’a pu renaître la Russie moderne poutinienne.
Dans la France actuelle, comme on l’a vu avec la fermeture du blog TML(**), suite à une tentative d’amorcer un mouvement d’auto-formation autodidacte, l’attitude générale des « opposants » au système est précisément, et malheureusement aussi, indépendamment de leurs origines sociales et même, parfois, nationale (mimétisme oblige), celle du petit-bourgeois franchouillard qui sait tout mieux que tout le monde, a un avis sur tout sans jamais avoir été plus loin, généralement, que les brochures de seconde main de son groupuscule, croit avoir lu Marx pour avoir plus ou moins feuilleté le Manifeste de 1848 dans sa lointaine jeunesse, etc…
Avec le doc INSEE et d’autres du même genre accessibles sur le net, il y a de quoi développer un débat à la fois réaliste, fructueux, et surtout, potentiellement « auto-formateur » pour les participants éventuels. Mais force est de constater, encore une fois, que cela n’intéresse personne, à part toi et moi…
Au delà des désaccords idéologiques éventuels, c’est pourtant bien la recherche du réel qui devrait primer et permettre de faire avancer le débat, quoi qu’il en soit !
Mais dans le monde actuel le poids du spectacle est tel que même les "opposants" au système ont abandonné la recherche du réel pour la poursuite de leurs propres fantasmes, y compris "idéologiques". Et non seulement ils ont abandonné, mais le réel est donc à l’évidence autant leur ennemi, sinon davantage, que le système, dont ils font en pratique un support de plus pour leurs fantasmes, sous prétexte de le "combattre", surtout "virtuellement", ou même simplement de le "critiquer", genre critique de salon.
Note bien que dans cette logique s’inscrivent aussi les derniers restes d’une sous-classe petite-bourgeoise d’« intellectuels de gauche » et de « marxistes/ « marxiens » universitaire », plus ou moins autoreproductible par la cooptation des « cursus universitaires », et qui n’est, en fin de compte, qu’une classe de parasites, notamment des fonds publics (français et/ou chinois), parmi tant d’autres…
Il est effectivement possible, par ailleurs, selon certaines sources, que Marx et Engels aient plus ou moins boursicoté dans leur jeunesse, ou même après, pour survivre, et Engels avec apparemment plus de réussite que Marx, et cela peut effectivement interroger sur la nature de classe de leur pensée.
Quoi qu’il en soit, le prolétaire autodidacte prends les sources de la connaissance là où elles se trouvent, et par la force évidente de la nature de classe de la société, c’est presque quasi systématiquement dans le camp de la classe dominante qu’elles se trouvent.
Actuellement, les sources de la connaissance économique sur la réalité de la société au XXIe siècle ne se trouvent pas même dans les multiples sectes et courants d’économistes petit-bourgeois « alternatifs », « atterrés », « marxistes/ « marxiens » universitaires », etc…, mais dans les dossiers d’études préparés sur des durées de plusieurs années par les économistes directement au service des Banques Centrales, et qui ont, de plus, accès aux archives économiques remontant à la fin du XIXe siècle et étudient donc l’évolution de leur système sur le temps long.
A nous, les rares prolétaires réellement autodidactes de les analyser et de les réinterpréter en fonction de nos intérêts de classe !
Pour l’instant, pour les pseudos-« opposants » de tous poils, c’est sujet tabou, terra incognita…
Pour ma part, réinterpréter ces sources à la lumière des idées de Marx, et notamment celles initialement développées dans ses Grundrisse, cela me paraît être une démarche féconde pour comprendre le monde actuel et tenter de débroussailler l’ébauche d’une perspective politique prolétarienne contemporaine.
En ce qui concerne la question de la transition, et le rôle, ou plutôt, le « non-rôle » historique du « Programme de Transition » de Trotsky, la question a précisément été longuement étudiée sur TML, y compris lors de très longs et laborieux débats avec M. Viriato. Par la suite, une étude plus spécialement consacrée au contenu lui-même de ce programme, resitué à la fois dans son contexte et dans une perspective actuelle (…en 2019) est parue, initialement sur TML, et ensuite republiée dans une version Agoravox,
Transition anticapitaliste : En revenir à Marx ne passe pas par Trotsky !
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/transition-anticapitaliste-en-219324
Mais également sur VLR >>>
TRANSITION ANTICAPITALISTE : En revenir à Marx ne passe pas par Trotsky !
http://mai68.org/spip2/spip.php?article4703
Aujourd’hui, suite à la dite « crise du covid » et à ce qu’elle a permis de mettre à jour en matière, précisément de « transition » économique et sociale, je ne réécrirais sans doute pas l’article à l’identique.
En effet, si le problème de l’article est de situer ce que Trotsky entendait par « transition », le problème plus général est de comprendre que la société humaine étant par essence un phénomène évolutif, toute époque est en fait une société de transition entre deux stades de cette évolution, les périodes particulièrement instables et troublées, et notamment, révolutionnaires, marquant les périodes de basculement plus ou moins rapide entre deux stades.
La question importante, à chaque époque, étant donc de comprendre entre quoi et quoi se produit la transition en cours, et, éventuellement, que faire, (n’est-ce pas !), pour l’orienter plutôt dans une direction ou l’autre, en fonction des intérêts de classe auxquels on se sent attaché…!
En ce qui concerne l’époque de Trotsky, la question était donc de savoir si l’époque était à une transition entre capitalisme et socialisme, capitalisme et communisme, ou autre…
A cette question, la réponse de Marx, (Critique du Programme de Gotha - CPG), était que l’époque, en son temps, était donc à une « transition » vers le communisme, qu’il appelait « première phase du communisme », basée sur la dite « dictature du prolétariat » et que l’on a couramment et classiquement désignée comme « socialisme », par la suite, concept aussitôt largement galvaudé par les uns et les autres, et notamment, par les réformistes sociaux-démocrates.
Le socialisme, considéré selon les critères de la CPG, est donc par essence et par définition une « transition » entre capitalisme et communisme.
La question, induite par Trotsky dans ses écrits "théoriques", est de savoir s’il existe, en plus, une période de « transition » entre capitalisme et socialisme. C’est-à-dire une « transition trotskyste » vers la « transition socialiste », une étape intermédiaire supplémentaire entre capitalisme et communisme, se plaçant avant même la transition socialiste et repoussant d’autant l’échéance éventuelle vers le socialisme et le communisme.
C’est ce à quoi correspond donc le « Programme de Transition » écrit par Trotsky en 1938.
Aujourd’hui, suite aux leçons historiques que l’on peut tirer de la crise de 2020 et déjà, en fait, de celle de 2008, dont celle de 2020 est la suite, la situation se pose donc tout à fait différemment, vu que nous vivons déjà concrètement une période de « transition » entre capitalisme « classique » et banco-centralisme, en voie d’établissement complet sur la planète, sauf résistance héroïque de la Russie et de ses alliés.
C’est donc ce qu’illustre particulièrement le doc INSEE concernant la quasi disparition de la classe ouvrière industrielle en ïle de France, objet du présent article.
Situer le « stade mental » idéologique de LO en 1914-18 ou en 1938 ne fait donc pas une différence fondamentale…
Quand je parle « d’avancer les revendications politiques qui créeront les conditions indispensables de la réelle satisfaction des revendications sociales, même les plus urgentes », je précise donc « revendications politiques », « au-delà de la formulation des revendications immédiates », et, dans un article aussi court il n’est donc évidemment pas possible de développer, précisément, ce que peut être une « transition », dans les conditions actuelles, vers une alternative au banco-centralisme.
La construction d’une telle alternative implique évidemment une prise de conscience collective de l’évolution actuelle de la société, et on en est encore manifestement très loin.
Mais incontestablement, et pour répondre précisément à ta question, toute avancée révolutionnaire implique une transition plus ou moins rapide entre deux stades caractéristiques de l’évolution de la société, et si le socialisme, dont les bases économiques sont à mon avis fort bien définies dans la CPG, était donc la véritable « transition » à partir de laquelle rompre avec le capitalisme, il reste donc aujourd’hui à définir ce qu’est une « transition » qui nous permette de rompre avec le banco-centralisme, et, dans la foulée, avec les restes du capitalisme « classique », s’il en reste, au moment où les choses bougeront sérieusement, un de ces jours…
Pour l’instant il est évident que le lien est déjà à faire entre les revendications économiques immédiates et les revendications politiques de soutien à la lutte du peuple russe, notamment contre les envois d’armes et les dites « sanctions économiques » dont les prolétaires, ici même, payent l’essentiel du prix… !
Luniterre
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(* "pleurnicheurs après-coup" dont le camarade A_Suivre nous a récemment offert un échantillonnage remarquable : http://mai68.org/spip2/spip.php?article13008 )
( ** http://ekladata.com/OIWn1VCOxxL_53AsWozVv3zRCeQ/CONCERNANT-LA-FERMETURE-DU-BLOG-TML-27-03-2021.pdf )
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SUITE DE L’ÉCHANGE, SUITE À >>>
http://mai68.org/spip2/spip.php?article13007#forum10935
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Re…
En ce qui concerne la conscience nationale de Vladimir Poutine, je n’ai pas d’illusions particulières sur le fait qu’il serait tout à fait consciemment un combattant « anti-banco-centraliste ».
Pas plus que les différentes castes de la bourgeoisie, jusqu’ici, n’ont eu conscience d’être les représentants de tel ou tel stade du capitalisme !
Au cours du dernier siècle et demi, différentes castes de bourgeoisies nationales de différents pays sont passées au stade impérialiste ou bien ont régressé au stade comprador, selon les circonstances qui les y ont poussé ou contraintes, en fonction de leurs intérêts particuliers et de classe.
Il n’est donc pas tout à fait exclu que la fraction dominante de la bourgeoisie russe, actuellement « nationale », s’intègre au système banco-centraliste mondialisé, dans un avenir plus ou moins proche, et je dirais même que le risque que cela se produise est encore bien plus grand que celui de voir se former véritablement un « impérialisme russe », ce qui exigerait un développement exponentiel de l’économie et de la finance russes, perspective tout à fait improbable dans le contexte actuel.
Par comparaison, il a fallu exactement un demi-siècle, dans des conditions pourtant nettement plus favorables, à la Chine, pour passer du capitalisme national bureaucratique de Mao Zedong au social-impérialisme de Hue Jintao et au banco-centralisme de Xi Jinping, pour simplifier et faire court, entre les accords Mao-Nixon de 1972 et la situation actuelle.
Mais pour l’instant, et depuis la « sortie de crise » au Bélarus, à l’automne 2020, suite à la réélection de Loukachenko, la tendance, en Russie comme au Bélarus et dans quelques autres pays, est au renforcement de la Résistance des bourgeoisies nationales et des populations de ces pays, même si cela ne se fait pas sans difficultés, et parfois importantes.
Pour l’instant, avec les engagements politiques et économiques pris par Poutine à l’égard du Donbass et de l’Ukraine russophone, on ne voit pas que cette tendance puisse s’inverser rapidement, mais l’histoire, bien sûr, n’est jamais écrite d’avance.
Poutine, évidemment, n’utilise pas (…pas encore !!!) le dénominatif de banco-centralisme, dans ses analyses et ses discours, mais leur contenu est tel que je me trouve carrément le plus souvent en accord avec sa pensée, et parfois même, carrément, mot pour mot.
L’essentiel n’est donc pas, pour l’instant, de nommer avec précision le phénomène, mais de commencer à le combattre, sur le terrain, et c’est précisément ce que fait la Russie de Poutine, contrairement à nos « gauchistes » et autres « gaucho-mélencho-trotskystes » !
C’est aussi ce qui se passait, sur le terrain, même si bien plus modestement, avec les manifs « anti-pass », où le propos « anti-banco-centraliste » semblait s’intégrer naturellement, sans pour autant qu’une prise de conscience claire du phénomène n’y apparaisse.
Néanmoins, à travers le danger totalitaire orwellien que représente le pass nazitaire une ébauche de conscience concernant la question des Monnaies Numériques de Banque Centrale, MNBC (…CBDC en anglais), a pu commencer à se former dans le public de ces manifestations :
« ALLOCUTION PRONONCÉE AU DÉPART DE LA MANIFESTATION DE LA RÉSISTANCE ROANNAISE LE 15/01/2022 [EXTRAIT]
« […]Ce que montre l’acharnement du pouvoir, c’est qu’en réalité il ne veut pas la fin de l’épidémie, il veut continuer de faire les affaires de Big Pharma et surtout continuer d’imposer le passe vaccinal. Dans cette démarche, il trouve le renfort de l’Organisation Mondiale de la Santé, l’OMS, qui refuse d’admettre qu’Omicron signe la fin de l’épidémie.
Après le passe « sanitaire », voici donc, au service du mondialisme, le passe « vaccinal », et demain ce sera :
>>> Le « passe vert » incluant l’identité numérique, déjà proposé en France par Thalès,
Et après demain ce sera :
>>> la Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC), déjà en projet et en tests interbancaires.
Dès Juin 2021 un Rapport du Sénat confirmait la volonté de la classe politique française Kollabo, acquise au mondialisme banco-centraliste, d’instaurer un « crédit social à la française », tout à fait sur le modèle du « crédit social à la chinoise ».
C’est ce que confirme, à nouveau, le vote zélé des députés et des sénateurs, ces jours-ci.
A l’aide d’un « passe » unique, pouvoir contrôler toute la vie de la population jusque dans ses moindres détails, voilà l’objectif du pouvoir macronien et de tous les partis Kollabos en France comme partout ailleurs dans le monde.
Le « passe vaccinal », après le « passe sanitaire », constitue un nouveau pas en avant du pouvoir dans cette marche forcée vers la dictature mondialiste banco-centraliste…[…] »
Tous contre le passe vaccinal ! Tous contre la dictature mondialiste banco-centraliste !
https://mai68.org/spip2/spip.php?article10592
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Evidemment, le pouvoir a réussi à désamorcer ce mouvement, comme il l’avait fait avec les Gilets Jaunes, même si par d’autres méthodes.
A présent, et même si ce n’est, malheureusement, qu’avec les manifs nationalistes de Florian Philippot, un nouveau souffle de Résistance commence à se lever sur le thème de la lutte contre le bellicisme macronien en Ukraine.
C’est évidemment un vecteur potentiel de prise de conscience de toutes ces questions, et c’est aux rares militants de gauche conscients de cette problématique nouvelle de faire avancer la nouvelle Résistance vers des objectifs qui soient clairement de progrès social tout en maintenant fermement le cap essentiel antimondialiste et anti-banco-centraliste !
Luniterre