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« Hitler ne voulait pas exterminer les juifs à l‘époque. Il voulait simplement les expulser. »
Benjamin Netanyaou
Plus que jamais, les deux poids deux mesures semblent régir l’application du droit à l’échelle internationale. Vladimir Poutine s’est vu, comme chacun sait, accusé en mars 2023 du « crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) et du crime de guerre de transfert illégal de population (enfants) » et ce, de « certaines zones occupées de l’Ukraine vers la Fédération de Russie ». À lire les commentaires publiés dans les médias occidentaux, il s’agirait là d’une « exaction de type génocidaire », et le mandat d’arrêt délivré contre « le maître du Kremlin » par la Cour pénale internationale serait amplement justifié. On ne s’arrêtera pas toutefois sur le bien fondé plus que douteux de ces accusations, d’autant qu’elles font bon marché des milliers de morts civils, dont un pourcentage conséquent d’enfants, victimes des bombardements indiscriminés de la population russophone du Donbass par l’armée kiévienne ou des méfaits sadiques des milices ukro-nazis qu l’avaient pris pour cible qui se sont succédés depuis le coup d’État du Maïdan en 2014.
Ce qui, plutôt, devrait attirer l’attention, c’est l’impunité dont jouissent les dirigeants d’Israël de la part d’une instance judiciaire censée mener des enquêtes, engager des poursuites et juger les personnes accusées d’avoir commis les crimes les plus graves qui touchent, au moins sur le plan éthique, l’ensemble de l’humanité. Qu’il s’agisse du crime de génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou du crime d’agression, l’État sioniste coche toutes les cases. Cependant, ce qui valait depuis sa fondation en 1948, année où il a mis en route sa politique d’élimination de la population palestinienne, vaut à plus forte raison depuis les exactions et massacres en tous genres qu’il opère sans discontinuer dans la bande de Gaza en représailles à la série d’attaques sanglantes lancées le 7 octobre 2023 depuis la frontière avec Israël par les combattants du Hamas, appuyé par le Jihad islamique palestinien, le Front populaire de libération de la Palestine et le Front démocratique pour la libération de la Palestine. Les atrocités commises à la chaîne par la soldatesque sioniste, au sol ou depuis les airs voire la mer ne se comptent plus, tâche rendue difficile, il vrai, par le nombre cadavres qui ne cessent de s’accumuler sous les décombres des édifices détruits. Les habitants avaient cru pouvoir s’y réfugier au moment même où le régime colonialiste israélien avait entrepris de convertir le camp de concentration à ciel ouvert qu’était devenue la bande de Gaza en camp d’extermination. À cet égard, les descendants proches ou lointains des victimes de la Shoah se montrent les dignes successeurs, si l’on peut dire, de leurs prédécesseurs du IIIe Reich.
Priver de nourriture, d’eau potable et de médicaments, voire d’électricité et de télécommunications, des gens dont le seul sort serait de ne pas entrer dans le moule judéo-nazi, transformer leurs lieux de vie en lieux de survie puis de mort, telle est la tâche se sont assignée Netanyaou et sa clique de suprémacistes fascisants au nom du « droit d’Israël à se défendre ». Comme si l’autodéfense collective n’était pas le premier droit dont devrait bénéficier les peuples soumis, come les Palestiniens, au colonialisme ! Cela n’empêche pas ce mantra du « droit d’Israël à se défendre » d’être répété jusqu’à plus soif par les politiciens et les chroniqueurs euro-atlantistes, « influenceurs » soi-disant non conformistes compris, sans la moindre interrogation sur les mensonges éhontés qui leur tiennent lieu d’argumentation. Depuis le début de l’existence d’Israël en tant qu’État, cette justification a été utilisée pour refuser aux Palestiniens le droit à leurs biens, à leurs maisons, leur territoire et à leur liberté. Elle a servi à justifier le vol des terres palestiniennes à la suite des guerres de 1948 et de 1967, et à légitimer la mise en place d’une loi martiale inique durant plusieurs décennies. Laquelle autorise les arrestations et les emprisonnements les plus arbitraires et les traitements les plus brutaux des prisonniers, l’usage légal de la torture et les exécutions en série sans préavis. Cette rengaine du « droit d’Israël à se défendre » est invoquée à tout bout de champ, non seulement par Israël et ses partisans, mais aussi par les gouvernements amis des États-Unis, d’Europe, du Canada, d’Australie et d’autres pays, relayés par leurs propagandistes médiatiques et une intelligentsia ayant perdu tout repère progressiste.
Pourtant, il en faudrait apparemment plus pour susciter l’indignation parmi ces beaux esprits. Et encore ! Ils ne paraissent pas s’être offusqués, par exemple, de l’exhibition publique de captifs palestiniens dénudés promis à un sort funeste, assis en plein soleil sur la chaussée d’une artère bombardée de Gaza ou entassés dans la remorque d’un camion les menant dans le désert vers une destination connue des seuls bourreaux de « l’armée la plus morale du monde ». Pas plus que du spectacle morbide de bébés alignés dans des linceuls de long de couloirs d’hôpitaux dévastés par l’aviation sioniste. Ou encore par la vue insoutenable de très jeunes survivants blessés, souvent amputés sans anesthésie faute de produits adaptés. « On n’a jamais vu autant d’enfants morts et blessés, jamais ! », s’indigne Rony Brauman, ancien vice-président de Médecins sans frontière. Ni autant de soignants voire de journalistes ciblés par des snipers, pourrait-on ajouter, témoins gênants qu’il s’agit de faire taire pour que les exploits mortifères du régime israélien pour résoudre la « question â palestinienne » demeurent sinon inconnus, du moins mal connus dans le reste du monde. « On ne savait pas » pourront alors prétendre les soutiens honteux de ce régime, comme leurs homologues allemands au lendemain de la défaite du IIIe Reich.
La question qui mériterait dès lors d’être posée serait : « à partir de quel nombre de Palestiniens passés de vie à Trépas au nom du « droit d’Israël à se défendre » serait-on autorisé de parler de « génocide » sans être traité d’antisémite ? Certes, les millions de civils de tous âges tués au cours des multiples interventions militaires menées par l’impérialisme étasunien depuis la fin de la seconde guerre mondiale pour maintenir son emprise sur la planète, sans que leur initiateurs se soient ensuite retrouvés, comme les criminels allemands du tribunal de Nuremberg, sur le banc des accusés, laissent encore de la marge au chef de l’État d’apartheid sioniste. Lequel compte bien en profiter pour multiplier les annonces triomphantes et sans complexe de la poursuite d’une boucherie accrue à son initiative et à celle de ses pareils. Les quelques 20. 000 et quelques morts palestiniens, dont environ 6.000 enfants, recensés à la fin du mois de décembre, ne leur suffisent apparemment pas.« La guerre ne s’arrêtera pas, clame à qui veut l’entendre le Führer de la solution finale du « problème palestinien ». Elle durera jusqu’à la fin, jusqu’à ce que nous les exterminions », promet-il à la cantonade. Un anéantissement programmé qui n’épargnera sans doute pas non plus les habitants palestiniens de Cisjordanie ni ceux de Jérusalem-est récalcitrants à la poursuite d’un nettoyage ethnique en bonne et due forme bien au-delà de la bande de Gaza.
Que dire de plus sinon que nous nous trouvons aujourd’hui, par l’entremise de l’État sioniste, face à un paradoxe qui confirme l’état de décomposition avancée de ce que l’on persiste à appeler, par ignorance ou par complicité, la « civilisation occidentale ». Après les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale, la soi-disant communauté internationale avait décidé d’élaborer une Charte Internationale de Droits, pour affirmer les valeurs mises en avant dans la lutte contre le fascisme et le nazisme. Or, le hasard ou la nécessité ont voulu que ce soit l’État fondé en mémoire des victimes majeures de ces horreurs qui foule aux pieds aujourd’hui ces valeurs avec le plus d’ardeur.