Intéressante réflexion du camarade Do sur l’état du monde actuel, et singulièrement, sur l’évolution de l’Occident. Au cours d’un des multiples débats « médiatiques », genre LCI, sur le sujet de la dernière « éruption guerrière » verbale de Macron, les participants, tous évidemment ennemis de la « méchante » Russie, indépendamment de leurs prétendues « couleurs politiques », en France, faisaient donc le constat étrangement unanime de la « supériorité » formellement écrasante des budgets militaires de l’Occident et de ses moyens militaires déjà existants, de l’ordre de 10 contre un, comme ordres de grandeur, au moins, cités contre la Russie !
Mais néanmoins, le constat non moins unanime est que cela reste « insuffisant », donc, pour vaincre la « méchante » Russie ne serait-ce que sur le seul et malheureux terrain ukrainien…
Il y a donc là une sorte de paradoxe, mais qui reflète bien cette réalité que la société occidentale est dans une sorte d’impasse, dont elle ne sait comment sortir.
« Crise du capitalisme », ou marche en avant forcée du banco-centralisme ?
On en revient toujours à cette réalité que les périodes de transition, (mais en est-il d’autres ?), sont marquées de phases d’ « équilibres » complexes entre des force contradictoires, jusqu’à ce que l’une l’emporte durablement sur l’autre.
Jusqu’à présent l’émergence d’une nouvelle classe dominante s’est pratiquement toujours faite avec l’émergence de nouveaux rapports de production, de nouveaux modes de production.
Mais avant que le nouveau ne s’établisse durablement, il y a donc « coexistence » entre deux modes, et deux fractions de la classe dominante, qui, même si elles ont des affrontements d’intérêts entre elles, ont néanmoins un intérêt commun : maintenir les classes sociales « inférieures » dans la dépendance et la soumission.
En ce sens, il en va bien ainsi de la « transition » capitalisme/banco-centralisme.
L’échec constaté de fait par cet aréopage « médiatique » c’est donc l’impasse du capitalisme monopoliste actuel, en tant que « moteur de développement », même pour cette classe de monopolistes, précisément.
Ce n’est donc pas véritablement une « crise » passagère, même violente, dans la dynamique exponentielle qui était celle du capitalisme depuis le début du XIXe siècle, mais bien la fin d’un cycle historique, même si les choses ne se passent pas comme dans le manuel du « parfait marxiste » qui n’a précisément jamais lu Marx, et sinon, pas compris l’essentiel, manifestement.
Le banco-centralisme apparaît pourtant tout à fait comme une nécessité de l’évolution des forces productives, liée à l’émergence des nouvelles technologies dans tous les domaines.
C’est à l’aune de cette réalité qu’il faut donc éclairer la problématique très bien vue qui est ta conclusion :
"Ces gens-là aiment la guerre. Ils pensent peut-être que la guerre, quelle qu’elle soit, quelque soit l’ennemi, relancera l’économie et sauvera la capitalisme une fois de plus. Comme d’habitude.
À BAS LE CAPITALISME ET À BAS L’ÉCONOMIE
Et le banco-centralisme, quel est son rapport à la guerre ? Veut-il sauver le capitalisme, lui dont l’avenir est la fin du capitalisme ?
Y a-t-il au fond une guerre entre le capitalisme et le banco-centralisme ?
Et bien non, car le "quoiqu’il en coûte", c’est encore un peu plus de banco-centralisme.
À BAS LE BANCO-CENTRALISME !"
Donc, effectivement, il existe encore en Occident une classe monopoliste puissante, et qui tente de survivre, bien qu’elle se voit elle-même confrontée à sa propre impasse, même telle que décrite par ses propres médias donc.
La faction banco-centraliste, bien qu’ultra-minoritaire, tient néanmoins les leviers monétaires et donc financiers essentiels qui permettent aux monopoles de survivre.
La classe banco-centraliste est bien issue des nouveaux rapports de production générés par les nouvelles technologies, et qui réduit, et à terme, exclut totalement, la classe des travailleurs directement productifs, limitant progressivement la classe salariée à quelques emplois de services non encore « robotisés ».
Le travail productif « résiduel », notamment dans les industries d’armement, est donc un « poumon artificiel de survie » du capitalisme monopoliste, qui n’est donc plus « en crise », mais déjà bien en état de survie « artificielle », maintenue telle par le banco-centralisme, dans la période de transition.
Ce qui n’exclut pas des « conflits » entre monopolistes qui voudraient retrouver une « rentabilité » et banco-centralistes, qui sont pourtant désormais leurs indispensables « parrains », jusqu’au transfert complet vers le contrôle monopoliste banco-centraliste total, en construction, simplement par nécessité de survie de la classe dominante en tant que telle.
Le « Quoi qu’il en coûte ! » est donc l’interface typique de la transition, et s’il fait débat, c’est précisément sur la limite de la dépendance des monopoles « capitalistes » à l’égard du banco-centralisme.
Le constat est donc bien que la guerre actuelle « Occident Vs Russie » a une double fonction : maintenir en survie les monopoles moribonds en termes de « rentabilité » et renforcer, bon gré mal gré, leur dépendance à l’égard du banco-centralisme, et cela de manière de plus en plus irréversible, comme cela semble donc désormais ressortir du débat ou de l’émission que tu cites.
Pour autant, la guerre entre l’Occident et la Russie n’est-elle pas typiquement une guerre entre le banco-centralisme et le capitalisme ?
La dynamique des forces productives qui pousse l’évolution du capitalisme vers le banco-centralisme est évidemment à l’œuvre à l’échelle mondiale, et notamment en Chine, même si avec des prémisses et un parcours légèrement différent, et on ne peut pas dire non plus qu’elle soit totalement inopérante en Russie, avec les diverses contradictions internes que l’on peut observer dans ce pays.
Au XIXe siècle, on ne peut pas dire non plus qu’il y a eu une guerre frontale du capitalisme industriel naissant contre les autres systèmes économiques plus archaïques, mais le résultat de l’expansion capitaliste, sous toutes ses formes, et donc aussi « guerrières » est bien le résultat d’une telle guerre sous-jacente.
Et au cours des deux siècles écoulés il y a bien eu aussi une « résistance » des formes les plus « artisanales » et primitives du capitalisme, par rapport à la tendance monopoliste principale !
Et compte tenu de l’inégalité de développement entre les différentes régions du monde, on ne peut que constater que cette « lutte » continue, alors même que le capitalisme monopoliste est lui-même dans une phase d’agonie avancée dans les métropoles occidentales !
De sorte que le « petit » capitalisme, local, « artisanal », voire même et surtout « national », est à la fois en lutte, qu’il le veuille ou non, contre ce qui est en fait le « front commun de survie » qui lie le capitalisme monopoliste au banco-centralisme, et donc, de fait, le « petit capitalisme » est bien en lutte essentielle et existentielle contre le banco-centralisme.
Dans le cas de la Russie le constat est que ce pays est parvenu à survivre en se tenant suffisamment à l’écart des courants monétaires banco-centralistes mondialisés pour développer une capacité de résistance tout à fait remarquable, dans la guerre actuelle, dite « Opération Spéciale », en Ukraine et au Donbass.
Cela tient au fait que la plupart des entreprises russes, même celle qui nous apparaissent comme des monopoles « oligarchiques », et qui le sont réellement, assez souvent, n’en sont pas moins les héritières, directes ou indirectes, du capitalisme « d’État » national-bureaucratique de la dernière phase de l’ère soviétique, commencée sous Khrouchtchev, et qui n’est jamais parvenue au stade du capitalisme monopoliste financier, quoi qu’aient pu en dire quelques pseudos-« analystes de gauche » en Occident.
C’est donc bien en ce sens qu’en l’état actuel la guerre de l’Occident contre la Russie et bien une guerre du banco-centralisme contre ce qui reste de significatif, à l’échelle mondiale, du capitalisme « classique ».
La survie du capitalisme « classique » en Russie comme dans d’autres régions du monde, tient donc, et nécessairement provisoirement, au relatif « retard » de développement des rapports de production, qui y repose encore essentiellement sur le travail humain productif, plutôt que sur l’économie de « services » archi-dominante, en Occident.
L’ « avantage », très relatif et provisoire, de cette situation, c’est donc que dans les pays de capitalisme « national », comme la Russie, des forces sociales progressistes sont encore potentiellement à l’œuvre, dans leur développement économique.
Pour l’instant, et malheureusement assez durablement, semble-t-il, le constat est bien, à l’échelle mondiale, que les forces sociales prolétariennes potentiellement « progressistes » ont été totalement écrasées, et depuis des décennies, déjà.
La question est donc de savoir si elles peuvent resurgir, en tant que force politique en soi et pour soi, à l’occasion des présents conflits. Pour l’instant on ne peut que l’espérer, vu que les indices d’un réveil des consciences sont pour le moins difficiles à percevoir, d’un point de vue tout simplement réaliste.
Ce qui est certain, par contre, c’est que les faibles germes d’une renaissance qui se trouvent encore dans les pays de capitalisme « national » en lutte de fait contre le banco-centralisme seront durablement écrasés avec les bourgeoisies nationales de ces pays s’ils venaient à capituler totalement sous la poussée du mondialisme banco-centraliste.
Par défaut ces luttes de résistance nationale prennent donc une importance « révolutionnaire » par rapport à la marche en avant plus ou moins inexorable, sinon, du banco-centralisme mondialisé.
Et tout le déluge de propagande « antirusse » qui se déverse dans les médias est bien le reflet de cette étrange réalité.
Mais avoir une vue réaliste de la situation des forces économiques et sociales au XXIe siècle n’empêche pas d’avoir une réflexion sur les possibilités de reconstituer une force politique prolétarienne : c’en est même la condition de base, sine qua non.
Ce qu’il faut résolument abandonner c’est tout le baratin idéologique plus ou moins fondé sur l’illusion millénariste de la « crise finale » du capitalisme, comme ouvrant « historiquement » la voie au socialisme, à l’issue d’un « Grand Soir » plus ou moins fantasmé selon les « tendances idéologiques » des uns ou des autres, sur la base d’une pseudo-« lecture » atrophiée et dogmatique de quelques citations de Marx.
Luniterre
Pour aller plus loin sur l’origine et la formation du banco-centralisme :
+Nombreux liens à la suite…
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