Répression aux USA : Au moins 120 étudiants ont été arrêtés dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 avril 2024 devant des locaux de la prestigieuse université de New York (NYU). Leurs crimes : avoir participé à des manifestations étudiantes pro-palestiniennes. De nombreuses universités américaines parmi les plus connues se sont retrouvées au cœur de l’actualité avec des mobilisations contre la guerre à Gaza. C’est d’abord à l’université de Columbia, à New York, qu’est partie cette nouvelle vague de protestation : une centaine d’étudiants, réclamant la fin de la guerre qui ravage Gaza et que leur établissement boycotte toute activité en lien avec Israël, y ont été interpellés la semaine dernière.
Répression en France : Les CRS sont intervenus dans la nuit de mercredi 24 avril 2024 pour expulser une centaine d’étudiants de Sciences Po Paris qui avaient planté leurs tentes au sein de leur campus, à l’image des étudiants de Harvard et de Columbia, afin de donner de l’écho à leur révolte face au massacre en cours dans la bande de Gaza et aux tentatives de faire taire en France les voix appelant à un cessez-le-feu. L’Union étudiante de Sciences Po Paris dénonce le « tournant autoritariste sans précédent » au sein de l’école, après cette intervention policière.
États-Unis : au moins 120 étudiants arrêtés à New York après des manifestations pour Gaza
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24 avril 2024
Manifestation « All out for Gaza » à l’Université Columbia, à New York, le 15 novembre 2023. / Bryan R. Smith/AFP
Au moins 120 personnes ont été arrêtées dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 avril devant des locaux de l’Université de New York aux États-Unis après des manifestations étudiantes pro-palestiniennes. Si elles ont toutes été relâchées, la colère reste vive sur les campus américains.
Au moins 120 étudiants ont été arrêtés dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 avril devant des locaux de la prestigieuse université de New York (NYU). Leurs crimes : avoir participé à des manifestations étudiantes pro-palestiniennes. De nombreuses universités américaines parmi les plus connues se sont retrouvées au cœur de l’actualité avec des mobilisations contre la guerre à Gaza. C’est d’abord à l’université de Columbia, à New York, qu’est partie cette nouvelle vague de protestation : une centaine d’étudiants, réclamant la fin de la guerre qui ravage Gaza et que leur établissement boycotte toute activité en lien avec Israël, y ont été interpellés la semaine dernière.
« Ils nous réduisent au silence »
À Yale, une cinquantaine de personnes ont été arrêtées dans des circonstances similaires. Le scénario est le même à l’université de New York, selon une lettre de l’université publiée par la police et appelant les agents à « évacuer les manifestants ». Pour justifier son recours à la police, la direction a affirmé avoir constaté des comportements « hostiles et perturbant l’ordre public ». « Nous avons aussi appris qu’il y avait des slogans intimidants et que plusieurs incidents antisémites avaient été rapportés », a déclaré l’une de ses porte-paroles.
Une association de professeurs de NYU a vivement dénoncé cette décision « capricieuse et injustifiée » d’appeler les forces de l’ordre à la rescousse, affirmant en outre n’avoir observé aucun comportement antisémite. « Personne sur la place n’a été, à aucun moment, violent ou antisémite, que ce soit en paroles ou en gestes », a déclaré l’Association américaine des professeurs d’université.
Si les étudiants interpellés ont tous été relâchés, la colère était vive sur les campus, au lendemain de ces arrestations. « L’administration de mon université, mes élus au Congrès et même le président se comportent comme s’ils étaient des porte-parole de la communauté juive, assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme. Ils nous réduisent au silence, nous suspendent », a par exemple dénoncé devant la presse, Sarah Borus, une étudiante juive pro-palestinienne du Barnard College de l’Université de Columbia, rapporte l’Agence France-Presse.
Sciences Po Paris : les CRS ont évacué dans la nuit des étudiants qui occupaient leur campus en soutien à Gaza
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25 avril 2024
Assawra
À l’image des campus de Harvard et de Columbia, Sciences Po est devenu le théâtre d’un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza. / Poitout Florian/ABACA
Les CRS sont intervenus dans la nuit de mercredi pour expulser une centaine d’étudiants de Sciences Po Paris qui avaient planté leurs tentes au sein de leur campus, à l’image des étudiants de Harvard et de Columbia, afin de donner de l’écho à leur révolte face au massacre en cours dans la bande de Gaza et aux tentatives de faire taire en France les voix appelant à un cessez-le-feu. L’Union étudiante de Sciences Po Paris dénonce le « tournant autoritariste sans précédent » au sein de l’école, après cette intervention policière.
Ils ont été délogés manu militari, au milieu de la nuit. Les CRS ont fait irruption mercredi 24 avril pour expulser la centaine d’étudiants de Sciences Po qui avaient planté, sans heurts, ni désordres, leurs tentes dans une cour du campus Saint-Thomas, en fin d’après-midi. Un mouvement d’occupation en signe de révolte contre le massacre en cours dans la bande de Gaza, à l’image de celui qui embrase actuellement les campus de Harvard et de Columbia, aux États-Unis, vent debout contre la politique menée par l’administration Biden dans ce conflit. Cette occupation avait été décidée après une après-midi de débats, de prises de parole et de conférences, où plus de 150 étudiantes et étudiants réunis en assemblée générale ont voté pour occuper le campus situé au 1, place Saint Thomas d’Aquin, dans le 7e arrondissement de Paris.
« La honte ! La honte ! », ont scandé les étudiants, face aux forces de police, arrivées Boulevard Saint Germain dès 21 heures, au sein d’une vingtaine de camions.
« Sciences Po prend un tournant autoritariste sans précédent »
Dans un communiqué publié aujourd’hui dans la matinée, l’Union étudiante de Sciences Po Paris s’est émue de cette intervention policière, qui aurait été décidée par l’administrateur provisoire Jean Bassères « pour expulser de force des étudiant.es qui manifestaient pacifiquement pour la paix à Gaza ». Une décision jugée « choquante et profondément préoccupante ». « En faisant le choix de la répression plutôt que du dialogue face à des étudiant.es mobilisé.es contre un massacre en cours, la direction de Sciences Po prend un tournant autoritariste sans précédent », dénonce l’association.
Une décision qui amplifie la révolte des étudiants confrontés à la « répression croissante du mouvement pro-palestinien à Sciences Po et dans le reste des universités ». Ils s’insurgent plus généralement contre la répression et à la criminalisation en France des voix appelant à arrêter la folie meurtrière du gouvernement israélien.
Annulation d’une autre conférence de Rima Hassan à Dauphine
En témoigne l’annulation d’une nouvelle conférence de Rima Hassan, la candidate de la France insoumise, qui devait intervenir à Paris Dauphine PSL le 6 mai. Une nouvelle défection, qui intervient quelques jours après celle de l’université de Lille, interdite par le préfet du Nord, le jeudi 18 avril, et s’inscrit dans une campagne d’intimidation, faite de convocations policières et de procès pour « apologie du terrorisme ». Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de la CGT du Nord, vient ainsi d’être condamné à un an de prison avec sursis en raison d’un communiqué, publié en octobre dernier, de soutien à Gaza, après la réplique israélienne à l’attaque du Hamas.
Mathilde Panot, députée LFI et présidente de son groupe à l’Assemblée nationale, vient pour sa part d’être l’objet d’une convocation policière également pour « apologie du terrorisme », comme Rima Hassan l’a été avant elle. Cette dernière a apporté, sur son compte X (ex-Twitter) son soutien à l’initiative des étudiants de Sciences Po, leur assurant : « Vous êtes du bon côté de l’histoire. (…) Sans le savoir vous êtes en train de guider nos sociétés. »
Cet événement intervient un mois et demi après l’occupation d’un amphithéâtre de Sciences Po par une centaine d’étudiants manifestant leur soutien à Gaza, qui s’inscrivait dans le cadre de la journée européenne des universités contre le génocide à Gaza, à l’appel de la Coordination universitaire européenne contre la colonisation en Palestine (CUCCP).
Elle avait donné lieu à des accusations, qui se sont avérées non fondées, mettant en cause l’exclusion d’une étudiante juive. Une énième polémique, largement attisée par la bollorosphère, qui avait pris le pas sur l’objet même de la mobilisation, contribuant encore une fois à faire taire toute critique à l’encontre d’Israël. Avec le concours actif du gouvernement. Mercredi 13 mars, au lendemain des faits, le premier ministre Gabriel Attal s’était immiscé dans l’affaire, en se rendant rue Saint-Guillaume pour rencontrer le Conseil d’administration, et avait annoncé saisir la justice, après que le président de la République est lui-même intervenu dénonçant des propos « inqualifiables et parfaitement intolérables ».
Pour l’Union étudiante de Sciences Po Paris, après cette intervention des CRS, « la volonté de reprise en main de l’établissement, annoncée par Gabriel Attal devant le Conseil d’administration après la mobilisation du 12 mars, semble malheureusement déjà à l’œuvre ».
Hayet Kechit
L’Humanité du 25 avril 2024