La réponse de do est tout en bas de l’article, dans un cadre de la même couleur que celui-ci. Lisez donc l’article en premier.
Mai 68 un mouvement prolétarien international ou révolte petite-bourgeoise ?
http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…
Par Robert Bibeau sur son site
Par Mesloub Khider
« Comment peut-on penser librement à l’ombre d’une chapelle (église, mosquée, temple ou synagogue) ? » Mai 68
En ce jubilé de Mai 68, cuvé avec modération, après l’avoir vendangé avec radicalisation, fêté dans l’ivresse de la réussite sociale par les anciens soixante-huitards, l’élite française, les hommes politiques tous partis confondus (aux programmes confondant de vacuités), tout comme les médias aux ordres juste aptes à déverser des ordures d’informations, commémorent à leur façon le grandiose Mai 68.
En le couvrant au passage soit du linceul mortuaire, pour certains, soit d’un tombereau de mensonges, pour d’autres. Parmi les contrevérités colportées par ces coqs gaulois, au premier rang figure ce mensonge de la « spécificité française » dans la production du mouvement Mai 68.
Rien n’est plus faux. La primauté n’en revient absolument pas à la France. La loyauté voudrait qu’on rétablisse la vérité, pour laver l’honneur de ces vagues de révoltes mondiales très en vogue en cette décennie soixante diablement agitée. En cette époque des musiques iconoclastes débridées et des danses aux déhanchements endiablés. En cette période de la mini-jupe affriolante, et du maxi-shoot fortifiant.
A force d’avoir sniffé la spécificité culturelle française, nos intellectuels français ont fini par avoir des visions étroitement hexagonales. Pour ces descendants de Louis XIV, la Culture c’est eux. Dans la même lignée de l’État c’est moi, cher au Roi Soleil, ils pourraient proclamer : « la Révolte, c’est nous ».Hors de la France, point de salut révolutionnaire. Le monde s’ennuie. Nous on nuit, par notre exceptionnelle propension à la révolte. La révolte est une fabrication française, brevetée dans les musées de l’histoire. Et Mai 68 constitue une spécificité française. Puisque, nous, les défroqués de la Révolution, les rangés du militantisme communiste stalinisé-maoisé-trotskysé, les intégrés au système capitaliste triomphant, on vous l’affirme. Ainsi, selon nos têtes blondes chenues dé-pouillées de leurs vieilles pensées ré-faux-lutionnaires, le mouvement soixante-huitard serait une spécificité française. Une production hexagonale. De fabrication artisanale française, œuvre d’authentiques Français aux mains d’orfèvre, mais à la cervelle de fève.
En réalité, Mai 68 s’inscrit dans une dynamique internationale. Mais pour nos plumitifs de service, Mai 68 est purement français. Il aurait démarré dans la nuit du 22 mars à Nanterre. Grâce à la seule prodigieuse éloquence stimulante de Cohn Bendit, appuyée par la maladresse politique de De Gaulle connu pour son paternalisme étouffant, le mouvement Mai 68 s’est ébranlé. Et ce fut la débandade pour De Gaulle. Cette érection de la personnalité de Dany le rouge en instigateur de la révolte contre le père De Gaulle dans une France impuissante, ne peut convaincre que les puceaux de la connaissance historique de la mouvance radicale.
L’histoire universelle objective, au contraire, nous apprend que Mai 68 s’inscrit dans une dynamique des luttes mondiales contre le capitalisme et l’impérialisme. Et cette dimension internationale est volontairement passée au second plan pour faire finalement de Mai 68 une “spécificité française”. En réalité, la vague de contestation étudiante commence dès 1964, à l’Université de Berkeley en Californie avec pour revendication le droit de parole, la fin de la ségrégation raciale et l’arrêt de la guerre au Viêt-Nam. Cette vague se propage ensuite au Japon à partir de 1965, en Grande-Bretagne fin 1967, en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Brésil, en Turquie et au Mexique début 1968. Mais surtout, Mai 68 appartient au mouvement ouvrier international.
La vague de grèves commence en France en 1967. Et atteint son paroxysme en Mai 68. Ensuite elle va ainsi secouer le monde jusqu’en 1974 : le fameux Cordobazo argentin, “l’automne chaud” italien en 1969, l’Espagne et la Pologne en 1971, en passant par la Belgique et la Grande-Bretagne en 1972, la Scandinavie, l’Allemagne.
La vague MAI 68 a même débordé les frontières de l’Europe et des Etats-Unis, pour atteindre l’Afrique. En Algérie, précisément à Alger, le désir de liberté s’est également exprimé (liberté et désaliénation). Les lycéens et étudiants algériens se joindront aussi au mouvement de révolte. Alger a vécu des mouvements de grèves, et des manifestations dans les rues, lourdement réprimées. Au moment du Grand festival panafricain de 1969, des hippies du monde entier convergeront vers Alger.
Par ailleurs, pour évacuer le caractère prolétarien de Mai 68, on focalise l’attention uniquement sur la “révolte étudiante”. Le caractère prolétarien est ainsi masqué par la mise en avant du mouvement étudiant.
La force de Mai 68, c’est la convergence des étudiants et des ouvriers, proclament aujourd’hui en chœur les gauchistes et les syndicalistes, à l’heure des manifestations et grèves perlées (bernées) actuelles.
.
En vérité, si Mai 68 a dynamisé la lutte partout dans le monde, c’est justement parce que la classe ouvrière ne s’est pas mise à la remorque du mouvement mais, au contraire, en est devenue la force motrice. Certes, au départ le mouvement étudiant des années 1960 était de nature petite-bourgeoise.
Un des aspects les plus clairs étant la volonté de « changer la vie tout de suite ». « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves ». « Il est interdit d’interdire ».
Mais, le mouvement de Mai 68 prend de l’ampleur et sa dimension de classe qu’à partir du moment où la classe ouvrière relève la tête par son entrée dans la lutte. Beaucoup ignore que le 22 mai 1968 a connu la plus grande grève de l’histoire. En effet, il y eut huit millions travailleurs en grève.
C’est alors la plus grande grève de l’histoire du mouvement ouvrier international. Tous les secteurs ont été concernés. Au cours de cette période, les facultés occupées, certains bâtiments publics comme le Théâtre de l’Odéon à Paris, les rues, les lieux de travail deviennent des lieux de discussion politique permanente. À cette époque, la répression féroce des étudiants mobilise de manière croissante la classe ouvrière portée par ses élans instinctifs de solidarité.
Et Marx et d’autres auteurs révolutionnaires s’inviteront dans toutes les bibliothèques des maisons des prolétaires et étudiants en quête de lectures radicales maximalistes afin d’étancher leur soif de connaissances du mouvement ouvrier et de parfaire leur formation militante.
En outre, contrairement aux élucubrations de la majorité des journalistes et analystes, Mai 68 n’a pas été une “révolution des mœurs”. En effet, toujours dans l’optique d’escamoter la configuration ouvrière du mouvement de révolte de masse, depuis des années on s’acharne à réduire frauduleusement Mai 68 à sa dimension “étudiante”, présentée comme le symbole de la libération sexuelle et des femmes. Contrairement au programme de libération de l’humanité de toutes les formes d’oppression, porté par le marxisme, incluant la libération de la femme, la petite-bourgeoisie estudiantine de 1968 revendiquait tout autre chose, à savoir la libération “maintenant et tout de suite” dans le capitalisme. C’est la politique du capitalisme libidinal. Et non pas du socialisme révolutionnaire. Tout le monde se ligue pour dégrader ce mouvement à une histoire de libération des mœurs.
La persévérance de la bourgeoisie à rabaisser le mouvement de Mai 68 au soutien de gorges qui brûle et à la liberté sexuelle débridée n’est pas innocent. Elle cherche à dénaturer ce mouvement de masse prolétarien international.
Enfin, la fin de la grève de masse a été favorisée par les accords de Grenelle, célébrés par la gauche et les syndicats comme LA grande victoire de 68. Au contraire, ces accords furent l’aboutissement du travail d’alliance du gouvernement et des syndicats pour arrêter le mouvement dans la défaite. Certes, ces accords ont acté l’augmentation des salaires. Mais, en vérité, cette augmentation des salaires sera rapidement enrayée par la hausse vertigineuse de l’inflation imposée par le patronat. Réduisant ainsi à néant l’obtention de cette revendication salariale actée par les accords de Grenelle, tant vantés par les gauchistes.
En cette période de déclin de la lutte des classes marquée par le pessimisme, Mai 68 vient nous confirmer que le prolétariat est la classe révolutionnaire, qu’elle a la force de s’auto-organiser, de développer sa conscience par le débat en assemblées générales autonomes, de se dresser contre l’ordre établi et de le faire trembler.
Mai 68 n’est pas un “vieux machin du passé”.
Le capitalisme est un système décadent qu’il faut abattre.
Aujourd’hui, la classe ouvrière a perdu confiance en elle. La réalité de la force prolétarienne de Mai 68 devrait être une source d’inspiration pour elle. La bourgeoisie, elle, le sait. Voilà pourquoi elle couvre le mouvement de Mai 68 d’autant de mensonges et d’un linceul mortuaire. Et surtout pourquoi elle met en avant uniquement la révolte des étudiants, la soi-disant « révolution » des mœurs petites-bourgeoises histoire de les adaptés aux exigences nouvelles des rapports sociaux de production (liberté pour la femme d’être exploitée en entreprise, etc.). Car elle veut effacer de la mémoire ouvrière cette grandiose expérience de luttes révolutionnaires internationales.
« Tout souvenir perdu est un appauvrissement. » Victor Hugo
Mesloub Khider