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Accord entre le capital Étasunien-mexicain-canadien contre les travailleurs nord-américains

vendredi 5 octobre 2018, par Robert Bibeau (Date de rédaction antérieure : 5 octobre 2018).

Accord États-Unis–Mexique-Canada (AEUMC)

Il aura fallu des mois d’intense négociation et des milliers de pages de clauses, de normes, de règlements et d’exclusions pour encadrer l’accord de « libre » échange (sic) entre le grand capital multinational américain et le grand capital canadien et mexicain. Les trois factions étant par ailleurs intimement enchaînées l’une à l’autre par leurs échanges commerciaux, leurs moyens de production et de communication en copropriété, leurs sièges partagés sur les conseils d’administration cooptés et par les flux boursiers et financiers. (1) En d’autres termes, et comme tous les financiers nord-américains le savaient, un nouvel accord commercial était inévitable entre ces économies imbriquées et mondialisées qui n’en font qu’une. (2)

Une fois de plus, Donald Trump a prouvé qu’il est un libre-échangiste résigné – adoubé par le clan qui l’a hissé à ce poste prestigieux pour imposer les conditions commerciales étasuniennes à ses alliés. Le Président Trump, un homme prévisible, chantre de la mondialisation et de l’interpénétration des marchés et des chaines de valeur (3) aura fait une nouvelle démonstration de l’efficacité de sa tactique d’isolement de ses concurrents afin de leur extirper davantage de concessions. Dans cette guerre commerciale asymétrique, le Mexique (122 millions h.) ne pèse que 5,7% de l’économie américaine, et le Canada (37 millions h.) ne pèse que 8,3% de l’économie étatsunienne qui compte 327 millions h., deux proies faciles à dépouiller quand elles sont isolées. (4)

LA SUITE DE L’ARTICLE SUR LE WEBMAGAZINE : http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

Le formatage de l’opinion publique

Le refrain médiatique qu’on nous a psalmodié depuis une année ne visait qu’à formater l’opinion publique pour que les salariés se résignent à une intensification de leur exploitation à travers la chaine de valeur nord-américaine réaménagée et mieux intégrée, c’est du moins ce qu’espère le grand capital multinational. De ce point de vue on peut dire que ce nouvel accord a fait des entrepreneurs gagnants et des travailleurs perdants du Yucatan jusqu’au Yukon. Nous y reviendrons.

Au Canada les médias à la solde nous ont jeté en pâture la « gestion de l’offre » de quelques productions agricoles (lait, œuf, volaille, une fraction de 1% du commerce interfrontalier) afin de distraire la populace des véritables enjeux de cette négociation qui visait notamment à démanteler le Système d’arbitrage des litiges commerciaux qui permet au Canada et au Mexique de contester les surtaxes que l’administration américaine impose fréquemment (bois d’œuvre, acier, aluminium, automobile). (5) Par ce mécanisme d’arbitrage les entreprises canadiennes – parfois des filiales d’entreprises américaines – qui subissent un préjudice peuvent se voir compenser par le gouvernement américain trois ou quatre années plus tard, si elles n’ont pas déposé leur bilan entretemps.

Notez que l’Accord aménage de multiples échappatoires par lesquels l’administration étatsunienne peut nuire aux entreprises canadiennes ou mexicaines et avantager les entreprises américaines. Ainsi, une clause permet au gouvernement américain d’invoquer la sécurité nationale pour imposer 10% de droit de douane sur l’aluminium importé du Canada (6). Pourtant, chaque politicien américain sait fort bien que le chef d’État-major de l’armée américaine contrôle l’armée canadienne via le traité de « défense » de l’Amérique du Nord (NORAD). (7) Ce prétexte sécuritaire a fait bondir le premier ministre canadien qui a juré la soumission totale de son gouvernement aux intérêts américains (sic).

La source du problème étatsunien

La superpuissance ex-hégémonique étatsunienne s’étiole, son économie s’enlise sous le poids de ses déficits budgétaires gigantesques (666 MMUSD en 2017) et de ses dettes titanesques (20 000 MMUSD) (8) alors que ses moyens de production (machinerie et main-d’œuvre) ne sont plus à la norme face à la concurrence des pays émergents qui anciennement travaillaient pour les conglomérats américains auxquels ils versaient leur tribut de plus-value. Aujourd’hui ces pays « indépendants » (sic) travaillent pour le compte de conglomérats multinationaux apatrides. Ces immenses entreprises multinationales n’ont pas de nationalité ni de territorialité. Elles migrent et elles transfèrent leurs capitaux (leurs investissements – leurs moyens de production et leur force de travail) d’un continent à un autre selon la configuration changeante des chaines de valeur globale. Les immenses déficits commerciaux américains (840 MMDUS en 2017) sont la conséquence de la faible productivité sociale globale de l’appareil productif américain. Ce n’est pas en érigeant des murs et des barrières tarifaires ou règlementaires le long des frontières que l’Amérique rehaussera la productivité générale de sa main-d’œuvre et qu’elle parviendra à surexploiter ses ouvriers au même degré que le font les capitalistes des économies émergentes « indépendantes » (sic) (Mexique, Brésil, Chine, Russie, Iran, Turquie, Indonésie). Bref, les États-Unis sont aux prises avec un problème de production, pas avec un problème de commercialisation. Ce n’est pas en taxant la consommation que le patronat se relèvera, mais en saignant l’ouvrier. Ce sera l’objet des futures mesures des gouvernements d’Amérique du Nord suite à la signature de cet accord.

Accords et traités commerciaux

Un accord commercial ou un traité de libre-échange ne détermine pas les conditions d’exploitation de la force de travail le long de la chaine de valeur globale, pas plus qu’un tel accord ne détermine les conditions de commercialisation sur les marchés mondialisés. Un accord commercial est le fruit d’un compromis dans une guerre commerciale entre belligérants, un compromis consigné dans un accord que les marchants s’empresseront de trahir et de contourner afin de s’emparer du marché du concurrent. Au temps de la grande prospérité, la concurrence était moins acerbe et chacun avait sa part de la dépouille de plus valu prolétarienne. En phase de récession et bientôt de Grande dépression chaque clan capitaliste se déchaîne comme si c’était son dernier combat… vous le percevez par les guerres qui se multiplient et par la crise sociale qui se généralise.

La classe prolétarienne n’a pas à s’immiscer dans cette guerre de chiffonniers dont elle constitue le butin à se partager. La classe prolétarienne n’a pas à participer à cette chicane pour savoir à quelle sauce elle sera mangée. Laissons-les s’étriper sur le marché, et menons des grèves acharnées, et au moment opportun nous nous emparerons du navire à la dérive.

NOTES

1. Le Canada et les États-Unis entretiennent une relation d’investissement majeur à l’échelle planétaire du fait que leur stock d’investissement bilatéral est l’un des plus élevés au monde (832.2 milliards de dollars (CA) en 2015).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Accor…

2. https://ici.radio-canada.ca/nouvell…

3. Par chaines de valeur globales (CVG) on entend les processus de production de biens et services finaux à l’aide de ressources et de facteurs de productions qui proviennent de plusieurs pays et non seulement d’une économie nationale.

4. http://www.les7duquebec.com/7-de-ga…

5. Ces surtaxes sont une pratique courante depuis l’ère Clinton en passant par la période Bush et sous le règne d’Obama.

6. « En revanche, les lourds droits de douane imposés à l’acier et à l’aluminium canadiens —parmi d’autres— par un président Trump soucieux de protéger la sidérurgie américaine restent en place pour le moment, malgré la colère d’Ottawa. »

https://www.tvanouvelles.ca/2018/09…

7. https://fr.wikipedia.org/wiki/Comma…

8. http://www.economiematin.fr/news-de…

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