Non aux réponses téléphonées !
https://www.snes.edu/IMG/pdf/us_782_pdf_bd.pdf
Sauvegarde : http://www.mai68.org/spip2/IMG/pdf/…
Benoît Teste
L’Université Syndicaliste,
le journal du SNES
Syndicat National des Enseignements de Second degré
Numéro 782 du 27 octobre 2018
En réponse à l’agression de Créteil, le ministre propose d’interdire les téléphones portables au lycée et de créer une énième commission. Une fois de plus Jean-Michel Blanquer ne prend pas la mesure de la gravité de la situation. La réponse doit être éducative en augmentant le nombre d’adultes dans les établissements. À l’inverse, il supprime 2 650 postes à la rentrée prochaine !
Pour lutter contre les actes de violence, il faut plus de personnels dans les établissements. Mais là, le ministre est aux abonnés absents.
La diffusion d’images d’un élève braquant une enseignante avec une arme factice au milieu de son cours a suscité de nombreux témoignages de collègues confrontés à des faits de violence et surtout à l’omerta qui les entoure. Cette libération de la parole enseignante met en lumière de dures réalités trop souvent ignorées.
Un malaise généralisé
Prétendant trouver des solutions « de bon sens », J.-M. Blanquer a parlé d’abord d’interdire le téléphone portable. Certes la possibilité de diffuser des vidéos sur les réseaux sociaux peut inciter à la transgression et ajoute à la violence symbolique. Cela dit, cela ressemble plutôt à la volonté de casser le thermomètre, et surtout lui-même ne croit pas en sa faisabilité puisqu’il renvoie sur chaque établissement la possibilité de la décider.
Il a ensuite annoncé la création d’un « comité stratégique » sur les violences scolaires et affirmé vouloir prendre une série de mesures de sécurité. Ces mesures, dans les établissements et aux abords de ceux-ci, sont souvent nécessaires. Mais la réponse principale que les personnels seraient en droit d’attendre de leur ministre va bien au-delà, de la même manière que les équipes d’établissements qui tirent parfois la sonnette d’alarme en signalant des faits graves n’obtiennent souvent pour seule réponse que l’envoi pour quelques semaines d’une « équipe mobile de sécurité » censée faire baisser ponctuellement la tension.
Qu’en est-il, en effet, de la protection due aux personnels et aux élèves contre toutes les formes de violence ?
26 000 élèves attendus, 2 650 postes supprimés !
Ce que les personnels qui s’expriment aujourd’hui dénoncent majoritairement, ce sont des effets de structure qui rendent impossible la prise en compte et le traitement de leur parole. Le SNES-FSU dénonce depuis longtemps la logique des « indicateurs de performance » donnés aux établissements ou aux académies, qui enjoint par exemple de diminuer le nombre de conseils de discipline. J.-M. Blanquer a certes déclaré que cet élément précis ne figurerait plus dans les outils de pilotage mais que fera-t-il sur tous les autres ? N’est-il pas lui-même l’un des tenants les plus fervents de l’autonomie des établissements qui, les mettant tous en concurrence, conduit chacun à maquiller la réalité, à taire les problèmes pour coller aux indicateurs ?
La posture martiale est probablement plus spectaculaire que la demande de recrutement de personnels qualifiés en nombre suffisant. Mais dans la réalité, si on veut d’une part des actions de prévention et d’autre part que toute violence, de la plus petite incivilité aux agressions les plus graves, soit traitée, il faut des enseignants, des personnels de vie scolaire, d’orientation, etc.
Malgré 26 000 élèves attendus en plus, Jean-Michel Blanquer supprimera 2650 postes dès la prochaine rentrée… tout est dit dans ces deux chiffres de la volonté ministérielle sur ce plan, raison de plus d’être en grève le 12 novembre 2018.