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L’affaire Khashoggi, le catalyseur du « remodelage » du Grand Moyen-Orient !

vendredi 2 novembre 2018, par Robert Bibeau (Date de rédaction antérieure : 2 novembre 2018).

L’éditorial est disponible sur le webmagazine :

http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

Idéalisme contre matérialisme (intellectuels contre prolétaires)

Qui n’a pas entendu parler du complot américano-israélien :

CIA-Pentagone-NSA + AIPAC et sionistes israéliens pour remodeler le Grand Moyen-Orient afin que cette région, sous domination américaine sans partage (à cette époque) le soit encore davantage !?… Pas un plumitif de la go-gauche éclectique ou de la droite arriviste qui n’ait publié son opuscule sur ce bobard Brzezinskiste cherchant à accréditer le mythe de la surpuissance américaine… que le TJ quotidien donne en faux chaque matin.

Un fait divers accapare l’attention de la presse internationale à la solde du grand capital et nous servira à faire la démonstration de l’inanité de ces théories idéalistes complotistes. Le fondement matérialiste de notre contrethéorie est que l’économie est le vecteur dominant et déterminant auquel les vecteurs idéologique, politique, diplomatique, médiatique, social et militaire donnent la réplique et qu’ils influencent tant bien que mal. En phase économique ascendante il se peut que la puissance dominante d’un empire hégémonique parvienne à imposer la loi de ses intérêts, mais en phase de crise économique exacerbée la puissance dominante – la première frappée par les conséquences de la crise mondialisée – n’est plus en mesure d’imposer sa tutelle hermétique sur ses vassaux, et elle doit se compter chanceuse si elle parvient à se maintenir à flot. Incidemment, une période de turbulence économique majeure offre l’occasion aux puissances concurrentes de pêcher en eau trouble et aux vassaux subjuguer de secouer le joug de la puissance de tutelle, c’est ce que nous allons observer via cette boite de pandore Khashoggiste qui répand ses démons dans cette région en guerre.

L’espion qui venait du chaud

Une bavure des forces de sécurité saoudiennes et le fil blanc du roman-savon entourant l’évènement nous serviront à comprendre comment un empire s’enlise et comment une nouvelle dynastie prépare la succession à la tête de l’empire. Les experts militaires déblatèrent à propos des tenants et aboutissants du massacre à la tronçonneuse de Jamal Khashoggi, un soi-disant « journaliste dissident » saoudien (sic). Le marchand d’armes et espion Jamal Khashoggi possédait effectivement une carte de presse comme couverture pour dissimuler ses activités illicites. Jusqu’à ce que le prince héritier Mohamed ben Salman al Saoud (MBS) procède à la révolte de palais à Riad, séquestre et torture, ses frères de sang – princes de haut rang d’un autre temps – Jamal Khashoggi faisait partie des courtisans empressés de cette cour dégénérée et adoubée par l’Amérique déglinguée. Jamal Khasoggi a hérité de son bizness lucratif de marchand de morts de son père, le célèbre Adan Khasoggi, à la manœuvre dans le scandale de « l’Irangate ».

L’Irangate : USA-Iran-Nicaragua-CIA

Dans les années 1980, Ronald Reagan et l’exécutif étatsunien souhaitaient agresser et renverser le gouvernement légitime du Nicaragua, petite république d’Amérique centrale qui avait eu l’impudence de porter au pouvoir un gouvernement sandiniste alignée sur la Russie soviétique au mépris du traité de Yalta spécifiant la distribution des zones d’influence impérialistes. Ce traité international stipulait que l’Amérique tout entière était une zone réservée au grand capital étatsunien. L’exception cubaine suffisait, Reagan fit donc armer les mercenaires Contras parmi les premiers barbouzes terroristes avant les soi-disant « djihadistes » de triste renommée. Adan Khashoggi décrocha le contrat d’armer illégalement les Contras avec des armes achetées en Iran sous boycott américain (!) La CIA puisa dans ses avoirs secrets pour financer ce trafic international illégal au nez et à la barbe des organisations internationales complaisantes et sous les yeux du Congrès américain frustré de ne pas être impliqué. Déjà, au XXe siècle le « droit international » était une feuille de vigne dont se paraient les thuriféraires du capital pour dissimuler leurs méfaits. Ou bien le « droit international » permet aux riches de faire ce qu’ils veulent ou alors la « communauté internationale » modifie le « droit international » pour qu’il leur permette de le faire. Voilà pour les parangons de la « démocratie du droit » régnante aux États-Unis d’Amérique. Ce ne sont pas les traités de libre-échange qui organisent le commerce international, c’est le commerce international qui dicte les clauses des traités de libre-échange. (1)

L’exécution d’un marchand de canons

Revenons au roman-feuilleton de Jamal Khashoggi cet héritier démembré et liquéfier dans un jardin comme un larbin disqualifié. L’agitation de la presse spécialisée autour de cette affaire sordide et banale de liquidation d’un espion s’explique par la mission des médias « d’information » (sic) qui relaient les intérêts d’une faction ou d’une autre du grand capital international. Cette exécution fut bien une affaire d’espionnage international. Depuis la vendetta de palais à Riad, menée avec l’aval de Washington, contre une rançon de 110 milliards USD d’armements embarqués, la quiétude des palais saoudiens est fortement perturbée. La famille royale saoudienne – plusieurs milliardaires parasitaires – est démembrée et chacun compte ses affidés et ses alliés, débauchés du camp opposé. Il y flotte comme un relent de fin de dynastie dans l’air enfumé du Grand Moyen-Orient enflammé et pas du tout « refaçonné » si ce n’est à l’avantage de l’impériale Russie qui n’a jamais été invitée dans la partie…et pourtant. Le marchand de canons Jamal était en mission pour le compte du clan des princes extorqués et frustrés et qui comptaient prendre leur revanche sur l’héritier présomptif en fournissant des armes aux rebelles Houtis yéménites, qui malgré des pertes importantes et d’immenses sacrifices, tiennent en respect les troupes de la Coalition saoudienne enlisée.

Un scribe enflammé que le massacre de milliers d’enfants yéménites n’émeut pas s’exclame : « le meurtre de Jamal Khashoggi n’est que le plus connu de tous ses crimes et le drame du Yémen le plus grave. Il a aussi enregistré un échec cuisant dans sa tentative de soumettre le Qatar à sa volonté. (…) Le Royaume d’Arabie saoudite demeure un protectorat américain. Cela est une source d’invulnérabilité (sic) pour le Royaume, mais aussi une source de fragilité. » (2)

« Invulnérabilité » bien éphémère vous en conviendrez, si bien que le quotidien Haaretz portevoix du grand capital israélien a publié ce qui suit : « Pour Israël, cet affreux évènement indique que le nouvel axe du Moyen-Orient qu’il s’est efforcé de promouvoir, soit une alliance entre Israël et les pays arabes sunnites sous l’auspice des États-Unis face à l’Iran et aux djihadistes sunnites, n’est pas viable ». (3)

« Sunnite, Chiite, Wahhabite, djihadiste » et autres « falses flags » utilisés par les services secrets n’ont aucune importance du point de vue économique et politique, sauf pour embrigader la piétaille qui, désœuvrée et mal payée, devra mourir pour l’un ou l’autre clan capitaliste en danger. Pendant qu’Erdogan joue les arbitres devant la galerie et tente d’obtenir une rançon pour son silence, très loin des prétentions du sultan d’un nouvel empire ottoman (4), Jared Kushner, l’homme de main du Président Trump au Moyen-Orient tente de sauver le client Ben Salman. La presse Démocrate constitue la principale menace pour BSM. « Les démocrates et leurs vastes soutiens médiatiques ont fait de l’assassinat de Khashoggi leur nouveau casus belli, en lieu et place du "Russiagate" en perte de vitesse aux États-Unis ». (5) La guerre de tranchées entre factions aux États-Unis a des répercussions dans tout l’empire en décrépitude. Nous savons que la Révolution prolétarienne requiert que la classe dominante en vienne à s’entredéchirer jusqu’à ne plus pouvoir gouverner. Nous n’y sommes pas encore, mais nous en approchons.

Le grand capital tente de ne jamais oublier ses intérêts supérieurs et de composer si la conjoncture le permet, ce qui fait dire à un plumitif de service : « (sauvons le royaume des Saoud, car) L’Arabie saoudite continue de jouer un rôle « stabilisateur » de la région (sic). C’est un gendarme régional et un pare-feu contre l’Iran. Riad joue un rôle important aussi au Yémen, en Irak, en Égypte et sur le dossier israélien. » (6)

Au-delà du carnaval médiatique dont se repaisse les bobos et la petite-bourgeoisie médiatique et politicienne un chroniqueur résume les arguments économiques du principal belligérant : « En plus des investissements que l’Arabie saoudite a engagés dans certains pays, toute décision que prend Riad sur la production du pétrole est soit une récompense soit une sanction pour les autres pays. Lors que le prix du pétrole baisse, certains pays arabes retiennent leur souffle. » (7)

Les critiques réformistes du système capitaliste aimeraient que l’on referme le couvercle sur ce panier de crabes et que les fratries du grand capital oublient leurs conflits ainsi que cette tuerie avant qu’elle n’entraine des conséquences irréparables. Ainsi, George Galloway, un parangon de la gauche réformiste britannique écrit : « On peut facilement prédire la fin du règne aussi court que brutal et meurtrier du Caligula saoudien qui a tué des milliers de personnes au Yémen, en Syrie, et même en Arabie saoudite », oubliant cher gauchiste que ce n’est pas Bin Salman qui est démasqué et qui tombe ébranlé sous nos yeux ébaubis, mais le système capitaliste en entier dont il n’est qu’un laquais. (8)

Les dindons de la guerre des clans capitalistes

Les petits-bourgeois occidentaux sont les dindons de cette farce médiatique pour laquelle ils se passionnent et s’agitent tels des portefaix. Pour la classe prolétarienne, cette chronique macabre est sans intérêt pour ses intérêts de classe et ne fait qu’étaler la fin du règne de la faction occidentale du grand capital et annoncer l’avènement de la faction orientale. Ce rififi sur le Bosphore sera peut-être l’occasion d’un changement de dynastie à la tête de l’empire, à moins qu’il ne marque l’affaiblissement du régime impérialiste et, qui sait, le début d’un grand bouleversement. (9)

Même s’il est inique le comportement sadique des sbires du royaume des Saoud n’a rien d’unique. Tous les jours, dans les mégalopoles urbaines, les poubelles de la plèbe recèlent de ces restes humains démembrés reflets de la décadence sociale qu’on étale dans les médias fantasmes. Ce qui est nouveau c’est que ce crime des pouvoirs en place est étalé dans les médias tel un anathème contre la classe régnante, et cela aussi fait partie des indices annonçant la fin d’une dynastie.

NOTES

1. Nous avons largement démontré la façon de fonctionner de la mystique électoraliste libérale dans notre volume La démocratie aux États-Unis. Les mascarades électorales. L’Harmattan. Paris. 156 pages.

http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

2. https://www.alterinfo.net/Le-gendre…

3. https://www.alterinfo.net/Arabie-sa…

4. Au sommet d’Istanbul (27.10.2018), Erdogan jouait l’arbitre dans une saga dont il est l’un des vaincus

http://www.les7duquebec.com/actuali… « La façon avec laquelle le président truc gère la crise depuis le début montre plutôt qu’Ankara est également dans une logique de négociation pour exploiter au maximum cette situation. »

https://www.alterinfo.net/Arabie-sa…

5. https://www.legrandsoir.info/assass…

6. https://www.alterinfo.net/Arabie-sa…

7. https://www.alterinfo.net/Arabie-sa…

8. https://www.legrandsoir.info/assass…

9. De la dynastie occidentale France-Grande-Bretagne-Allemagne-États-Unis à la dynastie orientale Chine-Russie-Iran-Syrie avec la résignation des puissances d’Occident qui ne sont plus hégémoniques dans la région comme l’illustre la déclaration du sommet d’Istanbul.

https://www.presstv.com/DetailFr/20…

1 Message

  • Qui était Jamal Khashoggi ?

    Probablement pas un enfant de chœur, même en version musulmane… :

    "Il est le neveu d’Adnan Khashoggi, qui était considéré comme l’homme le plus riche du monde au début des années 1980 grâce aux ventes d’armes, et le cousin germain de Dodi Al Fayed, tué à Paris dans un accident de voiture aux côtés de Diana, princesse de Galles."

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jamal…

    D’autre part, ses liens d’amitié familiale avec le clan Ben Laden semblent bien établis, indépendamment de l’évolution terroriste de Ben Laden lui-même, postérieurement à l’Afghanistan.

    Cette complicité avec la guérilla anti-soviétique sponsorisée US en fait de toutes façons un anticommuniste patenté et un agent de l’impérialisme, déjà à cette époque.

    Pour autant, sa carrière de journaliste, par la suite, ne semble pas réellement galvaudée, contrairement aux affirmations péremptoires de M. Bibeau.

    Elle en fait plutôt une sorte de réformiste libéral à l’intérieur du monde arabe, certainement favorable à l’influence occidentale, mais pas nécessairement un "marchand d’armes" et donc personnellement responsable des violences commises par l’Arabie Saoudite. Quelle qu’en soit la raison il s’était clairement opposé à la guerre au Yémen et jouait donc un rôle relativement positif, à cet égard.

    En tant qu’être humain, il a donc droit au respect qu’il mérite, tout étant relatif, et non aux accusations par assimilations du genre :

    "Jamal Khashoggi, un soi-disant « journaliste dissident » saoudien (sic). Le marchand d’armes et espion Jamal Khashoggi possédait effectivement une carte de presse comme couverture pour dissimuler ses activités illicites."

    (…)

    "Jamal Khasoggi a hérité de son bizness lucratif de marchand de morts de son père, le célèbre Adan Khasoggi, à la manœuvre dans le scandale de « l’Irangate »."

    Procédé qui implique que les liens de parenté font nécessairement partager la culpabilité d’un crime à tous les membres de la famille, indépendamment d’une complicité réelle et avérée sur le terrain.

    A moins d’étayer ce passage de preuves suffisantes de ses affirmations, M. Bibeau devrait les retirer, par simple respect pour la mémoire de cet être humain, quelles qu’aient été ses qualités, défauts et responsabilités par ailleurs.

    Luniterre

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