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A propos du 17 Novembre... Lettre ouverte aux syndicats et partis « de gauche »

jeudi 8 novembre 2018, par Luniterre

Actuellement, l’unanimité est faite au moins sur un point entre toutes ces « élites » et « avant-gardes » autoproclamées de la « gauche » française : aucune n’apporte son soutien au mouvement du 17 Novembre, hormis Mélenchon et Ruffin, à titre « personnel » et du bout des lèvres (*), et, naturellement, sans engager leurs « troupes » en voie de déliquescence.

Plusieurs de ces « institutions », la CGT, le journal « l’Humanité », les syndicats « solidaires », le NPA, LO, etc…, se sont même très officiellement fendues d’articles et de communiqués pour condamner, en fait, toute participation « de gauche » à ce mouvement.

Le prétexte affirmé est évidemment la tentative de « récupération » dont ce mouvement est l’objet par la droite nationaliste et l’extrême-droite, DLF, RN(ex FN), et d’autres activistes de ce bord.

En ce qui concerne l’origine réelle de ce mouvement, il n’a clairement, au départ, aucune coloration politique particulière et s’inscrit dans le fil de protestations populaires induites par la réalité de la crise économique et la brutalité des reculs économiques et sociaux imposés par le système capitaliste et son serviteur du moment, le gouvernement Macron.

De sorte que la vague de soutien qu’il semble actuellement soulever pose une question claire à la gauche :

La revendication immédiate qui le sous-tend, contre la hausse du prix des carburants, est-elle justifiée d’un point de vue social ?

Si la réponse est oui, la gauche doit donc reprendre cette revendication à son compte, et, d’une part, manifester son appui à cette initiative, et d’autre part, si elle estime avoir des critiques à formuler sur le mode d’action choisi, ce qui n’est pas forcément illégitime, comme on l’a déjà vu, proposer des actions complémentaires qui prolongeront cette première action d’origine spontanée.

Si elle estime la revendication injuste, et constate donc qu’elle sert uniquement de marche-pied à l’extrême-droite, elle doit non seulement la condamner carrément et ouvertement, mais encore, bien plus, faire également carrément et ouvertement campagne contre cette supposée « manœuvre » de l’extrême-droite…

Elle doit donc fournir un argumentaire convainquant qui puisse arracher ce mouvement populaire des « griffes » de l’extrême-droite.

Faute de quoi, non seulement elle légitimise cette récupération, abandonnant le terrain d’une revendication sociale justifiée à l’extrême-droite, mais elle lui fait carrément la courte échelle en vue de son accession éventuelle au pouvoir.

Le fait que l’extrême-droite ait réussi à prendre ce train en marche au bon moment est indéniable, le fait qu’il y eu un plan préconçu à ce sujet ne semble toujours pas avéré, mais cela ne changerait rien au problème, quant au fond.

Dans la Russie du début du XXe siècle, quant le prolétariat a commencé à s’organiser spontanément, le régime tsariste s’est dépêché d’y infiltrer des indicateurs et des provocateurs. Il est même allé, par ce biais, jusqu’à créer lui-même, via ses agents infiltrés, des organisations ouvrières complètes, sur la base des revendications populaires immédiates, dans le but de les canaliser et de les contrôler !

Pour autant, cela n’enlevait rien à la validité de ces revendications, et encore moins, au soutien populaire massif qu’elles rencontraient, au tournant de l’année 1905, déjà…

C’est là que se place l’épisode célèbre de la grande manifestation organisée par le Pope Gapone, à la fois agent tsariste occulte et leader charismatique du mouvement populaire de l’époque… Compte tenu des mœurs brutales de cette époque farouche l’affaire a évidemment tourné au tragique, mais elle a en fait mis complètement et définitivement à bas la légitimité du Tsar, qui avait en réalité signé là son propre arrêt de mort, en croyant arrêter l’Histoire en marche, littéralement et sans jeu de mots… !

On peut imaginer, à la lueur des « lumières » de la gauche française actuelle, ce qu’aurait été un cours de l’histoire « alternatif » si les bolcheviks, tout nouvellement organisés en parti suite à la rupture avec les mencheviks, s’étaient désolidarisés de ces revendications et de ces luttes !

Non seulement ce n’était pas le cas, mais tout en étant parfaitement conscients des probabilités d’infiltrations policières, qui n’ont été confirmées que par la suite, il faisaient, eux aussi, leur travail d’infiltration pour tenter de renforcer ce mouvement et de promouvoir des revendications de plus en plus radicales (**).

Sans ce travail, la légitimité politique n’eut point nécessairement changé de camp, ni à cette époque ni plus tard, et l’autocratie guerrière et meurtrière du tsar aurait certainement duré encore beaucoup plus longtemps, sinon encore aujourd’hui…

Bien évidemment, comparaison n’est pas raison, et il n’y a pas lieu de projeter cette situation ancienne sur la nôtre, mais néanmoins la question de légitimité sociale et politique d’une revendication demeure, quel que soit le contexte.

Refuser de légitimer socialement une revendication telle que celle du 17 Novembre, c’est, ipso facto, légitimer la politique de Macron et du système, et, quoi qu’il arrive, échec ou réussite, la main-mise de l’extrême-droite sur le mouvement populaire et prolétarien.

Dans l’état de faiblesse relative où il se trouve, et avec le peu de légitimité populaire qu’il reste à Macron, cela risque fort d’être, pour la « gauche » française, un choix historique dont elle n’est pas près de se remettre, tant il lui reste si peu de légitimité, également.

La pseudo « extrême-gauche », se posant « marxiste-léniniste » ou non, ferait bien de s’en aviser, également.

Luniterre

********************

(* http://www.regards.fr/politique/art… )

(** Voir la documentation en PJ, PDF et ODT, en fin d’article )

SOURCE :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/11/07/a-propos-du-17-novembre-lettre-ouverte-aux-syndicats-et-partis-de-gauche/

DERNIÈRE MINUTE :

Un sursaut, malgré tout, de la part du très minoritaire et pathétique "Front Social"… Mieux que rien, cependant, et donc nous relayons leur appel :

Appel du 10 novembre, regroupons-nous : Ne laissons pas l’extrême-droite récupérer la colère sociale

https://www.frontsocialuni.fr/le-10…

Date : le 10 novembre 2018 de 10:00 à 17:00

Lieu : Bourse Du Travail - salle Hénaff, 29 Boulevard du Temple, 75011 Paris, France

A l’initiative de milieux populaires une mobilisation contre la hausse de l’essence a rencontré un large succès sur les réseaux sociaux. La gauche syndicale et politique n’ayant pas d’autre projet contre Macron que les négociations ou les élections européennes n’a pas voulu se saisir de cette occasion pour porter la colère générale contre le pouvoir. Du coup cette initiative qui percute toutes les colères actuelles contre les attaques gouvernementales depuis le Code du travail jusqu’à la Sécurité sociale a été l’objet d’une tentative de récupération par l’extrême droite, depuis M. Le Pen jusqu’aux groupes fascisants de la police en passant par les jeunesses des LR, un certain nombre de ses représentants et N. Dupont-Aignan. La CGT a dénoncé cette récupération dans un communiqué mais elle n’offre en alternative que le dialogue social avec un gouvernement qui ne négocie rien mais cogne fort ; Mélenchon n’a su que dire « faites ce que vous voulez » à ses partisans en n’offrant comme option que le bon bulletin de vote dans plusieurs mois. Seule la volonté affichée et déterminée d’unifier l’exaspération populaire par un plan de bataille clair, un agenda des luttes qui ne se limite pas à des journées d’action saute- mouton sans suite ou des combats professionnels dispersés peut arrêter Macron et stopper la démagogie d’extrême droite. C’est pourquoi, devant le danger qui se profile où l’extrême droite pourrait récupérer la colère sociale, des secteurs en lutte, Mc Do en grève, livreurs de Deliveroo et autres du Clap en lutte, postiers du 92 en grève, étudiants de l’Unef Tacle de tous les combats, CGT Goodyear, CGT Geodis Calberson IDF, Sud Commerce, militants du Comité de mobilisation du travail social, le Front social…. et tous ceux qui voudraient s’adjoindre à ces premiers signataires, ont décidé d’appeler syndicats, associations, fronts de lutte, partis, militants et individus à une réunion le 10 novembre à Paris afin de débattre et décider ensemble dans cette situation d’une initiative et d’une politique alternative.

Se réunir le 10 novembre et préparer l’action contre la hausse des prix et la baisse des salaires. C’est notre champ d’action. Nous ne laisserons pas l’extrême-droite prendre la tête de nos combats ! L’exaspération sur la hausse des carburants est générale. Elle s’étend à d’autres hausses – produits alimentaires, loyers, santé… La colère monte, parce que cette hausse des prix percute la baisse des salaires, des pensions et des aides sociales. Tout ça, c’est le fait des profits des patrons et de la prise des dividendes des actionnaires. Les taxes du gouvernement s’y additionnent. Le prix du travail coule en raison de la politique d’un chômage tenu à très haut niveau, de licenciements permanents et massifs et de précarité. La baisse du salaire est relayée par le démantèlement du salaire social, la Sécurité sociale. La répression d’État relaie les attaques patronales contre les grèves, les grévistes et leur représentation syndicale. Le Front social déclare en conséquence l’état d’urgence sur le pouvoir d’achat, les salaires et les pensions. Le pouvoir d’achat est une chose trop sérieuse pour la laisser aux mains de l‘extrême droite. Le pouvoir d’achat est une cause abandonnée par des institutions syndicales qui cherchent des strapontins dans les couloirs de ministères vides. Qui ne contribue pas à la lutte commune, tous ensemble, pour le pouvoir d’achat, portera une part de responsabilité dans l’ascension de l’extrême droite vers le pouvoir. Le Front social ne laissera pas le terrain d’une extrême droite qui veut faire du 17 novembre la date de sa récupération, pas plus qu’il reconnaît la moindre qualité à Macron pour lutter contre elle, car il en est le marchepied. Nous appelons à la réunion du samedi 10 novembre des secteurs en lutte et de tous ceux qui se retrouvent dans ce combat de 10 h à 17 h à la salle Hénaff- Bourse du travail- Paris

https://www.frontsocialuni.fr/se-re…

Faisons entendre la voix de notre camp ! L’exaspération n’est pas que sur la hausse des carburants : elle est générale

Bien que fortement fragilisé depuis cet été, le gouvernement Macron continue a taper fort : droits des chômeurs, retraite à points,suppressions de postes et privatisation de nombreux secteurs publics. sélection des étudiants, attaques contre les migrants… sur un fond d’intense répression policière,judiciaire et disciplinaire. De son côté le patronat, malgré ses bénéfices considérables, continue à frauder le fisc comme jamais, licencier massivement bloquer les salaires tandis que l’inflation finit de ruiner les classes populaires.

La colère sur la hausse des carburants monte parce qu’elle percute la baisse des salaires, des pensions, des aides sociales, le démantèlement de la Sécurité sociale, des retraites, du chômage…

Nous devons faire entendre la voix de notre camp, au travers de ses revendications : la hausse des salaires, des pensions et des allocations. Ne laissons pas l’extrême droite détourner et récupérer la question du pouvoir d’achat.

Au contraire, prenons appui sur les résistances importantes qui existent : les Ford qui luttent depuis 10 ans contre la fermeture de leur entreprise, les Goodyear qui bien que leur entreprise ait fermé continuent la bagarre, les postiers et postières du 92 qui sont en grève depuis 7 mois, les agents de l’hôpital Pinel en lutte depuis 4 mois, les femmes de ménage de l’hôtel Park Hyatt Vendôme qui affirment leur volonté de tenir au moinsjusqu’à Noël, les cheminots qui, après 3 mois de grève au printemps, résistent et luttent encore aujourd’hui contre l’application de la réforme ferroviaire et la répression mais aussi les salariés de McDonald’s, de New Look, de Happychic, de Monoprix, les livreurs de Deliveroo, les étudiants qui résistent contre la sélections et tant d’autres qui partout se battent, résistent et ne renoncent pas.

Pour faire reculer un pouvoir centralisé doté d’un plan de bataille commun, il nous faut dépasser les journées d’actions éparpillées secteurs par secteurs. Nous aussi nous devons nous doter d’un plan de mobilisation. Nous aussi nous devons réfléchir a comment avancer vers la construction d’un mouvement d’ensemble capable de les stopper. Pour gagner : Faisons front ! Convergeons !

Les signataires de cet appel proposent donc aux secteurs en lutte, aux organisations syndicales, à tous les fronts de lutte à ceux et celles qui sont en bute à la répression et qui ne veulent pas laisser le terrain libre à l’extrême droite de se retrouver pour faire front et converger !

Ne laissons pas une minorité parasite continuer de nous précariser, nous appauvrir et détruire nos conquis !

Nous vous proposons pour cela de nous retrouver le samedi 10 novembre salle Henaff à la Bourse du travail, 29 boulevard du Temple Paris, à 10h pour en discuter.

https://www.frontsocialuni.fr/le-10…

https://fr-fr.facebook.com/events/7…

Deux pages d’Histoire,

Où Lénine évoque le rôle du Pope Gapone en 1905 :

(Textes français suivis des originaux russes)

Lénine - 1er Mai 1905 ODT

Lenine - 1er Mai 1905 __ PDF

Lénine - Janvier 17 - Rapport sur Révolution de 1905 ODT

Lénine - Janvier 17 - Rapport sur Révolution de 1905 __ PDF

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6 Messages de forum

  • En fait cet épisode prend à contre pied les gôches , caviar, trotskistes dégénérés, staliniens avachis, pseudos anars, pseudos syndicalistes révolutionnaires … car ces mouvances se sont toutes convertie aux idéologies de la petite bourgeoisie urbaine décomposée et angoissée = écologisme, anti productivisme, décroissance, néo puritanismes divers … Aucun de ces mouvements n’a organisé une riposte claire et violente contre l’appel face à la fin du monde d’Aurélien BARRAU qui est clairement une propagande pour l’instauration d’un état corporatiste - paternaliste - autoritaire et puritain dirigé contre la population et pas contre le capitalisme. Les tendances les plus extrêmes de la démocratie petite bourgeoise ne sont pas lucides et la petite bourgeoisie érige son impuissance en éthique …
    Dans le cas qui nous est soumis, l’émergence d’une contestation non contrôlée et non encadrée, un peu bizarroïde et antagonique aux manifestations niaises et manipulées contre le climat, récupérable par toutes sortes de démagogues dupont-gnangnanesques, …, va confronter les forces petites bourgeoises à une détresse mentale intense. La plupart d’entre eux seront incapables d’utiliser ou de déborder le désordre que ce type de colère peut provoquer… Ils sont organisés pour faire semblant de contester les gauches officielles (PS - EELV - FI - saintsdicats …) mais en maintenant les luttes dans le cadre imposé par la démocratie bourgeoise, par exemple sous prétexte d’unité !
    D

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  • Enfin une position correcte sur la question des revendications du 17 Novembre, que je reconnais bien volontiers , bien qu’ayant par ailleurs d’énormes divergences avec votre publication puisque je suis sympathisant de la gauche communiste "historique " et de ce qu’on désigne par" bordiguiste" .
    Force est de constater que les groupes que certains caractériseront de pseudo gauche comme le NPA , LO ou carrément réformistes comme la France Insoumise continuent là leur fonction contre révolutionnaire qu’ils exercent tous les jours en empêchant le prolétariat de rompre avec l’opportunisme et le réformisme bourgeois .
    Quant à moi je préfèrerais les voir désigner sous le vocable de"centriste" ;puisqu’ils jouent le même rôle historique que celui joué pendant la précédente vague révolutionnaire que l’on peut élargir aux années 1914-1923 et où on vit à l’échelle européenne ces groupes prôner le pacifisme durant la grande guerre alors qu’il fallait organiser le défaitisme révolutionnaire puis refuser de rompre avec la social démocratie qui avait trahi en 1914 empêchant ainsi la formation de partis communistes révolutionnaires et sabotant la montée des luttes en lançant des mots d’ordres inadéquats ou à contre temps . Ce fût le sale boulot de l’USPD ou "Indépendants" en Allemagne qui permit l’écrasement des spartakistes en plus de leurs faiblesses théoriques et organisationnelles propres. Ce fût aussi en Italie la fonction de la fraction Serrati qui empêcha la formation d’un parti communiste fort et agissant dans la période cruciale allant de 1918 à 1920 .
    Voilà les références historiques que je voulais apporter en complément aux vôtres que je trouve tout à fait pertinentes.
    Même si la situation n’est pas du tout comparable aujourd’hui puisqu’il n’existe pas de fortes minorités révolutionnaires organisées nous voyons déjà ces forces centristes en action . Je les ai personnellement côtoyées dans des conflits "économiques" et ces organisations étaient déjà tentées d’abandonner la prétexte que des "fachos" y participaient .

    _

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  • Nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Nous avons en face de nous un monstre qui non content d’exploiter l’être humain et de le précipiter dans les guerres - il est d’ailleurs en train de préparer la troisième guerre mondiale, nucléaire celle-là (voir la décision de Trump de faire développer et construire une nouvelle génération de bombes nucléaires afin de, je cite, "préparez les USA à une guerre contre une puissance nucléaire majeure"). ceci dans un contexte géopolitique marqué, au nom du progrès, par l’épuisement rapide à un rythme croissant et exponentiel des ressources naturelles non renouvelables et par la destruction à grande échelle et à grande vitesse du vivant basé sur l’ADN - en quelques décennies la moitié du vivant à disparu et, grâce au progrès qui ne cesse de développer à une échelle mondialisée et industrielle de nouvelles façons de niquer le vivant, nouvelles façons qui ne suppriment pas les anciennes et ne font donc que rajouter leurs nuisances aux anciennes, le reste ne peut que suivre.

    Dans un tel contexte, cette lutte pour pouvoir continuer à polluer l’air des autres à bon marché est absolument pathétique. Elle montre une seule chose : plus personne ou presque ne comprend les enjeux réels de notre époque, enjeux qui sont la fin du mode de vie suprématiste appelé civilisation en raison de la finitude des ressources naturelles non renouvelables et la fin du vivant basé sur l’ADN en raison du massacre de la Nature généralisé causé par notre mode de vie globalisé et industrialisé basé sur une vision suprématiste du progrès.

    https://deepgreenresistance.fr/

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