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ÉCOLOGIE RADICALE : ATTAQUER LE MAL À LA RACINE

jeudi 22 novembre 2018, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 22 novembre 2018).

http://www.alternativelibertaire.org/?Ecologie-radicale-Attaquer-le-mal

11 septembre 2014

Jocelyn (AL Gard)

Aternative Libertaire

Élisée Reclus

Face à la crise écologique majeure qui sévit déjà, l’écologie d’accompagnement du système, visant à poser quelques rustines sur les problèmes les plus voyants, n’est pas suffisante. Une écologie radicale, proposant une autre organisation de la société, est plus que jamais nécessaire.

L’époque actuelle est caractérisée par une incertitude écologique majeure. Avec le réchauffement climatique, l’épuisement global des ressources en énergies fossiles et en métaux [1], la destruction des sols liée à l’agriculture intensive et à l’urbanisation croissante, la pollution et la diminution des réserves en eau douce, la destruction accélérée de la biodiversité, entre autres réjouissances, ce sont bien les conditions de (sur)vie de l’humanité et de milliers d’espèces qui sont gravement menacées.

CONTRE LA LOGIQUE DE CROISSANCE

Or les capitalistes en profitent, ouvrant de nouveaux marchés juteux dans les énergies renouvelables et certaines reconversions industrielles, instaurant des marchés de droits à polluer, et créant de nouveaux produits financiers basés sur les risques environnementaux [2].

Et derrière, la logique reste la même : la croissance, donc la surproduction, l’obsolescence programmée, le consumérisme, le dumping social et environnemental. Avec en toile de fond l’extension de la sphère marchande aux biens communs tels que l’eau, l’air, le patrimoine génétique du vivant (brevets sur les plantes, catalogue restrictif de semences échangeables ou commercialisables), qui prolonge le mouvement généralisé au niveau international de marchandisation des services publiques (éducation, santé, culture, transport). Et pour maintenir l’illusion que le système est sain, on rejette la faute de la crise écologique sur les individus, qui prendraient des douches trop longues et ne trieraient pas leurs déchets.

Pourtant, la conscience de l’imminence de la crise écologique, et les propositions pour l’éviter, existent depuis longtemps. Dès le milieu du XIXe siècle, les scientifiques constatent que l’industrialisation engendre la disparition des espèces, la modification du climat (notamment avec la déforestation), une pollution chronique, et plonge le prolétariat dans un état de santé désastreux.

Élisée Reclus, géographe de renom et militant anarchiste de la fin du XIXe siècle, a été l’un des premiers à articuler cette prise de conscience écologiste avec une vision sociale. Il soulignait la responsabilité de l’organisation sociale de nos société (le capitalisme) dans les problèmes environnementaux, et la nécessité de repenser notre rapport à la nature pour construire une société basée sur la coopération et la complémentarité, au sein et ­entre les espèces, seule à même de préserver la nature et de redonner du sens à nos vies.

Cette vision globale (écologique et sociale) va être au cœur de l’écologie politique. Celle-ci émerge réellement comme mouvement à partir des années 1960 et condamne l’agriculture intensive, la logique techniciste symbolisée par le nucléaire, la prédation sur les ressources naturelles, la perte de sens du travail, la création de besoins artificiels par le capitalisme pour maintenir sa croissance, la confiscation du débat politique par les technocrates, etc. L’analyse est bien radicale : résoudre le problème à la racine, en sortant du capitalisme et de la technocratie qui l’administre. Car tant que la production est contrôlée par une élite ne visant que l’augmentation de ses profits, on ne peut pas sortir des contradictions écologiques et sociales qui se révèlent chaque jour plus catastrophiques.

Les actions menées sont elles aussi radicales, avec le recours à l’action directe pour occuper des sites ou saboter des machines, à l’image des bateaux de Greenpeace envoyés dans les années 1970 dans le Pacifique sud pour empêcher la réalisation d’essais nucléaires.

Mais les solutions proposées, la vision globale de la place de l’homme dans la nature, et les priorités d’action diffèrent selon les courants de l’écologie radicale. La division la plus flagrante se voit aux États-Unis dans les années 1980. Certains partisans de l’écologie profonde ont en effet tendance à idéaliser une nature vierge et pure que l’homme parasiterait, allant jusqu’à se réjouir des famines ou de l’épidémie de sida qui sévissent alors en Afrique. Ils s’attirent les ­foudres des partisans d’une écologie sociale, développée par Murray Bookchin et de tendance libertaire, qui martèlent que le problème n’est pas l’homme, mais l’organisation sociale des société humaines. A côté, d’autres mouvements mettent l’accent sur les questions de justice écologique, soulignant l’exposition spécifique des populations pauvres, et particulièrement afro-américaines, aux méfaits de l’industrialisation (pollutions, déplacements forcés).

LA TRAHISON DES COMPROMIS

Au-delà de ces divergences théoriques et stratégiques, ­l’écologie radicale a été progressivement dévoyée à partir des années 1980 avec l’institutionnalisation de l’écologie. D’une part par les partis « verts » qui, de compromis en compromis pour accéder aux instances de pouvoir, vont abandonner toute radicalité. D’autre part par les ONG environnementales, dont beaucoup ont choisi d’accompagner le système pour limiter ses méfaits, lui permettant en fait de survivre. Les cas du WWF, ou de la fondation Nicolas-Hulot, sont emblématiques : sponsorisées par des multinationales, elles médiatisent des campagnes pour la protection des espèces en voie de disparition, ou la création de réserves naturelles, tandis que ces mêmes multinationales continuent d’exploiter à outrance les hommes et la planètes. Et enfin par la capacité du capitalisme à s’adapter et à absorber les revendications en les vidant de leur sens, avec l’essor du « capitalisme vert » et son pendant politique, le développement durable.

Heureusement, de nombreux mouvements sociaux rejettent cette écologie gestionnaire de la crise, et s’opposent fermement aux logiques mortifères du capitalisme, sur les gaz de schiste, les grands projets inutiles et imposés, les semences, ou en expérimentant des modes de vie alternatifs. Et la plupart des organisations politiques anticapitalistes intègrent de plus en plus cette dimension écologique dans leurs revendications et leur projet de société.

Car l’écologie avaleuse de couleuvre de type Europe écologie-Les Verts n’est pas suffisante, et il faut renouer avec une écologie radicale telle que la concevait un Élisée Reclus, un Bookchin ou un André Gorz. Une écologie qui défende une organisation sociale décentralisée, coopérative, égalitaire et autogérée, assurant dans les limites naturelles des écosystèmes la satisfaction des besoins sociaux des individus émancipés et libres de choisir leurs activités productives et de loisir. Œuvrons au renforcement de ces dynamiques, et à la diffusion de cette écologie radicale, pour libérer la planète, les hommes et les femmes, de toute forme de domination !

[1] Voir P. Bihouix et X. de Guillebon, Quel futur pour les métaux ?, EDP Sciences, 2010

[2] R. Keucheyan, « Quand la finance se branche sur la nature », Le Monde diplomatique, mars 2014

Note de do : La prise de conscience écologique est un symptôme de surpopulation

Beaucoup de bonnes choses sont dites dans cet article ; mais, comme d’habitude, il ne dit pas l’essentiel, que savaient pourtant les tout premiers écologistes des années 70 : La prise de conscience écologique est un symptôme de surpopulation. Voir ici :

http://mai68.org/spip/spip.php?article1164

Par ailleurs, je suis totalement contre l’utilisation du mot "élite" pour désigner les capitalistes :

http://mai68.org/spip2/spip.php?article2397

Bien à vous,
do
http://mai68.org

10 Messages de forum

  • Amen ! Credo ut intelligam ! Credo quia absurdum ! On n’arrive pas à sauver nos culs mais on s’en fout, il faut se sacrifier pour sauver la planète ! La planète s’auto détruit elle même très souvent mais c’est pas bien de se rendre capables de survivre aux méga catastrophes par des moyens humains = science + technique + industrie. La sainte nature a produit notre espèce par hasard, une espèce quasiment inapte à la survie mais qui a survécu quand même !

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  • ÉCOLOGIE RADICALE : ATTAQUER LE MAL À LA RACINE 22 novembre 2018 16:48, par do

    La prise de conscience écologique est un symptôme de surpopulation

    Beaucoup de bonnes choses sont dites dans cet article ; mais, comme d’habitude, il ne dit pas l’essentiel, dont avaient pourtant consciences les tout premiers écologistes des années 70.

    Cet essentiel est dit par contre ici :

    http://mai68.org/spip/spip.php?arti…

    Par ailleurs, je suis totalement contre l’utilisation du mot "élite" pour désigner les capitalistes :

    http://mai68.org/spip2/spip.php?art…

    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org

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  • ÉCOLOGIE RADICALE : ATTAQUER LE MAL À LA RACINE 22 novembre 2018 20:13, par Jean Cendent

    La sainte nature a produit notre espèce par hasard, une espèce quasiment inapte à la survie mais qui a survécu quand même !

    Non, c’est dieu qui a créer l’homme à ton image, toutes espèces inaptes à la vie disparaissent ou n’apparaissent pas. Par contre sa survie ne dépend que de la technologie des consuméristes, beurk ! Débiles, infâmes et méprisables mais loin d’être stupides pour se faire baiser par voie anale.

    Codifier en une élite autoproclamée sous l’appellation de capitaliste, qui ne supporte que le pluriel venant uniquement de ses meilleurs courtisans et souteneurs, dans le seul but d’améliorer l’enculage ou exploitation de l’humanité, par la dictature du travail pour en tirer le profit d’une jouissance sacrificielle : le pouvoir de domination.

    A part cela, très bon article qui résume la prise de conscience sociale et écologique depuis le 19éme siècle, confrontée au régime capitaliste, sans tomber dans l’écueil de l’écologisme.

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    • En plus de nous avoir produits presqu’inapte à la survie et obligés de la modifier, la nature est elle même extrêmement critiquable. 98,8 % d’eau dans les mers et les océans, donc 1,2 % sur les 5 continents dont 80 % sous forme de glace débilement répartie en 2 pôles énormes et quelques glaciers ridicules et fragiles. Sous certains déserts chauds - arides il y a beaucoup d’eau, mais elle ne sert à rien … A cette débilité structurelle permanente, la nature ajoute des mœurs de psychopathe avec ses très grandes éruptions volcaniques pas si rares, sa dérive des continents qui détruira la mer Méditerranée dans 2 millions d’années, ses grands météorite géo-croiseurs qui bousillent tout …etc.

      Alors peut être que la nature nous a produits pour qu’on la transforme en corrigeant ses conneries, mais ça c’est un délirium téléologique dont la valeur est strictement heuristique…

      Pour réellement modifier et améliorer la nature l’humanité devra cependant se débarrasser du capitalisme qui entrave l’essor des forces productives à cause de la cupidité abjecte de ses partisans et des dépenses militaires exagérées qu’il provoque.

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      • ÉCOLOGIE RADICALE : ATTAQUER LE MAL À LA RACINE 23 novembre 2018 13:54, par Jean Cendent

        Superbe…

        Bonjour, Georges Marc SPORRI ARAKIOUZIO

        Sur le forum de Bellaciao,http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar… il y a une discussion « niveau technique et technologique » qui me semble intéressante :
        Donner des chiffres à des personnes qui n’ont pas les connaissances requissent ou nécessaire dans un domaine technique bien spécifique (dans ton domaine de prédilection, apparemment) en vu de les submerger, c’est relativement facile mais plus difficile à faire passer à des personnes qui sont techniquement plus compétentes dans ce même domaine technique.

        Personnellement, j’aime les arbres, par exemple il serait possible d’en mettre partout en France le long des routes sur les bernes côtés extérieurs (côtés champs).
        En mettre le long des petits chemins de campagne qui longent les champs de l’hexagone, etc.

        Surtout vu le nombre de haies, bosquets, petits bois que les remembrements ont détruit (dans mon coin c’était en 1973) pour le profit de l’agriculture industrielle intensive qui a détruit du même coup les agriculteurs paysans et favorisé les plus grosses propriétés.
        Puis les années passant en arriver au point ou ce ne sont même plus des agriculteurs qui cultivent les champs mais de riches personnes, des sortes de financiers (hors-sol) qui font cultiver leurs propriétés par des entreprises agricoles.

        Comme dit ton copain Marx, des capitalistes, des bourgeois plus ou moins riches suivant leurs acquisitions. Soit, chaque fois qu’un agriculteur part à la retraite, au « pifomètre » 80 % du temps.

        Maintenant :
        Si tu veux vraiment promouvoir le réacteur Steinfeld ou La torre atmosferica.
        Pourquoi pas, personnellement au premier abord j’ai rien contre, comme peut être le lectorat de VLR ainsi que celui des autres sites ou tu participes avec un entrain et une ardeur hors du commun.
        Alors grâce à cette foi inébranlable et déterminé qui est la tienne, ta marque :
        Va à la rencontre des élus, de « nos représentants », ils sont en principe là pour ça ? (nous écouter… ) ou forme un groupe de pression, démarche des entreprises, fonde une Scop, etc.
        Puis après, dans notre beau pays ou règne la démocratie, tes idées seront présentées puis débattues entre tous les citoyens et les citoyennes car cela concerne la vie de toutes et tous.
        Bref, faire le contraire de ce qui fut imposé en France pour le nucléaire (avec force et violence contre les écolos les vrais pas ceux des partis politiques hygiéniques)

        Car à force - et effectivement ce n’est que mon avis personnel donc subjectif - de passer du temps à vouloir vendre dans le virtuel ta vision technologique « de façon non dénué d’humour d’ailleurs » pour l’avenir de l’humanité, je vais finir par penser dans le monde réel que tu n’y crois pas vraiment toi-même.
        Et qu’en fait, tu n’as au fond de toi qu’un seul but, t’amuser à déglinguer de l’écolo à tout va, en utilisant ton ami Marx en appuis pour justifier ta science et ton intellect.
        Ce qui est une perte de temps pour mettre tes idées en application, non ?

        « Si la science un jour règne seule, les hommes crédules n’auront plus que des crédulités scientifiques » Anatole France

        ce qui n’est pas antinomique avec :

        « La plus grande vertu de l’homme est peut être sa curiosité » Anatole France

        http://www.toupie.org/Dictionnaire/…
        http://www.les-scop.coop/sites/fr/l…
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Remem…
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Agric…
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Scientisme
        http://www.toupie.org/Dictionnaire/…

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        • OUI, mais avec 500 000 usines EcoloBlue 2,5 X plus puissantes que celle d’Adélaïde on peut corriger cette pétasse de sainte nature qui nous fait ièch avec ses déserts chauds-arides et planter 980 milliards d’arbres là où il y en a zéro ! 680 suffiraient d’ailleurs pour remplir la mer d’Aral au lieu de pleurnicher comme des midinettes !

          Pour les haies tu as raison, et pour les abeilles en grand danger il ne serait pas idiot de planter plein d’arbres type acacias - sureau - buissons à longue floraison + construire 3 millions de km de buttes de perma dans la nature pour la rendre plus productive et plus diverse en introduisant des fleurs de l’Hymaalaya et de la cordillère…

          12 500 sovkhozes implantés dans les 12500 plus petits villages suffiront pour accomplir ce job et aussi pour planter 300 millions de noisetiers pour que le chat de ma copine puisse choper 1 écureuil de temps en temps …

          Ah oui, au fait, quand la mer d’Aral sera remplie ils pourront donner 280 usines écoloblue à la Jordanie pour remplir la mer Morte…

          Cela n’empêchera pas de construire un pont de 85 km pour franchir coolement de détroit de Behring. Non ?

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          • ÉCOLOGIE RADICALE : ATTAQUER LE MAL À LA RACINE 25 novembre 2018 14:12, par Dominique

            Qui est le plus débile, la nature qui nous a donnée la vie ou nous qui avons créé la civilisation qui nique la nature et va nous renvoyer au stade du minéral si nous ne l’arrêtons pas ? Le problème de Marx et de bien des marxistes est qu’ils sont progressistes. A partir de ce dogme, ils ont le même problème que la droite : argent et travail obligatoire pour construire la civilisation, laquelle n’est dans tous les cas et ce depuis son invention qu’une gigantesque entreprise de domination, d’exploitation et de destruction. Avec son industrialisation, cette domination, cette exploitation et cette destruction est devenue un phénomène de masse. Le programme de tous ces gens est très bien résumé par Georges : Pour moins de toute cette merde, il nous en faut plus. Il devrait changer de dealer, ça nous ferait des vacances.

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            • Vu que notre espèce est totalement inadaptée à la survie dans la nature nous n’avons pas le choix… Et quand on n’a pas le choix on doit s’adapter, d’abord à notre propre nature, puis à la réalité sous toutes ses formes, celles que la nature nous offre et celles que nous avons créées !
              Le capitalocène (sciences + techniques + industries soumises à la cupidité abjecte et sans limite des bourgeois + à la mégalomanie des "empereurs") est sûrement mortifère. Cela nous obligera à réparer la nature, à lui rendre ce que nous lui avons pris, à la modifier partout où elle est chiante et modifiable, à la protéger contre elle même si possible …
              Nous avons des points de vue radicalement différents qui peuvent se rejoindre dans la critique de certains aspects monstrueux du capitalocène.

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