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Hooligans et fachos suisse : Lyon, carrefour de la violence d’extrême droite

dimanche 10 mars 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 10 mars 2019).

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Publié le : Vendredi 08 Mars 2019 - 14:51

Mise à jour : Vendredi 08 Mars 2019 - 16:24

Pierre Plottu

L’extrême droite radicale lyonnaise fait le coup de poing dans les manifestations de Gilets jaunes avec des hooligans et des fascistes suisses. DR

Depuis bientôt deux mois, Lyon est le théâtre de nombreuses attaques menées par l’extrême droite radicale contre l’extrême gauche au sein des cortèges de Gilets jaunes. Des opérations coup de poing virant parfois à la bataille rangée, et pour lesquelles les groupuscules lyonnais peuvent compter sur le renfort de hooligans, d’autres nationalistes français et même de militants fascistes venus de Suisse.

Des hooligans fans du club de foot local, des nationalistes de tout poil et même des renforts venus de Suisse : samedi 2 mars à Lyon, pour "l’Acte 16" des Gilets jaunes, des dizaines de membres de l’extrême droite violente se sont mêlés aux manifestants. Un cortège fort d’environ 80 de ces radicaux qui se revendiquent "fafs" (pour "France aux Français") et qui ont attaqué à coups de poing, de ceinturons et de bâtons les militants "antifas" ("antifascistes") qu’ils ont croisés. Une nouvelle preuve que la ville et les tribunes de son club de foot sont un fief de cette "fachosphère de la rue" qui milite essentiellement par la violence.

A Lyon, comme à Paris, les affrontements entre militants d’extrême droite et d’extrême gauche émaillent les manifestations de Gilets jaunes. Très présente dans les cortèges de la capitale des Gaules la mouvance de droite dite "ultra", car violente, y a de nombreuses fois attaqué les antifas, qu’ils portent ou non le fameux gilet fluo. Comme samedi 2, des "équipes" mêlant militants locaux des causes identitaire, (ultra)nationalistes ou encore royalistes, parfois renforcées par des troupes venues de plus loin, ont régulièrement fait le coup de poing dans les cortèges dans le but de se les approprier et d’en influencer les mots d’ordre. Certains témoins évoquent même des agressions racistes purement gratuites.

La situation semblait pourtant s’être calmée depuis la véritable bataille rangée qui a opposé les deux camps le 9 février dernier, lors de "l’Acte 13". Ce jour-là une quarantaine de nationalistes, essentiellement lyonnais et parisiens, mais pas seulement, ont attaqué par derrière le cortège d’extrême gauche qui défilaient avec les Gilets jaunes à Lyon. Après plusieurs minutes d’affrontements impressionnants à coups de bâtons, de ceinture, de pierres et de poings d’une rare violence (certains antifas ont été roués de coups au sol et brûlés avec des fumigènes), les membres de l’extrême droite ont dû reculer. C’est finalement une charge de police qui a mis un terme aux échauffourées.

La tension était retombée depuis, faute de présence aussi massive ou visible de l’extrême droite radicale dans les manifestations. Jusqu’à ce samedi 2 mars. Sont descendus dans la rue, donc, des "indeps" : des hooligans non affiliés à un groupe de supporters, mouvance historiquement proche de l’extrême droite violente à Lyon.Ils étaient accompagnés d’une équipe se faisant appeler le "Guignols squad" (la célèbre marionnette est lyonnaise). Un groupe plutôt récent : il a commencé à faire parler de lui en janvier seulement et n’est connu que pour des violences contre les antifas en marge des manifs Gilets jaunes. Nous avons identifié un certain nombre de publications vantant les "faits d’armes" du Guignols squad sur les réseaux sociaux. Des messages de quasi-propagande diffusés pour être vus et faire parler. Pour preuve : les visages des membres du groupe y sont systématiquement floutés, afin d’éviter qu’ils soient reconnus.

Une "mob" du Guignols squad, le 26 janvier (Acte 11 des Gilets jaunes).

Ces images circulent en vase quasiment clos dans une frange du web où "préférence nationale", virilisme et islamophobie sont la règle. Elles sont largement "aimées", partagées et commentées par des partisans de tout ce que l’extrême droite radicale compte de groupuscules : des royalistes de l’Action française aux ultranationalistes héritiers de l’Œuvre française (dissoute depuis 2013 mais pas disparue pour autant) en passant par la Dissidence française, Terre et peuple ou encore Génération identitaire. Les militants de ce dernier groupe, xénophobe lui aussi mais se voulant plus présentable que ses "rivaux", sont toutefois moins nombreux et affichent un soutien plus discret. Des membres d’organisations étrangères, comme les Italiens de CasaPound, complètent enfin le tableau.

Ce sont toutefois, et de loin, les néofascistes du Bastion social (héritier du GUD) qui forment le gros des aficionados du Guignols squad, cette équipe si récente qu’elle pourrait avoir été créée spécialement pour faire le coup de poing dans les manifs de Gilets jaunes nous glisse un bon connaisseur de la mouvance. Une astuce tout sauf nouvelle qui permet aux plus motivés de se rassembler sous une bannière "jetable" pour passer à l’action et préserver ainsi l’image de leurs organisations respectives. Emmanuel Macron a demandé la dissolution du Bastion social mi-février en raison de sa "violence".

Mais ce n’est pas tout. Un détail sur la photo de groupe qui accompagne le dernier "CR" (pour "compte rendu") du Guignols squad confirme l’existence d’une certaine "internationale raciste" agissante. Il s’agit d’un drapeau noir "Genève anti-antifa", frappé d’un pistolet Luger et du blason du canton de la ville, renvoyant directement aux fascistes suisses des groupes "Résistance Helvétique" (RH) et "Kalvingrad Patriote" (KP).

Le groupe composé de membres du Guignols squad, de hooligans et de fascistes suisses qui a défilé et attaqué des antifascistes, à Lyon le 2 mars (Acte 16 des Gilets jaunes).

Ce dernier groupe, le KP, est en effet très lié au Bastion social et des membres des deux groupuscules franchissent régulièrement la frontière pour se rendre visite. On retrouve ainsi certains de ceux qui ont fait le coup de poing avec le Guignols squad samedi 2 après-midi, au local du Bastion social de Chambéry le soir même… Bastion social Chambéry qui a offert à ses camarades lyonnais un jambon (ça ne s’invente pas) qu’ils ont dégusté mi-février lors d’une soirée de "cohésion" entre "nationalistes". Une "Genève-Lyon connection (sic)" revendiquée sur les réseaux sociaux. Par exemple pour "l’acte 13" du 9 février, jour de la fameuse bataille rangée : photo à l’appui les Suisses prouvent leur présence aux côtés du Bastion social dans les rues de la capitale des Gaules. Le tout accompagné du hashtag sans équivoque "bimbamboum". Des liens (voir ici) sont également noués avec la franchise parisienne du Bastion social : les Zouaves Paris.

Nationaliste, antisémite, anti-migrants et pro-armes, le KP organise tout aussi bien des tournois de "beer pong" que de boxe (plutôt de bagarre de groupe, en 5 contre 5) ou encore des cercles de lecture. Celui de fin janvier était par exemple dédié au premier tome des mémoires de Jean-Marie Le Pen, que des membres ont rencontré chez lui fin 2018, et le prochain est prévu fin mars en présence du Français Jean-Yves Le Gallou, ponte de l’extrême droite hexagonale, ex-FN passé au MNR, président de la fondation identitaire Polémia et animateur sur la chaîne de réinformation TV Libertés notamment. Le politologue et essayiste d’extrême droite Alexandre del Valle a également animé une conférence organisée par le KP mi-novembre. Sur un certain nombre de photos du groupe, des militants font des saluts nazis ou son ersatz plus discret : une main avec trois doigts levés (pouce, index et majeur).

Les membres de Kalvingrad patriote, sur la photo de droite l’un d’eux fait un salut nazi.

Même tonalité du côté des "camarades" de Résistance helvétique avec lequel le KP organise parfois des actions communes et partage globalement les mêmes idées, notamment le nationalisme, l’europhobie et l’islamophobie. RH est lui aussi très lié au Bastion social (un drapeau du groupe est accroché au mur du local chambérien du Bastion) et affiche son soutien à Génération identitaire, Alexandre Gabriac (ex-élu FN, ancien de l’Oeuvre française et désormais à Civitas), Eric Zemmour ou Matteo Salvini. Début 2018 ils avaient patrouillé dans un quartier de Genève pour "protéger le peuple originel" suisse, rapportait l’édition genevoise de 20Minutes (lien). Outre un certain air de milice, ils avaient fait polémique à cause de leurs brassards rouges et blancs rappelant, de l’aveu d’un de leurs membres, "ceux des SS".

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