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Le retrait américain d’Afghanistan

jeudi 4 avril 2019, par Robert Bibeau (Date de rédaction antérieure : 4 avril 2019).

C’est en 1975 que l’armée américaine a été chassée du Vietnam. C’est en 1979 que les Étatsuniens ont été chassés d’Iran, et en 1983 qu’ils furent expulsés du Liban. C’est en 1993 que les Américains furent chassés de Somalie et en 2013 qu’ils ont été exfiltrés du Soudan. C’est en 2011 qu’ils ont été chassés d’Irak et en 2018 qu’ils furent expulsés de Syrie. Ce pourrait être en 2019 qu’ils seront « extradés » d’Afghanistan sans avoir atteint leurs objectifs tactiques initiaux, mais après avoir tramé un complot dangereux pour les populations de ce sous-continent.

Les républicains s’activent au Congrès

Les républicains ont présenté au Congrès des États-Unis un projet de loi dont l’objectif est de cesser les hostilités qui se poursuivent en Afghanistan depuis 2001. Au cours de ces dix-huit années, l’effort américain de destruction a été conséquent puisqu’au total plus de trois millions de soldats ont été déployés dans ce pays et que 3 000 engagés y ont perdu la vie, alors que des milliers d’autres ont été estropiés. Le peuple Afghan aura perdu plus de 100 000 individus dans cette guerre d’agression. À l’apogée de la « campagne contre le terrorisme » (sic) de 2010 à 2013, les effectifs de l’OTAN dépassaient 150 000 soldats occidentaux d’occupation. Quelque 2 000 milliards de dollars ont ainsi été dilapidés par le Pentagone : « Si la loi est adoptée, elle forcera les É.-U. à déclarer… une victoire en Afghanistan (sic) et, dans les 45 jours, concevoir un plan de retrait de toutes leurs troupes au cours de l’année suivante. Cette initiative a pour objectif de poser les « fondations de la réconciliation politique qui devra être menée par les Afghans eux-mêmes ». Elle contient également l’annulation de l’autorisation d’utiliser la force militaire contre le terrorisme, accordée au Président par le Congrès en 2001, à la suite des attaques du 11 septembre. Autrement dit, il est prévu non seulement de retirer les troupes d’Afghanistan, mais également de laisser ce pays se débrouiller seul. » (1)

Commentant ce projet de loi, la revue The National Interest écrit avec satisfaction que l’armée a atteint ses objectifs principaux : « Ben Laden est mort et Al-Qaida entravée. Le Département de la défense expliquait en juin dernier : la menace d’Al-Qaida sur les É.U., leurs alliés et leurs partenaires a diminué, et les quelques membres importants de l’organisation qui ont survécu sont concentrés sur leur propre survie. » (2)

La suite de cet article en cinq langues sur le webmagazine :

http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

Faut-il croire ces balivernes à propos de trois-millions de soldats lancés à la poursuite de l’épouvantail Ben Laden et de sa secte de djihadistes ? Incidemment, Al-Qaida est aujourd’hui mieux implanté et plus puissant en Afghanistan qu’il ne l’était auparavant. Pire, en 2001, lors de l’invasion du pays du pavot, Al-Qaida et Daesh étaient totalement absents d’Afghanistan (!)

« On nous cache tout – on ne nous dit rien » fredonnait la chanson. Les armées d’Amérique et de l’OTAN n’ont évidemment pas envahi un pays grand comme la France et peuplé de 35 millions d’habitants pour verbaliser un récidiviste en cavale. Incidemment, quand l’exécutif américain a décidé d’en finir avec cet épouvantail, son assassinat extrajudiciaire a été promptement exécuté sous les feux des caméras, et sous le regard de Barak Obama et de sa Secrétaire d’État (3).

L’Afghanistan exsangue victime des manigances américaines

Aujourd’hui, les forces militaires afghanes ont une efficacité limitée. Jusqu’à 60% du territoire afghan en journée, et jusqu’à 85% la nuit est contrôlé par ces talibans que les Américains et leurs alliés auraient « vaincus ». Et à Kaboul, de sanglantes attaques terroristes ont lieu fréquemment tuant des centaines de gens. Le gouvernement de Kaboul a de la difficulté à contrôler la capitale, où de violentes attaques se déroulent souvent entre les Talibans en guerre contre Daesh (!) Les belligérants prennent régulièrement possession des capitales provinciales pour montrer qui fait la loi dans le pays. (4)

La plus grande puissance militaire au monde, constamment mise en échec comme nous l’avons illustrée au début de ce papier, a envahi ce pays exsangue afin d’enfoncer un glaive au cœur du Moyen-Orient – directement sur le trajet des « Nouvelles Routes de soie », ses oléoducs, ses autoroutes et ses voies ferrées – au carrefour stratégique entre la Chine – la Russie – la CEI – l’Iran et le Pakistan, au centre des immenses ressources énergétiques du golfe Persique et de la mer Caspienne. Incapables de gagner une guerre de partisans, les troupes occidentales n’ont pas su stabiliser le pays ni forcer les talibans à devenir leurs auxiliaires militaires. Constatant leur échec récurrent, et la guerre s’étendant dans tout le Moyen-Orient, le Pentagone a eu l’idée d’utiliser ses mercenaires sponsorisés de Daesh pour accomplir ce que les talibans ne veulent pas faire.

La décision d’en finir avec la présence militaire américaine et de ses alliés a été annoncée après des hésitations, qui ont eu pour conséquence l’augmentation du contingent. Cela signifie que les États-Unis ont acquis la conviction d’un effondrement du gouvernement afghan après leur départ. Ils espèrent que l’incendie se propagera à l’Asie centrale et que la Russie, la Chine, l’Iran et le Pakistan auront à l’éteindre. Afin de préparer les conditions de cet embrasement régional, les É.-U. font de vigoureux efforts pour renforcer les positions de Daech dans le nord et dans les régions non Pachtounes de l’Afghanistan. Les terroristes sponsorisés de Daech, laissés sans activités suite à l’intervention de la Russie en Syrie y sont expédiés par hélicoptères banalisés. Les commandants de Daech sont libérés des cachots des Talibans par les forces spéciales américaines. Les Talibans, de leur côté, veulent soumettre l’Afghanistan et les territoires pachtouns du Pakistan, mais n’ont aucunement l’intention de porter le fer de l’islam radical vers le Nord, ni de déstabiliser l’Asie centrale pour la plonger dans la guerre, voilà pourquoi ils ne sont d’aucune utilité pour la stratégie américaine désespérée.

Les nervis de Daesh exfiltrés, dont le sultanat n’était pas viable aux confins de l’Irak, de l’Iran, de la Syrie et de la Turquie, soutenue par la Russie, ont besoin des Américains pour renforcer leur nouvelle base d’opérations dans le nord de l’Afghanistan et se rapprocher de la Russie et y pousser par le chaos des millions de réfugiés des anciennes républiques d’Asie centrale. Un autre de leur objectif (assigné par le Pentagone) est de faire la jonction avec les terroristes islamistes de la province chinoise du Xinjiang.

Le projet de loi soumis au Congrès est un signal : cette région stratégiquement sensible va bientôt connaitre de brutales convulsions, davantage qu’au Moyen-Orient rompu à ce type de malversations impérialistes. Mais ce sont là des machinations d’une puissance en déclin qui voit s’effriter son hégémonie économique, politique, diplomatique, militaire et que ses concurrents parviendront probablement à contrer.

NOTES

1. Dans quel but les États-Unis retirent-ils leurs troupes d’Afghanistan ? Par Sergeï Latychev − Le 6 mars 2019 − Source Katehon. Traduit par Michel pour le Saker Francophone.

2. Dans quel but les États-Unis retirent-ils leurs troupes d’Afghanistan ? Par Sergeï Latychev − Le 6 mars 2019 − Source Katehon. Traduit par Michel pour le Saker Francophone.

3. http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

4. Dans quel but les États-Unis retirent-ils leurs troupes d’Afghanistan ? Par Sergeï Latychev − Le 6 mars 2019 − Source Katehon. Traduit par Michel pour le Saker Francophone.

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