VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > 7 jours chez les moines Bouddhistes

7 jours chez les moines Bouddhistes

dimanche 28 mai 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 28 mai 2017).

1ER JOURS

Voila voila. Je suis là, devant la porte de ce monastère, trempée. Il a tellement plu que j’ai eu de l’eau jusqu’au mollet. Je serre les hanses de mon sac à dos et j’inspire un grand coup.

Mais qu’est ce que je fou là…

Je troque alors mon petit short noir et mon débardeur kaki contre un pantalon blanc et un pashemina blanc. Ils seront mes uniques vêtements pendant toute la durée de mon séjour ici. Qu’est ce qui me prend d’aller me défier comme ça. A 15 000km, me retrouver seule, au fin-fond de la Thailande, pour entrer encore plus en profondeur à l’intérieur de moi-même.

Je sais pas ce qui me pousse à faire ça…

Tiens, une française ! Il ne nous reste plus qu’une heure pour débiter le maximum de mots possibles avant de prêter serment pour silence. Elle non plus ne semble pas trop savoir quelle voix intérieur l’a guidée jusqu’ici. J’suis pas toute seule ! Le temps de se marrer une dernière fois et d’enfiler nos vêtements immaculés. Un dernier clin d’œil. On se range en rang et on avance doucement vers le temple où le maître nous attend.

Il nous apprend comment méditer, comment s’asseoir, comment tenir ses mains. On récite à haute voix avec lui :" sitting, sitting, sitting, opening, opening, opening, touching, touching, touching….". Et faut faire ça combien de fois ? J’apprends la prière qu’il nous faudra répéter à chaque repas. On nous donne les "règles". Ne pas parler. Ne pas manger après midi. Ne pas entrer en contact physique avec quiconque. Ne pas blasphémer.

Et merde…

Il nous donne 6h de méditation à faire avant la fin de la journée. Quoi ??? Six heures ? J’ai pu en faire que trois. Trois longues heures… La vache. J’ai mal aux jambes, j’ai des fourmis dans le cerveau, je m’endors !! 10 jours comme ça !!

Jamais.

Je vais pas tenir. Faut que je me barre.

J’suis creuvée. Pas de dîner ce soir. Une simple chambre où se trouve un matelas sommaire. Un néon blanc. Un tuyau d’eau froide pour se laver.

Allez Elo, t’as voulu être la…

Temple

2ME JOURS

Ding, ding, ding, ding, diiiiiiiing !! C’est quoi ?? Ah oui, il est 4h du mat, c’est l’heure de se lever. D’aller rejoindre le maître et de chanter. Bon sang, j’arrive pas à me lever. Heureusement qu’on doit garder le silence ! Je ne suis pas de bonne compagnie à cette heure-ci ! Et je risquerai d’en renvoyer peter plus d’un à cette heure là ! Ah non, c’est vrai, no talking.

Je comprend pas leur chant. Je sais juste qu’on honore Buddah, Dhamma et Sangha et qu’on doit se prosterner 3 fois. La pensée incessante qui te dit "mais je ne tiendrais pas 10 jours". Le chant est fini. Les autres partent méditer.

Mais je me fou des autres.

J’ai le temps de prendre un café. Ah ca oui, j’ai le temps ! Il est 4h45, le jours n’est pas encore levé. C’est plaisant par contre de prendre 30 minutes pour boire son café et ne rien faire d’autre. Pas de distraction, pas de Facebook, pas de mail, pas de TV.

Rien…

Toi même, ton café et le silence.

Mais faut quand même que j’me casse.

Je n’ai jamais autant pris le temps de prendre le temps, puisque je l’ai, le temps ! Je l’ai toujours eu, le temps, mais là , j’ai l’impression d’en avoir vraiment, là. Bon sang, on a tout ce temps là dans la vraie vie ? Mais on en a plein en fait, PLEIN !

J’ai la sensation que la durée d’une journeé est multipliée par 3, simplement parce que j’ai conscience de mes gestes. J’ai jamais marché aussi lentement de toute ma vie. Je suis jamais restée assise sans bouger aussi longtemps de toute ma vie. Sauf quand je dors. Et encore…! J’ai faim. Le jours point le bout de son nez. Et bien…

Bientôt 6h30, la cloche va bientôt sonner pour le breakfast ! Elle sonne…yes !!! J’ai faim !! Tu m’étonnes…le derniers repas était hier à 10h30 du matin. C’est avec une dalle persistante que je me dirige, en pleine conscience et avec douceur, vers cette file d’homme en blanc venu chercher leur bol de riz. Là, oublies tes chokapick ou tes tartines de beurres à la confiture ! Aujourd’hui, à 6h30 du mat, c’est nouilles sautées pimentées aux légumes ! Youpi ! Ça pique ! Mais…c’est le matin, non ? Quand même. J’veux bien m’habiller en blanc et ne pas parler, mais enfin des pâtes au réveil c’est un peu dure, non ?

Bon. J’accepte. De toute façon est-ce que j’ai le choix. Ca a l’air délicieux. Et ça l’est ! À peine assises, prête à planter mon premier coup de fourchette, que j’ai cette pensée subite qui surgit "ah non ma fille, tu dois attendre que tous les fidèles et les moines soient servis, installés à table, avant de planter ton premier coup de fourchette." Alors j’attends… J’ai faim. Ca refroidit. Ca y est, c’est bon ? Tout le monde est installé ? J’peux y aller ? Ah non ! On doit faire la prière du manger. Mais….ça va refroidir !!…

Me voila alors, les mains jointes, face à mes nouilles sautées froides, en train de réciter à voix haute des mantras thaïlandais pour honorer ce que je vais mettre dans ma bouche.

15 minutes après…j’ose ENFIN planter cette fourchette ! Mais c’est un pure délice ! Qui l’eu cru. Ca a du bon dis donc, de prendre également le temps de manger, en pleine conscience, sans distraction aucune. Je me délecte de chaque saveur, prend le temps d’enrouler les pâtes sur ma fourchette, en essayant de deviner quels sont les légumes qui composent le plat. Prendre le temps de mastiquer, de déglutir. Et se sentir bien.

Et toujours l’inlassable pensée qui me dit "faut que tu te casses, 10 jours, c’est beaucoup trop long".

C’est tellement dépaysant d’être ici. Mais je me sens bien. Je me sens en ma compagnie, comme si tout pouvait aller, car je suis là.

Je profite de la Meditation du matin pour dormir encore un peu et ne pas trop penser. Pour l’instant, ce qui me fait du bien, c’est me poser. Intégrer le fait que j’ai du temps. Que je dois juste l’utiliser à bon escient. Ralentir et voir ce qui parle. Ok, je suis prête à vivre l’expérience. Un "mange, prie, aime" à ma façon.

La difficulté, selon Buddah, est que la vie n’est ni dans le passé, ni dans le futur, mais dans le moment présent. D’où la difficulté de faire le vide. Je laisse tout de même les doux souvenirs remonter à la surface lorsqu’ils se présent. Puis mes imaginations du futur. Puis cette phrase "j’tiendrai jamais 10 jours". "Mais ta gueule" ! "Ah non, c’est vrai, un des 8 préceptes de Buddah pendant mon séjour est de ne pas dire d’injure…. ok….putain…

Pourquoi je m’inflige ça… qu’est ce que je viens chercher la. La paix ? Sans plaisir ? Voir jusqu’où je peux tenir sans "rien faire " ? Pourquoi ? J’ai toujours l’envie de partir. Mais pourquoi ? Je pars pas. Mais pourquoi !

La vie nous place sur le chemin ce que l’on est prêt à voir. Ce ne sont que des décisions que l’on prend. Pour soi.

Et ces microdecisions, mises bout à bout, dessinent ta propre vie.

MOI(en pleure) : maître, je vais devenir complètement cinglée ici.

THE MONK : pourquoi ?

MOI : 10 jours, à ne rien faire, pourquoi je m’inflige ça !

THE MONK : tu as juste à laisser faire. C’est simple !

MOI : je ne sais pas pourquoi je pleure autant !

THE MONK : tu as juste besoin de pleurer, acceptes le.

MOI : mais j’allais très bien avant de venir ici.

THE MONK : tu es venues ici pour écouter ton coeur. Mais là, tu penses trop.

MOI : mais c’est normal, jai que ça a faire ! Je deviens dingue !

THE MONK : pourquoi ?

MOI : parce que je m’ennuie !

THE MONK : pourquoi ?

MOI : parce que j’ai envie d’aller nager, courîr, faire du velo, appeler mes amis, mon copain, vivre quoi !

THE MONK : tu le feras plus tard.

MOI : la vie est déjà assez difficile comme ça, pourquoi dois-je m’infliger tant de souffrance ? Le temps passe !

THE MONK : pourquoi vouloir faire tout cela ?

MOI : et bien, pour avoir du fun ! Parce que ca me procure du plaisir !

THE MONK : c’est plus profond que cela.

MOI : et bien parce que ca me défoule, ca me permet de me soulager.

THE MONK : certaines personnes se soulagent en trouvant la paix en eux. Pourquoi pas toi ? Pourquoi as tu besoin de courir ?

MOI : oui mais moî j’ai toujours eu peur de manquer de temps. Le temps et moî, cest une longue histoire.

THE MONK : pourquoi ?

MOI (en pleure) : parce que….parce que je voudrais faire le maximum de chose avant de….avant de mourir…

THE MONK : ressens le. Tu n’as que cela à faire. C’est tellement simple, que c’est compliqué. Ressens le.

Pour la première fois de toute ma vie, je réalise que j’ai beaucoup trop de temps. Alors que les jours font toujours 24h. Ici, en France, partout… Pour découvrir ma vérité, je dois me libérer de toutes mes peurs. Je ne dois pas "chercher à être patiente", mais comprendre mon impatience.

Je rentre dans ma chambre. Et je pleure, tout ce que mon corps peut pleurer. 2e journée terminée. J’ai médité 7h durant la journée. Trop peu pour le Monk encore. Mais pourquoi ai-je autant pleuré. Je ne suis pas en prison ! Je suis libre de partir ! Mais je veux apprendre. Je veux comprendre.

Alors je me remotive, je met mon timer pour savoir que je dois méditer 15 minutes. Puis je me dis que mon timer doit être cassé, car ca n’a pas encore sonné ! Bon sang que c’est long 15 min, quand t’as rien d’autre à faire qu"observer".

Lieu où j'allais méditer

Dure journeé, beaucoup de tristesse et de colère que de m’infliger cela. Beaucoup de frustration. Il paraît que c’est normal. Il paraît. J’ai faim. Il me reste des noix de cajou non grillées, non salées. Molles…en fait. Mais ça me calmera jusqu’à demain.

4 jours. Pas plus.

3ME JOURS

Ce matin, ça va. Malgré l’observation de mon cerveau qui spin, je me sens apaisée. Ça fait du bien de se poser en soi. C’est comme si j’avais accepté d’être là. Je suis fatiguée. Mais c’est un plaisir de boire son café en 30 minutes et non en 5 !

J’observe mes pensées, des heures durant. Trop nombreuses pour les noter. Mais je vois comment mon esprit fonctionne. Il est trop rarement dans le passé. Bien trop souvent dans le futur. Ce qui explique pourquoi je ne suis pas rancunière et que j’ai toujours l’impression de courir. Il est déjà dans l’heure d’après, dans la semaine d’après, alors que je n’ai même pas pris le temps de goûter à aujourd’hui. Je coure dans l’heure d’après sans avoir pris le temps de goûter maintenant.

Puis je dois écrire le moins possible pour ne pas perturber le processus.

No talking. Ok. Mais no écrire, c’est impossible.

J’ai faim.

Je dois méditer 8h aujourd’hui. Il est 6h du mat. Je dois méditer encore 5h avant de pouvoir rencontrer le maître.

J’ai TOUT mon TEMPS. Pour moi… Et…pour la première fois de ma vie….

Le temps passe plus vite quand on y pense pas…. Pensez-y !

Dénuée de tout artifice et de tout bien matériel, c’est là, que tu apparais.

Je m’endors, en fixant ce plafond blanc, bercée par le bruit du ventilateur. 3e jours de terminé et je ne suis toujours pas partie.

4ME JOURS

Ding, ding, ding, diiiiing !! 4h du matin. Je suis claquée. Je me suis couchée à 18h hier. Et pourtant j’ai lutté !

Ce matin c’est dure de méditer. Je m’endors et je rêve ! Mais je suis profondément calme.

Prendre le temps de déglutir chaque petite gorgée de café chaud. Mettre 45 minutes à le boire et observer les sensations que cela procure. Observer la nature se lever. J’ai le temps.

Bouillon de riz ce matin pour le p’tit dej. C’est dure…! Ça doit sûrement forger l’esprit… En tout cas mes intestins sont heureux d’être au repos !

Je ne dois pas écrire, je ne dois pas penser. Mais je peux pas, ne pas écrire. Seule avec moi meme, sans parler.

Les visages de mes proches me reviennent en mémoire. Vous me manquez. Mais quand je pense à vous, j’ai de la joie dans le cœur.

Ici, les choses sont ainsi. Et c’est tout. C’est…tout… On laisse VIVRE.

Un mois seule en Thailande, ça ne te change pas fondamentalement. Ça te fais prendre conscience de qui tu es, fondamentalement. Et je m’aperçois que le meilleur refuge que l’on puisse trouver pour être en paix, c’est en soi. Mon corps est mon refuge.

Les conditionnements de l’esprit. Déconditionner, pour repositionner.

Pourquoi culpabiliser à ne rien faire ? C’est tellement bon ne rien faire. Et s’observer.

Comme dit le maître : "contemple" On nous éduque, dans nos sociétés occidentales, à ne "pas rien faire". Car c’est mal. Proscrit. Il faut produire. Être performant. Être meilleur que son conquérant. Dans une société en "marche", à laquelle on "adhère", dans laquelle on nous demande de "fonctionner". Très bien. Not me.

En Occident, on consomme. On consomme. On fait les soldes, on fait un crédit pour une voiture toute neuve, on achète ces plats tout fait parce qu’on a "pas le temps". Je vois ces femmes ici prendre le temps chaque jours de cuisiner leur légumes. Elles l’ont, le temps. Elles ont 24h/jrs, comme nous. Le temps de se préparer des repas sains, pour votre corps à VOUS. Celui qui vous porte, depuis votre naissance. Prenez-le, ce temps. Puisque vous l’avez.

J’ai réalisé à quel point on dispose d’énormément de temps, moi qui "coure" pour ne pas en perdre. C’est de notre responsabilité individuelle que de CHOISIR ce que l’on veut faire de ce temps dont on dispose. CHOISIR. Il ne suffit pas de le comprendre dans le mental. Il suffit d’en prendre conscience dans tout son être.

J’ai vu ce bébé hier, dans les bras de cette femme. Et c’est ce frisson qui m’a parcouru qui m’a permis de comprendre pourquoi j’étais là. Pour mes futures enfants. Pour leur offrir une belle maman, sereine. Pour pouvoir leur transmettre les vraies valeurs de la vie et non celle que la société nous inflige. Maman se prépare les enfants !!

Je ne fais pas cela pour me prouver que je suis forte. Non. Ça, je le sais. Je fais cela pour aller à la rencontre de ma vulnérabilité. Pour être une belle embassadrice à cœur ouvert dans ma future profession. Pour être une bonne amoureuse.

Alors je rallume les ventilateurs du temple uns à uns, je mets mon timer, déterminée à comprendre et à ressentir les bienfaits de la méditation. Il veut que je médite 9h aujourd’hui ? Ça marche. Je plonge dans mon gouffre profond. Je me laisse glisser.

La cloche sonne, repas du midi. Enfin…de 10h30 ! Oh ! Du riz ! Elo, fais preuve de surprise tout de même, tu as de la chance de pouvoir manger du riz à volonté ! Il y en a qui n’ont pas à manger ! Là, c’est mon mental qui parle. Avec ce régime, mon cul commence à ressembler à un morceau de tofu pas cuit… Mais filez moi des protéines bon sang !

Et c’est ainsi, qu’à chaque repas, je vois mes potes, autour de la table, s’esclaffant gaiement "allez Elo, allez Elo !!". Et j’me marre. Avant même d’avoir potentiellement touché au 1er grain de riz de mon assiette. Merci d’être là les copains !

45 minutes après après qu’on m’ait servi mon plat, on commence la prière du manger. C’est froid. Tu m’étonnes. J’ai faim. Tu m’étonnes. Selon la prière, la nourriture doit être contemplée avant d’être consommée (c’est bon, j’ai contemplé, on peut y aller ?) Elle ne doit pas être mangée pour le fun (ah bah ça, y’a pas de risque) Ni ingéré de façon gloutonne (ah ça y’a pas de soucis, j’ai jamais mangé aussi lentement de toute ma vie ! Je suis toujours la dernière de l’assemblée à partir). Ni mangée pour sa beauté (ça va, y’a pas de risque non plus). Ni mangée pour son attraction, mais seulement pour nourrir le corps physique sans produire d’overdose.

Et toujours l’incessante pensée "bon allez, j’me casse mardi". "Non, mercredi, c’est bien mercredi".

5E JOURS

M….! 5h25 !! Je me suis loupée ! Je n’ai pas entendu le ding ding ! J’ai mal au dos. …je dirais au maître que je méditais dans mon lit…

À midi (enfin…à 10h30), j’ai été gâtée ! Non seulement j’ai été surprise d’avoir du riz, mais j’ai esquissé un sourire tellement sincère lorsque j’ai vu de la salade verte ! Sans sauce, certes, mais de la salade verte quand meme ! Comme quoi, coupé de tout, les perceptions changent. Et puis sincèrement, le riz, ici en Asie, c’est un délice.

J’ai une banane aussi en dessert. Je la garderai pour ce soir. Elle me calera jusqu’à demain.

Quand tu penses qu’hier j’ai vu un jeune (beau) moine jouer au foot, torse nu (oui oui mesdames et ça vaut le coup d’oeil !! ;)) et que j’en ai vu un autre partir s’acheter des cacahuètes !! Lâches prise Elo. Oublies que tu as des désirs ….zen… Pas penser. Pas penser.

Ce silence commence à me peser. Et cette chaleur… impossible pour moi de méditer sous 40°C, lorsqu’un moustique s’approche doucement et semble te susurrer à l’oreille "zzzzzzzzz ahahah je vais bientôt te bouffer !!", pendant que son pote, lui, t’as deja dévoré les chevilles et les mollets et qu’une goutte de sueur te dégouline dans le creux de tes reins. "Tu dois accepter" dis le maître. Oui bon ben faut pas pousser mémé non plus, hein.

J’en ai ras le bol de devoir marcher au ralentis 9h par jooours ! Si je veux le calme en moi, c’est pas en faisant ça TOUS LES JOURS… putaiiiinnnn !! Et je repense aux cacahuètes du moine…

…Ne pas penser.

Respirer et prendre conscience de chaque mouvement de ton corps, un à un, lorsque ton pied entre en contact avec le sol.

…Ne pas penser.

"Put*** de moustique…!"

…Ne pas penser.

"Rien, j’boirai bien une bière la."

…Ne pas penser.

" Mais… le mec, qui sonne la cloche tout les matins pour nous réveiller, lui, c’est qui qui le réveille ?"

…Ne pas penser.

Et puis au final, la faim, les envies, le mal de dos, les pensées, la fatigue, le temps, l’envie de se barrer…on s’aperçoit que tout passe. Pour ne plus vivre que dans l’instant présent.

6ME JOURS

Je ne sais pas ce que j’ai ce matin. J’ai pas envie. J’ai mal dormi à cause du tonnerre apeurant et de ce matelas sommaire. J’ai très mal au dos. Le ding ding vient de retentir. Il est 4h. The last day. Demain j’arrête.

Si la méditation sert à calmer les pensées, comment se fait-il que plus je médite, plus je pense ? J’ai tellement faim. Je suis désolée maître mais je pense moins quand je fais quelque chose qui m’intéresse…

Ce matin au petit dej, viande et légumes sautés. Mon souhait de protéines a été exhaussé ! Je ne sais pas ce que c’est comme viande, mais c’est pas grave. Ce sont des protéines. Il y a des choses longues, plates et gluantes aussi dedans. J’espère que ce sont des pâtes. C’est drôlement bon. …Dommage que je n’ai pas une bonne baguette tradition bien fraîche et croustillante pour saucer tout ça ! Non. Ça c’est un désir. Exit les désirs.

Je remercie cette forte pluie matinale de rafraîchir l’atmosphère et mon esprit. C’est fou le bruit de la pluie ici. Intense.

Les paroles de la chanteuse Ginette Reno me viennent en tête.

"J’ai besoin de parler De parler à quelqu’un À quelqu’un qui voudrait simplement m’écouter J’ai besoin moi aussi De raconter ma vie Si ce n’est pas à toi Dis moi à qui"

J’ai envie de chanter, de jouer des bolas sur la plage. De danser avec mon amie Coco. Me retrouver au coin du feu dans ce pub québécois et refaire le monde. J’veux user des plaisirs de la chair avec mon homme. Qu’on s’emplissent d’ivresse sur ce roof top parisien. Sa peau me manque, son odeur, entendre les battements de son cœur. J’veux parcourir l’Europe à vélo. Jouer avec mon neveu, parler avec ma sœur. Me taper des barres de rires avec mon amie Gersende et notre petit verre de vin blanc.

La véritable force n’est pas dans le fait d’avoir réussi à surmonter des difficultés dans sa vie, et d’avoir érigé une carapace solide autour de son cœur. Non. Être fort, c’est avoir le courage de plonger dans son cœur et d’y découvrir sa vulnérabilité. Être fort, c’est détruire cette carapace qui ternit son cœur et avoir le courage de s’affronter. C’est affronter ses peurs, ses doutes, ses croyances, remettre en question ses fondements, son éducation. C’est être capable de se reconnaître, tel que l’on EST. Car maintenir une carapace solide, pour "paraître" fort aux yeux des autres, à quoi cela vous sert, si votre cœur est mort ? Tout le monde porte sa croix. Pas d’exception. Tout le monde veux être aimé et reconnu pour ce qu’il est. Alors commencez par vous reconnaître d’abord pour ce que vous êtes.

Mais la véritable force, se trouve dans l’ouverture de son cœur et le courage d’être soi.

Car il faut un sacré courage pour se regarder en face. Il faut un sacré courage pour prendre soin de sa colère, sa tristesse, les comprendre et les transformer. Il faut un sacré courage pour plonger dans les abîmes de son âme. Il faut un sacré courage pour voir sa beauté, dans toute sa vulnérabilité.

En étant là, j’ai appris à accepter les parties de moi que j’acceptais difficilement. Ces imperfections. Qui, sans le rappeller, permettent à mes perfections d’exister ! Il n’y a pas de lumière sans ombre. D’ombre sans lumière. J’ai appris à tester ma patience, mon intolérance, ma frustrations, mes desirs. J’ai appris à, non pas être l’inverse de ce que je suis, mais à comprendre ce que je suis. Je n’ai pas cherché à devenir patiente, mais à comprendre mon impatience.

Je pense aux gens que j’aime. Bon sang que j’ai de la chance d’être si bien entourée. J’en pleure de gratitude. J’ai de la chance d’avoir un corps en bonne sante, d’avoir mes yeux, mes bras, mes jambes, ma voix ! Tout cela pour pouvoir m’exprimer telle que je suis et être libre ! Tout cela, je le savais "inconsciemment" déjà. Mais en prendre conscience et laisser grandir la vague d’amour en soi vaut toute les prises de conscience.

J’ai pris conscience aussi aujourd’hui de la façon dont fonctionne mon esprit. J’ai hâte que la nuit tombe, que la chaleur tombe, pour partir explorer mon esprit à nouveau.

7ME JOURS

The last day. J’ai comme pas envie de partir. Mais je dois partir en ville pour mon visa. Je viens d’avoir ma cérémonie de clôture, dispensée par le maître. Quel honneur. Quelle sérénité absolue.

Mon dernier bouillon de riz ce matin et ma dernière banane. Je quitte cet après midi. Je clean ma chambre. Je n’ai jamais sorti une poubelle aussi lentement de toute ma vie !

J’ai compris qu’entre ces vas et viens quotidiens de bien être et d’impatience, il y avait toujours quelqu’un à mes côtés. Mais je n’avais pas pris le temps de le sentir et de le regarder. Ma douce présence. Que je mit enfin à sentir dans ce silence. Dans cet espace ou plus rien ne bougeait, dans ce vide entre chaque seconde qui passe, je sentais du plein.

Cette présence consciente grâce au silence et à ses poses répétées me rendirent pleine et entière, de ce silence immaculé. Qui me nourrissait quand je marchait.

J’ai fait parti de leur vie, l’espace d’un fragment de vie.

MERCI.

Medit

1 Message

  • 7 jours chez les moines Bouddhistes 28 mai 2017 10:18, par Carol

    Magnifique…
    Écrit d’une main de maître avec beaucoup d’humour et de sensibilité. …
    J’ai adoré de prendre le temps de te lire…
    Félicitations ! !! Et merci d’avoir pris le temps de nous faire partager ces 7 jours
    Carol

    Répondre à ce message

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0