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Élections européennes le 26 Mai, la position prolétarienne

samedi 20 avril 2019, par Robert Bibeau

Par Nuevo Curso. Traduction et commentaires : Les7duQuébec.com

Les élections du 26 mai et les ouvriers européens

Ils nous disent que nous devons participer aux élections pour choisir entre le pire et le moins pire, que si nous n’allons pas aux urnes avec la carte d’électeur entre les dents, nous serons responsables de la prochaine vague d’attaques contre nos conditions de vie et de travail. D’autres nous disent de voter, mais stratégiquement, d’autres prétendent que nous ne devons pas voter parce que : « chaque vote est un oui au capitalisme ». Selon-nous, aucun de ceux-ci n’a raison.

Quel est le choix réel entre la droite et la gauche ?

Les intérêts des travailleurs ne sont pas des intérêts « corporatifs », pour la satisfaction de privilèges de groupe ou de caste. Les intérêts des travailleurs ne peuvent être atteints aux dépens des autres, en opprimant les autres (même pas aux dépens des capitalistes, ce qui différencie le prolétaire révolutionnaire du gauchiste de tout acabit qui aspire à prendre aux riches pour faire l’aumône aux pauvres sans changer le mode de production. NDLT). Ce sont des besoins humains génériques et universels. On sait que l’on défend les intérêts des travailleurs lorsque les besoins humains remplacent les besoins du capital soit : valoriser le capital et générer des profits à réinvestir. (Prendre note que ces besoins de profits capitalistes sont générés par le mode de production capitaliste dont la bourgeoisie est un instrument inconscient. NDLT).

Les États bourgeois démocratiques et leurs gouvernements ne peuvent placer les besoins humains au-dessus des avantages pour les investisseurs (ils détruiraient alors les fondements mêmes de ce mode de production. NDLT). Leur fonction et leur objectif sont de rendre rentables et durables les investissements de capitaux ; garder le système à l’abri des remises en question fondamentales, tout en rendant le capital aussi rentable que possible. C’est pourquoi les fonctionnaires du capital craignent le « chaos » et mesurent le PIB de manière obsessionnelle (ils mesurent aussi la dette souveraine qui plombe le crédit, la monnaie et le PIB. NDLT). C’est la raison pour laquelle ils sont prêts à mettre un terme à certains atavismes ou à améliorer-réformé certaines situations concrètes qui nuisent à l’atteinte de cet objectif, mais ils n’accepteront jamais que les besoins humains génériques se substituent à l’obtention d’avantages pour le capital national et international (surtout à l’époque de la globalisation et de la financiarisation de l’économie mondialisée. NDLT).

Les partis politiques électoralistes qui présentent des candidats aux élections sont des institutions de l’État qui présentent des programmes pour améliorer la gestion de notre propre exploitation (ils mettent de l’avant d’utopiques réformes avec l’espoir que le système prolongera son agonie sous leur leadership de gauche et/ou de droite. NDLT).

Cet article est disponible en cinq langues sur le webmagazine : http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

En Espagne par exemple, Pedro Sánchez (PSOE) a proposé au gouvernement qu’une partie de la cotisation de sécurité sociale obligatoire soit versée à des fonds de pension privés. C’est la première étape de la même « réforme » que Bolsonaro a mis de l’avant au Brésil. En bref, une manœuvre pour que les pensions des travailleurs passent d’un principe d"épargne-solidaire à un principe d’ « investissement-capitalisation » sous gestion directe du capital financier, et que les ouvriers reçoivent une pension de retraite basée non plus sur ce que le travailleur aura épargné, mais sur la rentabilité des placements boursiers d’une économie en déclin (de fait, le grand capital tente ainsi de se renflouer en expropriant les fonds de pension pour soutenir la spéculation boursière éphémère. Le prolétaire y perdra ses économies, c’est-à-dire son salaire différé qui s’envolera en fumée. NDLT). Ils ne le font pas pour « sécuriser » les pensions, ils le font pour renflouer les banques qui avouent ne pas être rentables et qui ont besoin d’un revenu garanti. Ils songent à accaparer et notre salaire et notre pension.

Sanchez, malgré ses promesses, n’a pas touché à la réforme du travail concoctée par Rajoy. Et si le salaire minimum (SMIC en France) a augmenté – pareil pour Bolsonaro et pour Macron – c’est que, comme il l’a lui-même déclaré, ils pouvaient « se le permettre » : les salaires moyens s’effondrent alors qu’ils nous invitent à détourner le regard. Sánchez et Iglesias entendent gouverner avec la droite basque. Pedro Sánchez et ses partenaires de Podemos sont de la même eau frelatée, et ils se donnent les moyens de mener les mêmes attaques contre nos conditions de vie et de travail, contre nos salaires et contre nos régimes de retraite que faisait Rajoy, mais à la manière sociale-démocrate : « pour notre propre bien » (sic).

Est-il judicieux de voter pour le « moins mauvais » ?

N’y a-t-il pas des contremaitres qui sont pires que d’autres ? Ne devrions-nous pas choisir, étant donné qu’ils offrent l’option : « La moins mauvaise solution » ? La vérité est que nous ne choisissons pas. Le vote est censé être la mesure de l’adhésion aux différents programmes électoraux bourgeois. Chaque programme de parti est en réalité l’engagement d’une équipe de bureaucrates qui recevra autant de revenus, de postes et de pouvoirs d’État que le nombre de citoyens que cette équipe aura bernés (électoralement parlant. NDLT). Comment peuvent-ils oublier le fait qu’ils sont les « moins mauvais » alors que celui qui gagne l’élection est « le pire » des moins mauvais ? Car celui qui gagnera se heurtera sans cesse aux besoins génériques et universels du prolétariat qu’il ne pourra satisfaire. Une élection c’est…

Les élections mesurent la capacité des médias et du système de propagande bourgeois à produire des « opinions ». (« L’opinion publique » est une marchandise, et comme toute autre marchandise elle est le fruit du travail humain, elle a donc une valeur et en tant que telle, elle est soumise aux lois du marché capitaliste. NDLT). « L’opinion publique » est le produit d’une industrie, l’industrie de l’idéologie et des médias : chaines de télévision, journaux, cinéma, Internet … Le capital et son État dirigent une énorme quantité de ressources pour façonner l’opinion publique. Via les médias à leur solde, ils nous invitent continuellement à prendre en charge les difficultés de notre propre exploitation et ils nous préparent au moment où cette industrie nous permettra de choisir à quelle sauce nous préférons être mangés. L’abstention électorale mesure-t-elle quelque chose ?

Est-ce que ceux qui disent que voter, c’est : « choisir le capitalisme », ont raison ? Ni oui ni non ! Les ouvriers disent collectivement non aux propositions du capitalisme, car c’est collectivement que nous sommes exploités et aliénés. Le vote individualisé, dissimulé dans un isoloir, ne sert ni à changer les conditions d’exploitation ni à s’en dégager. Pendant des années, les anarchistes ont proclamé : « que si moins de la moitié de la population allait voter, le système politique capitaliste imploserait  ! » Mais le désintérêt pour les mascarades électorales augmente, bien des gens de toutes les classes sociales ont cessé de fréquenter les urnes et pourtant l’implosion se fait toujours attendre.

Est-ce que le système économique et politique capitaliste va se renforcer si cette fois plus de gens vont voter aux scrutins du 28 avril ? Probablement pas. Le système qui nous exploite, et l’État qui organise les conditions générales de cette exploitation ne sont pas maintenus en place par le nombre d’électeurs qui s’expriment (croire cela c’est croire au mythe démocratique bourgeois qui laisse entendre que l’opinion publique compte pour quelque chose dans les lois de l’économie politique capitaliste. Il n’en est rien. NDLT). L’économie et la politique des riches ne découlent pas de « l’opinion publique » créée par les campagnes médiatiques ni du résultat du décompte des bulletins de vote que des millions d’individus déposent de temps à autre dans une boite aux termes d’une mascarade électorale. Les politiques étatiques sont le produit des besoins d’un capital de plus en plus étranglé et engagé désespérément dans une guerre commerciale.

Que faire alors ?

Les interdictions et les boycottages ne proposent jamais de véritables solutions. Nous ne pouvons pas prendre au sérieux davantage de chantage électoral qui ne fait que nous mobiliser autour des résultats des mascarades électorales. Nous savons pourtant à l’avance que celui qui gagnera n’apportera aucune solution aux problèmes de la population. Nous savons que le vote est un rituel religieux vide de sens. Le principal danger d’une élection est de créer du sens à quelque chose qui n’en a pas. (Par exemple de laisser croire que de voter Macron ou Le Pen changera quelque chose à la faillite de l’économie française, ou de voter Donald Trump plutôt qu’Hillary Clinton éloignera le spectre de la guerre. NDLT). Que nous pensions que le triomphe de la gauche signifierait que l’État défendra nos intérêts de travailleurs, même qu’il pourrait nous épargner de nous battre pour nos intérêts de classe ; ou à l’inverse, croire que le triomphe électoral de la droite serait notre défaite de classe et que nous devons « chercher des alliés » parmi « les moins méchants ». Pareil pour l’abstentionnisme : pensé qu’une abstention massive impliquerait un changement quelconque est tout aussi nuisible que de penser qu’un nombre élevé de votants signifie que le capitalisme bénéficie d’un soutien massif de la population. Les travailleurs en tant que classe sociale n’ont jamais rien perdu ni gagné lors des élections bourgeoises.

Que faire alors ? (Ni voter ni se déplacer pour ne pas voter, bref, se moquer de leur mascarade électorale et diriger notre attention de prolétaire vers la prochaine manche de la lutte de classe pour la défense de nos conditions de vie et de travail. NDLT). (1)

Notes

Source en Espagnole : https://nuevocurso.org/que-hacer-co…

1. Robert Bibeau. (2017) La démocratie aux États-Unis. Les mascarades électorales. L’Harmattan. Paris. http://www.les7duquebec.com/7-au-fr… Disponible en 5 langues et aussi sur Amazon https://www.amazon.ca/démocratie-a…

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