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6 Juin 1944, « Acte I » de la Société du Spectacle : Une boucherie stratégiquement utile ???

jeudi 6 juin 2019, par Luniterre

Comme l’a révélé le film historique éponyme sorti en 2017, Churchill était loin de soutenir avec enthousiasme le projet de débarquement en Normandie. Son opposition n’était pas nouvelle, mais elle a ressurgi au dernier moment, alors qu’il semblait s’être aligné sur les positions US depuis quelques temps déjà…

En réalité, c’est même essentiellement lui qui est à l’origine des premières opérations de débarquement en Afrique, puis en Sicile et en Italie.

Le choix de l’Italie résultait déjà pour lui d’un compromis, alors qu’il préconisait plutôt un débarquement dans les Balkans. Ce choix stratégique se comprend très bien, à tous points de vues en fonction de la situation politique et militaire de l’époque, et surtout de son point de vue de Premier Ministre de la Grande-Bretagne, dont il défendait d’abord les intérêts impériaux, c’est-à-dire impérialistes, en fait. Ceci-dit, il est à considérer, en fonction de son expérience tragique aux Dardanelles en 1915 (200 000 morts), que la préoccupation de ne pas sacrifier inutilement des vies humaines faisait réellement partie de ses considérations importantes. C’est notamment ce qu’évoque le film de 2017, centré sur ses scrupules et ses hésitations les tout derniers jours avant le 6 Juin.

Bien évidemment, les deux types de préoccupations, dans ce cas, ne sont pas incompatibles. La disproportion des forces britanniques et US suffit à le comprendre : les généraux US s’affirment clairement prêts à sacrifier une partie importante de leurs troupes pour réussir cette percée sur le continent, alors que Churchill, qui a déjà du avaler la couleuvre de voir cette opération se préparer à partir de son territoire, se voit sur le point de sacrifier le meilleur de ses troupes pour le profit de l’impérialisme US en train de supplanter la Grande-Bretagne, et largement, comme leader du monde occidental.

En réalité, la première grande puissance à être réduite par l’opération Overlord, ce n’est pas l’Allemagne, mais bien la Grande-Bretagne, qui avait joué jusque là le rôle de citadelle invincible et d’avant poste de l’Occident « libre ».

A considérer la carte d’ensemble des opérations militaires de l’époque, on ne peut que constater que cela semble même avoir été une des préoccupations essentielles du choix « stratégique » US.

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En effet, aucun autre argument de cet ordre ne tient sérieusement la route, ni ne résiste à l’analyse.

En réalité, non seulement les difficultés rencontrées sur le front italien sont relatives, mais elle le sont d’autant plus que ce front se trouve en partie dégarni de ses troupes en raison de l’option US sur la Normandie. A l’origine, et déjà suite au compromis initialement accepté par Churchill, c’était, selon lui, sur ce front qu’aurait du porter une accentuation massive de l’intervention US.

Et malgré cela, Rome est déjà libérée le 4 Juin 1944, alors que l’Opération Overlord se trouve finalement retardée à plusieurs reprises. De quoi faire certainement regretter Churchill de ne pas avoir été suivi, et de quoi renforcer ses réticences clairement exprimées des derniers jours avant le D Day.

Que l’intervention US ait également eu pour but de pouvoir contenir au plus vite l’avancée soviétique sur le front Est, c’est maintenant une évidence suffisamment établie, à cette très grosse nuance près, là aussi, que le choix stratégique churchillien était évidemment et très largement la meilleure option dans ce sens. Son plan initial visant les Balkans eut même été un encore plus court chemin, dans ce but, qui n’était donc pas absent, non plus, des préoccupations de l’anticommuniste Churchill.

Là encore, donc, l’une des « raisons historiques », généralement invoquée, du choix normand, n’est donc évidemment pas la bonne, en tous cas, sur le plan stratégique, et surtout, considéré dans l’optique d’une stratégie supposée essentiellement anti-nazie.

Force est donc de constater, en prenant simplement un peu de recul sur l’analyse de ces événements, que d’autres motivations, d’autres objectifs stratégiques se dissimulent donc derrière ce choix historique, derrière un tel déploiement de moyens, derrière une telle désinvolture à sacrifier des milliers de vies humaines supplémentaires, y compris et surtout, dans ce qui était le propre camp de ces décideurs, se voulant pourtant le fer de lance d’un occident « humaniste » !

Sur le plan géostratégique l’offensive US en Europe n’avait donc pas pour seul but de réduire la puissance nazie, mais bien aussi et surtout, d’affirmer la puissance US face aux puissances européennes déjà déchues par leur capitulation face au nazisme et devenue « alliées » surtout faute d’autres choix possibles.

Dans cette optique, baser l’armée US principalement en Grande-Bretagne visait donc déjà à réduire relativement la puissance de ce pays, le seul qui n’avait donc pas capitulé. La démonstration était faite aussi directement que possible et grandeur nature, que la Grande-Bretagne n’avait pas réellement les moyens de la victoire qu’elle promettait dans ses proclamations, et notamment, par la voix de Churchill !

Ensuite, débarquer en France et marcher au plus vite sur Paris, c’est bien ce que les USA escomptaient faire dans un laps de temps réduit, et qui eut été tout à fait comparable au « Blitzkrieg » nazi de Juin 40, et à sa rapidité à s’instituer en force occupante, dont ils visaient ni plus ni moins à prendre la place, faisant de la France leur arrière cour européenne en tant que quasi-colonie. Il est désormais bien connu que tous les plans et dispositions concrètes avaient été prévus dans ce sens, sauf la difficulté de marginaliser le Général de Gaulle, auquel on doit au moins reconnaître le mérite de nous avoir relativement soulagés d’une telle humiliation, à défaut d’avoir réellement libéré la France.

Toutefois, dans ce relatif « compromis » restituant à De Gaulle une place qu’il aurait eu du mal à imposer réellement sur le terrain, ressort l’autre véritable motivation stratégique US, à savoir contenir et réduire l’avancée du communisme en Europe. En effet l’aura de De Gaulle était des plus utiles pour imposer le désarmement des maquis, essentiellement contrôlés par les communistes et les forces politiques progressistes françaises.

A défaut d’un régime quasi-colonial, ce fut donc un relatif « protectorat » animé de quelques velléités gaullo-indépendantistes !

Et c’est bien en vue de signifier aux peuples européens la « dette de sang » qu’ils allaient avoir envers les USA que la boucherie spectaculaire et inévitable sur les plages de Normandie prenait dès l’origine son sens stratégique réel.

En effet, il apparaissait clairement, jusqu’en Juin 44, et malgré la belle percée sur le front italien, que le gros de l’effort de guerre avait été assumé, pour l’essentiel, en Europe, par l’URSS. Et en plus de l’avancée désormais irrésistible de l’Armée Rouge, c’est bien la validité et la légitimité du projet communiste qui était en train de s’établir parmi les populations européennes ayant subi quatre années d’exactions nazies. Idées communistes relayées, sur le terrain, par les diverses avant-gardes locales de la Résistance.

Créer une « dette de sang » spectaculaire et qui puisse passer pour comparable à celle, incommensurable, de l’URSS, et la prétendre « stratégiquement » encore plus décisive, telle est la véritable motivation du « choix normand », quant au fond.

Une « dette de sang » qui pouvait devenir un investissement stratégique à longue portée, à condition de le doubler d’une intense campagne de propagande et de manipulation idéologique et historique pour la faire valider comme un tournant décisif de l’histoire et sans alternative qui eut possiblement permis d’éviter le bain de sang planifié du 6 Juin 1944.

Une « dette » validée chaque année par les serviteurs européens de l’empire US, avec renouvellement des « grand messes du sacrifice des innocents », chaque 6 Juin qui passe, et avec particulièrement d’emphase à chaque millésime qui le permet, et cette année, donc, celui des 75 ans.

Une « dette » qui conserve, paradoxalement et plus que jamais, sa « validité » et son importance géostratégique, pour l’empire US, dans les circonstances politiques présentes et si ce n’est plus essentiellement pour faire pièce à l’idéologie communiste, ce n’en est pas moins pour contenir et, éventuellement, mater concrètement, les nouvelles velléités d’indépendance des peuples, et notamment à nouveau, du peuple russe et de ses alliés à travers le monde.

Pierre Grindsable

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https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/06/06/6-juin-1944-acte-i-de-la-societe-du-spectacle-une-boucherie-strategiquement-utile/

A la suite, sur TML et Front des Laïcs, une compilation d’extraits d’articles d’historiens tout ce qu’il y a d’ « occidentaux », mais dont le recoupement permet de comprendre la réalité dissimulée derrière les discours et proclamations officiels, et jusque dans les « livres d’histoires » formatés pour la jeunesse occidentale, pourtant supposée ne pas devoir avaler de « fake news » « fake history » et autres « couleuvres complotistes » !!!

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4 Messages de forum

  • Salut à toutes et à tous,

    Il s’agissait bien de créer artificiellement une "dette de sang"

    http://mai68.org/spip/spip.php?arti…

    Extraits

    On avait demandé aux résistants de tenir une zone sûre au Mont-Mouchet pendant trois jours afin que les soldats Américains puissent "débarquer" en France au Mont-Mouchet, en parachute, sans risque aucun.

    Les résistants ont réussi à tenir le Mont Mouchet environ trois semaines, mais les Amerloques ne sont jamais venus, ils ont préféré débarquer le 6 juin 1944 en Normandie avec de nombreuses pertes, afin qu’on s’en souvienne encore aujourd’hui. Et qu’on leur en soit reconnaissant.

    Les résistants sont donc morts ou ont risqué leur vie au Mont-Mouchet presque pour rien. Encore ont-ils eu de la chance d’avoir un commandant (Coulodon, dit Gaspard) qui fut intelligent et qui a fait fuir au dernier moment les résistants avant que l’encerclement soit complet. Beaucoup ont ainsi survécu et ont pu raconter.

    Mais ce ne fut pas pareil au Vercors. À eux aussi, on leur avait dit de tenir trois jours une zone sûre pour que les Américains arrivent sans risque en parachute. Là non plus les Amerloques sont pas venus. Mais au Vercors, ils ne se sont pas enfui à temps et ont eu de très nombreux morts. Merci les Américains !

    Pour les état-majors lointain des "Alliés" — Je ne parle bien sûr pas de l’URSS, mais seulement des Occidentaux —, il était à peu près sûr aussi que concentrer les résistants en grand nombre au Mont-Mouchet ou au Vercors permettrait aux nazis d’en tuer bien plus que s’ils étaient restés intelligemment dispersés comme le veut la règle en temps de guerre de guérilla.

    Che Guevara disait dans son livre "La guerre de guérilla" qu’une guérilla des champs ne doit jamais avoir plus de cinquante membres. Après, elle doit se scinder en deux. Et une guérilla des villes, toujours d’après le Che, ne doit jamais dépasser cinq personnes.

    Je suis persuadé que les états-majors lointains des "alliés" occidentaux n’étaient pas mécontents de voir les nazis éliminer un maximum de communistes et autres dangereux contestataires. C’est certainement l’une des raisons majeures de ces grands rassemblements de résistants au Mont-Mouchet ou au Vercors !

    Bien à vous,
    do
    http://mai68.org

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  • Initialement, les Américains ne voulaient pas passer par Paris pour aller plus vite en Allemagne. De Gaulle les a imploré d’y passer afin de minimiser au maximum le rôle tenu par la résistance communiste dans la Libération. (Mais Paris a quand même eu le temps de se libérer sans l’aide des Amerloques !)

    Autre chose, Churchill appelait le débarquement : « The invasion off France »

    http://mai68.org/spip/spip.php?arti…

    Les Anglais, au début de la guerre, avaient proposé à la France d’envoyer une armée conséquente sur le sol même de la France pour la défendre à condition que la France passe après guerre sous la couronne anglaise !

    Sinon, l’efficacité de la résistance se mesure aussi fait que les Américains ont traversé la France vers l’Allemagne à grande vitesse et ont pénétré en Allemagne à vitesse très lente.

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