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« Homo sapiens » prend un coup de vieux de 100 000 ans

vendredi 9 juin 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 9 juin 2017).

https://www.letemps.ch/sciences/201…

Marie-Laure Théodule

Publié mercredi 7 juin 2017 à 19:17, modifié mercredi 7 juin 2017 à 19:18

Des chercheurs rapportent la découverte au Maroc de fossiles d’« Homo sapiens » datant de 300 000 ans. Un sacré coup de vieux pour notre espèce, qui voit aussi son origine géographique remise en cause

Notre plus vieil ancêtre ne date pas de 200 000, mais de 300 000 ans. Il ne vient pas d’Ethiopie mais de toute l’Afrique. Explications de Jean-Jacques Hublin, professeur invité au Collège de France et directeur du Département d’évolution humaine de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionnaire de Leipzig en Allemagne. Il est l’un des principaux auteurs d’une étude parue dans Nature, qui révolutionne l’histoire de nos origines.

Le Temps : Votre étude détrône de son piédestal le plus ancien des « Homo sapiens ». Qu’avez-vous trouvé exactement ?

Jean-Jacques Hublin : Nous avons montré que les fossiles d’hommes primitifs et d’animaux ainsi que les outils en pierre découverts sur le site de Jebel Irhoud au Maroc datent de 300 000 ans. Ils ont 100 000 ans de plus que le plus vieil Homo sapiens connu à ce jour, découvert à Omo Kibish en Ethiopie. Cela remet donc en question la pensée dominante en paléoanthropologie, qui situait l’origine de notre espèce en Afrique de l’Est, il y a 200 000 ans.

n/a Shannon - McPherron, MPI EVA Leipzig

— Comment avez-vous effectué cette datation ?

— Nous avons relancé l’exploration du site de Jebel Irhoud où l’on avait découvert des restes humains au début des années 1960. A l’époque, des mineurs étaient tombés sur un crâne et des silex alors qu’ils creusaient une galerie. Au cours des années qui suivirent, six restes humains furent identifiés dans ce qui restait du site archéologique, mais la datation des sédiments qui les entourent restait floue. Or en 2004, l’Institut Max-Planck mit enfin des moyens pour déblayer le site. Nous avons alors bénéficié de deux coups de chance extraordinaires.

— Lesquels ?

D’une part, nous sommes tombés à la base du gisement sur un véritable lit d’os humains. Leur nombre atteint désormais 22 restes appartenant à au moins cinq individus. Nous avons notamment découvert un nouveau crâne, une mandibule d’adulte très bien conservée et de nombreux silex brûlés. Cela permet d’utiliser la thermoluminescence, méthode qui consiste à évaluer l’âge d’une roche à partir de la quantité de lumière émise lors de la dernière chauffe des minéraux. Nous avons ainsi pu dater le site à 300 000 ans. Une autre méthode nous a permis de réévaluer aux environs du même âge l’ancienneté d’une mandibule d’enfant découverte dans les années 1960. Notre article dans Nature est le point d’orgue d’une série d’autres travaux, grâce auxquels nous sommes arrivés à la conclusion que les fossiles de Jebel Irhoud se situent au tout début de la lignée qui mène à l’homme moderne.

Une mandibule d’Homo sapiens vieille de 300 000 - Jean-Jacques Hublin, MPI EVA Leipzig

— Quels signes morphologiques en font sans conteste des « Homo sapiens » ?

— Grâce à la tomographie informatisée et à l’analyse statistique de forme, nous avons reconstitué la morphologie de leurs visages : ils ont déjà la face rétractée sous le crâne, le système masticateur et la dentition des hommes modernes actuels. En revanche, leur boîte crânienne a conservé une forme plus archaïque. Leur cervelet est par exemple proportionnellement moins gros que le nôtre par rapport au volume total du cerveau. Autrement dit, la face humaine a acquis précocement ses caractéristiques modernes alors que le cerveau a mis beaucoup plus de temps à évoluer, sans doute au fur et à mesure de l’acquisition de techniques et de l’évolution génétique.

— Quelle technique était utilisée pour tailler les outils trouvés sur le site ?

— Les outils en silex du site ont été fabriqués à partir d’éclats produits par la méthode dite Levallois. Ils ont été retouchés, surtout pour produire des pointes, et souvent emmanchés. On retrouve le même type de production lithique datant de 280 000 ans en Afrique de l’Est et en Afrique du Sud, mais sans qu’elle soit associée à des restes humains. Cela laisse à penser qu’à l’époque des hommes de Jebel Irhoud vivaient déjà partout en Afrique des Homo sapiens primitifs. Ils ont ensuite évolué tantôt de manière isolée, tantôt en ayant des contacts. La barrière désertique du Sahara n’a pas toujours existé. Ainsi il y a 300 000 ans, le Sahara était une vaste savane, ce qui explique que l’on ait aussi trouvé beaucoup de restes de gazelles, de gnous et d’antilopes à Jebel Irhoud.

Des outils découverts sur le site de Jebel Irhoud - Mohammed Kamal, MPI EVA leipzig

— En quoi votre découverte révolutionne-t-elle notre vision des origines de l’homme moderne ?

— Nous avions une vision presque biblique des origines de l’homme : notre espèce serait apparue assez rapidement, il y a 200 000 ans, dans un jardin d’Eden situé en Afrique de l’Est, avant de se répandre en dehors d’Afrique. Jebel Irhoud bouscule cette vision : notre origine est bien plus ancienne, notre émergence est un phénomène très progressif avec la mise en place de façon très précoce de certains caractères (face, dents), suivie d’une très lente évolution de notre cerveau. Et loin de s’être produite uniquement au Maroc, elle s’est au contraire manifestée dans toute l’Afrique. S’il y a un jardin d’Eden, c’est le continent africain.

2 Messages de forum

  • Homo sapiens : une découverte qui bouleverse notre vision de l’évolution

    https://assawra.blogspot.fr/2017/06…

    Jeudi 8 juin 2017

    La découverte des plus anciens représentants connus de notre espèce, vieux de 300.000 ans, met à mal l’idée d’une évolution humaine linéaire issue d’Afrique de l’Est : l’homme d’aujourd’hui serait plutôt le fruit de groupes dispersés dans toute l’Afrique.

    "Ces découvertes suggèrent que l’origine de notre espèce implique vraisemblablement de nombreuses populations réparties en Afrique avec des échanges de gènes périodiques entre elles", a expliqué à l’AFP Matthew Skinner de l’Université du Kent au Royaume-Uni.

    Le Français Jean-Jacques Hublin, directeur du département d’Evolution humaine à l’Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne), et son équipe ont annoncé mercredi avoir mis au jour au Maroc des restes d’Homo sapiens datant de 300.000 ans. "Un coup de vieux de 100.000 ans" pour notre espèce mais pas seulement.

    Car selon les chercheurs, les cinq Homo sapiens retrouvés à Jebel Irhoud ne seraient pas les seuls représentants de notre espèce a peupler l’Afrique à cette époque. Bien au contraire, ils devaient être nombreux et répartis sur l’ensemble du continent.

    Au moins deux autres espèces

    Tous les hommes actuels ne descendraient donc pas d’une population qui vivait en Afrique de l’est, d’un jardin d’Eden éthiopien. Et d’une façon plus globale, la représentation de l’évolution de l’homme par un singe qui se redresse et qui devient un bipède humain serait trop schématique, trop simpliste.

    Pour arriver à l’homme d’aujourd’hui, la nature aurait été beaucoup plus inventive que ce que l’on pensait, aurait utilisé des "ingrédients" plus variés.

    L’annonce de la découverte des restes les plus anciens de notre espèce, Homo sapiens, peint une image passionnante et complexe de ce qu’était la Terre il y a 300.000 ans, selon les experts.

    "Cette espèce de zoo humain est assez fascinante, on s’éloigne de plus en plus de cette vision linéaire de l’évolution humaine avec une succession d’espèces qui viennent les unes au bout des autres", a expliqué Jean-Jacques Hublin. "Toute l’Afrique a participé au processus", a-t-il ajouté.

    De plus, cette nouvelle date laisse penser qu’en Afrique, l’"Homo sapiens a pu coexister avec au moins deux autres espèces, l’Homo heidelbergensis et l’Homo naledi", a expliqué à l’AFP Lawrence Barham de l’Université de Liverpool.

    Coexistence de groupes différents

    On savait qu’à l’époque où l’Homo sapiens peuplait l’Afrique, des néandertaliens vivaient en Europe, des dénisoviens en Asie, des Homo floresiensis à Flores… mais il y avait des séparations géographiques importantes entre tous ces groupes.

    "Maintenant ce qui est en train d’émerger est beaucoup plus troublant : la coexistence de groupes différents non pas dans des régions du globe différentes mais en Afrique", a expliqué Jean-Jacques Hublin.
    "Cette belle découverte complète notre vision en montrant encore plus combien tout cela a été buissonnant", explique le paléoanthropologue Antoine Balzeau pour qui "si on devait représenter l’évolution, ce serait plutôt un gros buisson, avec de multiples branches, pas quelque chose de tout droit".

    Pour le paléoanthropologue du Musée de l’Homme, même l’utilisation du terme "descendre" ne convient pas du tout à l’évolution humaine. "On ne pourra jamais trouver le vrai premier d’une espèce car il n’existe pas vraiment", a ajouté Antoine Balzeau.

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  • « Homo sapiens » prend un coup de vieux de 100 000 ans 10 juin 2017 20:19, par Jean Cendent

    Eh ! L’Homo affairus cela lui fait combien en 2017 ?

    Avec la découverte de l’homme de macron, 100 000 milliards de € ou $ en moins pour la vie sur terre .

    Et la Démocratie dans tout ça ?

    A quelle heure avant ou après JC ?( et encore pour une seule religion… )

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