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Algérie - Le drapeau berbère est devenu un symbole d’unité

dimanche 30 juin 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 30 juin 2019).

http://reconstructioncommuniste.ekl…

30 Juin 2019 à 05:04

Recocom

Le pouvoir algérien durcit le ton. Au moins 16 manifestants ont été placés sous mandat de dépôt par la justice à Alger, dimanche 23 juin 2019, selon plusieurs avocats réunis au sein d’un collectif de défense. Trois autres ont été renvoyés au commissariat pour un complément d’enquête.

Ces manifestants sont accusés d’avoir brandi ou possédé des drapeaux berbères lors de la manifestation de vendredi et ils sont poursuivis pour « atteinte à l’unité nationale » et « atteinte à l’emblème nationale ». En attendant l’instruction de leur dossier, ils ont donc été placés en détention. Les avocats ont annoncé leur intention de faire appel de cette décision.

La stupéfaction était grande parmi les militants des droits de l’homme réunis à la sortie du tribunal de Sidi M’hamed. La décision de la justice algérienne leur paraît inédite depuis le début des manifestations en février. « Je suis très en colère. Le général Gaïd Salah [le chef d’état-major de l’armée] n’a rien compris. Il ne sait plus ce qui se passe dans son pays et il attise la division. On se fait accuser de crime pour un drapeau », confie à franceinfo Othmane Aouameur, activiste et militant des droits de l’homme.

« Le drapeau berbère est devenu un symbole d’unité »

Les militants soulignent que cette décision n’a aucun fondement juridique. « C’est une décision absurde. (…) Ils n’auraient même pas dû être interpellés », a déclaré à la presse Aouicha Bekhti. Selon cette avocate membre du réseau contre la répression, la justice s’est appuyée sur l’article 79 du Code pénal pour leur reprocher une « atteinte à l’intégrité du territoire ». L’identité berbère (ou amazighe) est un sujet sensible en Algérie, où un quart de la population, soit environ 10 millions de personnes, est berbérophone. « Mais le drapeau amazigh est devenu un symbole de l’unité nationale », répond Othmane Aouameur.

Moi je me considère amazigh, même si je ne le suis pas, en solidarité avec mes frères. [Othmane Aouameur à france info]

Lors de la manifestation de vendredi, une centaine de personnes ont pourtant été arrêtées par les forces de l’ordre en possession de ce drapeau, après la consigne donnée par le général Ahmed Gaïd Salah de ne tolérer aucun autre drapeau que « l’emblème national ». Une grande partie de ces manifestants ont été rapidement libérés, mais certains ont finalement été présentés devant le procureur de la République.

« La liberté n’a aucun sens dans un pays en otage »

« Le pouvoir tente d’utiliser la carte de la division pour détourner le mouvement de son but. Ce n’est pas la justice qui décide, car celle-ci est toujours dans les mains du système », poursuit Nassim Yassa, secrétaire national chargé de la jeunesse au sein du Rassemblement pour la culture et la démocratie.

Je pense que c’est un grave dérapage du pouvoir. Ils veulent désorienter un mouvement pacifique, mais ce que n’a pas compris le pouvoir, c’est que le peuple est déterminé à obtenir le départ du système. [Nassim Yassa à france info ]

De son côté, Aouicha Bekhti a tenu à transmettre une déclaration de Messoud Leftissi, son client visé par un mandat de dépôt, avant son incarcération à la prison d’El Harrach : « La liberté n’a aucun sens dans un pays en otage. Continuez à vous battre pour libérer l’Algérie. »

https://www.francetvinfo.fr/monde/a…

Mais ces arrestations n’ont pas empêché un 19e Vendredi de lutte, malgré une mobilisation policière renforcée et à nouveau à l’affût des drapeaux berbères, néanmoins présents. Interventions et provocations policières délibérées qui n’ont néanmoins pas entraîne d’affrontement direct.

AFP / RYAD KRAMDIDes Algériens manifestent contre le régime à Alger le 28 juin 2019

Un dispositif policier particulièrement important au coeur d’Alger n’a pas empêché une forte mobilisation vendredi pour la 19e grande manifestation hebdomadaire contre le régime, au lendemain d’une nouvelle fin de non-recevoir de l’armée aux revendications des protestataires.

Sous un soleil de plomb, une foule massive a sillonné toute l’après-midi les rues du centre de la capitale, au milieu de très nombreux policiers en uniforme et en civil, selon un journaliste de l’AFP.

Une centaine de fourgons de police –bien plus que d’habitude– y étaient garés, ainsi que des canons à eau et des bulldozers antibarricades.

Après le début de la marche, la police, d’habitude passive dès que la foule est dense, a ciblé les porteurs de symboles berbères, notamment de drapeaux, conformément aux instructions données la semaine précédente par le chef d’état-major de l’armée.

Le général Ahmed Gaïd Salah est devenu l’homme fort du pays depuis que la contestation a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à la démission le 2 avril.

Des policiers ont notamment fait usage de sprays lacrymogènes pour se replier après être allés arrêter un porteur de drapeau berbère, provoquant la colère des manifestants. Ceux-ci ont été calmés par les bénévoles chargés de faire respecter le mot d’ordre pacifique de la contestation.

Le cortège s’est dispersé sans incidents en fin d’après-midi, comme ceux recensés par l’agence officielle APS dans 31 autres régions, sur 48. Des manifestations étaient prévues dans la soirée dans six régions du Sud saharien.

– « Campagne violente et féroce » –

A Alger, 18 manifestants arrêtés avec des drapeaux berbères le 21 juin ont été inculpés d’ »atteinte à l’unité nationale », infraction passible de 10 ans d’emprisonnement, et placés en détention provisoire. Plusieurs autres, à Alger et ailleurs, ont eux été placés sous contrôle judiciaire.

Depuis plusieurs semaines, la police mène chaque vendredi matin, avant que la foule soit trop nombreuse, des arrestations à Alger.

Vendredi, elle a encore procédé à de très nombreux contrôles d’identité et le journaliste de l’AFP a vu une dizaine de personnes être arrêtées, sans qu’il soit possible d’en déterminer les raisons.

AFP / RYAD KRAMDI Défilé dans les rues d’Alger pour la 19e manifestation hebdomadaire

Ahmed, manifestant de 54 ans, s’est dit « impressionné par le nombre de policiers ». « Je n’ai jamais vu ça. Ils veulent nous faire peur, mais ils ont tort, la peur est (désormais) derrière nous », a-t-il assuré à l’AFP.

Doyen des partis d’opposition en Algérie, le Front des forces socialistes (FFS) a dénoncé une « campagne violente et féroce destinée à créer la terreur et la résignation (…) dans l’espoir de briser ce sursaut populaire pacifique ».

« Le pouvoir visiblement désemparé souhaite provoquer l’irréparable et pousse la situation vers le pourrissement et le chaos », au lieu d’« écouter les revendications légitimes du peuple algérien », poursuit le parti dans un communiqué.

– Instrumentalisation ? –

Durant la semaine, le général Gaïd Salah, qui fut durant 15 ans un pilier de la présidence Bouteflika (1999-2019), a appelé les Algériens à « comprendre » les décisions de l’armée, alors qu’ils ont réclamé encore vendredi, comme chaque semaine, que le chef d’état-major « dégage » et un « Etat civil, pas militaire ».

Le commandement de l’armée rejette semaine après semaine leurs revendications : l’instauration d’instances de transition, débarrassées de tous les anciens fidèles d’Abdelaziz Bouteflika et chargées de réformer le pays avant la tenue d’une présidentielle.

Jeudi, le général Gaïd Salah a accusé les partisans d’une telle transition de vouloir protéger les responsables politiques et hommes d’affaires liés à Bouteflika et visés par les nombreuses enquêtes pour corruption récemment ouvertes, qui ont conduit plusieurs d’entre eux en détention préventive.

Des figures de la contestation et des observateurs s’inquiètent d’une possible instrumentalisation de la justice au profit de luttes de clan au sommet et réclament que ce soit le futur pouvoir élu qui mène à bien les enquêtes sur la présidence Bouteflika.

AFP / RYAD KRAMDIDéfilé dans les rues d’Alger pour la 19e manifestation hebdomadaire

« Ceux qui veulent instaurer des phases de transition (…) veulent protéger la corruption en reportant la lutte lancée contre elle », a accusé le général. Il a réitéré n’avoir aucune ambition politique tout en réaffirmant implicitement que l’armée resterait aux commandes tant qu’un nouveau président ne serait pas élu.

L’annulation de la présidentielle du 4 juillet 2019 place le pouvoir intérimaire dans une situation délicate, la Constitution prévoyant que le président par intérim Abdelkader Bensalah rende les rênes du pays à un président élu d’ici le 9 juillet, un délai trop court pour organiser un nouveau scrutin.

https://www.afp.com/fr/infos/334/al…

Résistance & Solidarité !

L’arrestation de plusieurs citoyens vendredi dernier, à Alger, pour avoir simplement défilé avec le drapeau amazigh lors des manifs de cette 18e « Silmiya », a donné lieu à un formidable élan de solidarité pour exiger leur libération.

Rappelons que 17 manifestants ont été présentés ce dimanche devant les tribunaux de Sidi M’hamed et Bab El Oued, et placés sous mandat de dépôt pour « atteinte à l’unité nationale ». Ils sont actuellement incarcérés à la prison d’El Harrach. Des rassemblements se sont ainsi tenus avant-hier devant le tribunal de Sidi M’Hamed et à Baïnem (où se trouve le tribunal de Bab El Oued) à l’appel du Réseau de lutte contre la répression, pour la libération des détenus d’opinion et pour les libertés démocratiques.

Le Réseau « a appris avec sidération la décision inacceptable rendue par les tribunaux de Sidi M’hamed et Bab El Oued, cet après-midi, 23 juin 2019. L’ensemble des prévenus ont été mis sous mandat de dépôt, sous l’inculpation d’ ‘‘atteinte à l’unité nationale par le port d’un emblème autre que l’emblème national’’ », peut-on lire dans un communiqué rendu public dimanche

Et de préciser : « Le port de l’emblème amazigh est une revendication identitaire reconnue par la Constitution et par les lois de ce pays, elle ne constitue nullement, par conséquent, une menace pour l’unité nationale. » Le Réseau a ensuite appelé à « rejoindre le rassemblement populaire initié par les familles et les comités citoyens de Aïn Benian aujourd’hui même (dimanche, ndlr) à 18h, au rond-point Aissani. Tous déterminés à poursuivre le combat pour les libertés démocratiques en Algérie ! » Dans une courte vidéo diffusée par l’un des participants au rassemblement de Guyotville, on voit les manifestants brandir des pancartes reproduisant ce même slogan : « Libérez les détenus du drapeau amazigh et tous les détenus d’opinion ». Ils ont également scandé : « Atalqou el messdjounine, nahnou amazighiyine » (Libérez les prisonniers, nous sommes Amazighs).

« A bas la dictature ! »

Un autre rassemblement s’est tenu hier devant le tribunal de Sidi M’hamed, rue Abane Ramdane, aux cris de « A bas la dictature », « A bas la répression », « Libérez les détenus, libérez les innocents »…

Les slogans entonnés appelaient, par ailleurs, à la libération du pouvoir judiciaire : « Libérez la justice », « Ya lil âre ya lil âre adala be’tilifoune » (Quelle honte, justice du téléphone), « Adala bel awamer » (Justice aux ordres), « Adala intiqaliya machi intiqamiya » (Pour une justice transitionnelle, non à la justice vengeresse)… Gaïd salah en a une nouvelle fois pris pour son grade, lui dont le discours, où il s’en prenait au drapeau amazigh, a été, faut-il le rappeler, à l’origine de cette vague de répression : « Y en a marre des généraux », « Les Algériens khawa-khawa, wel Gaïd Salah maâ el khawana » (Les Algériens sont des frères, Gaïd Salah est avec les traîtres), « Had echaâb la yourid hokm el askar min djadid » (Ce peuple ne veut pas d’un nouveau régime militaire), « Ennidhal ennidhal hatta yasqota ennidham » (La lutte jusqu’à la chute du régime), « Pouvoir assassin ! » « Djazair horra democratia » (Algérie libre et démocratique), « Dawla madania, machi askaria » (Etat civil, pas militaire), « Dawla madania, machi poulicia » (Etat civil, non à l’Etat policier).

D’autres slogans tenaient à rappeler à l’autocrate qui a pris le relais de Boutef IV que l’identité amazighe qu’il assimile presque à un « délit » est inscrite dans notre ADN immémorial et sur les tablettes de nos lois : « Amazighiya-djazairiya » (Amazighe et algérienne), « Houwiyati djazairia, ma rahiche djarima » (Mon identité est amazighe, ce n’est pas un crime), « Al amazighiya houwiya djazairiya » (l’amazighité est une identité algérienne), « L’amazighité est protégée par la Constitution », « Chamal Ifriqiya d’Imazighen » (L’Afrique du Nord, des Amazighs).

Actions de protestation dans plusieurs localités

Des rassemblements et actions citoyennes ont été initiés dans d’autres localités pour dénoncer ces incarcérations arbitraires. C’est notamment le cas des villes dont sont issus quelques-uns des citoyens arrêtés vendredi dernier. Des habitants de Haïzer, dans la wilaya de Bouira, ont protesté devant la cour de Bouira en criant « Pouvoir assassin ! » « Ulac smah ulac » (Pas de pardon). D’après la liste des détenus publiée par le Réseau de lutte contre la répression, au moins trois citoyens originaires de cette commune ont été interpellés à Alger en ce 18e vendredi : Hamza Roudjate, Akli Oukbi et Ali Lakehal.

A Ifri Ouzellaguen, dans la wilaya de Béjaïa, les citoyens ont observé une grève générale et ont fait une marche en soutien à l’ensemble des détenus du hirak et aussi pour exiger la libération d’un enfant de la ville qui figure parmi ces détenus : Tahar Oudihat. Ces actions ont été menées à l’appel du Collectif des citoyens d’Awzellaguen (CCA) et dont Tahar était membre. « Nous appelons l’ensemble de la population d’Ifri Ouzellaguen (citoyens, comités de village, comités de quartier, associations, entreprises et établissements privés et étatiques) à une : grève générale de 8h à 12h ; une marche citoyenne à 10h, du marché communal (souk) jusqu’au carré des martyrs (mairie) (…) ; rassemblement à la place des Martyrs », détaille l’appel du CCA diffusé sur sa page Facebook en précisant : « Les transporteurs, le secteur de la santé et les pharmacies sont appelés à assurer leurs services. »

Selon une vidéo de la manif’ postée par Yani Aidali, un membre du Réseau de lutte contre la répression, les citoyens d’Ifri Ouzellaguen ont hissé plusieurs banderoles et pancartes appelant à la libération des manifestants embastillés. Sur une large banderole, on peut lire : « Ifri Ouzellaguen, terre des hommes libres, exige la libération des détenus d’opinion ». Sur d’autres bannières accrochées aux artères principales, ces mots d’ordre : « Libérez Tahar », « Libérez la justice, libérez les détenus ». Même revendications exprimées à travers les pancartes exhibées : « Libérez les détenus », « Libérez Tahar Oudihat », « A bas la dictature ».

« Prenez-moi à la place de mon fils ! »

A Naciria cette fois, dans la wilaya de Boumerdès, les citoyens ont marché dimanche soir pour dire « Libérez tous les détenus d’opinion », comme le proclame une banderole. Les manifestants mettaient en avant également des pancartes qui disaient : « Libérez Bacha Bilal ». Il s’agit là aussi d’un enfant de la ville, président de l’association Arrach n’Laâzib.

Sur une vidéo publiée sur la page Facebook de Bordj Menaïel News, on découvre avec émotion l’admirable maman de Bilal qui prend la parole lors d’un rassemblement nocturne. Elle parle dans un mégaphone, avec beaucoup d’assurance. Ses mots, pleins de dignité, sont ceux d’une véritable mère-courage : « Moi aussi je porte ce drapeau.

Prenez-moi à sa place, tout simplement ! » lâche-t-elle d’emblée en caressant un étendard berbère. « Il a 23 ans, vous l’emmenez en prison, vous gâchez son avenir, vous le poussez à détester l’Algérie (…). C’est pour ça (en désignant l’emblème berbère) qu’il a été embarqué ? Eh bien voilà, je le porte aussi. Vous avez des yeux pour voir, vous avez une conscience, vous avez des enfants, prenez-moi, moi aussi, pourquoi vous ne m’arrêtez pas ? J’ai 52 ans, je suis malade, je suis atteinte d’un cancer.

Prenez-moi et relâchez mon fils. Ne gâchez pas sa vie. Rana chabîne lamrar, notre vie est déjà assez difficile comme ça. » Bouleversant ! Il nous faut aussi citer cet appel du Collectif des avocats pour le changement et la dignité : « Nous réitérons notre engagement et notre disponibilité à prendre en charge juridiquement toutes personnes arrêtées et/ou poursuivies dans le cadre des manifestations de la révolution populaire pacifique, et cela, devant toutes les juridictions d’Algérie, tribunaux et cours.

Contactez le Collectif au numéro suivant : 0672 900 637. » Peut-être pourraient-ils faire quelque chose pour ce jeune médecin néphrologue, le Dr Khaled Chouater, exerçant à l’hôpital de Bordj Bou Arréridj. Il a été placé sous mandat de dépôt hier, en raison d’une simple photo prise dans son bureau dans laquelle il pose fièrement avec le drapeau amazigh, et qu’il a diffusée sur les réseaux sociaux.

Retenons enfin ce message de Messaoud Leftissi, l’un des manifestants arrêtés vendredi, qu’il a transmis à son avocate Me Aouicha Bekhti : « Madame, s’il vous plaît, j’insiste ! Dites aux Algériens dehors que je suis plus que jamais déterminé. Etre libre dans un pays pris en otage n’a aucun sens. Dites leur de continuer à libérer le pays. » Respect !

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