Il y a 2 semaines, le Festival de la Terre a eu lieu à Lausanne. Une des allées de ce festival était dédiée principalement à la politique. Nous pouvions y trouver XR à côté de Greenpeace. En face d’eux le See Shepard ainsi que le Moins !, journal romand d’écologie politique : http://www.achetezmoins.ch/
Dés que la discussion s’engage sur le terrain du pourquoi et de l’après, l’argument massue brandi par les militants de XR et de Greenpeace est le même : Nous au moins nous sommes capables de mobiliser. Ainsi ils ne répondent ni au pour quoi ni à l’après mais bottent systématiquement en touche tout en espérant que je vais m’inscrire sur leur bulletin.
Un tour sur le site de Reporterre, le quotidien français de l’écologie, me montre que Greenpeace est incontournable. Dès qu’une lutte se développe, les militants de ces ONG accourent en trombe et essaient de le contrôler. Par exemple ici en Grèce : https://reporterre.net/En-Grece-fac… :
« Ils [les réseaux anarchistes et antiautoritaires grecs] sont très actifs, ils ont des réseaux très développés, mais ils ne touchent pas tout le monde, les Grecs ne s’y retrouvent pas forcement. »
De façon globale, rien d’important ne se fait en matière d’écologie sans que le WWF ou Greenpeace n’aient leur mot à dire. Quand l’on voit qu’en parallèle, l’étendue du désastre causé par notre mode de vie industriel de consommation, d’exploitation et de destruction de masse ne cesse de grandir de façon vertigineuse, cela suffit à démontrer l’inutilité totale de ces ONG environnementales.
Quand j’étais gamin, la situation de la Nature est bien moins pire qu’aujourd’hui, ces ONG n’existaient pas encore et les gens qui se sentaient concernés par la situation de l’environnement s’organisaient et descendaient en masse manifester. Leurs méthodes de lutte ne se limitaient pas à la non-violence béate de la majorité des mouvements actuels et incluaient des actions qui aujourd’hui seraient qualifiées de terroristes comme le tir d’un "missile" (il faut toujours que les médias exagèrent) sur la centrale nucléaire de Crey-Malville par un manifestant.
Cette époque a vu la naissance du WWF et de Greenpeace ainsi que celle des différents partis verts. Ces ONG ont bien vite monopolisé la contestation et l’ont réduite à une série d’actions publicitaires et spectaculaires menées par les militants et à un triple message à l’intention des masses : N’oubliez pas de visiter nos stands ! Signez nos pétitions ! Rentrez bien chez vous !
Quand aux verts, ces partis s’adressent avant tout aux bobos de la classe moyenne supérieure et ils servent à leur faire croire que plus de technologie va permettre d’arrêter le massacre de la Nature causé par le flot incessant du plus de technologie qui caractérise la révolution industrielle dès son premier jour.
Aujourd’hui, l’échec total de ces organisations et de leurs modes d’action est patent et tellement visible que non seulement de plus en plus de scientifiques alertent l’opinion mais aussi que les gens recommencent à se sentir suffisamment concernés pour se remettre à s’organiser afin d’exiger de leurs états qu’ils cessent de tout sacrifier à la croissance économique.
Comme par magie, c’est le moment que choisissent de nouvelles organisations pour apparaître, d’abord les Jeunes pour le climat emmenée par Greta Thunberg, ensuite XR (Extinction-rebellion). Ces deux organisations ont en commun que dès leur premier jour, leur pub a été assurée par des industriels milliardaires qui profitent de la capacité de mobilisation de ces mouvements pour mener à bon compte une campagne de lobbying industriel qui consiste à exiger de l’état qu’il finance le développement et la mise en place de nouvelles filières industrielles. Et comme il est évident que les méthodes de Greenpeace et du WWF sont une des raisons principales de leur échec total, un mouvement comme XR va jusqu’à former ses militants de base à la désobéissance civile non-violente. Ce mouvement demande donc à ses militants de risquer de se faire mettre en prison comme en Angleterre (plus de 1200 personnes à ce jour), ou gazer à bout portant comme des insectes en France, ceci pour réaliser ce qui n’est rien d’autre qu’une campagne de lobbying industriel qui n’ose pas dire son nom.
Bref je hais notre époque qui voit autant de gens sincères mais mal informés gaspiller leur énergie dans des actions totalement contre-productive. Le cas de XR est particulièrement scandaleux car la première revendication de ce mouvement consiste à exiger que les principaux responsables de la désinformation écologique, les médias et les états, deviennent tout-à-coup vertueux et se mettent à nous informer. Revendication qui leur permet d’éviter de faire cette information et d’éviter de former ses membres à l’écologie.
Ainsi, XR ne consacre pas une ligne à la différence entre technologies démocratiques (ces technologies qui peuvent être mise en oeuvre et contrôlées à l’échelle d’une communauté) et technologies autoritaires (technologies dont la mise en oeuvre dépendent d’industries globalisées dont le contrôle échappe à la communauté).
Pas une ligne non plus sur l’histoire de la révolution industrielle, sur le fait que les économies d’énergies et de matières premières sont aussi anciennes que l’industrialisation et qu’elles n’ont jamais servis à économiser quoi que ce soit, mais qu’au contraire elles ont toujours été mises à profit pour développer plus d’industrialisation. Pas un mot non plus sur le fait que dès le début de l’industrialisation, aucune nouvelle technologie n’a supprimé une ancienne technologie mais que cela n’a jamais fait que des technologies de plus dont les nuisances, inévitables dans le cas de technologies industrielles globalisées, s’ajoutent aux nuisances des technologies plus anciennes.
Pas une ligne enfin sur le fait que le travail industriel est hautement hiérarchisé. De l’enfant esclave qui gratte à mains nues le sol d’une mine ou d’une plantation à l’actionnaire, cette hiérarchie du productivisme industrielle s’ajoute aux et renforcent les hiérarchies basés sur la richesse et le pouvoir.
Etc. etc ! Bref, au royaume des aveugles, les borgnes sont rois !
Heureusement il existe encore de vrais écologistes qui refusent le Greenwashing et perpétuent la résistance. Parmi eux, Deep Green Resistance (DGR) s’inscrit comme le descendant de mouvements comme Earth First ou le ELF (Earth Liberation Front). Les sites de DGR nous offrent des informations sur les luttes en cours ainsi que de nombreux articles de fond sur l’état de la planète et l’écologie. https://partage-le.com/ https://dgrnewsservice.org/ https://deepgreenresistance.org/fr/
Il ne faut pas se leurrer. La civilisation industrielle est une double catastrophe économique et sociale. De plus sont outil économique, le capitalisme, est si fort qu’il récupère toutes les luttes qui mettent ne serait-ce qu’un ongle dans ses rouages. Les deux sont si intimement liés qu’ils ne sont pas plus réformables l’une que l’autre. La seule réelle alternative est donc résistance ou collaboration. Les patron ne s’y trompent d’ailleurs pas, eux qui disent pour désigner ces prolétaires qui sont si révolutionnaires que ce sont eux qui construisent bombes, missiles et portes-avions, et qui partent en chantant le chant des partisans faire des guerres dont ils ne veulent pas : "Les collaborateurs de l’entreprise."
Vive la résistance ! Vive le vivant !