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Le musicien sud-africain Johnny Clegg est décédé

mercredi 17 juillet 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 17 juillet 2019).

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16 juillet 2019

Aladin

Johnny Clegg, alias Le Zoulou blanc, né Jonathan Clegg le 7 juin 1953 à Bacup aux environs de Rochdale près de Manchester au Royaume-Uni, est un auteur-compositeur-interprète sud-africain et danseur zoulou, leader successif des groupes Juluka et Savuka aux chansons principalement axées sur la lutte contre l’apartheid.

Tout commence dans une famille aisée de paysans juifs lituaniens et polonais immigrés en Rhodésie du Sud, les Braudo. La mère de Johnny Clegg, Muriel Braudo, suivant des cours à l’université de Johannesburg, se marie avec un non juif, Denis Clegg, contre l’avis de son père. Le couple part ensuite en Angleterre pour élever le petit Jonathan Clegg. Cependant, six mois après cette naissance, le couple divorce et, après un bref passage en Israël la mère retourne élever seule son enfant dans la ferme familiale à Gwelo, près de Selukwe, en Rhodésie (l’actuel Zimbabwe). Enfant blanc dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, Jonathan grandit dans un environnement isolé de toute culture africaine. Malgré cela, il arrive à se lier d’amitié avec le fils du chauffeur de la famille qui l’initie au ndébélé du Transvaal, une langue qui tire ses origines du zoulou.

Alors qu’il a six ans, sa mère, qui est chanteuse dans les night-clubs, part en tournée dans le pays et l’envoie dans une pension anglaise réservée aux Blancs à la discipline très stricte dont il garde un très mauvais souvenir.

Un an plus tard, sa mère épouse un journaliste sud-africain, Dan Pienaar, et la famille s’installe pour deux ans dans un appartement au centre de Johannesburg. Écrivain et poète issu d’un milieu ouvrier blanc très pauvre, élevé durement dans une ancienne famille afrikaner, ce beau-père a une forte influence dans l’éducation de Jonathan (qui ne connaîtra son père biologique qu’à 21 ans) et lui fait partager sa passion pour l’Afrique.

La famille part vivre ensuite pendant deux ans en Zambie, où le beau-père de Jonathan a trouvé une place dans un journal de Lusaka et s’en va couvrir la guerre au Congo. Durant ce temps, l’indépendance nouvelle de l’Afrique aidant, Jonathan Clegg entre pour la première fois dans une école multiraciale. Revenu à Johannesburg, son beau-père lui apprend à survivre en pleine nature en l’emmenant tous les week-ends faire du camping sauvage dans la brousse. Alors que le garçon est au début de l’adolescence, son beau-père s’enfuit du jour au lendemain en Australie avec une autre femme, emmenant la demi-sœur de Jonathan qui vient d’avoir trois ans.

Âgé de treize ans, se sentant complètement étranger à la religion et à la communauté juive qu’il juge trop passive face à l’apartheid, il refuse de faire sa bar-mitsva. À quatorze ans, ne supportant plus non plus l’école, il fugue durant trois semaines en territoire zoulou avec deux amis avant d’être retrouvé par la police. De retour à Johannesburg, il commence à traîner dans les rues sans enthousiasme.

Jonathan, que tout le monde commence à appeler Johnny, s’initie à la guitare à quinze ans, ce qui lui permet de rencontrer un musicien de rue zoulou qui jouait près de chez lui, Mntonganazo Mzila. Malgré la barrière du langage, il s’ensuit deux années durant lesquelles Clegg apprend les rudiments de la musique zoulou et le Ihhlangwini, accompagnant Mzila dans tous les « hostels », centres d’hébergements de travailleurs migrants, enfreignant l’interdiction des Noirs et des Blancs de franchir la limite des secteurs réservés. Cela permet à Clegg de se faire une réputation de bon musicien et de comprendre réellement le fossé qu’a creusé l’apartheid.

À la même époque, Sipho Mchunu quitte sa terre zoulou natale pour exercer le métier de jardinier à Durban. S’étant taillé une réputation de bon guitariste, et attiré par l’espoir d’un plus haut salaire, il décide de monter vers la grande ville, où il entend parler pour la première fois d’un garçon blanc au talent de musicien zoulou.

Il se trouve que le quartier de Johnny est également celui où travaillait Sipho. Cela mène à l’inévitable rencontre des deux musiciens. Tout d’abord stimulés par leur envie de comparer leurs talents de guitariste, les deux compères s’associent pour former un duo hors du commun, qui va avoir un succès international. Sipho permet à Johnny de parfaire ses techniques de guitare, de danse, de langue et de combat au bâton zoulou. Johnny permet à Sipho de connaître la musique celte et le rock.

Ensemble, ils font secrètement la tournée de tous les foyers de travailleurs migrants, enjoignant aux autres musiciens de se mesurer à eux. En plein apartheid, cette association improbable provoque une forte agitation, aussi bien artistique que politique, partageant ceux qui condamnent cette multi-culturalité et ceux qui l’encouragent.

En 1976, Johnny et Sipho décrochent leur premier vrai contrat, sous le nom Johnny et Sipho et s’ensuit la sortie de leur premier album Woza Friday (Come Friday) qui stupéfie le pays tout entier. C’est là que commence le concept de Johnny Clegg de réunir des paroles anglaises et des mélodies occidentales à la musique zoulou. En 1979, le duo change de nom pour devenir Juluka dont le premier album, malgré l’acclamation des critiques, est censuré en Afrique du Sud, toujours sous la coupe de l’apartheid. Leur deuxième album, African Litany, est leur premier gros succès national, avec notamment leur premier hit Impi. Enfin, le quatrième album marque leur percée sur la scène mondiale. Cinq disques de Juluka deviennent disques d’or et deux, disques de platine.

En 1985, l’aventure Juluka se termine avec le départ de Sipho, retourné apporter de l’aide à sa communauté. Johnny forme ainsi son second groupe Savuka. Johnny Clegg et Sipho Mchunu ne perdront jamais contact et décideront par la suite de refaire une tournée et un nouvel album ensemble.

Le premier album de Savuka, Third World Child (« Enfant du Tiers-Monde », titre qui annonce son engagement) est un très gros succès, avec plus de deux millions d’exemplaires vendus dans le monde et les titres-phares Asimbonanga (chanson dédiée à Nelson Mandela, alors prisonnier sur l’île de Robben Island au large du Cap) et Scatterlings of Africa, qui a été reprise pour la bande originale du film Rain Man, ce qui atteste de son succès international dès cette époque. Le suivant, Shadow Man permet à Clegg d’entreprendre une tournée mondiale, partageant la scène entre autres avec Steve Winwood aux États-Unis et George Michael au Canada. En 1988, il est le plus gros vendeur de 45 tours en France. La même année, le chanteur français Renaud lui dédie la chanson Jonathan dans son album Putain de camion (en 2006, Renaud produira l’album One Life).

Le quatrième album Heat, Dust and Dreams fut nommé dans la catégorie Best World Music et gagna le Billboard Music Award pour le meilleur album du monde en 1993.

En 1993, en l’honneur de Dudu Zulu, danseur et ami de Johnny Clegg, assassiné en 1992, le chanteur lui consacre un titre, The Crossing (Osiyeza).

Durant toutes ces années, Johnny Clegg n’a jamais cessé de faire des tournées en Afrique du Sud. En 1994, il y part pour faire la promotion de son album de compilation des meilleurs titres In My African Dream. En 1997, Johnny et Sipho se rencontrent pour travailler un nouvel album de Juluka, après une parenthèse de dix ans. Cette collaboration produira l’album Ya Vuka Inkunzi (The Bull has Risen, Crocodile Love). Serge Gainsbourg lui a consacré une chanson Zoulou, enregistrée lors des séances de l’album Variations sur le même t’aime de Vanessa Paradis. Elle est encore inédite à ce jour.

Sorti en 2006, One Life a été produit par Tchad Blake. Y figure notamment une chanson sur les enfants soldats (Boy Soldier). Avec cet album, on découvre aussi un nouveau Johnny Clegg avec une chanson en français Faut pas baisser les bras.

En décembre 2009, la chanson The Crossing (Osiyeza) fait partie de la bande originale du film Invictus, réalisé par Clint Eastwood et qui retrace le parcours de l’équipe d’Afrique du Sud de rugby à XV, championne du monde en 1995.

2010 voit la sortie de Spirit is the Journey, sous-titré « Celebrating 30 years of Johnny Clegg », une compilation réalisée par l’artiste lui-même qui présente une sélection de 17 titres de la période Savuka et 17 titres extraits de la période Juluka ainsi que quelques titres d’albums solos moins connus (New World Survivor, One Life), soit un large échantillon de sa production durant ses trente années de carrière. 2010, c’est aussi l’année de la sortie de l’album Human, produit par Nicolas Fiszman, et d’une tournée européenne et nord-américaine qui l’a conduit dans plus de 35 villes aux États-Unis et au Canada.

Sa chanson Ibhola Lethu qui traite de la ségrégation dans les stades durant l’apartheid, période où dominèrent les équipes du township de Soweto mais où les Noirs étaient interdits de stade au côté des Blancs, a été choisie comme hymne pour le Mondial de football 2010.

En 2012, Johnny Clegg donne un concert unique en Europe en France à Latillé dans le cadre du festival Les Heures vagabondes.

En 2014, Johnny Clegg entame une nouvelle tournée de concerts, Human Tour, avec notamment un passage en France (dont un passage à Montluçon le 18 juillet le jour de la naissance de Nelson Mandela) dans le cadre du festival Au fil des voix à Vaison-la-Romaine le 5 août, puis à Thuir le 7 août et Apremont le 10 août. Il assure aussi le dernier volet des Jeudis du port à Brest le jeudi 14 août. Il se produit en France pour la dernière fois de cette tournée le 15 août à Luxey, lors du festival Musicalarue.

En avril 2017, Johnny Clegg annonce qu’il souffre d’un cancer détecté en 2015. Il démarre le Final Journey World Tour, une tournée qui doit l’amener à se présenter dans de nombreux pays du monde et qui devrait conclure sa carrière internationale.

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