Une semaine après le début du blocus, le Qatar ne fléchit pas
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Lundi 12 juin 2017
Le ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Mohammad ben Abdel Rahman Al Thani, s’entretient avec son homologue russe, le 10 juin 2017 à Moscou (afp)
Une semaine après le déclenchement d’une crise sans précédent dans le Golfe, le Qatar, mis au ban par ses voisins pour son soutien présumé au terrorisme, a de nouveau rejeté en bloc lundi 12 juin 2017 toutes les accusations et affiché sa volonté de ne pas fléchir sous la pression.
Le ministre qatari des Affaires étrangères cheikh Mohammad ben Abdel Rahman Al Thani, en tournée européenne pour "informer" les pays "alliés et amis" de la crise, a dénoncé les mesures "iniques" et "illégales" imposées par des pays du Golfe et l’Egypte à son pays.
Avant de prévenir que "personne ne pouvait dicter à Doha sa politique étrangère" et de fustiger "les attaques médiatiques féroces" contre le petit et richissime Etat gazier.
"Nous n’avons aucune idée des raisons" qui ont conduit l’Arabie saoudite et ses alliés à imposer un blocus au Qatar, a assuré cheikh Mohammad ben Abdel Rahman Al Thani, au cours d’une conférence de presse à l’ambassade à Paris. Le ministre, qui s’est rendu ces derniers jours à Berlin, Moscou et Londres, a toutefois démenti toute médiation européenne dans la crise du Golfe.
M. Al-Thani a rencontré à Paris son homologue français Jean-Yves Le Drian avant d’être reçu à l’Elysée. Il était dans la matinée dans la capitale britannique, où il a été reçu par le chef de la diplomatie Boris Johnson, qui a appelé le Qatar "à sérieusement prendre en compte les inquiétudes de ses voisins" et à "faire plus" pour y répondre.
De son côté, le président français Emmanuel Macron s’est entretenu lundi avec l’émir du Koweït, cheikh Sabah al Ahmad Al Sabah, a fait savoir l’Elysée, rappelant qu’il avait parlé ces derniers jours à tous les chefs d’Etat de la région.
La crise, sans précédent, a éclaté le 5 juin 2017 lorsque l’Arabie saoudite, Bahrein, les Emirats arabes unis et l’Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha. Ils ont ensuite fermé leurs frontières aériennes, maritimes et terrestres et pris des mesures contre des médias du Qatar, dont la chaîne de télévision Al-Jazeera, accusée d’être le porte-voix des islamistes dans le monde arabe.
Ils reprochent également à ce pays d’être trop conciliant vis-à-vis de l’Iran, le grand rival chiite de l’Arabie saoudite dans la région, et de soutenir les Frères musulmans et des organisations terroristes dans le monde arabe. "Le Qatar est prêt à s’asseoir et négocier (avec les pays du Golfe) au sujet de la sécurité du Golfe. Mais personne n’a le droit de discuter de notre politique étrangère", a lancé M. Al-Thani. "Nous avons une politique étrangère indépendante, personne ne peut en discuter".
Il a qualifié de "complètement fausses" les accusations de soutien apporté au Hamas palestinien et aux Frères musulmans. "Le Qatar traite avec des gouvernements, pas avec des mouvements", a-t-il assuré.
Quant à Al-Jazeera, "c’est une affaire intérieure, personne n’a le droit d’en discuter", a-t-il déclaré.
Aucune perspective de solution ne semble donc encore en vue, en dépit d’une médiation du Koweït.
Face au blocus imposé au Qatar, l’Iran s’est empressé d’envoyer des tonnes de produits alimentaires. La Turquie, autre allié de Doha, a également offert son aide.
Depuis le début de la crise, les Etats-Unis, qui disposent au Qatar d’une base militaire de première importance dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), ont soufflé le chaud et le froid, mais vendredi 9 juin 2017 le président Donald Trump a exhorté Doha à arrêter "immédiatement" de financer "le terrorisme".
Dimanche, le Maroc, s’est dit "disposé à offrir ses bons offices" pour aider à un règlement.
Et dans une lettre au roi d’Arabie saoudite, le président guinéen Alpha Condé, qui exerce la présidence exécutive de l’Union africaine, a lui aussi fait part de son "entière disponibilité" pour une médiation en vue d’une "solution pacifique et rapide à cette crise inopportune".
Crise du Golfe : l’embargo aérien limité aux compagnies du Qatar
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Mardi 13 juin 2017
Un avion de Qatar Airways atterrit à l’aéroport de Doha le 12 juin 2017 (afp)
L’embargo aérien imposé au Qatar depuis le début de la crise du Golfe ne s’applique qu’aux compagnies aériennes et avions du Qatar ou enregistrés dans ce pays, a annoncé mardi l’Autorité de l’aviation civile des Emirats arabes unis dans un communiqué.
L’Arabie saoudite et Bahreïn ont publié des communiqués identiques sur l’embargo aérien, entré en vigueur lorsque Ryad, Abou Dhabi et Manama ont rompu le 5 juin avec le Qatar, l’accusant de soutien au "terrorisme". En vertu de l’embargo aérien, "il est interdit à toutes les compagnies aériennes et avions enregistrés au Qatar d’atterrir dans les aéroports ou de transiter par l’espace aérien" des Emirats, du royaume saoudien et de Bahreïn, selon les communiqués publiés par les agences nationales des trois pays.
Cette mesure ne s’applique "pas aux compagnies aériennes et aux avions non enregistrés au Qatar" et dans chacun de ses trois pays voisins et "souhaitant transiter par l’espace aérien" de ces pays pour des vols en provenance ou en direction du Qatar, souligne-t-on dans les communiqués. Cette mise au point est intervenue quelques heures après que le patron de Qatar Airways, Akbar al-Baker, a appelé lundi l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à déclarer "illégal" l’embargo imposé à son pays par l’Arabie saoudite et ses alliés, y voyant "un blocus" qui viole la convention internationale sur le transport aérien.