VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Au Venezuela, le droit au logement est rendu possible par la (...)

Au Venezuela, le droit au logement est rendu possible par la Révolution

lundi 29 juillet 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 29 juillet 2019).

https://www.investigaction.net/fr/a…

22 Juil 2019

Alex Anfruns

Dans le quartier d’Antímano, dans la capitale Caracas, se dresse un bloc de maisons très particulier. Ses habitants l’ont construit de leurs propres mains, après qu’en 2011, à l’initiative du président Hugo Chávez, un peu moins d’un hectare de terre a été exproprié de la société Polar. L’idée était de sauver des terrains urbains abandonnés qui ne remplissaient aucune fonction sociale, au profit de familles en situation de « risque social, sans logement propre et de jeunes couples qui fondent des familles ».

En janvier 2011, la loi d’urgence sur la terre et le logement a été approuvée, dont le décret Area A Vivir (Zone à Vivre, NdR) a rendu possible la récupération des terres et le développement du logement social : « l’État ne permettra pas l’existence de biens non résidentiels ou de terrains abandonnés, inutilisés, sous-utilisés ou dont l’utilisation est insuffisante et dont les conditions actuelles remplissent le potentiel pour répondre à l’objet de la loi ». C’est sous la proclamation de Chávez, « le drame du logement n’a pas de solution dans le cadre du capitalisme, seulement dans celui du socialisme », que le camp des pionniers a pu prendre forme.

Le camp Amatina est situé dans une zone industrielle, mais d’autres camps ont également été mis en place « dans des zones abritant les classes supérieures, les classes moyennes et périurbaines, s’adaptant à des contextes urbains aux caractéristiques différentes », explique Nelson Rodríguez, vice-ministre du logement. À Amatina, il y a environ 140 familles qui se réunissent en assemblées hebdomadaires. Iraida Morocoima, l’une de leurs porte-paroles, accueille les visiteurs pour partager cette expérience : « Beaucoup de gens dans ces familles n’avaient pas la moindre idée de comment fixer une brique. Il y en avait certainement d’autres qui étaient maçons, mais la plupart d’entre nous étions des femmes. Le premier défi était de reconnaître que la construction d’un bâtiment de cinq ou six étages était nécessaire ; c’était difficile, nous ne pouvions même pas le concevoir ». Pour y parvenir, les pionniers se sont appuyés sur les matériaux de construction et les conseils techniques fournis par l’État dans le cadre de la Gran Misión Vivienda Venezuela.

Les plans architecturaux ont été étudiés et finalisés sous la supervision des futurs habitants, en fonction des besoins spécifiques de chacune des familles. « Cela nous a servi d’outil pour donner une approche différente à ce type d’urbanisme. Si nous n’avions pas politisé cette construction, nous serions tombés dans l’erreur de reproduire le modèle familial préconisé par le capital : des espaces de vie conçus uniquement pour un homme et une femme, et changeant même de couleur de peau… Mais nous avons dit non, car il existe ici un prototype de famille différent. Notre but était de bâtir une communauté ». Un exemple ? « Il n’y a pas d’ascenseur dans le bâtiment, les personnes âgées et handicapées vivent donc au rez-de-chaussée. Avant de venir ici, cette fille handicapée n’avait nulle part où partager. Maintenant, nous avons ici cet espace de réunion, où elle peut venir et participer à des fêtes », assure Moracaimo.

Une fois que le soutien de l’État fut obtenu par le biais de l’assistance technique, le camp a établi un modèle de construction autogérée, sans entreprise de construction. De cette façon, « pour l’État, le coût du projet a été réduit de moitié », concède Nelson Rodríguez. Mais le plus important, c’est la dynamique de participation qu’elle a provoquée, avec « des centaines d’heures d’organisation des familles et les 11 autres mouvements d’habitants qui leur sont venus en aide : du matériel et des ressources ont été prêtés, elle fonctionne comme un réseau, un système dans lequel on échange des travailleurs, on fait un achat commun de machines, etc. »

Une fois le droit au logement établi, le retour de l’usage d’un terrain abandonné, l’outil permettant à la communauté de consolider son objectif était d’assumer l’auto-gouvernement. C’est l’une des notions de base de ce camp. « C’est le premier projet qui a été réalisé, et il y a sûrement beaucoup d’erreurs que nous avons faites, avec des fissures dans le mur, mais nous apprenons. Et le plus important, c’est ce que nous avons appris avec cette conception participative, parce que nous sommes très conscients que vivre ici doit être différent ». C’est une idée bien établie parmi les familles, y compris parmi les plus jeunes. Alors que je monte les escaliers de l’immeuble, je m’adresse à un enfant qui m’accompagne pour lui dire combien la communauté doit être reconnaissante envers le gouvernement bolivarien. Sa réponse spontanée casse en mille morceaux le concept « d’assistanat » appliqué de façon récurrente comme le sceau caractéristique des processus latino-américains du socialisme au XXIe siècle : « Nous faisons cette Révolution, personne ne nous la donne ».

Nelson Rodríguez insiste sur l’idée que le camp d’Amatina n’est pas seulement une maison : « ce ne sont pas seulement des maisons, mais aussi des espaces communautaires, des espaces productifs comme des coopératives, des jardins communautaires, des services communaux comme une banque, une boulangerie, une usine… Ce qui est recherché, c’est la construction d’une communauté de vie et des moyens de production basés sur l’auto-gestion. C’est un projet intégral de production et d’approvisionnement ». Il y a ceux qui relativisent ce type de lutte pour le droit au logement, en donnant des leçons depuis leur tour d’ivoire, mais pour d’autres, c’est intolérable et il faut y mettre fin de quelque façon que ce soit : « beaucoup de secteurs économiques n’ont pas accepté cette intervention étatique. La droite dit qu’il y a des processus de confiscation des terres. Elle a l’intention de les rendre, car selon la droite, elles ont été confisquées par la Révolution. C’est une bataille, l’entreprise veut initier un processus pour les récupérer ». Loin d’être conçue comme une expérience isolée, ses protagonistes cherchent à l’étendre à toute la géographie vénézuélienne afin de renforcer la construction de « l’État communal », destiné à saper les fondements de l’institutionnalité et à remplacer ainsi progressivement les anciennes structures étatiques, adaptées aux besoins de la classe dirigeante pendant les décennies de gouvernements issus du Pacte de Punto Fijo. Il s’agit donc d’approfondir la démocratie participative au détriment de la « démocratie restreinte ».

Sans aucun doute, ce sont les expériences communales comme celle d’Amatina qui expliquent le mieux l’esprit donquichottesque et l’attachement incorruptible de ce peuple à son gouvernement ; c’est aussi pour cette raison que Nicolás Maduro a été réélu président en mai 2018, défiant la crise économique, les menaces de putsch de la droite, l’annonce de la non reconnaissance de l’UE et les sanctions de l’empire Obama, puis Trump. Morocoima résume ainsi la situation : « Nous ne sommes pas venus vivre ici pour ensuite devenir une autre classe sociale. Nous vivons ici pour défendre la Révolution, pour maintenir ce processus révolutionnaire. Nous sommes un peuple digne et combattant : Chávez est venu, Bolivar nous a fait revivre et maintenant nous sommes Guaicaipuro, Bolivar et Chávez ensemble ! » Les Indiens, les Créoles et les métis sont les symboles de la souveraineté du Venezuela et de sa généreuse identité en faveur de l’intégration ; sa incarnation en ces trois personnages historiques prouve bien que ce peuple a rendu réalité ce qui semblait impossible : tenir les rênes de son destin contre vents et marée.


« Si les USA voulaient vraiment une opération humanitaire au Venezuela, la population ne serait pas intentionnellement privée de l’accès aux médicaments et à la nourriture »

https://www.investigaction.net/fr/s…

24 Juil 2019

Alex Anfruns s’entretient avec Daniel Kovalik

Traduit par Diane Gilliard pour Le Journal Notre Amérique

Dans son dernier livre sur le Venezuela, Daniel Kovalik, avocat et ami de longue date des peuples latino-américains de pays comme la Colombie et l’Amérique centrale, déchire le voile de la guerre de propagande : « La partie humanitaire de l’intervention n’est aujourd’hui plus qu’une feuille de vigne sur l’intention véritable et habituelle – le contrôle des ressources pétrolières d’un autre pays. » Pour en savoir plus sur les tenants et aboutissants du « Plan pour renverser le Venezuela », nous nous sommes entretenus avec M. Kovalik.

Alex Anfruns : Dans un chapitre de votre livre sur la naissance de la Révolution bolivarienne, vous pointez quelques chiffres historiques de la période prérévolutionnaire qui ont été dissimulées à l’opinion publique occidentale. Je cite un extrait : « Un rapport mentionne que la pauvreté critique a triplé, passant de 11% de la population en 1984 à 33% en 1991, ce qui signifie que seulement 57% des Vénézuéliens pouvaient se permettre plus d’un repas par jour. » Quelle conclusion devrions-nous tirer si nous comparons ces chiffres à la situation qui a prévalu au cours des 20 dernières années de gouvernement bolivarien ?

Daniel Kovalik : Certes, entre 1999, l’année où Hugo Chavez est devenu président, et 2015, le gouvernement a fait un excellent travail pour éradiquer la pauvreté et l’extrême pauvreté, pour construire des logements, donner une instruction gratuite aux enfants – ce qui inclut également un repas chaud quotidien, etc. C’était donc un élément essentiel de la Révolution bolivarienne. Le gouvernement s’est débattu après 2015 avec ces programmes sociaux en raison de la baisse des prix du pétrole –intentionnellement provoquée par l’Arabie saoudite et les États-Unis à partir de 2014 – et ensuite, à cause des sanctions imposées en 2015 et encore intensifiées depuis.

Mais malgré les sanctions, le gouvernement a fait des efforts immenses pour distribuer de la nourriture aux gens à travers le programme CLAP et il continue à construire des maisons pour la population. Il a construit 2.5 millions de logements. Les acquis de la révolution perdurent, mais les sanctions sont certainement en train de les réduire.

Vous soulignez également les droits que le gouvernement vénézuélien a restitués aux autochtones et aux afro-descendants, dont la majorité soutient la révolution. Pourriez-vous faire une comparaison avec la situation de ces gens aux États-Unis et comment leurs droits spécifiques sont traités là-bas ?

Bon, on ne peut vraiment pas comparer, parce que les groupes autochtones aux États-Unis ont été traités d’une manière horrible. Depuis les premières années des États-Unis, les attaques contre les populations autochtones ne peuvent être décrites que comme un génocide. Il y a eu une violence génocidaire extrême à leur encontre. Et pourtant, à ce jour, il y a encore une pauvreté massive dans les populations autochtones de ce pays – le taux de suicide est énorme ; il y a des situations où les enfants indigènes sont arrachés à leurs familles à grande échelle. En vérité, les peuples autochtones ont été repoussés aux marges de la société, et ils y restent.

Au Venezuela, en revanche, le gouvernement a fait une immense tentative depuis la Révolution bolivarienne de 1999 pour inscrire les droits des peuples autochtones dans la Constitution, pas seulement reconnaître leurs langues mais effectivement les préserver. Il a fait des pieds et des mains pour créer des programmes afin de préserver les langues indigènes. Il a rendu des terres volées aux peuples autochtones.

Donc je veux dire que les différences entre les deux pays sont très étonnantes, et il en va de même pour les afrodescendants ! Ce pays (les États-Unis) a bien sûr été construit sur la traite des esclaves, ensuite il y a eu Jim Crow et la ségrégation légale, et encore aujourd’hui les Afro-Américains vivent beaucoup plus mal que le reste de la population en termes de pauvreté, de faim et d’accès aux services sociaux et aux infrastructures essentielles. Vous avez chez les Afro-Américains des taux de mortalité infantile élevés de manière disproportionnée. Et il y a l’énorme taux d’incarcération des Afro-Américains dans ce pays. La première chose à dire à ce propos est que les États-Unis ont le taux d’incarcération le plus élevé au monde – à la fois en chiffres absolus et en pourcentage de la population. Plus de 2.2 millions de gens dans ce pays sont incarcérés, et près de 40% d’entre eux sont des Afro-Américains même s’ils ne représentent qu’environ 14% de la population totale. Donc vous voyez, les Afro-Américains sont toujours très opprimés dans ce pays.

Et de nouveau, au Venezuela, la Révolution bolivarienne a rendu des terres aux afrodescendants, a reconnu leurs droits en tant que peuple, d’une manière qui n’avait vraiment jamais existé avant. C’est la raison pour laquelle les Afro-Vénézuéliens et les peuples autochtones soutiennent le gouvernement là-bas. Et bien sûr, il est logique é bien des égards que le gouvernement étasunien, qui opprime les autochtones et les afrodescendants, se soit rallié à l’élite blanche au Venezuela pour essayer de renverser le gouvernement.

L’ex-ambassadeur des États-Unis au Venezuela l’a récemment admis avec d’autres mots, expliquant pourquoi une intervention militaire traditionnelle ne pouvait pas être pratiquée au Venezuela contrairement au cas de la Libye, pour au moins deux raisons : l’absence de forces rebelles prêtes à renverser le gouvernement et l’état de l’opinion publique, pas encore assez unanimement opposée à Maduro. Cette « stratégie de l’effondrement » peut-elle bénéficier à l’opposition vénézuélienne d’une manière ou d’une autre ou est-ce plutôt une impasse politique ?

Évidemment, le but est de détruire l’économie vénézuélienne et d’en accuser le gouvernement vénézuélien, dans l’espoir de renverser ce dernier et d’amener l’opposition au pouvoir. Mais même l’opposition et Juan Guaido, bien qu’ils aient soutenu cette stratégie, ont reconnu que si l’économie est détruite de façon irrémédiable – par des sanctions ou d’autres moyens – alors comment allaient-ils gouverner s’ils prennent le pouvoir ? Juan Guaido, par exemple, a demandé à Trump il y a quelques mois de lever les sanctions internationales qui empêchent le Venezuela d’obtenir de l’aide financière et des prêts. Il ne voulait pas voir l’économie frappée au point qu’il hérite d’un chaos s’il arrivait au pouvoir. Trump le lui a pourtant refusé.

Donc même l’opposition reconnaît que les dommages pourraient être trop graves et peut-être irréparables. En effet, nous voyons que les États-Unis imposent des sanctions si draconiennes sur ce pays qu’ils pourraient vraiment détruire l’économie d’une manière qui la rendrait presque impossible à réparer. Je ne pense pas que cette guerre économique parviendra à remplacer le gouvernement de Maduro, mais elle pourrait certainement détruire ce pays.

D’ailleurs, c’est l’objectif de rechange des États-Unis. Si on regarde les opérations américaines de changement de régime au fil des années, si les États-Unis sont incapables de renverser le gouvernement qu’ils veulent éliminer, ils accepteront, en guise d’alternative, de détruire le pays, tout simplement. Le Vietnam en est un bon exemple. Les États-Unis savaient à un moment donné qu’ils ne vaincraient pas les forces de libération nationale au Vietnam et ils ont donc simplement bombardé ce pays jusqu’à le faire revenir à l’âge de la pierre afin de ne rien lui laisser. Si nous regardons la Libye, la situation est similaire, au Venezuela et en Iran aussi. Les États-Unis se contenteraient de les détruire, ce qui est tout à fait choquant et obscène, et les gens devraient s’y opposer. Mais je pense que nous assistons à la mise en œuvre de cette stratégie.

Le gouvernement vénézuélien a nié qu’il y ait une « crise humanitaire ». Au contraire, l’opposition a utilisé ce concept à dessein, puisqu’il est lié à la norme onusienne de la « responsabilité de protéger », qui pourrait conduire à une intervention militaire. Dans quelle mesure les sanctions américaines affectent-elles le peuple vénézuélien ?

Le Center for Economic Policy Research a publié récemment un rapport co-écrit par Jeffrey Sachs, un économiste très respecté de l’Université Columbia. Les auteurs ont conclu qu’au moins 40 000 Vénézuéliens ont été tués par les sanctions depuis août 2017, lorsque Trump a imposé une série de sanctions très draconiennes qui ont coupé le Venezuela des marchés financiers internationaux. Donc ils ont pratiquement incapables d’obtenir des choses comme des médicaments contre le HIV, du matériel de dialyse, des médicaments pour des chimiothérapies et de la nourriture. Ce rapport conclut qu’à cause de cela, 40 000 autres personnes, ou plus, mourront cette année. Donc les sanctions ont été très dévastatrices pour les gens ici, ce qui évidemment met en évidence le mensonge selon lequel c’est une opération humanitaire. Si vous vouliez vraiment une opération humanitaire, vous ne couperiez pas intentionnellement les gens de l’accès aux médicaments et à la nourriture.

Alors comment le gouvernement vénézuélien a-t-il fait face aux sanctions pour protéger les droits de son peuple ?

La réponse du gouvernement a été le programme CLAP, dans le cadre duquel il achète surtout des aliments produits localement puis les fournit à très bas prix à ceux qui en ont besoin. Pendant longtemps, il n’y fourni de la nourriture aux gens qu’une fois par mois, mais maintenant ils essaient de le faire tous les 15 jours pour être sûrs que les gens reçoivent de la nourriture. Le gouvernement essaie d’obtenir des médicaments sur les marchés de l’Est, comme la Chine, la Russie, l’Iran, parce qu’il ne peut pas les avoir de l’Ouest. Et de nouveau, de manière incroyable, les États-Unis veulent sanctionner le programme CLAP qui fournit de la nourriture aux gens. C’est donc une tentative évidente d’affamer la population. L’espoir des États-Unis est que les Vénézuéliens se mettent à crier pour appeler l’oncle (spécifiquement Oncle Sam) à l’aide et renversent le gouvernement. C’est une forme de terrorisme, claire et simple !

Quelques personnes ont dénoncé la manière dont le public occidental a été désinformé par la propagande en faveur d’un coup d’État pendant la première moitié de cette année. Pensez-vous que le débat sur les questions étrangères dans l’opinion publique américaine va évoluer, en particulier maintenant qu’un dialogue se met en place entre le gouvernement vénézuélien et l’opposition ?

Je ne peux parler que de ce qui se passe aux États-Unis, et aux États-Unis la presse est très partiale dans sa couverture du Venezuela. Elle couvre à peine les négociations qui ont eu lieu entre le gouvernement et l’opposition. Lorsqu’il est devenu évident que Juan Guaido ne réussirait pas à renverser le gouvernement, la presse a seulement cessé de couvrir le Venezuela comme elle le faisait auparavant. Au lieu d’essayer de traiter la situation d’une manière honnête, et de reconsidérer si ce stratagème de soutien à Guaido était juste au départ, les médias ont passé à autre chose. Le fait est qu’il serait difficile pour la plupart des Américains de ressentir le besoin de réévaluer la situation parce qu’on ne leur donne aucune information ou aucune raison de repenser ce qui se passe là-bas.

Dans les années 2000, vous avez eu une riche expérience dans la défense de syndicalistes colombiens – il y a un film documentaire qui en parle. Actuellement, nous apprenons quotidiennement les meurtres de dirigeants sociaux, mais il semble que cette question ne soit pas assez importante pour faire les grands titres…

C’est un autre point que je mentionne dans le livre : si on regarde la Colombie, qui est juste à côté du Venezuela, il y a un nombre record de dirigeants sociaux assassinés, y compris des syndicalistes. Cette année a été terrible pour eux, plus de 150 dirigeants de mouvements sociaux ont été tués l’an dernier, et ce nombre est vraiment en hausse. Il y a des déplacements massifs de populations. La Colombie a le plus grand nombre de personnes déplacées à l’intérieur sur la terre, environ 8 millions. Et de manière disproportionnée, les déplacés sont des Afro-Colombiens et des autochtones. Donc il y a un bilan terrible en matière de droits de l’homme en Colombie, mais de nouveau, la presse n’en parle pas.

La presse chuchote à peine quelque chose à propos de la Colombie. Donc les gens ne comprennent pas ce qu’est la réalité de la Colombie, en particulier comparée à celle du Venezuela. L’autre chose dont les médias ne parlent pas est le fait que 5.8 millions de Colombiens vivent au Venezuela. Il y a eu une migration massive dans l’autre sens, de la Colombie au Venezuela, ce dont on n’a pas parlé. Du coup, les gens sont amenés à croire que le Venezuela est un pays particulièrement troublé dans la région alors que c’est loin de la vérité.

À votre avis, quelle est l’importance de ce pays pour les États-Unis et quelle est votre opinion sur l’avenir de l’accord de paix colombien ?

Le gouvernement n’a jamais respecté sérieusement l’accord de paix. Cent trente anciens combattants des FARC ont été assassinés. Le gouvernement n’a jamais arrêté les paramilitaires comme c’était demandé dans l’accord de paix. Donc cet accord est mort, c’est un fait. La Colombie est la tête de pont des États-Unis en Amérique du Sud. Les États-Unis opèrent depuis au moins sept bases militaires ici, leurs opérations de changement de régime pour le Venezuela sont en grande partie organisées depuis la Colombie. Certaines personnes disent que la Colombie est l’Israël de l’Amérique du Sud, le suppléant des États-Unis en Amérique du Sud. C’est pourquoi les États-Unis sont si protecteurs avec la Colombie et lui accordent tant d’aide militaire, parce que c’est de là qu’ils projettent leur puissance.

Répondre à cet article

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0