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A propos d’une énième pseudo-« réfutation » de la théorie marxiste de la valeur ! Une autre approche de la problématique des Laurel et Hardy de « service non-marchand »... (Harribey et Friot)

samedi 3 août 2019, par Luniterre (Date de rédaction antérieure : 3 août 2019).

Bonjour,

Une autre approche de la problématique des Laurel et Hardy de « service non-marchand »… (Harribey et Friot)

Une réflexion qui est venue à la suite d’une correspondance reçue de la part de M. Pierre Roubaud qui ratiocine de façon assez acharnée sur des thèmes voisins, avec la franchise, en plus, de remettre ouvertement en cause les fondements de la théorie marxiste, dans laquelle il prétend avoir détecté des contradictions rédhibitoires.

La « 4e de couverture » de son dernier ouvrage…

« Marx : Limites d’une œuvre inachevée Conséquences historiques

La science est inachevée comme l’Histoire. Tout au long de notes de lectures éparses sur des textes de Marx et divers auteurs de sa postérité, Pierre Roubaud pense avoir démontré que Marx s’est contredit et trompé sur des questions théoriques importantes.

  • Démographie, éducation, espérance de vie, production matérielle et des services : le capitalisme ne fait pas « qu’épuiser les deux sources d’où jaillit toute la richesse : la terre et le travailleur » ;
  • Les activités de service produisent de la valeur ;
  • Le capitaliste achète le travail du salarié, non sa « force de travail » ;
  • Le travail n’est pas payé à sa valeur mais en fonction d’un rapport de force économico-politique, voire militaire ;
  • Le prolétariat ne se réduit pas à sa composante ouvrière ;
  • De nombreux salariés profitent d’une « plus-value salariale » qui résulte d’un transfert de valeur depuis les pays dominés par la pyramide des Etats impérialistes et depuis le travail des travailleurs les moins productifs ;
  • Les couches moyennes salariées fournissent une base sociale aux politiques de collaboration de classe ;
  • L’histoire du capitalisme relève d’un déterminisme en permanence multifactoriel où les rapports économiques n’occupent pas, en permanence, la position « d’infrastructure » ;
  • La postérité de Marx est aujourd’hui largement dominée par l’idéologie des couches moyennes salariées ;
  • Une lecture dogmatique des œuvres de M arx a contribué à l’effondrement des Etats socialistes du 20e siècle.

Pierre Roubaud a été enseignant-chercheur en biologie. Profitant de son expérience de responsable communiste à l’Université pendant 45 ans, il consacre sa retraite à l’étude des racines théoriques de la défaite des révolutions du 20e siècle. »

*****************

Une polémique assez lapidaire s’en est suivie…

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/08/01/a-propos-dune-enieme-pseudo-refutation-de-la-theorie-marxiste-de-la-valeur/

Mais elle a néanmoins débouché sur cette brève réflexion estivale qui recoupe assez précisément, in fine, la problématique des pseudos « services non-marchands » et de leur caractère éventuellement productif, en termes de valeur :

Note de Luniterre :

« il y a évidemment un changement de statut dans les rapports de production entre les diverses périodes pré-capitalistes et la période capitaliste proprement dite >>> ce qui a manifestement échappé à M. Roubaud… »

Préalablement à l’apparition et à l’intervention significative du capital commercial, dans un village antique essentiellement basé sur une économie autarcique, les producteurs « locaux » n’échangent pratiquement entre eux, sur le marché villageois, qu’en fonction de leurs besoins réciproques. Il n’y a quasiment pas d’achats effectués en vue de la revente avec bénéfice commercial. C’est la masse usuelle des besoins locaux qui règle donc et l’offre et la demande, qui s’équilibrent donc naturellement. Les producteurs échangent directement entre eux le produit de leurs travaux en fonction de leurs besoins réciproques. Ce sont, directement, des valeurs d’usages, plus ou ou moins immédiatement consommées, qui sont ici échangées.

Et cela se produit même si les échanges ont bien déjà une forme marchande, et même une expression monétaire !

Dans cette situation, non seulement les rapports de proportions des prix en arrivent à refléter aussi exactement que possible les rapports de proportion des travaux effectués en termes de quantums de travail (temps de travail moyen socialement nécessaire, ici établi par l’usage), mais on peut également avancer que dans ce cas les valeurs d’échanges sont aussi également l’expression « marchande » des valeurs d’usage.

Et elles le sont d’autant plus qu’il s’agit de productions artisanales, sans intervention du travail salarié.

Il est clair que c’est l’intervention du capital commercial, par l’importation d’une production extérieure à l’équilibre autarcique, créant ou répondant à de nouveaux besoins, jusque là inexprimés, qui vient amorcer le cycle d’accumulation primitive du capital, et, nécessairement, générer une production supplémentaire, à des fins commerciales proprement dites, et déjà « marchandes » au sens capitaliste du terme.

Il est donc clair que ce n’est qu’avec le développement des différents processus constitutifs de la production capitaliste que s’opère la césure, non seulement entre prix du marché et valeur-travail, mais aussi entre valeur d’échange et et valeur d’usage, y compris et surtout, en ce qui concerne le travail lui-même et l’expression quantifiée de la force de travail, entre sa valeur d’échange et sa valeur d’usage.

C’est évidemment sous la forme de la plus-value que cette différenciation trouve son expression la plus systématique et la plus achevée.

Mais il est tout aussi évident que si cette différenciation est une des expressions de la loi de la valeur dans le mode de production capitaliste, elle ne résume en rien la loi de la valeur elle-même, et encore moins, ses fondamentaux trans-historiques !

Il est donc inévitable que l’on retrouve, au fil de l’œuvre de Marx, la notion de travail tantôt comme valeur d’échange, tantôt comme valeur d’usage.

Ne s’en étonneront et ne perdront du temps à pinailler sur ces différentes formulations que ceux qui n’ont toujours rien compris à la Loi de la Valeur et à ses fondamentaux, tels que définis par Marx, Capital, I, 1.

Jusqu’à preuve du contraire, et au vu des différentes correspondances que M. Roubaud a fait circuler sur le sujet, il semble malheureusement rester dans ce cas…

Mais on se rappellera, à cette occasion, que c’est aussi le cas de l’ensemble des camarades du « Collectif Défense », bien qu’ils se réclament expressément de Marx et de la Loi de la Valeur… !

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2017/04/08/loi-de-la-valeur-collectif-defense-fin-du-debat/

Luniterre

PS : Pour tous ceux qui ont réellement compris les fondamentaux de la Loi de la Valeur, il est clair que cette différenciation de quantification entre valeur d’échange et valeur d’usage du travail se poursuit, sous de nouvelles formes, avec le développement de l’économie de services :

la prestation de service marchandisée prévoit contractuellement la réalisation d’une tâche ou d’un service techniquement défini avec une grande précision, même, et surtout, si de façon standardisée. Outre l’utilisation de matériel ou de machines prévues à cet effet, et également de manière standardisée et pour un temps également quantifié de manière précise, cette prestation inclut généralement de manière quantifiée avec la même précision un temps de main-d’œuvre de qualification adaptée.

Même si la valeur d’usage de la main-d’œuvre ainsi considérée n’est réalisée et consommée qu’avec le service lui-même réalisé, elle est néanmoins incluse dans le prix forfaitaire de la prestation, qu’il soit payé avant ou après, peu importe…

Elle reste en partie à l’origine du bénéfice de l’entreprise pourvoyeuse et « productrice », en ce sens, de services. C’est en ce sens que cette partie du bénéfice de l’entreprise peut être considérée comme une plus-value.

La définition technique contractuelle précise du service à réaliser peut donc être dite « valeur d’usage » du travail, tandis que le salaire effectivement payé à l’ouvrier réalisant le service reste sa valeur d’échange.

La part de produits utilisés et l’usage de matériels et de machines peuvent être assimilés à une part de « travail mort » incluse dans la valeur du service ainsi « produit ».

Dans la mesure où de tels contrats de prestations de services peuvent être échangés et revendus avant d’être réalisés, ce qui se produit parfois, on peut considérer que la différence entre de tels services et une production marchande plus « classique », au sens capitaliste du terme, tend à s’effacer.

C’est notamment en ce sens qu’il convient de reconsidérer également la notion d’extension du secteur productif à différents types d’activités de services actuellement standardisées et marchandisées à grande échelle.

Sans que cela ne remette en cause réellement la validité de la Loi de la Valeur, bien au contraire. Ce n’est jamais qu’une évolution des formes par lesquelles elle s’exprime avec l’évolution actuelle du capitalisme.

Et de plus, cela règle, au passage le mythe des « services non-marchands » cher à MM. Harribey et Friot.

Pour qu’existe un « service non-marchand » il faudrait qu’il n’existe aucun équivalent de ce service actuellement commercialisé…

En effet, un service public est généralement budgétisé en comparaison de son équivalent commercialisé et il a peu de chance de subsister si son coût de fonctionnement est plus onéreux que l’achat contractuel de la prestation privée équivalente.

Dans cette logique concurrentielle le service public considéré n’est jamais que l’une des formes du capitalisme d’Etat, et c’est à ce titre qu’il peut être, effectivement, productif et créateur de valeur, au sens tout à fait classique du terme.

Les exceptions à cette règle continuent de subsister, mais elles sont de plus en plus résiduelles et liées au capitalisme par d’autres biais, de toutes façons.

*************

…UNE RÉACTION DE M. J-M HARRIBEY :

à M. Luniterre,

Je n’ai aucune acointance avec la théorie de M. Roubaud.

Je ne réagis que par rapport à une erreur factuelle et un contresens que vous avez commis à mon propos.

1) un service public non marchand (tous les services publics ne sont pas non marchands) n’est pas « budgétisé en fonction de son équivalent commercial » quand celui-ci existe, mais uniquement en fonction de son coût (puisqu’il n’y a pas de profit).

2) au sujet du soi-disant « mythe des services non marchands », demandez-vous si vous payez individuellement l’instituteur qui apprend à lire à votre enfant. Si vous répondez à la question, vous comprendrez que j’ai un désaccord total avec B. Friot, dont l’élément crucial apparaît avec la question des retraites (voir par exemple, https://france.attac.org/nos-public… ; et de manière générale : http://harribey.u-bordeaux4.fr/trav…).

Bien à vous : cordialités marxiennes plus que marxistes orthodoxes.

Jean-Marie Harribey

DE NOTRE PART, CETTE TENTATIVE DE NOUER UN ÉCHANGE :

Bonjour,

Effectivement….

« L’égalité de travaux qui diffèrent entièrement les uns des autres ne peut consister que dans une abstraction de leur inégalité réelle, que dans la réduction à leur caractère commun de dépense de force humaine, de travail humain en général, et c’est l’échange seul qui opère cette réduction en mettant en présence les uns des autres sur un pied d’égalité les produits des travaux les plus divers. »  

Marx, Capital, cité par JM Harribey dans sa réponse à B. Friot

Je reprends de votre envoi cette excellente citation en exergue, en quelque sorte, de ce mail en réponse, car elle me semble presque être la lumière nécessaire et suffisante pour éclairer notre échange, s’il en est, ce que je souhaite.

Mais tout d’abord je tiens à vous remercier pour les liens utiles que vous m’avez communiqué, et que je n’ai évidemment pas encore eu le temps d’explorer entièrement.

Les deux premiers passages, « retraite » et « validation sociale » de votre récapitulatif au sujet de M. Friot sont déjà une base intéressante pour avancer sur les points que vous évoquez sommairement dans votre mail.

Jusqu’ici j’ai eu l’occasion de suivre vos échanges polémiques avec MM. Zerbato et Darmangeat, qui me paraissent plus fondamentaux que les élucubrations de M. Friot !

Bien entendu il y avait dans ma brève note en réponse à M. Roubaud un aspect quelque peu provocateur, mais c’était néanmoins l’occasion de formuler de façon synthétique et condensée quelques fondamentaux qui me paraissent utiles pour avancer.

En effet, formellement, votre observation sur le fait que le service public n’est pas censé faire de bénéfice est évidemment juste et importante mais ne règle pas pour autant le problème, précisément en termes de validation, à laquelle vous tenez tant, et à juste titre, également.

Il se trouve que pour ma part je suis entièrement autodidacte et que j’ai notamment travaillé un temps comme ouvrier professionnel en espaces verts (arboriculture), dans la fonction publique territoriale. C’est également la période de ma vie où j’ai eu une activité syndicale assez intense, principalement comme délégué du personnel ouvrier au CTP.

J’ai donc une bonne connaissance de la concurrence « public-privé », vécue directement sur le terrain.

Avant de préciser davantage ce point, il me semble utile de préciser mon approche autodidacte du marxisme sur la question de la valeur.

Ce que nous rappelle précisément la citation en exergue, sur le fond de la question, c’est que la valeur apparaît par l’échange de travaux, de produits de travaux, indépendamment de la forme que cela peut prendre, et c’est cela qui rend la loi de la valeur trans-historique, tant que la vie économique reste basée sur ce principe d’échange, quelle qu’en soit la forme.

Elle disparaitra avec la disparition du travail productif humain >>> robotisation intégrale (Grundrisse).

Mais son action pourrait cesser avant, avec le communisme dans sa phase supérieur, où l’échange de travaux cesserait d’être la mesure de la consommation.

La notion de valeur n’est donc pas réductible à la notion de circulation monétaire, même si, sous le capitalisme, elle ne s’en éloigne guère… !

Sur ce point, une des objections qui vous sont faites, par M. Zerbato, me semble-t-il, de mémoire, est en grande partie valide.

Il me semble qu’il reste une ambiguïté, également dans votre approche de la validation par le marché. Comme vous le remarquez vous même : « la tomate vendue par le paysan de BF est une marchandise, mais la production qu’il a réalisée s’est déroulée dans le cadre de rapports marchands simples et non pas dans un cadre de rapports sociaux capitalistes avec emploi de travail salarié. » [JM Harribey, dans sa réponse à B. Friot]

Du point de vue de la validation, c’est à dire de l’expression de la valeur d’échange, la notion de marché se réduit à la notion de lieu d’échange, et même simplement d’échange tout court, indépendamment, en un sens, de la nature des rapports sociaux entre les participants de l’échange.

La réalisation de la valeur réside dans la notion d’échange, et non pas spécialement dans la notion de marché.

En termes d’échange, la création et l’entretien d’un espace vert public se fait avec l’argent du contribuable local, que cet argent aille au service public territorial ou à une entreprise privée.

Les contribuables locaux sont essentiellement eux-mêmes une masse de travailleurs qui avancent cet argent issu du produit de leurs travaux.

L’échange se fait donc avec le produit du travail des jardiniers, qu’ils soient fonctionnaires ou non.

C’est cet échange, même si indirect, qui valide le travail des jardiniers, indépendamment du bénéfice éventuellement réalisé par une entreprise privée.

Dans le cas du travail effectué par le service public, la survaleur produite par les jardiniers est restée dans les caisses de la Ville ou de la communauté urbaine, pour être affectée à d’autres postes budgétaires, au lieu d’être comptabilisée comme bénéfice. Même si cela reste difficile à retracer, comptablement.

Concernant l’école, « payante » ou non, la situation n’est pas tellement différente, au fond, mais permet précisément d’aborder un autre aspect du problème…

Il est clair que la masse des contribuables qui financent par leurs impôts l’éducation nationale attend d’elle en retour une éducation de qualité pour ses enfants.

Dans la mesure où cet enseignement est bien assuré sans bénéfice réel pour l’Etat, on peut donc dire qu’il y a un échange d’équivalents qui « valide » effectivement le travail de l’E.N., sans pour autant annuler le caractère « marchand » de cet échange. Car avant d’être capitaliste, c’est le principe même de la validation par l’échange qui est « marchand » dans la formation de la valeur, et plus spécialement, le principe de l’échange d’équivalents, par définition.

Pour qu’il y ait réellement « service non-marchand » il faudrait au contraire s’acharner à démontrer l’absence d’équivalence dans l’échange, c’est à dire la non-formation de valeur, en fait !

Une situation qui se produit probablement plus couramment dans les milieux associatifs, du fait du bénévolat, notamment.

Bien entendu, la définition usuelle de « service non-marchand » s’attache au caractère « non lucratif » de l’activité, comme c’est en principe le cas pour l’éducation nationale, par exemple, mais c’est là une classification non-marxiste qui introduit une confusion sur le fond de votre propos, dans la mesure où vous semblez effectivement la reprendre et vous y tenir.

Pour être plus précis et même juste, tout simplement, il faudrait parler de « services marchands non capitalistes », au sens de l’accumulation de la plus-value.

Resterait à analyser ce que devient la sur-valeur potentiellement produite par les travailleurs du service public, si l’en est, et selon les cas, comme j’ai tenté de le faire en ce qui concerne les jardiniers… !

A noter, pour finir, que la notion d’échange marchand non-capitaliste est typiquement celle de l’économie socialiste de la phase de transition, telle que magistralement exposée dans la Critique du Programme de Gotha.

D’une manière générale, et même si ce n’est évidemment ni l’essentiel ni l’objectif central de son propos, on peut dire que l’œuvre de Marx constitue aussi une approche des rapports marchands « pré- » et « post- »capitalistes. Ce qui est évidemment et logiquement en cohérence avec le caractère trans-historique de la loi de la valeur, et reflète les différentes formes par lesquelles elle se manifeste, selon la nature des rapports économiques et sociaux.

Le caractère trans-historique de la loi de la valeur dans l’œuvre de Marx ne me paraît pas faire de doute, mais cela reste un sujet de polémique récurrente, notamment depuis le retour de flamme « gauchiste » de la wertkritik.

Pour ma part je me défini clairement comme « marxiste orthodoxe », mais non-dogmatique, et même comme marxiste-léniniste, tant l’apport de Lénine reste précieux pour comprendre l’évolution actuelle de l’impérialisme.

Pour moi le ML n’est donc pas un dogme, mais un ensemble d’outils opérationnels pour l’analyse de l’évolution du capitalisme et de l’impérialisme actuels et je continue de les utiliser tant que leur tranchant me permet d’avancer sans que le fil en soit émoussé. Ce qui ne semble pas sur le point de se produire… !

Comme je l’ai abordé dans ma note en réponse à M. Roubaud, et très concrètement, sans que cela n’entre en contradiction avec les fondamentaux du ML, il est évidemment nécessaire de reconsidérer, avec le développement d’une économie de services, la place de ces nouvelles catégories sociales dans les rapports de lutte de classe.

S’il est clair que la réduction incontournable du secteur productif au sens traditionnel du terme (Zerbato) est un des facteurs de la crise, il est également clair qu’en proportion cette crise devrait être encore plus radicale si le capital n’avait pas trouvé d’autres secteurs économiques susceptibles de le valoriser, sous une forme pratiquement identique, à y regarder de plus près, et selon l’évolution des conditions actuelles de réalisation des services.

Votre travail a donc le grand mérite de mettre en lumière cette problématique, même si le concept de « service non-marchand » me paraît inapproprié, d’un point de vue marxiste, « orthodoxe » et non-dogmatique.

Luniterre

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/08/01/a-propos-dune-enieme-pseudo-refutation-de-la-theorie-marxiste-de-la-valeur/

10 Messages de forum

    • Tant que le travail productif humain est encore utile et même indispensable à la survie de l’espèce, il n’est pas irrationnel de se préoccuper de son organisation, tant en termes de répartition des tâches et des responsabilités qu’en termes de répartition des productions et services.

      Voir à ce sujet la réaction de JM Harribey, ci-dessus dans l’article, et ma réponse.

      Luniterre

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      • Alors, heureux ?
        Effectivement, le travail productif inhumain est préoccupant.

        Le travail c’est le vol, le royaume de l’arbitraire basé sur le viol et la peur.

        https://www.investigaction.net/fr/l…

        https://www.matierevolution.fr/spip…

        Le culte du travail est à la base de la morale sociale ambiante. Le café du commerce regorge de remarques selon lesquelles « les gens ne veulent plus travailler », « le travail, c’est ce qu’il y a de meilleur pour la santé », « une société sans travail est une société fichue », « les jeunes ne veulent plus travailler », « de mon temps, les gens savaient ce que travailler veut dire » et autres balivernes… Comme si les millions de chômeurs ne souhaitaient pas trouver un travail ! Comme si ceux qui ont un travail ne croulaient pas, pour la plupart, sous une charge de travail folle, cause de stress, de maladies, d’accidents, de suicides, etc… Comme si ce n’est pas la politique d’encouragement aux suppressions d’emplois privés et publics, par la suppression des limitations légales notamment, par la casse et le détournement des luttes aussi, ainsi que de précarisation des emplois qui provoquait l’augmentation du chômage…

        « Le Travail » serait une espèce de richesse de la société dont les travailleurs seraient les profiteurs, ben voyons !!!

        Et on voit non seulement les dirigeants patronaux, les hommes politiques de la bourgeoisie, les média, les commentateurs, les experts, les sociologues, mais aussi les dirigeants syndicaux, les politiciens, les associations se joindre à cette propagande…

        Les centrales syndicales affirment que « défendre le travail », « défendre l’entreprise », « défendre le secteur d’activité », « défendre l’économie », « défendre le secteur d’activité » ce serait la même chose que défendre les intérêts matériels, immédiats et futurs, des travailleurs !

        Certains vont jusqu’à faire croire que Karl Marx était un « défenseur du travail » au sens d’un défenseur de l’idée selon laquelle ce serait « le travail qui libère », « le travail qui honore », « le travail qui valorise », « le travail qui crée la richesse », « le travail qui glorifie l’homme », « le travail qui moralise la société », « le travail qui produit l’homme »… En somme, c’est l’idée que le travailleur et l’exploiteur seraient tous deux du même côté : celui de la valorisation du travail !

        En réalité, Marx affirmait que le Travail est en lutte avec le Capital, l’idée de la lutte des classes, dans un sens complètement inverse que le précédent, au sens où le travail industriel a séparé complètement le travailleur de son travail, dont il n’est plus propriétaire, plus dirigeant, plus le responsable, plus le concepteur, plus le profiteur, etc.

        Le discours sur le travail permet aux réformistes de prétendre réconcilier la bourgeoisie et le prolétariat mais la réalité sociale nous dit exactement le contraire et la dernière « crise » du capitalisme, celle de 2007-2008, est la manifestation du gouffre qui sépare désormais le Capital et le Travail, les deux classes sociales déterminantes de la société ! Loin de se fonder désormais sur le travail, le Capital ne vit plus qu’en assisté des fonds publics !!!

        Rappelons que Karl Marx affirmait que le Capital n’exploite pas « la richesse du travail » mais exploite la force de travail, ce qui est très différent : le travail ne s’achète pas, ne se vend pas. Il n’y a pas de « valeur du travail » mais une valeur de la force de travail. Il n’y a pas de profit fondé sur le travail, mais sur le vol de la force de travail…

        https://garap.org/glossaire/travail.php

        Le travail, pour beaucoup de nos semblables en Occident, est une corvée quotidienne nous permettant de survivre et de nourrir nos familles. Très peu exercent réellement une profession avec passion, et beaucoup font semblant de travailler avec intérêt. Le chômage de masse, apparu il y a 30 ans, a bouleversé le rapport au travail. Jadis, on s’adonnait ouvertement à la destruction des chaînes salariales, aujourd’hui on réclame du boulot quand on en est privé et on se satisfait quand on est épargné par l’inactivité et la précarité. Ce changement de mentalité est révélateur d’un bouleversement des rapports de classe. Hier, le patronat redoutait que l’ouvrier le jette, lui et son travail aliéné, à la poubelle de l’Histoire. Actuellement, les travailleurs viennent d’eux-mêmes picorer les miettes de leur renoncement dans les mains empoisonnées du bourgeois. Pourtant, on attend tous la paye à la fin du mois. On subit ou on participe à la hiérarchie, cette forme arrogante de domination du capital sur l’être humain, et on rentre chez soi toujours un peu plus détruit d’avoir encore passé une journée à renoncer à soi-même.

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