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Chapitre quatorze : la conjoncture de crise économique et les Gilets jaunes

vendredi 25 octobre 2019, par Robert Bibeau

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De la crise économique à la crise sociale des Gilets jaunes

Une crise sociale prend toujours sa source dans une crise économique. Il n’en va pas autrement pour la crise des Gilets jaunes. L’économie mondiale va tout droit dans le mur et elle ralentit en dépit du laxisme monétaire des banques centrales, de l’hyperendettement des particuliers et des entreprises et des déficits cumulatifs des institutions publiques. Un total de 250 000 milliards de dollars de dette mondiale. Il est absolument impossible de rembourser cette dette qui s’accumule à grande vitesse. Il faudrait émettre du nouvel argent de pacotille (sous forme de crédit) pour rembourser la dette en s’endettant encore davantage. Avec 250.000 milliards de dollars de dettes à travers la planète, 1 % d’augmentation des taux d’intérêt correspond au PIB de la France ; le remboursement est impossible. Pendant ce temps la machine de production est en panne faute d’un marché, sclérosé faute de liquidités (!) La solution qui s’impose ? Dévaluer ces monnaies de pacotille et pour ceux qui ne sont pas encore en faillite acheter de l’or comme le font déjà certains États (Chine, Russie) dont la valeur s’envolera. Notez qu’entretemps les épargnants auront vu leurs avoirs s’évaporer comme fumée de narguilé. Bref, ce sera l’apocalypse financière auquel répondront d’autres révoltes des Gilets jaunes (avec ou sans gilets). Au demeurant, tout ceci a déjà commencé au Liban, au Chili, en Équateur, en Algérie, en Haïti, à Hong Kong, en Inde pour ne nommer que les plus réputés.

« Le problème, c’est que suite aux manipulations pour faire baisser le cours de l’or face au dollar, aucune banque centrale ne publie un audit complet de son or physique et de ses produits dérivés. Le dernier audit aux États-Unis date de 1950 et de Gaulle avait déjà des doutes sur la réalité de l’or américain. La France va-t-elle aussi prêter, « swaper » et hypothéquer son or à la banque JP Morgan pour faire de Paris une place de marché importante de l’or ? La question se pose depuis la nomination, l’an passé, de l’européiste mondialiste Sylvie Goulard comme sous-gouverneur de la Banque de France. »

La crise a provoqué le Mouvement des Gilets jaunes

En réalité, la crise économique a commencé en 2015, date du premier ralentissement de la Chine. Nous en sommes aujourd’hui au deuxième ralentissement de l’activité économique en Chine (le PIB a chuté sous la barre des 6% annuellement. Notez que le PIB étatsunien sera sous les 1,3% en 2019). La situation économique se dégrade lentement, tout comme la grenouille dans la casserole d’eau froide qui ne prend pas conscience de la mort qui approche lorsque l’on augmente la température.

La dette

Les banques centrales, par leur politique monétariste laxiste, ne savent que prolonger la vie des États malades dont l’hyperendettement devient incurable. En 1958, la dette américaine s’élevait à 280 milliards de dollars. Elle a été, depuis cette époque, multipliée par 75 (par 31 depuis 1981, tandis que les recettes fiscales n’étaient multipliées que par 6) pour atteindre, aujourd’hui, 22.000 milliards de dollars. Suite au surendettement mondial, le cygne noir déclencheur peut apparaitre n’importe où. L’OCDE vient de constater, par exemple, que la dette obligataire des entreprises dans le monde a doublé en dix ans et met en doute leur capacité à rembourser leurs obligations. Le ratio d’endettement mondial est de 318 % du PIB, soit 49 % de plus qu’avant le pic de la faillite de Lehman Brothers (2008). Selon certains experts, l’épargne mondiale serait en train de s’assécher.

La dette est, en réalité, une maladie mondiale, incluant la bombe potentielle des produits dérivés bancaires. En Chine, la dette totale est passée de 2 000 milliards, en 2000, à 40 000 milliards de dollars conséquence de son vaste programme d’investissement intitulé Les Nouvelles routes de la soie. Le Japon, avec une dette publique de 250 % de son PIB, ferait défaut si les taux d’intérêt augmentaient de seulement 0,5 % ! On comprend mieux pourquoi le Japon ne peut pas revenir en arrière dans sa politique monétaire. Et partout dans le monde, le système bancaire, avec un effet de levier des capitaux propres de 10 à 50, sera bien incapable de rembourser les déposants en cas de krach financier. Quant à l’État français, il faut savoir que sa dette de 2.000 milliards d’euros représente plus de deux fois la valeur de son patrimoine public et de ses actifs.

Selon Martin Tarlie, gestionnaire du fonds américain GMO LLC et spécialiste de la bulle, « la volatilité que nous connaissons est cohérente avec l’explosion d’une bulle financière », même si la correction du dernier trimestre 2018 est peut-être un faux départ avant le gonflement d’une nouvelle bulle, comme ce fut le cas en 1998-2000. Le mouvement sur le prix des actions des trois derniers mois de 2018 peut être comparé, par sa durée et son ampleur, à ce que l’on a connu pendant le krach de 1929 et l’explosion de la bulle Internet en 2000, et celle des « subprimes » en 2008. (1)

La France fait face à des problèmes structurels avec un endettement public qui s’est envolé de 20 % à 100 % du PIB depuis 1980. Les petits-bourgeois en Gilets jaunes en cours de paupérisation, se trompent de combat en voulant prendre l’argent de pacotille des riches via l’État prédateur qui la donnera aux plus riches qui ne sauront qu’en faire puisque la crise se caractérise par un excédent de capital volatile et la surproduction des marchandises qui ne trouvent pas preneur. Plus d’un million de voitures neuves dorment sur les quais européens faute d’acheteurs. Pire, ces colossales fortunes dont se targuent les milliardaires ne vaudront bientôt plus rien, que dalle. Que les altermondialistes et les environnementalistes cessent de s’agiter, la vie frugale sans consommer sera bientôt le lot de tous les affamés. Selon les économistes libéraux ce qui importe, pour améliorer le sort du citoyen-contribuable d’une façon durable, ce serait de faire maigrir l’État français, exactement le contraire de ce que réclame les Gilets jaunes populistes.

Avec Macron, le produit de la fiscalité énergétique passera de 50 milliards d’euros, en 2018, à 67 milliards, en 2022, soit une augmentation phénoménale de 17 milliards d’euros. La France est, désormais, le pays le plus taxé d’Europe, avec des prélèvements obligatoires de 45,6 % du PIB, contre 40 % en moyenne dans la zone euro. Les dépenses publiques de 55 % du PIB sont aussi 5 % au-dessus de la moyenne européenne.

« Il importe donc de mettre fin à la dictature de la taxation verte. La droite doit s’approprier aussi l’écologie en préservant l’environnement et en continuant de combattre la pollution, mais en mettant fin aux chimères du réchauffement climatique. Mais il faut commencer par combattre l’immigration, diminuer le nombre des fonctionnaires et diminuer les dépenses publiques, ce que ne fait pas le « faux dur » technocrate Macron. » (2)

L’État français obèse et spoliateur employait 5.666.000 fonctionnaires au 31 décembre 2017, soit une hausse de 47 %depuis 1980, alors que la croissance de la population n’a été que de 24 %. Les dépenses publiques atteignent le chiffre démentiel de 57 % du PIB. La France représente 1 % de la population mondiale, 3 % de la production mondiale, mais 15 % des aides sociales mondiales (!?…)

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Quant aux États-Unis, c’est un village Potemkine de la prospérité économique hyperendetté. Le marché de l’emploi est officiellement très tendu, mais il faut savoir que le Département du travail comptabilise deux emplois mi-temps occupés par une même personne comme deux emplois distincts. La dette globale des étudiants vient de dépasser 1.500 milliards de dollars, avec une dette moyenne par étudiant de 26.600 dollars. Il en résulte une paralysie de l’économie et de la situation financière de millions d’emprunteurs.

Les États-Unis, malgré la hausse de droits de douane, affichent un déséquilibre commercial, en 2018, de 621 milliards de dollars tandis que le déficit commercial avec la Chine s’est aggravé à 419,2 milliards de dollars malgré les surtaxes imposées. La croissance chinoise, qui était de 14,2 % en 1992, sera de seulement 6 % en 2019. Le montant des prêts intérieurs chinois dépasse les 230 % du PIB. Les États-Unis ralentissent tandis que l’empire du Milieu s’essouffle et empile les dettes, avec 50 millions d’appartements inoccupés, soit 22 % du parc immobilier national. Les exportations japonaises de composants et robots vers la Chine ont diminué de 17,4 %.

La Fed américaine est en train de capituler et de faire marche arrière face au risque imminent de krach, d’où les cocoricos triomphants des médias sur l’envolée récente à Wall Street, une flambée qui repose sur le sable du crédit. La Fed met fin à la politique annoncée de l’augmentation des taux d’intérêt actuellement à 2 %-2,25 % et a même amorcée la réduction de son « prime rate », et envisage la reprise de la création monétaire et, donc, l’augmentation de ses actifs de dette publique. Les USA vivent le plus long cycle de croissance répertorié depuis 1854, avec de mauvais chiffres de production industrielle, suite à une croissance artificielle générée par des mesures fiscales et l’injection, en moyenne, de 4 dollars de liquidités par la banque centrale pour un dollar de croissance obtenu. La Fed a acheté des centaines de milliards d’obligations de 2008 à 2015, au point d’avoir quintuplé, à 4.500 milliards dollars, la taille de son bilan. Face au « contre-courant » possible évoqué par Jerome Powell, la Fed, comme le Japon, n’hésitera pas à fragiliser le dollar, à réduire les taux d’intérêt pour prolonger la vie du Système et retarder le krach boursier inévitable, jusqu’au jour où, suite à la perte subite de confiance, tout s’effondrera !

Le Japon continue, lentement mais surement, à se diriger tout droit vers le mur et l’explosion finale, sans espoir de sortir du cercle vicieux dans lequel il s’est installé. La politique d’assouplissement quantitatif continue de plus belle, avec impossibilité absolue de faire marche arrière. La très faible inflation empêche la dévalorisation de la dette publique et l’archipel nippon, face au protectionnisme mondial, a enregistré pour la première fois un déficit commercial en 2018. Au Japon, le GPIF, le plus gros fonds de pension au monde (celui des retraites des fonctionnaires japonais, dont la capitalisation boursière est de plus de 10.000 milliards de dollars), a perdu, fin 2018, la modique somme de 136 milliards de dollars, suite à des placements en actions à la Bourse de Tokyo. On peut imaginer ce qui se passerait dans le monde en cas de krach.

La crise économique dans l’Union européenne

En Europe, Mario Draghi continue la politique de la fuite en avant, promettant de ne pas augmenter le cout du crédit en 2019, de réinvestir à l’échéance les 2.600 milliards d’euros déjà accumulés par la BCE lors des rachats d’actifs. Draghi annonçait en mars, une nouvelle vague de refinancements « LTRO » des banques qui permet à ces dernières d’obtenir des ressources garanties à un taux fixe et faible sur quatre ans, indépendamment des aléas des marchés. Les banques d’Italie, d’Espagne, de Grèce ont déjà abondamment souscrit chaque trimestre de juin 2016 à mars 2017. Le renouvèlement en 2020 est vital pour de nombreuses banques italiennes en quasi-faillite.

La politique économique électoraliste et laxiste des populistes italiens ne fait qu’aggraver la récession, ce qui rend furieux le patronat italien Confindustria. La banque Monte dei Paschi a eu besoin de 8 milliards d’euros, mais il a fallu que l’État italien trouve encore 400 millions d’euros pour sauver la banque Carige. L’Italie ne pouvait compter, jusqu’à fin 2018, que sur la BCE pour acheter ses obligations, d’où la nécessité pour l’Italie d’émettre maintenant des obligations libellées en dollars, alors que les investisseurs étrangers ont vendu, entre mai et novembre 2018, pour 70 milliards nets d’obligations italiennes.

Bruxelles prévoit un coup de frein de la croissance en zone euro, de 1,9 % en 2018 à 1,3 % en 2019. C’est pour l’Italie, entrée en récession fin 2018, que le panorama s’est le plus assombri. La prévision de croissance, en 2019, est de seulement 0,2 % alors qu’elle était encore de 1,2 % en novembre 2018, suite aux incertitudes de la politique budgétaire du gouvernement populiste et à la hausse du cout des financements. Le déficit public annoncé de 2,04 % sera impossible à tenir. Bruxelles presse Rome de redresser la barre « avec des perspectives économiques qui s’assombrissent » et « une dette publique qui ne devrait pas diminuer dans les années à venir », tandis que le revenu citoyen démagogique du Mouvement 5 étoiles est lancé. La mesure devrait profiter à 1,3 million de personnes pour un revenu de 421 euros. Le risque est de détourner du travail de nombreux bénéficiaires, d’alimenter le travail au noir et d’enrichir la mafia, très impliquée dans des activités de main-d’œuvre pas chère. Quant à la banque Carige, elle supprime un quart de ses effectifs, souhaite réaliser une augmentation de capital de 630 millions d’euros, mais a échoué à lever 400 millions.

Mais c’est d’Allemagne que vient la surprise avec une chute de la croissance de 1,8 % à 1,1 % en raison de la faiblesse des exportations, de la baisse de la consommation ainsi que du ralentissement de la production de voitures. L’Allemagne est très sensible au cycle industriel, au ralentissement mondial, aux nouvelles normes environnementales, à l’augmentation des salaires en cours, à l’épargne de précaution croissante des ménages.

Le monde entier est tombé dans le piège des taux bas et de l’argent gratuit. Quand l’argent n’a plus de prix, tout le monde s’endette ! La croissance ne repose plus que sur la dette et l’émission laxiste de monnaie par les banques centrales pour injecter des liquidités. Sans les banques centrales, l’épargne ne pourrait pas financer les déficits publics des États et les besoins d’investissement des entreprises. Les taux d’intérêt devraient être aujourd’hui à 20 % et non pas à 0 % !

Tout ceci augure mal pour la paix mondiale. Il importe peu que le Mouvement des Gilets jaunes première mouture se soit enlisé, la conjoncture économique catastrophique laisse entendre qu’un nouveau mouvement suivra, maintenant que Macron a commencé à récupérer les miettes concédées.

La suite de cette analyse dans le livre : Autopsie du Mouvement des Gilets jaunes. L’Harmattan. Paris. 2019. 195 pages. https://www.editions-harmattan.fr/l…

Notes

1. https://www.andlil.com/definition-s… 2. Autopsie du Mouvement des Gilets jaunes. L’Harmattan. Paris. 2019. http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

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