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Simone Veil - 2005 - L’avortement et le référendum du 29 mai sur la Constitution de l’Europe signée Giscard

dimanche 1er juillet 2018, par do (Date de rédaction antérieure : 30 juin 2017).

16 mai 2005

Si vous connaissez des personnes attachées aux droits des femmes, mais qui ont décidé de voter Oui, ou qui ne savent pas ce qu’elles vont faire, faites leur lire ceci :

Avortement, Constitution, Simone Veil

http://www.mai68.org/ag/815.htm

16 mai 2005

Par do

L’entrée de Simone Veil dans la campagne pour le Oui à la Constitution prouve que le droit à l’avortement est effectivement en danger.

Jospin, Le menteur de Vilvoorde, nous a parlé de l’avortement. Il s’est moqué de celles et ceux qui disent que la constitution veut interdire l’avortement, il nous a dit que presque tous les pays d’Europe ayant des lois autorisant l’avortement, ils n’ont pas négocié une constitution qui l’interdise, que cela reste de la compétence nationale.

Eh bien, justement ! regardons en France : les acquis féministes se réduisent de jour en jour, la pilule est de moins en moins souvent remboursée, et de moins en moins bien. Plus le temps s’écoule, et plus il devient difficile d’avorter. Récemment, on a même tenté de faire passer une loi proclamant que le foetus est un être vivant, qu’il est une personne ! Quand on sait que dans la Constitution Européenne le "droit à la vie" de toute personne est gravé dans le marbre (*), il y a tout de même de quoi s’inquiéter pour le droit à l’avortement ; car, franchement, on ne voit pas pourquoi le pouvoir (toujours tenu en fait par les hommes) qui fait tout dans chaque pays pour détruire le plus possible les avancées féministes, on ne voit pas pourquoi il se priverait d’utiliser la Constitution pour supprimer un peu plus encore les droits des femmes !

Bien entendu, le raisonnement tenu ci-dessus est irréfutable. C’est bien pourquoi, par peur du ridicule, le pouvoir n’essaie pas de le réfuter. Pour tenter de le contrer il s’y est pris autrement, il a utilisé une arme propre à la société du spectacle : Il a mis en scène l’entrée de Simone Veil dans la campagne pour le Oui.

En effet, comme c’est Simone Veil qui a signé la loi autorisant l’avortement dans ce pays il y a une trentaine d’année, le pouvoir se dit que si elle fait campagne pour le Oui, alors les gens n’iront pas s’imaginer qu’il soit possible que la Constitution soit un danger pour le droit à l’avortement. Ce n’est bien sûr pas un argument valable, c’est seulement un coup de bluff :

La liberté ne s’octroie pas, elle se prend ! Ce n’est pas par bonté d’âme qu’il y a une trentaine d’années le pouvoir a accordé aux femmes le droit de disposer de leur propre corps. C’est parce qu’il y avait de la contestation partout et à tous les niveaux. Et en particulier pour le droit à l’avortement. Songez par exemple qu’en France, en 1973, il y a eu des milliers d’avortements clandestins organisés par les féministes dans de nombreuses villes de France. Le rapport de force était tel que le pouvoir a été obligé d’accorder le droit à l’avortement. Nous ne lui avons tout bonnement pas laissé le choix. Celles et ceux qui, dans ces années héroïques, ont vaillamment participé à ce combat ne me contrediront pas : Nous n’avons aucun merci à dire au pouvoir en général ni à Simone Veil en particulier. Et surtout pas à cette dernière qui trahit les droits des femmes, qu’elle prétend avoir toujours défendus, en acceptant de jouer le rôle que le pouvoir lui a réservé dans cette campagne référendaire.

Pourtant, étant membre du Conseil Constitutionnel, Simone Veil est tenue à un devoir de réserve. Elle n’a pas le droit de participer à la campagne référendaire. Que le pouvoir ait pris un tel risque montre bien qu’il n’a pas eu le choix.

C’est parce que le pouvoir n’a aucun argument valable, à opposer à celles et ceux qui démontrent que la Constitution est un danger pour le droit à l’avortement, qu’il a mis en scène l’entrée à grand spectacle de Simone Veil dans la campagne pour le Oui. Mais ceci résonne plutôt comme un aveu, comme une preuve supplémentaire que le droit à l’avortement est effectivement en danger.

Merci pour votre attention,
Meilleures salutations,
do
http://mai68.org

Note (*) : Article II-62 sur le Droit à la vie

  • 1. Toute personne a droit à la vie.
  • 2. Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté.

Post Scriptum sur la Pologne : Depuis que les méchants "communistes" ont disparu de Pologne, l’avortement est interdit en Pologne ! Si une Polonaise se fait avorter, et qu’elle se réfugie en France, ou tout simplement si elle vient en France pour se faire avorter, la Constitution Européenne obligera la France à la livrer à la police Polonaise. Du moins si ladite Constitution Européenne est adoptée. Voir en AG 805 :

http://www.mai68.org/ag/805.htm

3 Messages de forum

  • Le traité constitutionnel, une menace pour les femmes

    http://www.lemonde.fr/idees/article…

    (daté du 18.05.05 à 13h28 dans le Monde et paru dans l’édition du 19.05.05)

    ARTICLE de Gisèle Halimi :

    La question doit être posée. Car même dans l’Europe la plus avancée, les femmes subissent toujours un coefficient différentiel négatif par rapport aux hommes. Tant et si bien que le Programme des Nations unies pour le développement a introduit un nouvel instrument de mesure dans ses statistiques. Appliqué aux femmes, l’« indice sexospécifique de développement humain » se révèle universellement inférieur à l’indice général.

    L’examen de la Constitution exige rigueur et honnêteté. Il ne peut ainsi se résumer à un exercice de listing des directives européennes passées. Car il s’agit d’avenir. Relégué d’abord par les constituants dans les "objectifs" de l’Union, le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes n’en fut promu "valeur" que grâce au combat de presque toutes les organisations féministes. Mais voyons de plus près. Les valeurs de l’Union, donc (art. I), sont énumérées dans une phrase : liberté, démocratie, respect de la dignité humaine… Pas trace de notre égalité. C’est seulement in fine qu’on lit que "notre société [est] caractérisée par le pluralisme, la tolérance […] et l’égalité entre les femmes et les hommes". D’évidence, une valeur fondatrice ­ critère d’adhésion ­ est supérieure à une caractéristique. Et même à un simple objectif (art. I-3).

    La Charte des droits fondamentaux proscrit, il est vrai, "toute discrimination sur le sexe" (art. II-81). Mais, outre qu’une interdiction ne vaut pas reconnaissance de principe, quelle est la force contraignante d’une telle charte ? Interprétation unanime de nos amis britanniques : la Grande-Bretagne, si elle disait oui, ne serait liée à aucun principe de la Charte. Confirmation de Tony Blair dans son Livre blanc.

    L’appropriation par la femme de son corps, le droit de choisir de donner (ou non) la vie, en clair, la contraception et le droit à l’avortement sont-ils menacés ? La proclamation solennelle du droit à la vie (II-62.1) semble, a priori, élever des barrières, nous renvoyer aux débats métaphysiques et passionnés qu’ont déchaînés en France le procès de Bobigny (1972) et l’adoption du droit à l’IVG (1974). Souvenons-nous du combat épique mené par un ancien garde des sceaux contre le vote de la loi sur l’avortement. Au nom justement de ce même droit à la vie, formulé de manière identique par la Cour européenne des droits de l’homme (art. 2).

    Ou encore, plus récemment, n’oublions pas la tentative d’un député d’octroyer au fœtus les droits de la personne. Evoquer la jurisprudence leur ayant fait échec n’est guère convaincant. Par définition, une jurisprudence évolue. En plus ou en moins dans l’acception de nos libertés individuelles, suivant le contexte dynamique de nos mœurs.

    Mais, nous rassure-t-on, ce texte n’a qu’une fonction : interdire la peine de mort. Argument dénué de sérieux à la lecture du paragraphe suivant (art. II.62.2). "Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté." Interdiction qu’il nous faut d’abord saluer. Aucun Etat ne pourra se dire européen s’il y contrevient. Mais, explicite, péremptoire, cette formulation n’avait nul besoin de renfort. Le droit à la vie ne peut être seulement considéré comme un exposé des motifs, qui, dans tous les cas, n’aurait pas sa place dans un article constitutionnel.

    En revanche, il est fait silence sur ce "droit-clé" des femmes. Ce qui signifie qu’un pays, en changeant de régime politique ­ l’Autriche avec Jorg Haider, la Pologne avec les papistes, la France même, avec une droite radicale et/ou intégriste ­ pourrait abolir le droit à l’IVG. Sans pour autant contrevenir à la Constitution. Tout en restant des Européens. S’il est vrai que, aujourd’hui et en l’état, rien n’interdit explicitement dans ce texte le droit de choisir ses maternités. Il serait honnête de préciser que rien ne le garantit. Nul ne peut donc prétendre que cette Constitution apporte aux femmes, sur ce point fondamental, une avancée. Au contraire, à cet égard, elle ouvre la porte à un dangereux laisser-faire, laissez-passer.

    En vérité, cette affirmation du droit à la vie exigeait une symétrie : la reconnaissance du droit pour les femmes de choisir de la donner. D’autant que le "dialogue ouvert, transparent et régulier avec les Eglises…" (art. I-52), prôné par la Constitution, inquiète. Voilà ce qui ressemble à une possible tête de pont contre notre pilier républicain, la laïcité. Laïcité, je n’écris pas ton nom… Le mot est banni, alors que ceux de religions, d’Eglises, de liberté religieuse ont droit de cité. Danger pour les femmes que cette référence unilatérale à des Eglises, qui toutes ont contribué à édifier le patriarcat et à mettre les femmes en sujétion. Les voies du Seigneur ne sont pas toujours impénétrables ! Absence d’équilibre donc, menaces conjuguées contre ce qui reste pour elles la liberté des libertés. Que refuse encore la loi de cinq pays membres : Portugal, Irlande, Pologne, Chypre et Malte (Malte y insiste dans un protocole additionnel).

    Mais demain ? Avec notre solidarité à l’égard des femmes de ces pays et grâce à la "clause de l’Européenne la plus favorisée", tout pourrait changer. Cette clause, l’association Choisir-La Cause des femmes la défend depuis 1978 et l’a soutenue devant l’administration européenne de Bruxelles.

    De quoi s’agit-il ? Les termes font sens, par analogie. Faire choix, dans chaque Etat membre, du droit des femmes au niveau le plus élevé et en doter l’Européenne, en un "statut" unique. Exemple : la loi cadre préconiserait la parité en politique de tel pays, la protection de la maternité de tel autre, l’égalité professionnelle d’un troisième… Bref une harmonisation par le haut pour près de 240 millions de femmes !

    Hélas ! Ce vieux rêve de féministes européennes ne se réalisera pas. Lisez plutôt : « La loi cadre européenne ne comporte pas d’harmonisation des dispositions législatives et réglementaires des Etats membres » (art. III-207).

    En revanche, l’hymne au libéralisme, à la concurrence libre de la Constitution (qui ne voit la contradiction interne du principe d’une "économie sociale de marché hautement compétitive" (art. I.3) ?), frapperait plus durement les femmes que les hommes. Fournissant 81 % du travail à temps partiel, elles subissent de plein fouet la précarité de l’emploi, sa flexibilité. Autrement dit, le morcellement de leur vie de femmes et de citoyennes. Pour le grand profit des entreprises délocalisées. Voyez déjà dans le textile, dans l’informatique… Silence sur leur chômage aussi, de deux points supérieur à celui des hommes (12 %). Silence sur celui des hommes d’ailleurs, puisque le mot n’est jamais cité !

    Les femmes ont besoin d’Europe, et l’Europe a besoin des femmes. Mais comme citoyennes à part entière, responsables et reconnues dans leurs droits. Cette Constitution recèle menaces et pièges pour elles. Il faut lui dire non, ouvrir l’avenir et construire une autre Europe.

    Gisèle Halimi est avocate.

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  • Décès de Simone Veil à l’âge de 89 ans

    http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN19L11U-OFRTP?sp=true

    Vendredi 30 juin 2017 13h37

    Simone Veil
    Photo d’archives
    REUTERS/Benoit Tessier

    PARIS (Reuters) - L’ancienne ministre de la Santé et ex-présidente du Parlement européen Simone Veil est décédée vendredi matin (30 juin 2017) à son domicile parisien, à l’âge de 89 ans, a-t-on appris auprès d’un membre de sa famille.

    L’annonce du décès de cette figure du XXe siècle, incarnation du "meilleur de la France" selon Emmanuel Macron, a déclenché une pluie d’hommages en France et en Europe.

    Rescapée de la Shoah devenue femme d’Etat à la fibre humaniste, Simone Veil fut l’une des rares femmes engagées en politique dans les années 1970, qui la virent oeuvrer à la légalisation de l’avortement en France.

    Membre du Conseil constitutionnel puis de l’Académie française, Simone Veil a inspiré le respect de la classe politique, jusque chez ses adversaires.

    "La France en deuil exprime à Madame Simone Veil sa gratitude. Puisse son exemple inspirer longtemps nos compatriotes, qui y trouveront le meilleur de la France", écrit la présidence de la République dans un communiqué.

    Pour Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, le "combat" mené par la défunte "pour le droit à l’IVG en ne lâchant jamais son objectif et en ne cédant pas un millimètre de terrain aux réactionnaires restera une inspiration pour des générations entières".

    L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, qui la nomma ministre de la Santé au printemps 1974, une première pour une femme en France, a expliqué ce choix sur BFM TV.

    "Le ministère de la Santé à l’époque était très difficile puisqu’il y avait ce débat à venir sur l’interruption volontaire de grossesse et je souhaitais que ce soit une personnalité forte et représentative qui le conduise", a-t-il dit.

    Les anciens présidents Nicolas Sarkozy et François Hollande ont aussi rendu hommage à Simone Veil tout comme le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

    "Elle a vécu les déchirements de l’Europe dans sa chair. Elle a contribué à bâtir un continent de paix", a écrit ce dernier sur Twitter en hommage à celle qui présida le Parlement européen.

    L’ancienne ministre socialiste de la Santé Marisol Touraine a rendu hommage à une "femme de courage et d’engagement pour les droits et libertés des femmes".

    Interrogé sur RTL, Jean-Louis Borloo a décrit "une bonté combattante" doublée d’un "symbole" pour l’Europe.

    "Elle est absolument le symbole de la vie et de la paix et la paix c’est en même temps un combat. Cette femme pour tous les Européens, incarne cette Europe, la réconciliation franco-allemande c’était pour elle absolument vital", a déclaré l’ancien ministre centriste sur RTL.

    Pour Roger-Gérard Schwartzenberg, ancien ministre et président d’honneur du Parti radical de gauche, Simone Veil "entre aujourd’hui dans le Panthéon moral de la République".

    (Emile Picy, Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)

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  • Simone Veil, grande conscience française du XXe siècle

    http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN19L13I-OFRTP?sp=true

    Vendredi 30 juin 2017 11h27

    Simone Veil
    Photo d’archives
    REUTERS/Philippe Wojaze

    Par Elizabeth Pineau et Simon Carraud

    PARIS (Reuters) - Simone Veil, décédée vendredi à l’âge de 89 ans, laisse l’image d’une femme de coeur et de pouvoir façonnée par les tourments du XXe siècle qui la vit survivre aux camps nazis, voir naître l’Europe et légaliser l’avortement en France.

    Rescapée de la Shoah devenue femme d’Etat à la fibre humaniste, présidente du Parlement européen et membre du Conseil constitutionnel puis de l’Académie française, elle a inspiré le respect de la classe politique, jusque chez ses adversaires.

    Depuis le milieu des années 1990, elle ne se mêlait plus aux débats les plus brûlants et, même si elle ne faisait plus d’apparitions publiques depuis plusieurs années, elle figurait encore parmi les personnalités les plus populaires.

    De cette dirigeante déterminée et réfractaire aux conventions de la vie politique, les Français gardent le souvenir d’une femme seule au milieu d’une assemblée d’hommes, dont certains manifestaient bruyamment leur hostilité.

    C’était le 26 novembre 1974 au Palais-Bourbon. Elle défendait alors la loi légalisant l’avortement, surnommée depuis la loi Veil, promulguée en janvier 1975.

    Un tournant dans la longue carrière politique de Simone Veil, née Simone Jacob dans une famille juive de Nice (Alpes-Maritimes) et rattrapée dès l’enfance par la montée de l’antisémitisme en Europe.

    "Ta mère est juive. Tu brûleras en enfer", lui lance un jour une camarade de classe.

    Au printemps 1944, elle a 16 ans et vit sous une identité d’emprunt. Mais les précautions prises et sa fausse carte d’identité ne suffisent pas : arrêtée par la Gestapo, elle est envoyée à Auschwitz-Birkenau, où elle reçoit le matricule 78.651, puis à Bergen-Belsen, en Allemagne.

    Au retour des camps, elle a encore ses deux soeurs. Sa mère, son père et son frère sont morts en déportation.

    LE VIRUS DE LA POLITIQUE

    Orpheline, Simone Jacob rebâtit sa vie dans le Paris de l’après-guerre.

    Quelques mois après son retour, elle intègre la faculté de droit et Sciences-Po, où elle rencontre à 19 ans son futur mari Antoine Veil, dont elle aura trois fils, et Georges Pompidou, alors professeur, qui deviendra son mentor en politique après une première carrière dans la magistrature.

    Son époux, haut fonctionnaire tenté par la politique, penche vers le centre-droit. Elle se passionne pour Pierre Mendès-France et vote plusieurs fois à gauche, en attendant de voir émerger une troisième force, entre socialistes et gaullistes.

    Une fois gagnée par le virus de la politique, Simone Veil se tourne vers la droite et oeuvre tout au long de sa carrière au rassemblement des familles centristes et gaullistes.

    Elle entre en 1969 au cabinet du garde des Sceaux, René Pleven, puis devient l’année suivante secrétaire générale du Conseil supérieur de la magistrature, avec la bénédiction de Georges Pompidou, avant d’être propulsée dans l’entourage de Jacques Chirac, jeune Premier ministre.

    Un soir de 1974, elle reçoit un appel du nouveau chef du gouvernement qui lui annonce sa nomination au ministère de la Santé. Elle y met alors en chantier la législation sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), qui suscite de violentes réactions dans l’opinion.

    "Plus nous nous rapprochions de l’échéance du débat, et plus les attaques se faisaient virulentes. Plusieurs fois, en sortant de chez moi, j’ai vu des croix gammées sur les murs de l’immeuble. A quelques reprises, des personnes m’ont injuriée en pleine rue", écrit-elle dans ses mémoires publiés en 2007.

    Après des débats longs et parfois âpres - "épouvantables, dit-elle - au Parlement, la loi est adoptée en décembre 1974 par 277 voix contre 192 à l’Assemblée nationale, 185 contre 88 au Sénat.

    A cette époque, elle impose son style : tailleurs en tweed, chignon strict, verbe clair et caractère affirmé.

    Ministre jusqu’en 1979, Simone Veil est ensuite la première femme à présider le Parlement européen élu au suffrage universel, jusqu’en 1982.

    DISGRÂCE

    Trahie par les gaullistes qui refusent de soutenir sa candidature pour un deuxième mandat, Simone Veil prend de la hauteur, se réfugie à la commission des affaires juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée de Strasbourg puis prend la présidence du groupe libéral de 1984 à 1989.

    En 1989, Valéry Giscard d’Estaing s’empare du groupe parlementaire et renvoie la "mère Europe" dans les cordes.

    La disgrâce dure mais Simone Veil s’installe dans un rôle "à la Mendès-France", conscience morale d’une droite qui tangue face à la montée de l’extrême droite, adversaire courtisée par les socialistes.

    Tenté par une cohabitation avec la "première dame de la droite", François Mitterrand aurait songé un temps à l’appeler à Matignon. L’écart entre le RPR et l’UDF à l’Assemblée a définitivement compromis cette hypothèse.

    Elle réintègre un gouvernement comme ministre d’Etat, des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville de mars 1993 à mai 1995 dans l’équipe d’Edouard Balladur, avant d’entrer au Conseil constitutionnel (1998-2007).

    Bien que centriste de coeur, Simone Veil soutient Nicolas Sarkozy contre François Bayrou, le candidat de l’UDF, lors de la présidentielle de 2007.

    Par la suite, elle s’éloigne du chef de l’Etat après la proposition de ce dernier, qu’elle désapprouve, de faire "parrainer" de jeunes victimes de la Shoah par des élèves français.

    En 2010, elle entre à l’Académie française, ultime consécration pour celle qui a incarné pendant près de cinquante ans un humanisme de droite.

    Sur son épée d’Immortelle, elle fait graver son matricule tatoué à Auschwitz, la devise française et celle de l’Union européenne - "Unie dans la diversité" -, résumant son itinéraire et ses engagements successifs.

    (Edité par Yves Clarisse)

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