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De la valeur des investissements chinois dans le mouvement ouvrier français

mercredi 6 novembre 2019, par Luniterre

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A PROPOS DE CETTE « INVITATION »… >>>

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UN LECTEUR NOUS ÉCRIT… >>>

Bonjour camarade Luniterre,

Cela fait un moment que je te lis, avec souvent du bonheur. Le discours Chine = NEP me paraît de moins en moins crédible. Il repose sur l’idée d’un socialisme de marché qui n’a jamais existé et qui ne peut pas exister. L’URSS a tenu sous Staline, parce que, justement, elle a rompu avec toute influence du marché.

Bon courage et bonne continuation.

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ET NOUS LUI RÉPONDONS >>>

Bonjour, camarade

Effectivement votre observation met le doigt sur la problématique essentielle du rapport entre transition socialiste et économie de marché.

La comparaison entre l’URSS de l’époque de Staline et la Chine actuelle fait appel à deux bases économiques radicalement différentes.

D’un point de vue marxiste, et donc ML, le terme de transition socialiste ne se comprend que comme rupture avec le capitalisme. Autrement il n’a évidemment plus aucun sens et il ne peut s’agir que d’une forme ou l’autre de révisionnisme ou de trotskysme, voire de sociale-démocratie.

La question de savoir si transition socialiste implique une rupture avec l’économie de marché n’est pas si difficile à éclaircir, d’un point de vue marxiste (ML) !

Dans la Critique du Programme de Gotha Marx fait expressément référence à une utilisation contrôlée de la valeur-travail, et donc de la loi de la valeur, comme base économique de la transition. Son texte, par contre, ne laisse aucune place aux mécanismes libéraux de l’offre et de la demande, c’est à dire au marché, à la loi du marché.

https://tribunemlreypa.wordpress.com/marx-marxisme-critique-du-programme-de-gotha-glose-marginale-1-les-fondamentaux-economiques-de-la-transition-socialiste-proletarienne/

Dans le Livre III du Capital il nous explique parfaitement les mécanismes d’interaction loi de la valeur/loi du marché(offre et demande). Il ne nous laisse aucun doute sur le fait que la loi du marché est un puissant corrosif pour l’équilibre économique de la société et une caractéristique typique du capitalisme et de ses crises. (Voir extrait à la suite de l’article)

Si la NEP a pu évidemment être un recul provisoirement nécessaire par rapport au programme initial de la Révolution d’Octobre, et cela en raison des destructions infligées par la guerre, elle n’a jamais remplacé, même dans l’esprit de Lénine, ni l’objectif de la construction du socialisme, ni le développement prioritaire du secteur économique socialiste, qui dépendait de l’État Prolétarien, de son plan économique, et non pas du marché. Seul Trotsky voulait inféoder le secteur socialiste à la loi du marché.

Le secteur privé de l’époque, même si relativement important, n’a jamais atteint les proportions gigantesques de ce qu’il est en Chine aujourd’hui. Et surtout, il n’a jamais inclus qu’une part infinitésimale de capital étranger, et autrement, aucune part de capital financier, complètement éradiqué depuis Octobre, et jamais rétabli !

Alors que le secteur privé chinois a depuis longtemps déjà atteint le stade du capitalisme monopoliste d’État et développé un capitalisme financier puissant, le deuxième du Monde !

S’il reste encore un secteur capitaliste d’État, en Chine, il est presque entièrement un secteur « mixte » public/privé, en fait, avec de nombreux liens avec le capitalisme financier.

Parler de « socialisme » dans ces conditions est une gageure rhétorique, mais elle trouve quelques hérauts plus ou moins directement stipendiés, dont M. Herrera semble être l’archétype !

En Chine il y a encore 275 Millions de travailleurs « mingongs » qui errent à travers le pays en quête de travaux payés à des salaires ne permettant pas une vie décente dans les villes même où ils travaillent.

Il n’y a pas une once de socialisme « à la chinoise », en réalité, ce qu’illustrent tragiquement les migrations clandestines et mortelles pour certains !

Lorsque la crise a frappé l’URSS sous la NEP, Staline a choisi la direction du socialisme, de la collectivisation, et pratiquement, de l’éradication de l’économie de marché.

Lorsque Mao a repris le contrôle du pouvoir en Chine, à l’issue de la prétendue « révolution culturelle », il a engagé son pays sur la voie de la Kollaboration avec le capital financier US et donc du capitalisme comprador en Chine.

Aujourd’hui c’est néanmoins une réussite relative, dans le genre capitaliste.

L’URSS était aussi une réussite, à la mort de Staline, mais dans le genre socialiste…

Le choix essentiel s’est donc fait, pour les deux, dans une période de crise. L’échec de la NEP, pour l’URSS, la « révolution culturelle », pour la Chine.

Il s’agit donc bien d’abord d’une question de choix politique sur la voie à suivre, socialisme ou capitalisme, et la différence essentielle porte donc bien sur la question de l’économie de marché : faut-il la développer ou la réduire, voire, la supprimer ! ?

On comprendra aisément qu’il n’est pas possible, au lendemain même d’une révolution, de collectiviser jusqu’à la moindre entreprise artisanale, jusqu’au moindre petit commerce. L’intérêt pour le prolétariat de fixer une urgence dans ce domaine n’est pas, de toute évidence, clairement établi.

Il n’est donc pas possible, quoi qu’il en soit, d’éradiquer complètement et rapidement l’économie de marché. La survivance des marchés kolkhoziens en URSS est une illustration typique et instructive de cette problématique. Mais précisément, elle nous montre que le rapport de proportions était tel que l’ensemble de l’économie de marché en URSS socialiste, à l’époque stalinienne, ne représentait nullement une pression telle sur l’ensemble de la société que cela eut permis à la loi du marché de reprendre le contrôle de l’économie socialiste. La faille est venue de la bureaucratie révisionniste khrouchtchevienne, et non de l’économie kolkhozienne, bien au contraire. Elle présentait même, à cette époque, les traits d’une nouvelle avancée socialiste possible, dans sa synergie avec le système des Stations Machines Tracteurs, que Khrouchtchev s’est empressé de démanteler dès son arrivée au pouvoir !

La société stalinienne, en dépit des calomnies occidentales encore récemment renouvelées par le Parlement Européen, était bel et bien engagée sur la voie socialiste, et non sur la voie capitaliste.

La Chine, elle, n’a jamais quitté, avec la « révolution culturelle », qu’un capitalisme national bureaucratique pour passer à un capitalisme comprador, avant d’arriver, aujourd’hui, au stade financier et monopoliste d’État, c’est à dire impérialiste, sans avoir jamais connu du socialisme que le nom, encore apposé sur ses proclamations officielles et les brochures de quelques plumitifs stipendiés à l’étranger, et notamment, en France !

L’histoire nous apprend donc que la transition socialiste ne commence qu’avec le rupture avec l’économie de marché, et que même si elle ne peut être totale rapidement, elle doit se poursuivre et s’étendre avec le développement de l’économie socialiste et non pas régresser face à l’économie de marché, qui ne peut y être que résiduelle, d’une manière ou d’une autre, et disparaître, à terme.

C’est en ce sens que l’URSS de l’époque stalinienne reste une expérience essentielle et dont les ML actuels n’ont pas encore tiré toutes les leçons, en dépit du fait que Staline lui-même en avait quasiment initié un audit en vue du 19e et dernier Congrès du Parti Bolchevique, dans son texte précisément intitulé :

Les problèmes économiques du socialisme en URSS.

https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2017/11/les-problemes-economiques-du-socialisme-en-urss.pdf

A la suite, un extrait de Marx (Capital, III, 10), particulièrement significatif concernant l’interaction entre loi de la valeur et loi du marché !

https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2017/07/marx-capital-livre-iii-chapitres-9-et-10.pdf

Amicalement,

Luniterre

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/11/05/de-la-valeur-des-investissements-chinois-dans-le-mouvement-ouvrier-francais/

Marx, Capital, Livre III

Chapitre X – ÉGALISATION DU TAUX GÉNÉRAL DU PROFIT PAR LA CONCURRENCE. PRIX DE MARCHÉ ET VALEURS DE MARCHÉ. SUR PROFIT

« Les marchandises sont achetées comme moyens de production ou comme moyens de subsistance pour servir à la consommation productive ou indi­viduelle – que certaines sortes de marchandises puissent servir aux deux fins ne change rien à l’affaire. Elles sont donc demandées d’une part par les produc­teurs qui sont ici les capitalistes (puisqu’il est sous-entendu que les moyens de production sont transformés en capital) et par les consommateurs, d’autre part. Ces deux faits semblent présupposer une certaine quantité de besoins sociaux du côté de la demande correspondant, du côté de l’offre, à un certain volume de production sociale dans les diverses sphères de production. Si l’industrie cotonnière veut assurer sa reproduction annuelle A une échelle donnée, une quantité traditionnelle de coton est pour cela nécessaire ; si l’on tient compte de l’élargissement annuel de la reproduction par suite de l’accumulation de capital, il faut encore une quantité supplémentaire de coton, toutes choses égales d’ailleurs. li en va de même pour les moyens de subsistance. La classe ouvrière doit retrouver au moins une même quantité de moyens de subsistance indispen­sables (encore que leur répartition entre les diverses catégories ait pu subir plus ou moins de changements), si elle veut continuer à vivre moyennement comme par le passé. Compte tenu de l’accroissement annuel de la population, il lui faut également une quantité supplémentaire. Tout cela, à quelques nuances près, est également valable pour les autres classes.

Il semble donc que, du côté de la demande, il y ait un certain volume de besoins sociaux donnés qui, pour sa satisfaction, nécessite un article du marché en quantité déterminée. Mais la détermination quantitative de ce besoin est éminemment élastique et fluctuante. Sa fixité n’est qu’apparente. Si les moyens de subsistance étaient meilleur marché ou le salaire-argent plus élevé, les ou­vriers achèteraient davantage et le « besoin social » de telle marchandise se révélerait plus grand, sans parler, bien entendu, des miséreux, etc., dont « la demande » se trouve encore au-dessous des limites les plus basses de leur besoin physique. D’autre part, si le coton par exemple était meilleur marché, la demande de coton de la part des capitalistes croîtrait et un capital additionnel serait jeté dans l’industrie cotonnière, etc. A ce propos, il ne faut pas du tout oublier que la demande pour la consommation productive est, dans notre hypothèse, la demande du capitaliste dont le but véritable est la production de plus-value et que c’est seulement à cette fin qu’il produit une certaine catégorie de marchandi­ses. N’empêche que par ailleurs et pour autant qu’il est, par exemple, acheteur de coton sur le marché, il représente le besoin en coton. Le vendeur se moque de savoir si l’acheteur transforme le coton en chemises ou en fulmicoton ou bien s’il prétend s’en servir pour boucher des oreilles, les siennes et celles de l’univers. Néanmoins, ceci est très important du point de vue du genre de marchandises dont il est acheteur, Son besoin en coton est essentiellement modifié du fait qu’en réalité il cache seulement son besoin de faire du profit.

– Les limites entre lesquelles le besoin en marchandises représenté sur le marché, c’est-à-dire la demande, diffère quantitativement du besoin social effectif varient, bien entendu, beaucoup pour les différentes marchandises ; précisons qu’il s’agit ici de la différence entre la quantité de marchandise de­mandée et celle qui le serait si les prix de la marchandise ou les conditions d’existence et de fortune des acheteurs étaient autres.

Rien n’est plus facile à comprendre que les irrégularités dans l’offre et la demande ainsi que l’écart qui en résulte entre prix de marché et valeurs de marché. La difficulté commence avec la définition de ce qu’il faut entendre par l’expression : l’offre couvre la demande. L’offre et la demande coïncident quand leur rapport est tel que la masse de marchandise d’une branche de production donnée peut être vendue à sa valeur de marché, ni au-dessus, ni au-dessous. Voilà notre première constatation. La seconde est : l’offre et la demande coïncident quand les marchandises sont vendables à leur valeur de marché.

En coïncidant, l’offre et la demande cessent leur action, et c’est précisément pour cette raison que la marchandise est vendue à sa valeur de marché. Quand deux forces égales agissent en sens opposé, elles s’annulent et ne se manifestent pas à l’extérieur. Des phénomènes se produisant dans ces conditions doivent trouver leur explication ailleurs que dans l’intervention de ces deux forces. Si l’offre et la demande s’annulent réciproquement, elles cessent d’expliquer quoi que ce soit ; elles n’agissent pas sur la valeur de marché et laissent plus que jamais ce point dans l’obscurité : pourquoi la valeur de marché se traduit-elle justement dans telle somme d’argent et pas dans telle autre ? Il est évident que les lois internes effectives régissant la production capitaliste ne peuvent trouver leur explication dans l’interaction de l’offre et la demande. (Nous écartons une analyse plus approfondie de ces deux éléments moteurs de la société qui n’aurait pas sa place ici.) Car ces lois n’apparaissent comme réalisées dans toute leur pureté que lorsque l’offre et la demande cessent d’agir, à savoir quand elles coïncident. En réalité, elles ne coïncident jamais. Si cela devait arriver une fois en passant, ce serait tout à fait par hasard ; au point de vue scientifique, cette probabilité est nulle et n’a pas à être considérée.

Mais, en économie politique, il est sous-entendu qu’elles coïncident. Pourquoi ? Pour étudier les phénomènes dans leur forme normale, adéquate à leur concept, c’est­-à-dire pour les considérer en dehors des apparences produites par le mouve­ment de l’offre et de la demande ; en plus pour pouvoir découvrir et pour ainsi dire fixer la tendance réelle de leur mouvement. Car les inégalités sont de nature opposée ; comme elles se succèdent sans cesse, elles se compensent, parce qu’elles vont en sens opposé ; elles se neutralisent par leur contradiction même. Donc, si l’offre et la demande ne coïncident dans aucun cas particulier donné, leurs inégalités se succèdent de telle sorte qu’en consi­dérant l’ensemble pour une période plus ou moins longue, l’offre et la demande coïncident toujours, étant donné qu’un écart d’un certain sens en provoque un autre de sens opposé. Mais le fait qu’elles coïncident résulte seulement de la moyenne de leurs variations passées et du mouvement continuel de leur contra­diction. Considérés dans leur chiffre moyen, les prix de marché s’écartant des valeurs de marché s’équilibrent pour devenir égaux aux valeurs de marché du fait que les écarts par rapport à ces dernières s’annulent comme plus et moins. Loin d’avoir une importance seulement théorique, ce nombre moyen présente au contraire une importance pratique pour le capital dont l’investissement est calculé d’après les fluctuations et les compensations d’un laps de temps plus ou moins déterminé.

Le rapport de l’offre à la demande explique donc : d’une part, les seuls écarts des prix de marché par rapport aux valeurs de marché ; d’autre part, la tendance à réduire ces écarts, c’est-à-dire la tendance à annuler l’action du rapport entre l’offre et la demande. (Nous ne considérerons pas ici les marchandises qui, par exception, ont des prix sans toutefois avoir de valeur.) L’offre et la demande peuvent provoquer de façon très variée l’annulation de l’effet produit par leur inégalité. Si, par exemple, le prix de marché baisse par suite d’une diminution de la demande, il se peut alors que du capital soit retiré ; l’offre s’en trouvera diminuée. Mais il est également possible dans ce cas que la valeur de marché elle-même subisse une baisse à la suite d’inventions diminuant le temps de travail nécessaire. Elle sera alors alignée sur le prix du marché. Si, inversement, la demande croît, entraînant un prix de marché supérieur à la valeur de marché, il est alors possible qu’une trop grande masse de capital soit dirigée sur une sphère de production, ce qui provoquerait un accroissement de la production ; dans ce cas, le prix de marché lui-même tombe au-dessous de la valeur de marché. Enfin, la possibilité existe d’une hausse des prix qui réduit la demande elle-même. Une dernière éventualité est que, dans l’une ou l’autre sphère de production, la valeur de marché elle-même monte pour un temps plus ou moins long ; cette hausse est due alors au fait qu’une partie des produits demandés au cours de cette période doit être produite dans des conditions pires. Si le prix de marché est déterminé par l’offre et la demande, ces dernières sont déterminées par le prix de marché et, en poussant plus loin l’analyse, par la valeur de marché. Ceci paraît évident pour la demande dont le mouvement se fait en sens inverse du prix ; elle augmente quand le prix baisse et inversement. Mais ce qui précède n’est pas moins valable pour l’offre ; car les prix des moyens de production qui entrent dans la marchandise offerte au marché déterminent la demande de ces moyens de production, partant l’offre des marchandises, inséparable de la demande de ces moyens de production. Les prix du coton déterminent l’offre des tissus de coton.

Détermination de prix par l’offre et la demande et aussi détermination de l’offre et de la demande par les prix : à cette confusion s’ajoute que la demande détermine à son tour l’offre et inversement l’offre la demande ; la production détermine le marché et le marché la production.

Même l’économiste ordinaire se rend compte que sans le moindre changement de l’offre ou de la demande occasionné par des circonstances extérieures le rapport des deux peut changer à la suite d’un changement dans la valeur de marché des marchandises. Même lui, il doit reconnaître que l’offre et la demande doivent être égales pour obtenir la valeur de marché quelle qu’elle soit. Ceci signifie que le rapport entre l’offre et la demande n’explique pas la valeur de marché, mais au contraire que c’est elle qui explique les fluctuations de l’offre et de la demande. »

http://inventin.lautre.net/livres/MARX-Le-Capital-Livre-3.pdf

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