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Algérie - 65e anniversaire du 1er novembre

samedi 16 novembre 2019, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 16 novembre 2019).

65e anniversaire du 1er novembre :Déclaration du Collectif novembre pour la souveraineté nationale, le développement autocentré et le socialisme.

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15 Novembre 2019

Rédigé par bouhamidi mohamed

« Le peuple algérien reprend une autre fois les armes pour chasser l’occupant impérialiste, pour se donner comme forme de gouvernement une République démocratique et sociale, pour un système socialiste comportant notamment des réformes agraires profondes et révolutionnaires, pour une vie morale et matérielle décente, pour la paix au Maghreb. »

Larbi Ben Mhidi, Objectifs fondamentaux de notre révolution. El Moudjahid, n°2, juillet 1956

65 ans après la glorieuse révolution de novembre, on assiste aujourd’hui au retour du peuple algérien sur la scène politique.

Si on devait faire le bilan de ses victoires, parmi les plus significatives depuis le 22 février, nous pouvons citer :

  • La défaite infligée aux groupes organisés autour du président Bouteflika qui ont dû renoncer au 5e mandat, après six vendredi.
  • Le passage du refus du 5e mandat au refus de sa politique et de son mode de gouvernance à la fois de soumission néocoloniale et de folklore maraboutique.
  • L’affichage spontané des figures du 1er novembre 1954 comme ancêtres et modèles politico-culturels de cette nouvelle entrée sur la scène de l’histoire.
  • La prise de conscience du fait qu’un véritable droit de dîme était octroyé à chaque président français élu, consistant à venir réclamer son quota de contrats et de commandes algériennes. Tutelle tributaire qui nous a installés dans une FrançAlgérie sur le modèle de la FrançAfrique.
  • Cette conscience amplifiée, forgée par une lutte continue de 6 semaines contre le 5e mandat, nous a permis de découvrir que l’option de Bouteflika pour le capitalisme et le mimétisme néolibéral a non seulement détruit l’indépendance et la souveraineté de notre Etat National mais replacé notre pays dans une condition néocoloniale. Elle est notre acquis le plus précieux mais le plus fragile. Sans un travail éducatif, cette conscience se rétractera en simple discrédit moral de l’option pour le capitalisme engagée depuis Chadli et aggravée sous Bouteflika par l’instauration progressive, de Chirac à Macron, d’une relation néocoloniale décomplexée.
  • Naissance de l’alliance Peuple/ANP, après le 3e vendredi, quand l’ANP a définitivement compris que la mobilisation populaire dépassait largement et écrasait les espérances et les dispositifs des ONG, des militants Otpor et des affidés de l’Etat-profond qui guettaient l’explosion prévue et attisée.
  • Le démantèlement des structures les plus apparentes de la Françalgérie à partir du 6e vendredi, aussi bien dans ses réseaux administratifs, politiques que financiers et économiques. Ce démantèlement n’a pas encore atteint les substructures de la Françalgérie ni celles des relations néocoloniales avec les USA et les autres puissances impérialistes. Nous avons encore à apprendre ce qui s’est construit et tramé à notre insu et apprendre à détricoter le maillage en profondeur commencé sous Chadli et achevé sous Bouteflika.

Dans cette perspective, l’alliance avec l’ANP est cruciale pour concrétiser le recouvrement total de notre souveraineté et de notre Etat, à l’agonie depuis la venue au pouvoir de la caste maraboutique qui a poursuivi le projet de désarmement national – tant sur le plan politique qu’économique et culturel.

Les mutations du Hirak.

Entre le début et la moitié du mois de mai, les poursuites judiciaires contre les plus hauts responsables de l’Etat, les oligarques, et des officiers supérieurs, ont convaincu la grande majorité de notre peuple que les buts fondamentaux de leur mobilisation étaient atteints. Pendant toute cette période, la méfiance du peuple à l’endroit des partis lui a servi de ligne de vigilance contre toute récupération de sa mobilisation. Le nombre des manifestants a drastiquement baissé. Le lieu le plus emblématique en termes de masse, Bordj Bou Arreridj, ne remplit plus les espaces.

A partir de la moitié de mai la décrue a été continue sauf les jours de grands millésimes : 5 juillet, 20 août, 1er novembre.

Avec la décrue, sont restées en place et enfin plus visibles les forces organisées des anciens partis, des ONG, des forces Otpor et celles de l’Etat profond. Les mots d’ordre se sont modifiés. L’armée en est devenue la cible à travers l’image de son chef d’Etat-major.

Nous distinguons actuellement :

  • Le pôle démocratique aligné sur les ONG, Otpor et sur le « printemps » arabe, formant tous ensemble un pôle de la destruction de l’Etat national.
  • Une mobilisation des étudiants de moins en moins significative, brouillée de plus par la présence d’adultes, voire de retraités.
  • Des couches moyennes qui continuent à manifester mais ne s’alignent toujours pas sur les révolutionnaires colorés et printanistes. Elles poursuivent leurs propres buts de garantir leur droit à une vie politique libre, maintenant qu’elles l’ont imposée dans la rue.
  • Des carrés organisés de tendance islamiste, avec leur mots d’ordre et toujours soucieux de relations cordiales avec les autres manifestants.
  • Des carrés de travailleurs affiliés ou sympathisants des groupes de gauche.

La démobilisation des étudiants, sur la base d’un sentiment d’échec, peut avoir des effets dévastateurs sur leurs « utopies nécessaires » pour une grande Algérie. Les couches moyennes qui empruntent spontanément leurs concepts aux courants dominants du monde actuel ne trahissent pas le pays, contrairement aux révolutionnaires colorés. Il leur reste, comme à nous tous, à construire leur langage politique national au travers de nos débats autocentrés et notre attention portée à notre réalité historique.

Le danger vient par contre des fractions de la petite bourgeoisie qui s’est inscrite dans les programmes US et européens.

Le risque le plus grand reste que ces couches moyennes rejoignent par impatience les révolutionnaires colorés. Des politiques différenciées sont désormais nécessaires pour :

  • Isoler les groupes acharnés à la destruction de notre Etat national en nous le faisant confondre avec le gouvernement.
  • Faire échec aux divisions ethniques

Les perspectives immédiates.

Sans l’ANP nous n’aurions jamais obtenu aussi vite des victoires aussi importantes.

Elle a dû pour cela se récréer dans l’urgence les ressources d’une vision politique qui lui avait été disputée par l’Etat profond et Bouteflika, ce qui l’avait poussée hors de la vie politique. C’est par la restauration de ce rôle politique hérité de l’ALN qu’elle a pu nous aider. L’appel à l’ANP de rejoindre les casernes ne vise pas à la rendre apolitique mais à la mettre au service des groupes politiques qui la somment de rejoindre les casernes.

Elle n’a pas cependant de solution politique. Cette dernière ne peut mûrir que dans l’activité de toute la société, ANP comprise. La désertification politique entreprise par l’Oligarchie, la régression maraboutique du pouvoir nous ont privés, peuple et ANP, des médiations, des associations, des groupes et des personnalités capables de proposer une alternative aux alignements sur le capitalisme.

Domine actuellement l’analyse et l’action politiques la seule perspective obstruée de l’alternance du capitalisme avec le capitalisme, une transition sans réévaluation des fondations et une démocratie dans sa version formelle et opposée à toute discussion sur la démocratie sociale.

Aujourd’hui, la défaite du printemps arabe et des révolutions colorées est définitive. L’illusion de cette perspective peut perdurer tant que les couches moyennes continueront à manifester pour leurs buts mais sous les slogans empruntés au « régime change ».

Les couches populaires satisfaites des résultats de leur mobilisation expriment cependant de plus en plus de craintes et de doutes. Décidées à aller au vote pour la préservation de l’Etat, elles sont été désarçonnées par trois éléments principaux :

  • La répétition des interventions publiques du Chef d’Etat-major a suscité chez les couches populaires le sentiment que l’ANP était hésitante, sans que les algériens saisissent pleinement que les réunions et les discours étaient les étapes de la réappropriation d’un exercice de la pensée politique qui était délégué à Bouteflika et sa garde rapprochée.
  • Les dernières mesures du gouvernement Bedoui, celles du 51/49 et de la loi des hydrocarbures qui sont apparues à notre peuple comme des actes abusifs, des décisions illégitimes. D’autres décisions de ce gouvernement apparaissent également comme des provocations et des raisons supplémentaires offertes aux ONG. Le sentiment grandit que le gouvernement Bedoui rassemble des composantes cachées de l’oligarchie.
  • L’aggravation des doutes sur la transparence et l’honnêteté des élections. Ils soupçonnent un « choix déjà fait » et ce doute est chaque jour plus manifeste. Les révolutionnaires colorés travaillent ce doute, les couches moyennes sont de plus en plus réticentes et elles ont un pouvoir de persuasion énorme puisque c’est cela même leur rôle social fondamental.

Quelles perspectives ?

Il nous apparaît que le Hirak s’est terminé dans sa signification et son contenu premier vers la mi-mai 2019. L’usage de cette dénomination pour les mobilisations actuelles, en nette décrue, se fait par abus ou par défaut. Il est nécessaire d’analyser pour les comprendre les mobilisations actuelles comme phénomène nouveau : elles portent les revendications aux droits et libertés, nécessaires pour garantir aux couches moyennes leur future vie politique, en dehors des circuits des réseaux sociaux qui ne donnent pas toujours pleine satisfaction.

Il nous apparaît qu’entre le 22 février et la mi-mai, à travers ses symboles affichés – les figures de novembre 54 –, ses slogans souverainistes, son hostilité aux ingérences étrangères, son refus de s’aligner sur les ONG et de donner à l’un de leurs dirigeants le statut de chef de la révolution et de dépositaire de la légitimité populaire, le Hirak a été un flux nouveau dans le processus de notre libération nationale.

Il a exprimé aujourd’hui la même aspiration à la libération nationale avec une plus large compréhension que l’indépendance nationale ne peut être assurée que par l’indépendance économique.

Il a réussi à casser quelques structures du néocolonialisme.

Il nous apparaît que depuis le 15 mai un nouvel aspect se développe dans la rue : une confrontation entre le contenu démocratique et social de notre aspiration à la libération nationale et le formalisme démocratique, habillage du néocolonialisme sans référence à l’étape historique que nous traversons.

Que devons-nous faire ?

Il nous apparaît que nous devons garder l’orientation générale du Hirak pour la consolidation de notre Etat national.

La priorité des priorités est de préserver notre Etat national. Elle passe par un travail plus intense et plus intelligent de distinction entre Etat et gouvernement, et entre Etat et régime.

Nous devons apprendre aussi à distinguer que la mesure de la souveraineté de l’Etat et de son caractère national est sa capacité à défendre toutes les catégories du peuple et en premier lieu les plus défavorisées.

Elle passe également par une plus grande mobilisation des citoyens quelles que soient leurs catégories. Nous devons apprendre ensemble à renoncer à l’idée d’homme providentiel à qui confier les tâches de direction du pays. Nous devons apprendre que la lutte politique est toujours de longue haleine.

Le seul homme providentiel est le peuple lui-même.

Les deux priorités actuelles sont :

1 - Aller au vote. Tous les militants expérimentés savent que les révolutions ne ressemblent en rien au « Grand Soir » qui entre la veille et le lendemain nous ferait passer d’un état à un autre, de l’enfer au Paradis. Tous les révolutionnaires savent que les processus de libération sont longs, marqués d’avancées et de reculs. Chez nous, la période de Bouteflika nous a fait reculer de la situation d’un Etat encore relativement souverain sous Chadli à un Etat contrôlé par le néocolonialisme et la Françalgérie. La période Bouteflika a totalement désarmé notre Etat et notre peuple.

Mais tout militant expérimenté sait que les conditions de la lutte sont importantes pour leurs activités.

La préservation de notre Etat-nation nous rendra moins difficile à tous la reprise du processus de notre libération nationale et le détricotage, loi par loi, de la Françalgérie.

Quels que soient les candidats, cet acte de voter correspond à un acte de préservation de notre Etat, même si le vote est blanc.

Ce travail pour aller aux élections doit nous permettre de nous aguerrir et de développer notre compréhension des enjeux que nous imposent les révolutionnaires colorés.

Mais cet acte peut aussi s’accompagner de débats sur la nécessité de faire pression sur les candidats pour qu’ils s’engagent non seulement sur la souveraineté nationale et l’Etat qui va avec mais aussi sur les droits et les libertés démocratiques qui nous permettraient, en tant que peuple, de défendre notre Etat-Nation.

La nécessité d’aller aux élections réside, par ailleurs, dans la nécessité de faire barrage à la politique états-unienne de la terre brûlée, consistant à plonger dans le chaos les pays pivots dont elle ne peut empêcher l’alliance stratégique avec la Russie et la Chine. Il est absolument vital aujourd’hui de préserver notre Etat national contre les subversions qu’appelle entre autres Robert Ford de ses vœux, et que portent les printanistes en alimentant la confusion entre gouvernement et état.

2 - Prêter une attention particulière aux couches moyennes. Elles doivent trouver à l’intérieur de l’Etat national les conditions de leur épanouissement. Les nouvelles couches moyennes plus instruites, plus cultivées grâce à l’indépendance, incluent les étudiants. Elles sont la cible privilégiée des révolutions colorées.

Les conditions d’épanouissement doivent mobiliser l’attention des militants révolutionnaires pour rapprocher les couches moyennes des aspirations populaires. Nous devons développer nos contributions théoriques, politiques, culturelles qui se situent sur la ligne de confrontation avec l’impérialisme. Sur cette ligne de confrontation avec l’impérialisme, doivent retenir notre attention les questions de libération nationale, la naissance du monde multipolaire et la phase finale du capitalisme.

Sur cette ligne de confrontation nous devons mettre un accent particulier :

d’une part sur la lutte contre Israël et les processus de normalisation souterrains inaugurés par Bouteflika et sa poignée de main avec Ehud Barak ;

d’autre part sur la lutte des peuples latino-américains qui ont ressuscité l’espoir socialiste, qu’une propagande éhontée sur notre sol attaque dans les mêmes termes que l’impérialisme.

Outre ces deux priorités, nous appelons à lutter pour :

1- Le retour à une politique de développement national, enraciné, répondant aux aspirations de notre peuple, et particulièrement de sa jeunesse et valorisant nos ressources humaines et matérielles

2- L’interdiction de privatiser sous quelque forme que ce soit nos ressources naturelles et principalement le pétrole. La défense de notre production nationale industrielle et agricole, secteur privé et public confondus. Le retrait des secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture et du sport de la sphère marchande et leur classement dans les biens communs immatériels du peuple algérien, ainsi que celui de l’énergie et de l’eau à usage domestique. L’interdiction de l’importation de tous les produits non nécessaires à la production nationale ou à la santé et l’éducation des citoyens.

3- Le retour à une politique de souveraineté pleine et entière, sans aucune concession et notamment en interdisant aux ambassades et autres structures étrangères telle l’U.E d’entretenir des relais politiques et de les financer.

4- La dénonciation de l’accord avec l’U.E, l’arrêt des négociations avec l’OMC et la levée des restrictions qu’avait imposées le FMI sur les salaires de nos cadres, ingénieurs et médecins dans le but manifeste soutenu par Ouyahia d’organiser l’expulsion des cerveaux.

5- En parallèle à l’achèvement du démantèlement de l’ordre politique de la caste monarcho-maraboutique et de ses oligarques, se préparer à défendre l’Algérie des subversions impérialistes.

Gloire à nos martyrs,

Vive l’Algérie.

Le "Collectif novembre pour la souveraineté nationale, le développement autocentré et le socialisme." est un cercle d’études et de réflexion. Il a pour secrétaire Mohamed Bouhamidi.

Des circonstances particulières ont retardé la publication de cette déclaration qui était programmée pour la fin octobre.

Notre déclaration précédente :

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