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Raphaël Kempf : « Il faut dénoncer l’état d’urgence sanitaire pour ce qu’il est, une loi scélérate »

vendredi 27 mars 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 27 mars 2020).

https://www.lemonde.fr/idees/articl…

Publié le 24 mars 2020 à 18h17 - Mis à jour le 24 mars 2020 à 20h42

Raphaël Kempf est avocat pénaliste au Barreau de Paris. Il est notamment l’auteur d’Ennemis d’Etat. Les lois scélérates, des anarchistes aux terroristes (La Fabrique, 2019).

Les mesures extraordinaires décidées par le gouvernement pour faire face à l’épidémie risquent de s’inscrire dans le droit commun, analyse l’avocat pénaliste Raphaël Kempf.

L’idée de République évoque les libertés, la démocratie et l’Etat de droit. Mais elle a aussi une face plus sombre : celle d’une République aux abois qui fait passer des mesures d’exception liberticides, motivées par l’urgence d’une situation extraordinaire. Dénonçant, en 1898, les lois scélérates visant les anarchistes, Léon Blum craignait qu’elles ne violent les libertés élémentaires de tous. L’histoire lui a donné raison : elles ont été normalisées et ont concerné bien d’autres personnes que les seuls anarchistes, qui devaient initialement en faire les frais.

La loi sur l’état d’urgence sanitaire, adoptée à marche forcée par une majorité aux ordres, nourrit les mêmes inquiétudes : présentée comme étant d’exception, elle a vocation à être durable. Faite uniquement contre la crise sanitaire, elle pourrait se normaliser. En donnant des pouvoirs démesurés à la police et à l’administration, en institutionnalisant une justice secrète et écrite, elle signe l’abandon de l’Etat de droit.

Par un trait d’humour involontaire, Edouard Philippe a présenté le nouvel état d’urgence sanitaire comme étant structuré sur le modèle de « l’état d’urgence de droit commun ». Il faisait ainsi référence à la loi du 3 avril 1955, adoptée dans le contexte de la guerre d’Algérie, et qui donnait à l’autorité civile des pouvoirs disproportionnés de contrôle des individus jugés dangereux et des opposants politiques. Utilisé contre les indépendantistes algériens, l’état d’urgence a vu son application se diversifier après les attentats de 2015, visant rapidement militants écologistes, musulmans et manifestants. En 2017, l’état d’urgence a été pour l’essentiel intégré au droit commun, pour une durée qui devait être de deux années, mais dont nous avons appris peu avant le confinement qu’elle pourrait être prolongée.

A travers cet oxymore de l’état d’exception « de droit commun », le premier ministre fait donc l’aveu que ces mesures ont vocation à se normaliser et que les discours d’apaisement sur le caractère temporaire et exceptionnel de ces mesures ne sont qu’une rhétorique rapidement remise en cause par les faits.

Interprétation créative des policiers

Première série de mesures prévues par l’état d’urgence sanitaire : celles qui permettent d’organiser le contrôle de la population et de ses déplacements, et qui sont limitées à la durée de l’état d’urgence (deux mois, en l’occurrence, sauf prorogation législative). Si la loi donne une base légale au confinement et à un éventuel couvre-feu, elle permet aussi des mesures individuelles – passées inaperçues – de mise en quarantaine des personnes susceptibles d’être malades et d’isolement des malades confirmés. Ces dernières mesures trouvent un écho lointain dans les règlements adoptés par les villes au XVIIe siècle pour conjurer les épidémies de peste, et dont Michel Foucault a donné des extraits dans Surveiller et punir.

On voit mal, en 2020, pourquoi il faudrait que l’administration puisse forcer un malade à rester chez lui, alors que l’avis du corps médical et le bon sens seraient largement suffisants. L’adoption sans aucun débat de ces mesures de contrainte individuelles – au-delà de la question de leur inutilité – révèle surtout la vision de ce gouvernement, qui ne pense pouvoir gérer la population que par la contrainte et la discipline – au besoin pénalement sanctionnée.

En effet, la violation réitérée – pour la quatrième fois en moins de trente jours – des obligations de confinement, de quarantaine ou d’isolement expose le délinquant présumé à une peine de six mois d’emprisonnement. Envoyer en prison des contrevenants aurait l’effet inverse des objectifs recherchés par le gouvernement : cela expose le condamné à une contamination en détention et risque aussi de propager le virus dans ces espaces clos.

Mais ce texte permet aussi le placement en garde à vue : et c’est là qu’il donne un pouvoir arbitraire et disproportionné aux forces de l’ordre. Le contrôle des attestations de circulation – en raison du flou du décret sur le confinement et de ses dérogations – permet d’ores et déjà aux policiers, sur le terrain, d’en faire une interprétation créative.

L’arme supplémentaire de la garde à vue – c’est-à-dire de la privation de liberté décidée par un officier de police judiciaire sous le contrôle d’un magistrat du parquet qui n’est pas indépendant – autorise ainsi tous les abus, sur le terrain, dans les quartiers, à l’endroit de contrevenants qui auraient été repérés par des policiers. Et ce, sans même que les trois précédentes infractions au confinement ne soient devenues définitives, c’est-à-dire incontestables après l’épuisement du délai de recours de quarante-cinq jours. Et il y a fort à penser que l’immense majorité de ces privations de liberté pour violation réitérée du confinement ne fassent l’objet d’aucun contrôle judiciaire mais soient exclusivement utilisées par la police comme un outil de gestion et de discipline des populations.

Allongement des délais de la détention provisoire

Deuxième série de mesures prévues par l’état d’urgence sanitaire : l’autorisation donnée au gouvernement de légiférer par ordonnances – c’est-à-dire dans la plus grande opacité, sans débat parlementaire public – dans des domaines d’importance comme le droit du travail, mais aussi le droit pénal et la procédure pénale. Il est capital de souligner que la loi ne prévoit pas la limitation dans le temps de ces mesures. C’est-à-dire que le gouvernement s’autorise – à la faveur de cette situation extraordinaire – à tester des mécanismes profondément dérogatoires au droit commun et attentatoires aux principes fondamentaux de notre Etat de droit.

Sur la question carcérale, un consensus émerge autour de l’idée qu’il faut désengorger les prisons, qui sont des lieux de propagation du virus. Pourtant, tout l’esprit de la loi nouvelle est au contraire de donner les moyens juridiques pour que les prisonniers restent enfermés. Il faut bien reconnaître que la loi prévoit d’« assouplir (…) les modalités d’exécution des fins de peine », mais sans donner aucune précision concrète. Elle prévoit surtout l’allongement des délais de la détention provisoire, qui concerne des prévenus ou des mis en examen présumés innocents, et la possibilité de renouveler celle-ci « au vu des seules réquisitions écrites du parquet et des observations écrites de la personne et de son avocat ».

« Rien ne garantit que, dans une vision purement gestionnaire de la justice, le gouvernement ne souhaite conserver après la crise ces audiences écrites et à huis clos bien pratiques »

D’un trait de plume, et sans aucun débat, le gouvernement revient ainsi sur une tradition républicaine : l’audience publique, orale et contradictoire ! Ainsi, dans le secret de leur cabinet, les juges des libertés et de la détention pourront, à la seule vue des pièces du dossier, décider de garder en prison les mis en examen. Toute la philosophie de ce texte est donc de faciliter l’enfermement de personnes dont la loi dit pourtant qu’elles devraient par principe être en liberté. Le gouvernement fait ainsi le choix sanitaire et politique d’organiser la propagation du virus dans des prisons déjà surpeuplées.

Des pouvoirs démesurés accordés au premier ministre et à la police, une remise en cause de la philosophie pénale héritée de la Révolution française : de tels bouleversements appelaient plus qu’un débat de quelques jours entre de rares députés convoqués par le gouvernement. L’inquiétude est grande : que ces textes se pérennisent.

En effet, rien ne garantit que, dans une vision purement gestionnaire de la justice, le gouvernement ne souhaite conserver après la crise ces audiences écrites et à huis clos bien pratiques. Qui ne nous dit que ces innovations liées à la crise ne deviennent permanentes ? Et, au-delà de l’inscription probable de ces textes dans le droit commun, il y a plus grave encore : l’idée que le gouvernement et sa police puissent contrôler en permanence les comportements des citoyens. Si nous restons attachés à l’idée de l’Etat de droit, il faut pouvoir conjurer ces risques en dénonçant l’état d’urgence sanitaire pour ce qu’il est : une loi scélérate.

6 Messages de forum

  • La guerre est déclarée contre l’Humanité
    par Artémisia Collège (vidéo1:12’)

    https://www.youtube.com/watch?v=RmV…

    « Nous avons la conviction que nous avons affaire à un Plan criminel, prévu et organisé depuis longtemps par l’élite mondialiste, et mis en pratique concrètement depuis octobre 2019 par les gouvernements…. »

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      • Bonjour Do,

        Artémisia Collège partent de faits, de témoignages et de coïncidences troublantes, puis ils extrapolent pour faire de la science fiction apocalyptique…
        Par conséquent, ils génèrent la peur et cela me semble complètement contre productif puisque la peur c’est le fond de commerce du parti macronien néo-ultra-hyper-libéral qui dispose de la trouille pour asservir le Peuple.

        Mais comme, il me semble qu’il faut détruire tous les dogmes surtout ceux que détiennent nos Lobbies (liés au CAPITAL) :

        Dans le "même registre" mais plus nuancé Philippe Jandrok du 27 mars "Le protocole du Professeur Raoult" :
        https://www.youtube.com/watch?v=Ioz…

        Pour compléter, au moins sur le sujet des vaccins, à #CàVous - Professeur Didier Raoult : tout savoir sur les vaccins du 18/01/2018 :
        https://www.youtube.com/watch?v=EbO…
        (On peux comprendre facilement pourquoi le Professeur Didier Raoult n’est pas le copain de d’Agnès Buzyn & Co).

        Prend soin de toi et de tes proches.
        Et "Vive La Révolution" cela n’a jamais été autant d’actualité.
        A suivre

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        • Salut, a- suivre

          Par conséquent, ils génèrent la peur et cela me semble complètement contre productif puisque la peur c’est le fond de commerce du parti macronien néo-ultra-hyper-libéral qui dispose de la trouille pour asservir le Peuple.

          Bien, d’accord.

          Moi aussi j’aime la SF mais pourquoi ; Toi un fan, certes déçu du "communisme" "orthodoxe" ("pcf"), la plupart*des trucs que tu mets en ligne sont de droite.
          C’est pas parce que la gauche est conne que la droite est meilleure ?

          *donc, pas toujours et hormis les téloches et radios
          étatico-commerciales parce qu’elles sont "obligatoires".

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          • Bonjour Jean,

            Depuis 15 jours, il a fait un truc sympa ce petit virus, il s’attaque aussi bien aux gens de droite que de gauche.
            Enfin, voila tous le monde à la même enseigne !
            La femme de ménage des beaux quartiers se retrouve confinée dans son HLM et les bourgeois doivent descendre les poubelles et faire la vaisselle = ! :-D

            Ceci dit, la plupart des trucs que je mets en ligne ont un point commun il critique en générale l’UE et ses Lobbies, banques, industries,…etc.
            Mais, je ne pourrais pas te dire si ces gens sont de droite ou de gauche, à part Asselineau qui s’est présenté dans sa jeunesse sur une liste de droite, je ne sais pas.
            Car même Asselineau tiens des propos de gauche :
            « Il est absolument honteux et inadmissible que ce traitement semble réservé pour l’instant de facto - aux patients les plus riches, les plus éduqués ou les plus connus. »
            ou
            «  la "construction européenne" confirme bien qu’elle est une dictature aux mains d’une oligarchie financière, résolue à détruire les États-nations du continent, à imposer partout le culte de l’Argent-Roi, à anéantir les libertés publiques et la liberté d’opinion, et à abaisser le niveau de vie du plus grand nombre. »

            Asselineau me rappelle Georges Marchais = ! :-D

            Peut-être Silvano Trotta, un Franco-Italien, patron de l’entreprise Atelio (Le chiffre d’affaires de sa société en 2018 s’élève à 2 335 480 €.). http://www.atelio.fr/
            Mais même lui, dans sa dernière vidéo, il prend la défense de la Russie !! https://www.youtube.com/watch?v=ZVd…

            Ensuite Artémisia Collège, Philippe Jandrok, Roch Saüquere,… sont des chercheurs de vérité pour certains assez originaux avec des idées fixes… Ils racontent des histoires comme "Père Castor" le fait pour les enfants à part qu’ils s’adressent aux adultes… C’est un moyen de se protéger car certains, comme Michel Collon, sont persécutés, censurés, menacés, diffamés…

            Je m’excuse, mais les personnes de gauches, il sont sur VLR.
            Ailleurs, ils me semblent "mous du genoux", ils ménagent la chèvre et le choux, ils te parlent de grèves perlées, ils associent toujours Kadhafi & dictateur-sanguinaire, ils sont pour une autre Europe, bref ils sont trop bobos-écolos à mon goût…

            Ce que je comprends, c’est que notre gouvernement veut des morts. Il a besoin maintenant de morts pour appliquer son programme : « l’état d’urgence sanitaire avec ses lois scélérates ».

            Pour te faire plaisir trouvé sur "GJ Toulouse OFFICIEL" :

            « En + de gueuler sur votre balcon bravo pour les infirmières ce qui n’est pas une mauvaise chose si on gueulait Macron démission »

            « He les foutus actionnaires pourris quand est-ce que vous donnez du pognon pour ceux qui vont vous soigner… »

            « Êtes vous pour la destitution de ce gouvernement et le remplacer par un gvt provisoire. Là maintenant. »

            « Puisqu’on nous confine passons la colère de la rue sur notre balcon et à 20 h crions Macron démission. »

            https://www.facebook.com/groups/212…

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            • bonjour, a_suivre

              Ce que je comprends, c’est que notre gouvernement veut des morts. Il a besoin maintenant de morts pour appliquer son programme : « l’état d’urgence sanitaire avec ses lois scélérates ».

              Oui et peut-être aussi un taux de mortalité "bizarrement" comptabilisé, du genre :
              J’ai 85 ans / j’ai des problèmes pulmonaires / le mauvais virus actuel passe dans le coin / je meurs / et l’assassin "comptable" est le coronavirus ?

              J’ai 16 ans / j’ai des problèmes immunitaires / le mauvais virus actuel passe dans le coin / je meurs / et l’assassin "comptable" est le coronavirus ?

              Ceci dit, la plupart des trucs que je mets en ligne ont un point commun il critique en générale l’UE et ses Lobbies, banques, industries,…etc.
              Oui

              Car même Asselineau tiens des propos de gauche :
              « Il est absolument honteux et inadmissible que ce traitement semble réservé pour l’instant de facto - aux patients les plus riches, les plus éduqués ou les plus connus. »

              Oui, il tient des propos de gauche (tu sais donc différencier des propos de gauche, de ceux de droite) après c’est toi qui "crois" ou pas mais comme disait un certain Pasqua : Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent.
              https://citations.ouest-france.fr/c…

              Depuis 15 jours, il a fait un truc sympa ce petit virus
              Ah bon ? Tu fais bien de me le dire, moi qui me promène toutes les 10 minutes avec mes amis castors.

              Enfin, voila tous le monde à la même enseigne !
              Il semblerait que non (comme le dit le communiste trotskiste
              d’extrême gauche, F. Asselineau)

              Asselineau me rappelle Georges Marchais

              Ah, G. Marchais qui pensait que l’URSS était communiste (ou qui le faisait croire…) mais il avait le sens du spectacle, verve et goguenardise.

              Mais, je ne pourrais pas te dire si ces gens sont de droite ou de gauche, à part Asselineau qui s’est présenté dans sa jeunesse (à 43 ans) http://mai68.org/spip2/spip.php?art… sur une liste de droite,
              Tu n’est pas un naïf donc ici tu veux me faire rigoler…

              Je m’excuse, mais les personnes de gauches, il sont sur VLR.
              Donc, tu vois bien que tu fais la différence (quoique sur le net rien n’est certain encore moins que dans la vie réelle)

              Ailleurs, ils me semblent "mous du genoux"

              Moi aussi, mais ce n’est pas pour cela que je suis pour une droite "dure du talon" ou encore "droite dans ces bottes". ( et je ne dis pas que c’est ton cas.)

              "GJ Toulouse OFFICIEL" qui me semble dans l’ensemble plutôt à gauche ?
              Dans mon "bled" il avait certainement des GJ de gauche et plus,
              (peut-être aussi de l’UPR) mais hélas pour faire simple la parole fut confisqué, en l’absence de débats, de démocratie directe par des "non-leaders" mais pourtant bien réels et depuis juin 2019, c’est fini.

              Bonne santé à toi.

              http://mai68.org/spip2/spip.php?art…
              j’ai appris pour Manu Dibango, alors "Soul Makossa" pour Manu
              https://fr-fr.facebook.com/Ina.fr/v…, l’explication de sa mort est un peu courte, il n’avait pas de problème de santé à 86 ans ?

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