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L’ITALIE ET LE PORTUGAL REGULARISENT, ET LA FRANCE ?

mercredi 22 avril 2020, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 22 avril 2020).

Bruno Drewski, 21 avril 2020 :

Les échos …du monde du capital :

Coronavirus : manquant de bras, l’Italie va régulariser 200.000 sans-papiers

https://www.lesechos.fr/monde/europ…

20 avril 2020 à 12h10

Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)

Des secteurs essentiels comme celui de l’agriculture souffrent du manque de main-d’oeuvre qui menace les récoltes. Un décret va permettre la régularisation d’environ 200.000 clandestins qui pourront obtenir un contrat dans des entreprises agricoles. Cela déclenche des attaques de la Ligue de Matteo Salvini.

L’agriculture italienne manque de bras. Environ 300.000 travailleurs saisonniers, essentiellement en provenance de l’Est de l’Europe, qui sont restés bloqués chez eux à cause du coronavirus. Confagricoltura et Coldiretti, les principaux représentants du secteur agricole transalpin, demandent la régularisation d’une partie des 600.000 sans-papiers présents en Italie. Beaucoup travaillent déjà de manière illégale dans les champs. La proposition est soutenue par les ministres de l’Intérieur, du Mezzogiorno, du Travail et de l’Agriculture. Un décret sera prochainement adopté pour régulariser environ 200.000 clandestins qui auront la possibilité d’obtenir un contrat de travail dans la filière agricole. Cela représenterait la plus importante régularisation depuis plus d’une décennie en Italie.

La survie du secteur agricole est en jeu

La ministre de l’Agriculture Teresa Bellanova la réclamait depuis le mois de janvier, avant l’épidémie de coronavirus qui a provoqué dans certaines régions une baisse de 50 % des récoltes. L’Italie, deuxième producteur de fruits et légumes en Europe avec un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros, ne peut se le permettre. Selon la Coldiretti, 40 % des produits de la terre pourraient ne pas être récoltés cette année. La prolongation des permis de séjour et l’instauration prochaine de « couloirs verts » pour faire venir de Roumanie près de 110.000 travailleurs saisonniers et leur garantir un contrat jusqu’au mois de décembre sont des mesures nécessaires mais insuffisantes.

« Il y va de , insiste la ministre qui rappelle que l’urgence, déterminée par l’absence de main-d’oeuvre, met en danger les produits, le travail, les investissements, la nourriture. La régularisation des sans-papiers est une question économique mais aussi sociale et humanitaire. Dans le sud, ils vivent dans des bidonvilles et sont exposés à la faim, aux risques sanitaires et à . »

Polémique sur les clandestins

La Ligue de Matteo Salvini s’insurge et dénonce « un nouvel appel d’air pour une invasion de migrants avec un retour des débarquements sur les côtes italiennes ». Les chiffres du ministre de l’Intérieur offrent un démenti avec 2.800 arrivées au cours du premier trimestre 2020 et des frontières qui restent fermées. L’économiste et ancien président de la Sécurité sociale italienne Tito Boeri propose quant à lui d’aller plus loin en régularisant la totalité des clandestins. La moitié est constituée de femmes d’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud travaillant comme aides aux personnes âgées mais aussi de nombreux ouvriers des travaux publics. Autant de secteurs indispensables pour surmonter la crise et envisager la relance de l’économie.

Bruno Drewski, 21 avril 2020 :

On peut penser ce qu’on veut des migrations, des politiques migratoires, de leurs causes, de leurs effets et de ce qu’il aurait fallu faire ou de ce qu’il faudrait faire pour éviter ce processus regrettable pour les uns, ou pour faciliter ce processus lumineux pour les autres… j’ai résumé ici toutes les réponses apportées sur la question sans prendre encore (ici) partie.

Il n’en reste pas moins, pour autant, que la réalité systémique mondiale, la réalité guerrière mondiale aussi et également la réalité démographique mondiale et locale ont abouti à cette situation et, dans le cadre du système existant, la crise du coronavirus a accéléré les prises de décision évidentes à prendre et devenues inéluctables …de la même façon que cette crise accélère également les processus de concentration capitalistique à l’échelle mondiale et nationale, ce que la crise boursière révèle même si elle est camouflée derrière la pandémie médiatisée. Là encore on peut le regretter ou l’approuver mais tel sont les faits.

Nous sommes donc devant une logique face à laquelle il n’y a que deux réponses possibles :

  • ou nous continuons dans la logique systémique actuelle, et les migrations avec régularisations de toutes les migrations sont et seront inéluctables dans une logique mondialiste, que cela plaise ou non. On aura migrations, mise en concurrences systématiques des ethnies et Etats de plus en plus policiers, avec baisse du niveau de vie des masses partout.
  • ou nous changeons fondamentalement de système à l’échelle nationale et mondiale en coordonnant les efforts nationaux dans une coalition d’intérêts internationaux (d’Etats, de classes, de forces politiques et sociales) pour promouvoir un nouveau système de développement et de droit au développement dans une logique internationaliste, que cela plaise ou non. Et la gestion planifiée de la main-d’oeuvre (à ne pas confondre avec le droit à la liberté de circulation) comme des autres éléments d’une économie planifiée nationalement et internationalement se fera par le biais des entités étatiques (re)devenues souveraines et égales.

Le retour vers un passé mythifié où les décisions ne se prendraient qu’au niveau strictement national, sans tenir compte du reste du monde (ou en le dominant dans une compétition inter-impérialiste !), n’est tout simplement plus possible, même si la question de l’aménagement du territoire, celle de la prise en compte du cadre national et local devient une exigence montante et porteuse de progrès. L’exigence du "ici et maintenant" et du "vivre et travailler au pays" sont des réalités tangibles, qui imposent le droit au développement, à un nouvel ordre économique mondial et le besoin de reprendre le contrôle des territoires (des pays, des Etats, etc.), mais à un niveau qualitativement plus élevé que dans l’ancien temps. Le nationalisme monocentré n’est plus une solution, il ne peut désormais y avoir soit qu’un mondialisme niveleur de peuples, soit un internationalisme de nations souveraines dans une logique de coopération entre développement local, territorial (national) et développement international coordonné et mutualisé (ce que certains appellent le "gagnant-gagnant").

La question migratoire fait partie intégrante de la question du système dominant, capitaliste, mondialiste, impérialiste, monopolistique, et elle ne peut ni être débattue ni être résolue hors de la question de ce système et de sa tendance à la baisse des taux de profit à la source de toutes les autres tensions. Ou l’on accepte de poursuivre dans la voie de cette baisse et donc dans celle des guerres sans fin, des migrations sans fin et des régressions sociales sans fin, au profit d’une caste de plus en plus riche, de plus en plus puissante, de plus en plus mondialisée et de plus en plus limitée, ou sinon, on prend les moyens d’élaborer la prise en main ou au moins le contrôle des outils de production des besoins et du savoir par ceux qui les produisent. Pour cela, il faut de l’audace, de l’audace et encore de l’audace… et beaucoup de courage et de prises de risques.

l’Histoire s’accélère à un rythme inédit et nous ne pourrons plus longtemps cette fois échapper à ce défi. Le mur est devant nous !

…socialisme ou barbarie !

(on peut changer de termes si ca choque les uns ou les autres, on peut changer "barbarie" par capitalisme, guerres, interventionnisme libéral, néoconservatisme, néolibéralisme si l’on préfère, fondamentalement, c’est la même chose, et on peut changer "socialisme" par Etat social, nationalisations, démocratie populaire, pouvoir des conseils de travailleurs et de quartiers, planification autogestionnaire, socialisation des moyens de production et d’échanges, contrôle ouvrier, etc., fondamentalement, il s’agit du même processus).

Bruno Drweski

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