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Le Coup d’État des Banques Centrales pour les nuls (II) : De la source économique du nouveau pouvoir des Banques Centrales

samedi 2 mai 2020, par Luniterre

Le Coup d’État des Banques Centrales pour les nuls (II) :

De la source économique

du nouveau pouvoir

des Banques Centrales

Lorsque nous parlons de « Coup d’État des Banques Centrales », il ne faut pas se méprendre sur la nature de classe des conflits internes du système capitaliste.

Le nouveau pouvoir des Banques Centrales est bien l’expression d’une nouvelle forme de domination de classe de la bourgeoisie, mais il repose toujours, et même plus que jamais, sur le contrôle des forces productives.

Il n’y a évidemment pas de « lutte de classe » entre bourgeoisie financière et « bureaucratie bancaire »…

Il n’y a pas de « bureaucratie bancaire » qui soit une classe en soi et pour soi, indépendamment du contrôle qu’elle peut exercer sur les forces productives.

La « bureaucratie bancaire » spécifique des banques centrales n’est que l’une des expressions formelles de la bourgeoisie financière. Sa spécificité tient à son pouvoir sur la circulation monétaire et sur le crédit, ce qui est fondamentalement la même chose, dans le contexte actuel.

C’est, en un sens, le rapport entre crédit et circulation monétaire qui change, avec l’évolution actuelle des forces productives et le développement de la robotisation de la production.

Dans le capitalisme « traditionnel », même monopoliste industriel, le crédit ne joue qu’un rôle transitoire dans la circulation monétaire, qui est principalement le reflet de la circulation des marchandises produites par le travail, et des services échangés autour.

Il semble donc inéluctable qu’à mesure que le capital « productif » se résume de plus en plus au capital fixe, avec le développement de l’automatisation et de la robotisation, le crédit devienne le « régulateur » obligé de la circulation monétaire à tous les niveaux, y compris de la consommation, en tant que réalisation des « valeurs » produites, et donc de la source du pouvoir de « capitaliser », la source du pouvoir économique et politique, en dernière analyse.

Une machine robotisée financée par un crédit et qui produit des marchandises elles-mêmes achetées à crédit ne peut évidemment pas créer de valeur.

Dans ce processus, c’est l’ensemble de l’argent en circulation qui provient du crédit et l’ « accumulation » transitoire de capital qui peut encore se produire au cours du processus entre « déblocage » de crédit et réalisation de la pseudo- « valeur » des marchandises ne peut être par essence qu’une forme de bulle spéculative.

Il y a encore circulation monétaire, tout à fait artificielle, mais de moins en moins d’échange entre producteurs, même très indirectement, et même plus du tout, en cas de robotisation totale.

Il y a donc disparition progressive de la valeur d’échange, en réalité, et apparition du monopole de la valeur d’usage, seule source réelle possible, désormais, de capitalisation. Le crédit des Banques Centrales est l’expression monétaire de ce monopole et de cette nouvelle forme de pouvoir économique, et donc bien politique, en dernière analyse.

Le pouvoir des banques centrales est donc aussi celui de « réguler » la circulation du capital financier, non pas de manière « équilibrée », ce qui est par définition impossible avec le capitalisme, mais en laissant « gonfler » les bulles jusqu’à un certain niveau ou en les laissant « crever » également jusqu’à un certain stade de « creux », et c’est exactement ce que l’on vient de voir. Il suffit de le constater sur les différents graphiques des indices boursiers, tous réagissant de manière extrêmement synchronisée, et surtout depuis 2007-2008.

Il y a donc une grande partie de la bourgeoisie qui veut continuer à boursicoter à grande échelle, car sa « richesse » et donc aussi son pouvoir, en dépendent, et une nouvelle fraction de la bourgeoisie qui est consciente de l’évolution technologique nouvelle des forces productives et consciente du nouveau pouvoir de domination du crédit sur la circulation monétaire en général et même sur la circulation du capital financier en particulier.

Une fraction minoritaire, détentrice d’une part suffisante des capitaux financiers mondiaux, n’a plus besoin d’accumuler pour conserver son pouvoir, au point qu’elle peut « encaisser » sans ciller une chute impressionnante de capitalisation globale, mais plutôt besoin de conserver le contrôle de l’ensemble du système, y compris au détriment d’autres fractions du capital financier, et même des fractions résiduelles du capital productif qui ne sont pas encore intégrées à 100% dans le système monopoliste.

La nouvelle concentration des capitaux réduira encore la part de cette dernière fraction au profit des deux autres, et surtout de celle qui contrôle déjà les banques centrales. Ces fractions continuerons à « négocier » entre elles un certain « modus vivendi », à défaut d’un introuvable équilibre.

C’est ce que reflètent différents articles de la presse économique du système, et même lorsqu’elle parle de l’interventionnisme des Banque Centrales et/ou des États dans la crise économique et financière, il ne faut y voir aucune forme de « collectivisme bureaucratique » qui serait une sorte de « transition » à la mode trotskyste (« Programme de Transition »), c’est à dire un très chimérique « stade de transition » hybride entre le capitalisme et la transition socialiste réelle, qui ne peut se réaliser que sous le pouvoir de classe du prolétariat.

Il faut donc poursuivre l’analyse de la nouvelle situation concrète sans céder à ce charabia trotskysant qui n’a aucune espèce de réalité en termes d’analyse marxiste !

Dans le processus actuel, les États et les banques d’affaires et de dépôts « classiques » ne sont plus que les relais obligés du pouvoir des Banques Centrales. Et il en va de même, en fin de compte, des monopoles industriels. Le nouveau pouvoir des Banques Centrales a une base économique bien réelle et réellement globalisée.

Même la nationalisation du crédit, quelle que soit la forme qu’elle puisse prendre en régime capitaliste, ne sera au mieux qu’un moyen de faire avancer les revendications immédiates les plus urgentes du prolétariat, en posant, à une échelle « nationale » perceptible par chaque fraction « nationale » du prolétariat, la question de concordance entre forces productives et besoins sociaux, mais sans pouvoir la résoudre radicalement autrement qu’avec la prise du pouvoir par le prolétariat en tant que seule classe capable de la réaliser, en se libérant de l’emprise du capitalisme.

Luniterre

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/02/de-la-source-economique-du-nouveau-pouvoir-des-banques-centrales/

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https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/01/1er-mai-2020-resister-face-au-coup-detat-mondial-des-banques-centrales/

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https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/26/crise-du-covid-19-le-coup-detat-des-banques-centrales-pour-les-nuls/

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Démasqués :

Le nouveau pouvoir des faux-monnayeurs

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/22/demasques-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/24/sur-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs-des-banques-centrales-quelques-observations-complementaires/

12 Messages de forum

  • « Crise du Covid-19 » : le Coup d’État des Banques Centrales, pour les nuls… !

    http://mai68.org/spip2/spip.php?art…

    1er Mai 2020 : Résister face au Coup d’État mondial des Banques Centrales !

    http://mai68.org/spip2/spip.php?art…

    Répondre à ce message

  • L’expression démocratique authentique ne peut plus être que celle de la révolte du prolétariat, et l’alternative politique révolutionnaire, celle qu’il construira, si, dans la lutte, il retrouve sa conscience de classe.
    Luniterre

    Enfin, un authentique anarchiste.

    Répondre à ce message

  • Donc, si je te comprends bien, aux prochaines élections, il vaut mieux voter pour l’UPR que pour LO par exemple ?

    Répondre à ce message

    • Voter ne sert actuellement plus à rien, vu que les orientations générales des politiques des États dépendent directement de la BCE en Europe.

      Le seul intérêt tactique d’un vote serait donc pour un parti qui revendique comme priorité la nationalisation du crédit, et non pas la sortie de l’euro.

      Ce qui serait tactiquement utile, c’est la relocalisation de la production, ce qui passe par une "relocalisation" du crédit, c’est à dire sa nationalisation, concrètement.

      Peut importe dans quelle monnaie il est formellement libellé.

      Un parti qui arriverait à nationaliser le crédit, en le plaçant sous l’égide d’un "Conseil National du Crédit" tel qu’initié en 1945, mais avec des pouvoirs encore renforcés, n’aurait plus besoin de proclamer une "sortie" de quoi que ce soit. Ce sont les instances capitalistes financières de l’UE, dont la BCE, qui seraient dans ce cas en nécessité de solliciter l’ouverture de "négociations" pour un nouveau "modus vivendi" qui dépendra alors du rapport de forces !

      Luniterre

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      • Bonjour Luniterre,

        « Le seul intérêt tactique d’un vote serait donc pour un parti qui revendique comme priorité la nationalisation du crédit, et non pas la sortie de l’euro. »

        « Un parti qui arriverait à nationaliser le crédit, en le plaçant sous l’égide d’un "Conseil National du Crédit" tel qu’initié en 1945, mais avec des pouvoirs encore renforcés, n’aurait plus besoin de proclamer une "sortie" de quoi que ce soit… »

        J’aime bien cette idée qui mériterait d’être développée et d’être mise plus en avant…

        Ceux, qui rêvent comme moi de "la sortie de l’euro", sont en réalité pour casser ce système capitaliste qui est insupportable, mais si c’est pour retomber dans un autre système capitaliste cela ne sert, en effet, à rien.

        Merci à Bientôt
        A suivre

        PS : Comme cet article s’adresse aux « nuls » voici un petit lien pour aider les « nuls », enfin moi, ça m’a un peu aidé. = ! :-D
        https://grisebouille.net/lautre-pan…
        "Grise Bouille" est un blog-BD humoristique et hétéroclite où se côtoient fictions absurdes, vulgarisation scientifique et satire politique. Il est publié sous licence CC By Sa et hébergé par Framasoft. avril 29, 2020

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        • La nationalisation du crédit implique, peu ou prou, la nationalisation des banques. Même s’il peut subsister des banques "mutualistes", les conditions dans lesquelles elles font crédit et les orientations générales de leur politique de crédit devront être placées sous l’autorité du Conseil National du Crédit.

          Le CNC lui-même devra être placé sous un contrôle démocratique populaire, d’une manière ou d’une autre, pour en définir les grandes orientations en fonction des nécessités de financements prioritaires, en réponse aux besoins sociaux les plus urgents, dont la santé, évidemment.

          Pour autant, il ne s’agit pas encore là d’une rupture avec le capitalisme, mais d’une démarche de relocalisation des forces productives les plus utiles pour répondre à ces besoins.

          Mais le mouvement de correspondance entre forces productives et besoins sociaux étant ainsi amorcé, c’est la question de fond de cette correspondance complète qui peut être enfin politiquement posée par les révolutionnaires et permettre la construction d’une alternative réelle au capitalisme.

          En somme, la nationalisation du crédit, avec l’initiative politique d’un nouveau CNC réellement efficace et durable, pourrait être la revendication immédiate N°1 d’une nouvelle plateforme revendicative unitaire qui manque encore totalement au mouvement social en France.

          Mais tout cela est en fin de compte une question de volonté politique.

          Elle ne peut naître que s’il y a une dynamique qui se crée autour d’un débat sur ce sujet.

          Toutes les contributions dans ce sens sont bienvenues, sans sectarisme politique. Il s’agit d’un objectif unitaire, tout comme la plateforme qui devrait se construire autour.

          Luniterre

          Répondre à ce message

  • Analyse de très grande qualité.

    Quelques remarques :
    1/ L’explication de la dimension économique de l’affaire est excellente. J’avais compris que le pouvoir se déplaçait de plus en plus vers la faction financière de l’oligarchie, je n’avais pas fait ce lien avec l’évolution des forces productives en général et l’automatisation en particulier.
    2/ Cependant, je pense que la dimension politique est négligée.
    Que remarques-tu de commun entre une pandémie, le réchauffement climatique, le terrorisme ? Ce sont des menaces perçues comme existentielles, et surtout mondiales. Le traitement médiatique qui en est fait montre une instrumentalisation de ces tendances pour dépasser les Etat-nations, déjà malmenés par la mondialisation, et transférer la gouvernance à l’échelon supérieur - mondial, donc.
    C’est déjà le cas officieusement (l’oligarchie occidentale est largement unifiée et internationalisée, et c’est elle qui détient le pouvoir dans tous les pays occidentaux ainsi que les pays du Sud contrôlés par ceux-ci). Mais étant donné que cette même oligarchie s’apprête à appauvrir massivement les peuples, pour s’enrichir (ce qui se passe en ce moment n’est qu’un avant-goût) et pour empêcher l’émergence d’une classe prolétarienne capable de la détrôner, il faut qu’elle sécurise son pouvoir mondialisé en l’officialisant et en l’institutionnalisant, pour qu’il résiste mieux aux révoltes et potentielles révolutions.
    Cette crise n’acte pas seulement la concentration croissante du pouvoir économique aux mains des banques. Elle prépare aussi la concentration du pouvoir politique entre leurs mains. A l’européenne : on va commencer par nous parler de monnaie de réserve internationale à la place du dollar (les DTS évolués), puis cette monnaie initialement commune deviendra une monnaie mondiale unique, puis on dira qu’il faut des instances politiques pour gérer lamonnaie unique… Ainsi, en quelques décennies, grâce à quelques crises fabriquées, avec sûrement une dernière guerre mondiale pour clore le tout, l’Etat mondial oligarchique et bancaire sera là.
    3/ Sur le plan économique, je pense que ce qui est fictif et relève de l’arnaque, ce n’est pas la richesse en soi, ce sont ses mécanismes de distribution (dont les richesses fictives font partie : ce sont des alibis pour le transfert de richesse réelle).
    Concrètement, les centaines de milliards créés maintenant par les banques n’iront pas dans l’économie réelle et n’existent pas en soi, mais ils permettent de capter une richesse vraie cette fois-ci : les impôts et les taxes payées par le peuple qui seront versés en remboursement. De même qu’ils nourrissent une bombe à retardement : l’inflation, qui sera canalisée pour appauvrir massivement le prolétariat (et donc enrichir l’oligarchie, rien ne se perd, rien ne se crée).
    Un système basé sur la valeur fictive uniquement, je n’y crois pas ; la valeur fictive est un appât pour la valeur réelle… la seule qui vaille.
    Mais tu pointes du doigt un vrai problème : la décroissance du taux de profit, qui ne peut qu’être retardée et ralentie, mais qui est inexorable.
    A mon avis le capitalisme connaîtra deux périodes :
    a- pour contrer la tendance baissière du taux de profit, il y aura une expansion du capitalisme en Afrique, comme celle qui a eu lieu en Chine. L’Afrique sera industrialisée (mais exploitée bien plus durement que la Chine, car je doute fort malheureusement que ses pays sachent se doter d’Etats stratèges comme celui de la Chine) ;
    b- une fois que l’Afrique sera, à son tour, pas assez productive pour les capitalistes, le capitalisme se "féodalisera", c’est-à-dire qu’il connaîtra exactement les mêmes évolutions que le féodalisme avant les grandes révolutions bourgeoises.
    Il se concentrera de plus en plus et évoluera vers la forme monopolistique (comme les grands domaines seigneuriaux qui caractérisent le féodalisme tardif) ; il s’appuiera de plus en plus sur l’Etat qui sera de plus en plus dictatorial pour le maintenir (comme l’absolutisme royal de jadis) ; et les capitalistes, comme les seigneurs féodaux, seront de plus en plus parasitaires (ils le sont déjà comme le montre l’actionnariat actuel qui fait fonctionner les entreprises à flux tendu à cause des dividendes devant être versées).
    A ce moment-là, le capitalisme sera mûr pour son effondrement.

    Dis-moi ce que tu en penses.

    Bien à toi,
    Radog

    Répondre à ce message

    • Bonjour, camarade !

      Merci pour cette lecture attentive, rare ces temps-ci, malgré du temps rendu disponible…

      Effectivement, la base de cette recherche, initiée par le côté atypique de la crise du « Covid-19 » est une prolongation d’études, de recherches et d’échanges déjà parus sur TML à propos de la robotisation croissante de l’économie, production et services inclus.

      Mais cet article n’est lui-même qu’un volet de cette reprise récente du sujet.

      L’ensemble des articles en liens se trouvent mentionné à la suite de https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/06/lettre-ouverte-aux-aveugles-de-la-gauche-francaise/

      Un tournant s’est donc opéré dans cette recherche à partir d’une première tentative de synthèse de la présente crise :

      Démasqués : le nouveau pouvoir des faux-monnayeurs

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/22/demasques-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs/

      C’est la prise de conscience qu’avec la crise actuelle un nouveau genre de relation entre crédit et circulation monétaire, apparu en 2008, devenait pérenne, et cela tout simplement parce qu’il correspond à l’évolution actuelle du développement des forces productives, précisément sous le rapport de l’automatisation, de la robotisation, et du recul de plus en plus massif de la part du travail vivant dans la production, et même dans les services, désormais.

      C’est donc la masse de la plus-value extraite du prolétariat qui recule globalement en proportion des valeurs d’usages produites.

      Cela influe donc drastiquement sur les formes par lesquelles se manifeste la loi de la valeur dans l’économie moderne.

      Comme tu le remarques à juste titre, il y a nécessairement une tendance du capital à traquer les dernières gouttes de sueur de la valeur-travail encore exploitable, et après la Chine, ce peut-être l’Afrique, mais c’est aussi déjà le cas de bien d’autres régions « émergentes » de l’économie mondiale.

      Deux remarques importantes à ce sujet :

      __Il s’agit donc là encore d’un comportement impérialiste de type néo-colonial désormais « traditionnel » en quelque sorte, et il reste l’apanage d’un capitalisme financier « traditionnel » déjà depuis le début du 20e siècle.

      __L’exemple même de la Chine en montre les limites, car à un certain stade de développement, le même syndrome lié à la modernisation, automatisation-robotisation des forces productives s’y manifeste, outre l’enchérissement relatif du prix de la main-d’œuvre. (Sans oublier la formation locale d’un nouveau pôle impérialiste dû à l’ingéniosité financière exceptionnelle des capitalistes « étatiques » chinois ! https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/09/01/de-la-structuration-maoiste-de-la-bulle-chinoise/)

      Ce que montre l’évolution de la politique des Banques Centrales sur l’ensemble de la période recouvrant les deux crises, de 2008 à 2020, c’est bien qu’il y a une fraction de la bourgeoisie qui, tout en ayant une part dominante dans le capital financier mondialisé, est capable d’analyser les causes irréversibles de la crise, non pas seulement de manière conjoncturelle, mais bien aussi de manière structurelle.

      Notamment une partie de la bourgeoisie dotée d’une culture réelle dans le domaine de l’économie, et qui sait voir où ce vieux Marx avait mis le doigt sur leur plaie actuelle.

      Or cette fraction du capital n’entend nullement renoncer à sa domination de classe, et se trouve disposer de suffisamment d’avoirs et de capitaux pour en sacrifier, sinon de gaîté de cœur, du moins sans ciller visiblement, une bonne partie pour tenter de résoudre ce problème à long terme, et non pas de façon conjoncturelle. Il s’agit bien ici et pour cette fraction du capital de sauvegarder le principe structurel même de sa domination de classe, et donc de le transformer consciemment pour ne plus dépendre de la plus-value irréversiblement déficiente.

      Cette fraction, c’est donc logiquement celle qui se trouve à la tête des forces productives les plus modernisées, automatisées-robotisée, et aussi et surtout informatisées en termes de moyens de communication et de distribution.

      Autrement dit, celles qui produisent un maximum de valeurs d’usage tout en produisant un minimum de plus-value réelle.

      Il faut simplement constater que ce cas de figure, en termes de stade de développement des forces productives, est considéré par Marx comme correspondant possiblement à un stade déjà avancé du socialisme. Toutefois il n’a bien évidemment jamais lié mécaniquement l’apparition du socialisme à la seule évolution des forces productives…

      C’est simplement une façon à lui de présenter les choses de manière optimiste, dans le contexte de l’émergence des luttes prolétariennes au milieu du XIXe siècle :

      « Sobald die Arbeit in unmittelbarer Form aufgehört hat, die große Quelle des Reichtums zu sein, hört und muß aufhören, die Arbeitszeit sein Maß zu sein und daher der Tauschwert [das Maß] des Gebrauchswerts. »

      Karl Marx – Grundrisse der Kritik der politischen Ökonomie – (Oktober 1857 bis Mai 1858)

      https://marxwirklichstudieren.files…

      Page 601 du livre/page 623 du doc PDF

      "Dès que le travail dans sa forme immédiate a cessé d’être la grande source de la richesse, le temps de travail cesse et doit cesser d’être sa mesure et, par conséquent, la valeur d’échange d’être la mesure de la valeur d’usage. » Traduction TML

      « Dès lors que le travail sous sa forme immédiate a cessé d’être la grande source de la richesse, le temps de travail cesse nécessairement d’être sa mesure et, par suite, la valeur d’échange d’être la mesure de la valeur d’usage. » Traduction française habituelle

      https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2020/05/marx-grundrisse-fragment-machines.pdf Page 14 du doc PDF

      « As soon as labour in the direct form has ceased to be the great well-spring of wealth, labour time ceases and must cease to be its measure, and hence exchange value [must cease to be the measure] of use value. »

      https://www.marxists.org/archive/ma…

      Le fait est, évidemment, qu’une usine entièrement automatisée, et qui plus est, si reliée à un ensemble de circuits de ventes et de distribution entièrement informatisés, ne produit plus du tout de valeur d’échange à proprement parler, mais simplement une valeur d’usage.

      La valeur d’échange n’est constitutive de plus-value que par la circulation du capital dans le circuit de production-consommation, et donc seulement si cette circulation comprend une part suffisamment importante de la valeur-travail produite, comme forme indirecte de l’échange entre producteurs.

      Si cette part se réduit, c’est donc bien, en proportion, une part de plus en plus importante de la valeur d’usage qui se trouve concrètement marchandisée en tant que telle en « réponse » aux besoins et à la demande hypothétiquement solvable et doit donc être formellement monétisée.

      Hypothétiquement et formellement, précisément parce qu’il n’y a plus de correspondance entre la valeur d’échange réellement créée et la masse des valeurs d’usage correspondante aux besoins sociaux réels.

      Dans la phase « ascensionnelle » du capitalisme, même si la solvabilité des marché est très inégale socialement, la masse des capitaux en circulation sous forme de valeur d’échange provient pour l’essentiel, d’une manière ou d’une autre, de la valeur-travail produite.

      Lorsque la valeur d’échange cesse d’être la mesure de la valeur d’usage, un autre moyen de monétiser la valeur d’usage doit donc apparaître, ainsi qu’un autre moyen de déterminer la mesure de cette valeur.

      L’autre moyen de déterminer la mesure de la valeur existe déjà depuis longtemps dans l’arsenal de l’économie capitaliste, c’est la valeur d’utilité marginale.

      Néanmoins, cette valeur ne peut toujours être réalisée que s’il y a solvabilité des marchés, et celle ci, faute de provenir de la valeur-travail produite, et pour cause, ne peut être reconstituée que par le crédit et régulée par la dette.

      Dans la situation actuelle, encore transitoire, où il reste une part de plus-value à se partager entre capitalistes, ce partage se fait toujours entre fractions du capital financier, mais déjà, le pouvoir de domination des banques centrales s’exerce sur les banques d’ « affaires » et les États en conditionnant leurs possibilités de crédit, tout à fait indépendamment du taux d’intérêt de ces crédits, parfois désormais carrément négatifs, et même des remboursements, de plus en plus hypothétiques, une dette chassant l’autre… !

      Entre le monopole de la valeur d’usage opéré par les entreprises « high tech » genre GAFA et le monopole du crédit en réalité déjà entre les mains des Banques Centrales, il y a une nouvelle synchronisation-alliance-fusion qui s’opère nécessairement, sur la base d’une nouvelle expression de la loi de la valeur, qui n’est plus essentiellement l’accumulation de la plus-value, en voie de raréfaction, mais le contrôle du crédit et de la dette.

      Le financement direct du « chômage partiel » par la dette des États en est un autre signe avant-coureur, et non pas le symptôme d’une crise purement conjoncturelle du capitalisme « classique ».

      Luniterre

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/06/lettre-ouverte-aux-aveugles-de-la-gauche-francaise/

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      SUR LE MÊME THÈME >>>

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      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/02/de-la-source-economique-du-nouveau-pouvoir-des-banques-centrales/

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/05/01/1er-mai-2020-resister-face-au-coup-detat-mondial-des-banques-centrales/

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/26/crise-du-covid-19-le-coup-detat-des-banques-centrales-pour-les-nuls/

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      Démasqués :

      Le nouveau pouvoir des faux-monnayeurs

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/22/demasques-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs/

      https://tribunemlreypa.wordpress.com/2020/04/24/sur-le-nouveau-pouvoir-des-faux-monnayeurs-des-banques-centrales-quelques-observations-complementaires/

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      EN DOCS PDF :

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      https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2020/05/crise-du-covid-19-le-nouveau-pouvoir-des-banques-centrales.pdf

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      https://tribunemlreypa.files.wordpress.com/2020/05/crise-2008-2020-echange-luniterre-gerard-bad.pdf

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      • Merci beaucoup pour ta réponse.

        Tu devrais écrire des livres, on a cruellement besoin qu’une abanalyse aussi fine et aussi fouilllée du capitalisme actuel soit connue et vulgarisée comme le fut celle de Marx en son temps.

        Je suis en train de préparer un document sur une stratégie qui pourrait être suivie par le prolétariat pour contrer l’oligarchie.
        J’aimerais beaucoup la partager avec toi quand elle sera prête et avoir ton avis.

        Bien à toi,
        Radog

        Répondre à ce message

        • Bonjour camarade !

          Je ne pense pas écrire de bouquins, déjà pour une raison très simple : dans la situation actuelle, il n’y a pas un lectorat suffisant pour un tel « investissement »… Non pas même en termes de « rentabilité », évidemment, mais simplement pour ne pas imprimer un truc sur des fonds que je n’ai pas et qui resterait, pour l’essentiel, un stock encombrant…

          Encombrant, il l’est de plus, et très souvent, à un autre titre : je vois que pas mal de livres écrits « à compte d’auteur », d’une manière ou d’une autre, deviennent des boulets pour les neurones des dits auteurs… En effet comment évoluer dans sa pensée si l’on doit, par des idées nouvelles, mettre au rebut les stocks d’invendus ???

          Je vois que bien des « auteurs » actuels continuent à radoter, peu ou prou, des propos complètement dépassés, pour pouvoir continuer à faire la « promo » de leurs « œuvres » d’il y a seulement quelques années, sans passer pour des gens qui se contredisent gravement eux-même.

          Pour ma part, il me semble que j’avais encore nettement sous-estimé la problématique des QE et son impact sur l’économie mondiale, même avec un article tel que :

          https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/10/07/2008-2018-situation-internationale-10-ans-de-crise-quel-remede/

          Alors que l’impasse était déjà globalement visible. Il suffisait d’admettre cette évidence : 10 ans après 2008, la « relance » restait dérisoire, alors que la « bulle » était déjà regonflée à bloc et que tous les analystes un tant soit peu cohérents prévoyaient son éclatement dans les trois années « à venir », c’est à dire à échéance 2021 au plus tard… Dès lors la seule question était : quel « nouveau » remède ? La masse des QE post-2008 n’étant toujours pas résorbée par l’économie réelle, en remettre une couche équivalait à condamner le système à reposer entièrement et définitivement sur une « dette » énorme et permanente, et donc en fin de compte sur la base d’un crédit « éternel », autrement dit « à fonds perdus »…

          Et comme en réalité, il n’y avait pas d’autre solution, sauf « relance » quasi- « miraculeuse » en quelques mois, c’était donc inévitablement ce qui devait se produire… !

          Évidemment, c’est tellement contre-intuitif selon la logique du capitalisme « classique » que je pensais que les responsables de tout ça avaient certainement un « plan B » dans leurs cartons, et je n’ai donc tout simplement pas osé écrire une telle « prospective », même à titre d’ « hypothèse », alors que c’était manifestement la seule issue possible.

          Les « gourous » du système, ceux qui pensent, analysent, calculent et prennent les décisions que mettent finalement en œuvre les marionnettes du spectacle politique étaient donc parfaitement conscients de cette problématique et ont simplement agi froidement en fonction, dès que l’occasion s’en est présentée, et ce fut donc la « pandémie » du Covid-19.

          Tout comme avec le terrorisme, pour que le spectacle fonctionne à l’échelle planétaire, il faut bien quelques morts bien réels pour rendre la manœuvre crédible.

          Avec le terrorisme, quelques centaines suffisent, voire quelques milliers, au besoin…

          Mais on s’habitue à tout, et il en fallait donc un peu plus pour instiller la peur-panique à grande échelle et si le Covid-19 n’a probablement pas été réellement « inventé », il fallait néanmoins qu’il se répande suffisamment en Occident pour permettre ce tour de passe-passe économique, financier, et psychologique, en termes de reprise en main de l’opinion publique !

          Très peu de « couacs » dans la partition, sauf évidemment la « fausse note » particulièrement insistante, résistante et méritoire, du Pr. Raoult, sauveteur du principe même de la Raison dans notre pays qui en fut autrefois le berceau !

          Ton futur papier peut donc être le bienvenu comme nouvel élément du débat, et donc trouver aussi sa place sur TML et d’autres blogs amis, évidemment à condition d’accepter le débat lui-même, sans complaisance aucune, comme tu l’auras sans doute remarqué en lisant ceux précédemment publiés.

          A bientôt à te lire, donc.

          Bien à toi,

          Amicalement,

          Luniterre

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          • Luniterre,

            Tu dis :

            « Encombrant, il l’est de plus, et très souvent, à un autre titre : je vois que pas mal de livres écrits « à compte d’auteur », d’une manière ou d’une autre, deviennent des boulets pour les neurones des dits auteurs… En effet comment évoluer dans sa pensée si l’on doit, par des idées nouvelles, mettre au rebut les stocks d’invendus ???

            « Je vois que bien des « auteurs » actuels continuent à radoter, peu ou prou, des propos complètement dépassés, pour pouvoir continuer à faire la « promo » de leurs « œuvres » d’il y a seulement quelques années, sans passer pour des gens qui se contredisent gravement eux-même. »

            Je réponds : Extrêmement bien vu !

            A+
            do
            http://mai68.org

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          • Comme beaucoup l’avaient prévu le fascisme est entrain de revenir, à la vitesse d’un cheval au galop (comme le trou dans l’ozone en 1985). Il revient comme prévu par l’écologie et la santé publique… Alors, s’il faut écrire un livre aujourd’hui, c’est un manifeste court et percutant contre ces dérives anti marxistes.

            La tirelire HULOT et le prophète fasciste BARRAU ont opéré leur jonction. Le site REPORTERRE leur donne toutes les pages qu’ils veulent…

            L’écologie est un millénarisme réactionnaire petit bourgeois financé dès les années 70 par le grand capital (club de Rome, Cousteau, …, Hulot). Les dirigeants écolos sont des politiciens magouilleurs et procéduriers, souvent cupides. Aussi abjects et sociaux traitres que les socialistes rocardiens - strausskahniens, ils font partie du système dans ses pires projets, y compris bellicistes.

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