La politique du patrimoine est un intestin directement branché sur la bouche et incapable d’évacuer. Gérée par des trouducs la politique du patrimoine n’a pas d’anus, garde tout, n’évacue rien… Et tant pis si les artistes vivants crèvent, on ne vendra rien pour les subventionner.
Dans les années 70, une fois n’est pas coutume, le haut responsable des musées nationaux était intelligent. Il s’appelait Maurice Rheims et osait commettre des articles irrévérencieux contre les "conservateurs" du patrimoine qui portent bien leurs noms. Il nous révélait que les réserves inaccessibles - inutilisables des musées contenaient 50 millions de toiles de maîtres et un nombre incalculable de dessins, croquis, documents…
La fonction de cette monstruosité (un ventre sans issue) est bien sûr d’organiser la rareté pour soutenir les cours. La bourgeoisie possède des œuvres comme assurance, valeur refuge, qu’elle souhaite revendre au meilleurs cours en cas de besoin. Alors l’idéologie conservatrice qui sacralise le patrimoine n’est en réalité qu’une spéculation.
Maurice Rheims expliquait aussi que le capitalisme se fait peur à lui même en provoquant les destructions de la nature, l’émigration vue comme un déracinement et l’obsolescence rapide des choses. Les parcs naturels régionaux, les monuments historiques et les musées obèses constipés ne seraient donc que des objets idéologiques au travers desquels la bourgeoisie se rassure.
Il y a quelques jours des meubles du patrimoine national ont été vendus et cela a déclenché quelques articles indignés contre cette privatisation. Indignation que je ne partage pas car je suis partisan de tout vendre aux marchés de l’art pour abolir les taxes sur l’alcool et le tabac, envoyer les flics en vacances aux Seychelles et, surtout, subventionner des milliers d’artistes vivants… Tout ce qui ne sera pas vendu sera brûlé ou détruit car du passé nous ferons table rase.
Le monument que je déteste le plus, c’est l’église du sacré chœur. Mais je ne souhaite pas qu’elle soit détruite. Juste rendue étanche pour devenir un château d’eau et recouverte de graffitis immondes peint avec des couleurs glauques, d’une vulgarité monstrueuse, avant d’être végétalisée.
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